Trois actes faux ou interpolés des comtes Eudes et Robert et du roi Raoul en faveur de l abbaye de Marmoutier (887, 912, 931) - article ; n°1 ; vol.64, pg 54-82
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Trois actes faux ou interpolés des comtes Eudes et Robert et du roi Raoul en faveur de l'abbaye de Marmoutier (887, 912, 931) - article ; n°1 ; vol.64, pg 54-82

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1903 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 54-82
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Leveque
Trois actes faux ou interpolés des comtes Eudes et Robert et du
roi Raoul en faveur de l'abbaye de Marmoutier (887, 912, 931)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1903, tome 64. pp. 54-82.
Citer ce document / Cite this document :
Leveque Pierre. Trois actes faux ou interpolés des comtes Eudes et Robert et du roi Raoul en faveur de l'abbaye de Marmoutier
(887, 912, 931). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1903, tome 64. pp. 54-82.
doi : 10.3406/bec.1903.452314
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1903_num_64_1_452314TROIS ACTES FAUX
OU INTERPOLÉS
DES COMTES EUDES ET ROBERT ET DU ROI RAOUL
EN FAVEUR DE L'ABBAYE DE MARMOUTIER
(887, 912, 931).
Le monastère de Marmoutier, dont les Carolingiens avaient
accordé la propriété, après la mort du comte Vivien (août 851),
à son successeur Robert le Fort, temporairement cédé, en octobre
865, par Charles le Chauve à son fils Louis, revint, par suite du
décès de Hugues l'Abbé, à qui il était échu en 866, aux héri
tiers du comte Robert1. Il leur appartint à titre héréditaire de
l'année 886 jusqu'à une époque avancée du xe siècle. La part
que prirent les Robertiens à l'administration de leur monastère
nous est connue par un certain nombre d'actes. Mais, de même
que tous les diplômes carolingiens de Marmoutier ne nous sont
pas parvenus sous une forme absolument pure2, une charte du
comte Eudes (887), une autre de son frère Robert (912) et un
diplôme du roi Raoul, beau-frère de celui-ci, nous semblent pré-
1. Von Kalckstein, Geschichte des franzosischen Konigsthums unter den
ersten Capetingern. T. I : Ber Kampf der Robertiner und Carolinger. Leip
zig, 1877, in-8% pass.
2. A. Giry, Un diplôme royal interpolé de l'abbaye de Marmoutier, dans
Comptes-rendus des séances de V Académie des inscriptions et belles-lettres,
année 1894, 4° série, t. XXVI, p. 173. Il s'agit du diplôme de Charles le Chauve
du 29 décembre 843, remanié à la fin du x° siècle. Nous ferons remarquer
qu'aucun diplôme carolingien de Marmoutier n'existe plus en original, et qu'au
témoignage de D. Eyme, celui du 3 avril 852 (Table des diplômes, I, 234) se
trouvait « dans deux pièces originales qui ne diffèrent entre elles que par des
variantes assez considérables » (Bibl. nat., coll. Moreau, t. 349. Àrch. du cabi
net des chartes, 65). ACTES FAUX EN FAVEUR DE L' ABBAYE DE MARMOUTÍER. 55 TROIS
senter les traces de remaniements postérieurs. C'est sur l'authent
icité de ces trois actes que nous nous proposons d'appeler
l'attention dans ce travail.
Privilège du comté Robert (912).
L'objet de l'acte du comte Robert — c'est par celui-ci, bien
qu'il ne soit pas le premier en date, qu'il convient de commencer
la discussion — est fort important par lui-même et constitue
une source intéressante d'une période obscure de l'histoire de
Marmoutier1. Les Normands ravageaient la Touraine. Le
deuxième fils de Robert le Fort, nommé Robert, comme son père,
abbé de Marmoutier et de Saint-Martin de Tours, se trouvait
alors éloigné de ses domaines héréditaires. Derrière les remparts
de la cité de Tours s'étaient réfugiés, avec l'archevêque Erber-
nus, les chanoines des deux monastères. La misère profonde où
les ravages des Barbares avaient fait tomber la mense épiscopale
inspira au pasteur le désir de réunir à ses biens ceux de Marm
outier. Après la guerre, il envoie donc des messagers au comte
pour qu'il lui en concède la propriété. Robert, persuadé que
l'archevêque n'a plus que peu de temps à vivre, promet de lui
donner satisfaction. Mais les chanoines s'indignent. Les privi
lèges du monastère, la gloire de saint Martin, qui le fonda, doit
les préserver d'une telle déchéance. Leurs raisons finirent par
convaincre l'archevêque; il prit même la parole en leur faveur
lorsqu'on se rendit à Orléans, auprès du comte, pour terminer
l'affaire. Robert y décida que ni lui ni aucun de ses successeurs
ne souffriraient que le monastère ni le titre d'abbé sortissent
jamais de leur domaine. D'une aussi sage décision, il promit
1. D. Martène a raconté, d'après cet acte, l'histoire des démêlés d'Erbernus
et de Marmoutier (Hist, de Marmoutier, éd. Chevalier, dans Mémoires de la
Société archéologique de Touraine, t. XXIV et XXV. Tours, 1875, in-8° ; t. I,
p. 181), mais sans en faire la critique. Tout ce qui concerne la période des
invasions normandes est d'ailleurs, dans son livre, sans valeur. Et, bien qu'à
Mabille revienne l'honneur d'avoir le premier fait l'histoire exacte de cette
époque troublée (les Invasions normandes dans la Loire et les pérégrinations
du corps de saint Martin, dans Bibl. de l'Éc. des chartes, t. XXX, 1869), nous
lui reprocherons, au point de vue particulier qui nous occupe, pour n'avoir pas
serré d'assez près les textes relatifs à Marmoutier, plusieurs inexactitudes.
