Topographie antique sous Paul III (1534-49). Le Mausolée d'Adrien dans les fresques du Château Saint-Ange - article ; n°2 ; vol.104, pg 549-584

Bajard Sophie

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1992 - Volume 104 - Numéro 2 - Pages 549-584
Sophie Bajard, Topographie antique sous Paul III (1534-49). Le mausolée d'Adrien dans les fresques du château Saint-Ange, p. 549-583. Dans les fresques des appartements de Paul III au château Saint-Ange (1543-1548), trois représentations différentes du mausolée de l'empereur Adrien, évoquant le passé de la forteresse, nous ont conduit à nous interroger sur l'état d'avancement des recherches topographiques de la Renaissance sur la Rome antique. Une étude des sources littéraires et iconographiques de ce monument (écrits des historiens de l'Antiquité, médailles, plans et livres d'antiquités romaines du XVIe siècle), nous a permis de distinguer trois types distincts de représentation, révélateurs de la confusion régnant encore chez les antiquaires à cette époque : 1) le type pyramidal du bûcher impérial, inspiré par les monnaies romaines du IIe siècle ap. J.-C; (v. au verso) 2) le type schématique copié au XVe siècle sur le château Saint-Ange; 3) le type synthétique s'inspirant des deux précédents, en vogue à la fin du XVIe siècle.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1992
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Extrait