L'édition qu'il a donnée de l'acte de 912 est d'ailleurs incorrecte. TROIS ACTES FAUX OU INTERPOLES 56
solennellement de faire rédiger un diplôme royal, nouveau pri
vilège de Marmoutier.
Une constatation s'impose à nous tout d'abord : un long pas
sage de la chronique des Gesta consulum andegavensium1
reproduit, presque textuellement, deux parties de l'acte de 912.
Il s'agit d'un grave conflit qui s'éleva peu après l'élection de
Barthélémy, abbé de Marmoutier, en 1064. Geoffroy le Barbu,
qui avait succédé dans la Touraine et l'Anjou à son oncle, Geoffroy
Martel, voulut forcer Barthélémy à recevoir de sa main, par la
crosse, l'investiture du monastère qu'il déclarait être sa propriété.
En vain les moines font valoir leurs arguments. Le comte Geof
froy s'obstine, menace de raser le monastère. Les religieux, épou
vantés, multiplient les prières et les processions; une démarche
de l'abbé de Gluny, Hugues, auprès du comte, ne réussit pas
davantage. Le monastère ne retrouva la paix que le jour où
Geoffroy reçut le châtiment de son crime : battu parson frère,
Foulques le Réchin, il fut incarcéré pour le reste de ses jours. —
II est difficile de déterminer exactement ce qu'un tel récit con
tient de vrai et de faux. Mais il est certain désaccord eut
lieu entre les moines de Marmoutier et Geoffroy le Barbu, entre
1064 et 10682. La vie de saint Hugues, attribuée à Hildebert de
Lavardin3, rapporte, en effet, le voyage que fit à Tours l'abbé
Hugues de Gluny pour intervenir auprès du comte et attribue au
mépris de celui-ci les paroles du saint homme la défaite qu'il
subit peu après. Avec moins de détails encore, une lettre d'Hugues
de Die, légat du Saint-Siège4, rappelle que Geoffroy avait été
excommunié à cause des vexations qu'il faisait subir à l'église
de Tours et à Marmoutier : le prélat excuse Foulques de retenir
son frère en prison. Le fait en lui-même, rapporté par les Gesta,
paraît donc plus certain que semble le croire Mabille dans
l'Introduction aux Chroniques ď Anjou. Ón serait donc natu-
1. Ed. Marchegay et Salmon, dans Chroniques d'Anjou. Paris, 1856-59,
2. La bataille où se décida le sort de Geoffroy le Barbu est fixée à 1068.
3. Vita Sancti Hugonis, abbatis Cluniacensis, éd. Marrier et Duchesne,
dans Bibliotheca Cluniacensis, col. 429 et suiv.; Acta Sanctorum des Bollan-
distes, 29 avril, p. 643.
4. Historiens de France, t. XIV, p. 791 (au 24 juin 1094). Ce fait est aussi
mentionné, vraisemblablement d'après les Gesta, dans le Chronicon Turonense
magnum, éd. Salmon, Recueil des chroniques de Touraine, p. 125. FAVEUR DE l'aBBAYE DE MARMOUTIER. 57 EN
Tellement tenté de supposer que les passages communs à ce texte
et à la charte de Robert ont été copiés dans une tardive rédaction
de celle-ci sur celui-là; la comparaison de ces passages1 nous
prouvera qu'il n'en est rien.
En effet, s'ils consistent surtout dans les arguments des rel
igieux pour prouver que le monastère doit n'être soumis qu'au
roi et au propre abbé de Saint-Martin de Tours2; si les allusions
à la puissance du saint qui fonda Marmoutier, aux diplôm

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