Sophie Bajard
Topographie antique sous Paul III (1534-49). Le Mausolée
d'Adrien dans les fresques du Château Saint-Ange
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 104, N°2. 1992. pp. 549-584.
Résumé
Sophie Bajard, Topographie antique sous Paul III (1534-49). Le mausolée d'Adrien dans les fresques du château Saint-Ange, p.
549-583.
Dans les fresques des appartements de Paul III au château Saint-Ange (1543-1548), trois représentations différentes du
mausolée de l'empereur Adrien, évoquant le passé de la forteresse, nous ont conduit à nous interroger sur l'état d'avancement
des recherches topographiques de la Renaissance sur la Rome antique. Une étude des sources littéraires et iconographiques de
ce monument (écrits des historiens de l'Antiquité, médailles, plans et livres d'antiquités romaines du XVIe siècle), nous a permis
de distinguer trois types distincts de représentation, révélateurs de la confusion régnant encore chez les antiquaires à cette
époque : 1) le type pyramidal du bûcher impérial, inspiré par les monnaies romaines du IIe siècle ap. J.-C;
(v. au verso) 2) le type schématique copié au XVe siècle sur le château Saint-Ange; 3) le type synthétique s'inspirant des deux
précédents, en vogue à la fin du XVIe siècle.
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Bajard Sophie. Topographie antique sous Paul III (1534-49). Le Mausolée d'Adrien dans les fresques du Château Saint-Ange.
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 104, N°2. 1992. pp. 549-584.
doi : 10.3406/mefr.1992.4226
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1992_num_104_2_4226TOPOGRAPHIE ROMAINE
SOPHIE BAJARD
TOPOGRAPHIE ANTIQUE SOUS PAUL III (1534-49)
LE MAUSOLÉE D'ADRIEN DANS LES FRESQUES
DU CHÂTEAU SAINT-ANGE
Après la grande restructuration du château Saint-Ange en forteresse
urbaine par Alexandre VI (1492-1503), les interventions de Jules II (1503-
1513), Léon X (1513-1521), et Clément VII (1523-1534) pour lui donner un
caractère plus civil que militaire1, ce sont les travaux architecturaux et dé
coratifs entrepris sous Paul III Farnese (1534-1549) qui conclurent défini
tivement le processus de transformation et d'embellissement du château en
un véritable palais, symbole stratégique et idéologique du pouvoir pontific
al. Les circonstances de cette rénovation sont maintenant bien connues.
Je me contenterai ici d'en rappeler les grandes lignes.
Selon Vasari, les travaux de gros œuvre furent entrepris de 1542 à 1545
«con ordine e disegni di Raffaello da Montelupo e poi in ultimo di Antonio
da Sangallo»2. Au noyau initial des appartements pontificaux de Nicolas V
(1447-1455), répartis autour de la cour de l'Ange au premier étage, est venu
se greffer à l'étage supérieur un complexe fastueux aménagé par Paul III.
Celui-ci s'articule en une série de salles et d'escaliers d'une extrémité à
l'autre de la structure architecturale cylindrique (n° 2 à 11 fig. l)3, avec, en
1 Sur ces différents travaux et sur l'histoire du château Saint-Ange depuis ses
origines, voir les ouvrages généraux de M. Borgatti, Costei S. Angelo in Roma : sto
na e descrìttione, Rome, 1890; E. Rodocanachi, Le château Saint-Ange, Paris, 1909;
M. Borgatti, // mausoleo d'Adriano e castello Sant'Angelo in Roma, Rome, 1929;
C. D'Onofrio, Castel S. Angelo, Rome, 1971; C. D'Onofrio, Costei S. Angelo e Borgo
tra Roma e Papato, Rome, 1978.
2 G. Vasari, Le vite de' più eccellenti pittori, scultori ed architetti, Milan, 1962-66,
vol. rv, p. 226 et vol. V, p. 372. Il semble aujourd'hui que Montelupo soit respons
able de toutes les architectures à l'intérieur du château, tandis que Sangallo s'est
sans doute chargé des défenses militaires à l'extérieur. Voir sur ce point, E. Gaudios
o, / lavori farnesiani a Castel S. Angelo. Precisazioni e ipotesi, dans Bollettino d'arte,
serie V, anno LXI, 1976, fase. 1-2, p. 21-24.
3 N° 2 : vestibule de la Bibliothèque; n° 3 : salle de la Bibliothèque; n° 5 : salle
MEFRIM - 104 - 1992 - 2, p. 549-584. SOPHIE BAJARD 550
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1 - Plan du second étage du château Saint- Ange, au niveau des appartements de
Paul III (d'après Gli affreschi di Paolo III a Costei S. Angelo : 1543-1548, Rome, 1981,
voi. II, p. 10)
opposition, les deux loggias de Paul III et de Jules II (n° 1 et 12 fig. 1) qui
s'ouvrent vers la ville, la première au nord sur le parc d'Adrien4 et la s
econde au sud sur le pont Saint-Ange5 et le Tibre. La découverte par Cesare
D'Onofrio de deux fascicules de documents comptables à l'Archivio di Sta
to de Rome en 1971 a permis de préciser la datation comme l'attribution
des fresques de ces appartements6. Aujourd'hui on s'accorde à penser que
du Trésor; n° 6 : salle des Festons; n° 7 : salle du mausolée d'Adrien; n° 8 : corridor
pompéien; n° 9 : Paoline; n° 10 : salle de Persée; n° 11 : salle d'Amour et Psyché.
"Autrefois les Horti Domitiae, vastes jardins impériaux réquisitionnés à l'
époque des Flaviens à une dénommée Domitia de la famille des Domitii.
5 Autrefois le pont Aelius, du nom de l'empereur romain Publius Elius Adrianus
(77-138).
6 C. D'Onofrio, op. cit., 1971, p. 244 sq. Archivio di Stato di Roma, Commissar
iato soldatesche e galere, busta 15, fase. 9 et 10, de juin 1544 à fév. 1550. Certains ex
traits ont déjà été publiés par A. Bertolotti, Spesene segrete et pubbliche di papa TOPOGRAPHIE ANTIQUE SOUS PAUL III (1534-49) 551
le secteur nord, dite aile «verso Prati» (loggia de Paul III, salles du mausol
ée d'Adrien, de la Bibliothèque, des Festons, du Trésor, chapelle, corridor
pompéien, Cagliostra) fut décoré par Luzio Romano et ses aides de 1543 à
1545, tandis que le secteur sud, dite aile «verso Banchi» (salles Paoline, de
Persée, d'Amour et Psyché) fut aménagé sous la direction de Perino del Va
ga de 1545 à 1547, puis après sa mort, par Domenico Zaga de 1547 à 1548
(salles d'Apollon et de la Justice)7.
À ce complexe organique appartient la salle du mausolée d'Adrien
(n° 7 fig. 1), que nous appellerons plus simplement salle d'Adrien et qui fut
décorée entre 1544 et 1545 par Luzio Romano, secondé par un aide ano
nyme, peut-être Prospero Fontana8. Pièce privée servant sans doute de
chambre, ses quatre murs s'ornent d'une frise continue, scandée par huit
scènes mythologiques au cadre soutenu par des satyres. Au centre de
chaque mur, entre deux de ces scènes, se dressent deux cariatides qui
flanquent un monument antique (fig. 2). L'étude la plus récente sur les
fresques de ces appartements désigne le monument du mur nord comme le
Mausolée d'Adrien, d'où la salle tire son nom (pi. I). Mais, il ne spécifie en
aucune manière sur quels documents se fonde cette affirmation9.
À tous points de vue, la frise de la salle d'Adrien, moins prestigieuse et
de facture beaucoup plus médiocre que le décor somptueux des salles Paol
ine et de la Bibliothèque, ne semble guère avoir intéressé les historiens de
l'art. La première description connue des appartements de Paul III date
Paolo III, dans Atti e memorie delle R.R. Deputazioni di storia patria per le provincie
dell'Emilia, III, 1878, p. 205-209, d'avril 1545 à fév. 1549, et dans R. Bruno, Perino del
Vaga e la sua cerchia a Costei S. Angelo, Rome, 1970, p. 27 sq., busta 19, du 18 avril au
31 dec. 1545.
7 Pour plus de précisions, voir en particulier E. Gaudioso, op. cit., p. 26-42;
R. Bruno, op. cit., p. 5-21; Gli affreschi di Paolo III a Costei S. Angelo : 1543-1548,
sous la dir. de E. Gaudioso et de F. M. Aliberti-Gaudioso, Rome, 1981, voi. I, p. 31-37
et 86-90.
8 Sur ces problèmes d'attribution, voir E. Gaudioso, op. cit. , p. 29-30, et Gli af
freschi di Paolo IH..., op. cit., vol. Il, p. 56-69; sur Luzio Romano, voir C. Pietrange-
li, Luzio Luzzi pittore in Campidoglio?, dans Studi romani, n° 4, oct.-déc. 1973,
p. 506-508; sur Prospero Fontana, voir V. Fortunati-Pietrantonio, L'immaginario
degli artisti bolognesi tra Maniera e Controriforma : Prospero Fontana (1512-1597),
Bologne, 1981.
9 Gli affreschi di Paolo IH..., op. cit., vol. II, p. 56. Si ce catalogue peut être
considéré à ce jour comme l'étude la plus aboutie sur les appartements de Paul III, il
n