Trois sites gallo-romains du Rouergue - article ; n°1 ; vol.25, pg 111-151

André Soutou

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Gallia - Année 1967 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 111-151
41 pages

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• Publié le: 01 janvier 1967
• Nombre de lectures: 21
• Langue: Français
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André Soutou
Trois sites gallo-romains du Rouergue
In: Gallia. Tome 25 fascicule 1, 1967. pp. 111-151.
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Soutou André. Trois sites gallo-romains du Rouergue. In: Gallia. Tome 25 fascicule 1, 1967. pp. 111-151.
doi : 10.3406/galia.1967.2467
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1967_num_25_1_2467TROIS SITES GALLO-ROMAINS DU ROUERGUE
par André SOUTOU
Les trois études que voici concernent des vestiges archéologiques présentant le double
caractère commun d'être situés dans le Sud du département de l'Aveyron (carte fig. 1)
et d'appartenir à la même période chronologique. Leur découverte fut provoquée soit par
des prospections sur le terrain (temple de Puech Caut, commune de Sainte-Eulalie-de-
Cernon), soit par des indices toponymiques (fortin du Pas de la Selle, commune de La
Panouse-de-Cernon), soit par des recherches spéciales (examen du lieu de trouvaille de la
statue-menhir du Camp de l'Andel, commune de Saint-Sernin-sur-Rance). Les fouilles
correspondantes ont été exécutées dans le cadre de la Circonscription des antiquités histo
riques de Midi-Pyrénées, au cours de campagnes échelonnées sur les années 1960-1963.
I. Le temple de Puech Caut (Sainte-Eulalie-de-Cemon)
La hauteur dénudée de Puech Caut1, qui culmine à l'altitude de 861 mètres, est située
sur le Causse du Larzac, en bordure sud de la vallée du Cernon et à 3 kilomètres au sud-
ouest du village de Sainte-Eulalie-de-Cernon (carte fig. 2). En 1959, j'avais remarqué sur
le sommet arrondi de cette croupe (fig. 3) non seulement un tumulus, mais encore de faibles
bourrelets de terrain, présentant la forme d'un grand carré à l'intérieur duquel j'avais
recueilli des fragments de tuiles à rebord et des tessons de céramique sigillée. Trois cam
pagnes de fouilles, menées en septembre 1960, en août 1961 et en octobre 1963 m'ont permis
de mettre au jour les substructions suivantes :
une enceinte carrée (longueur des côtés : 32 à 35 mètres), orientée sensiblement suivant
les points cardinaux (plan fig. 4 : lettre E) et s'ouvrant à l'angle sud-ouest par un étroit
passage de 1 mètre de largeur. C'est au pied du montant ouest de cette porte, à 20 cm de
profondeur qu'a été trouvée une patère de bronze (dont l'emplacement est indiqué, sur le
plan, par un cercle). Comme le sol, à l'intérieur de l'enceinte, s'incline légèrement vers le sud
et vers l'est, les murs bordant ces deux côtés sont moins bien conservés que ceux qui sont
situés à l'ouest et au nord. Tous ces murs présentent l'aspect d'un soubassement en pierres
(1) Section D du cadastre de 1827, parcelle n° 1, lieu-dit Puech Caut; le terrain est communal. 112 ANDRÉ SOUTOU
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AVEYRON S
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2 Plan de situation de Puech Caut et du Pas de la Selle
«- 1 Les trois 2) Pas sites de du la Sud Selle du ; 3) Rouergue Camp de : 1 l'Andel. ) Puech Caut ;
0.
sèches, d'une largeur moyenne de 1,50 m, dont il ne subsiste, en élévation, qu'une seule
assise de 30 cm environ de hauteur. Ils sont formés par un double cordon de blocs grossièr
ement cubiques (dimensions moyennes : 30 cm de côté) qui ont été placés les uns contre les
autres dans le sens de la longueur et qui encadrent, en les maintenant, des pierres beaucoup
plus petites (fig. 5).
De part et d'autre de ce double parement, mais seulement sur une largeur maximum
de 1,50 m, à l'extérieur comme à l'intérieur, ont été recueillis de nombreux fragments de
tegulae et à1 imbrices ainsi que des pointes en fer (10 cm de longueur moyenne), qui indiquent
que l'enceinte était recouverte par un toit soutenu par une armature de bois. A en juger
par le nombre relativement faible des blocs de pierre rencontrés des deux côtés de l'enceinte
et aussi par le fait qu'une monnaie a été trouvée, au cours des travaux de restauration,
entre les cordons de blocs cubiques, à l'intérieur du remplissage, il est problable que les murs
ne présentaient à l'origine qu'une faible élévation et qu'ils étaient principalement destinés
à caler les poteaux de bois soutenant la toiture. Il est difficile, faute d'indices suffisants, de
se faire une idée précise de l'agencement de ce toit, qui, ainsi que le laisse supposer l'aire
de dispersion des tuiles, devait déborder, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, sur près d'un
mètre de largeur, de part et d'autre du soubassement de pierres sèches. Était-il formé par
deux pans disposés symétriquement par rapport aux poteaux enfoncés dans le mur ou bien
par un seul pan, incliné vers l'intérieur et maintenu par une rangée supplémentaire de
poteaux parallèles aux premiers ? Cette deuxième solution serait sans doute plus conforme
aux normes classiques de construction, mais aucun trou de poteau n'a été observé, non plus
d'ailleurs qu'aucune rangée de pierres, régulièrement espacées, qui auraient pu servir de SITES GALLO-ROMAINS DU ROUERGUE 113
3 Puech Caut vu du sud-ouest.
5 Mur de l'enceinte.
4 Plan du temple de Puech Caut et essai de ->
reconstitution. 20m 114 ANDRÉ SOUTOU
base à des colonnes de bois. Il est toutefois possible que les poteaux soutenant la toiture
aient pris simplement appui sur le sol en partie rocheux de l'intérieur du temple (essai de
reconstitution, fig. 4). Quoi qu'il en soit, cette toiture débordante semble avoir abrité une
galerie de circulation, simple ou double, qui permettait sans doute aux fidèles de faire le
tour du sanctuaire.
Sur le côté ouest, l'enceinte est flanquée d'une pièce rectangulaire (6 m de longueur
sur 3 de largeur) qui ne communique pas avec l'intérieur du temple, mais qui s'ouvre vers
l'extérieur par une porte, de 1 m de largeur, ménagée dans l'angle sud-est (fig. 6). Les murs
ont les mêmes dimensions et la même structure que ceux de l'enceinte. De nombreuses
tuiles et des pointes de fer, réparties sur toute la surface intérieure, indiquaient que ce petit
bâtiment annexe était entièrement abrité par un toit. Le reste du mobilier était constitué
par quelques tessons de poterie.
6 Le bâtiment annexe du côté ouest. 7 La cella vue de l'entrée sud-ouest.
Au droit de la porte, sur environ deux mètres carrés, a été observée une grande accumul
ation de petits vases brisés : il y avait donc là un dépotoir (lettre D du plan) où étaient pro
bablement jetés les débris des vases à offrandes qui avaient été antérieurement déposés à
l'intérieur du temple.
Une cella rectangulaire (longueur : 7,50 m ; largeur : 5,40 m), bâtie en pierres plus ou
moins cubiques, liées par un mortier très friable de chaux et de sable (épaisseur 40 à 50 cm ;
hauteur de l'unique assise conservée : environ 30 cm), s'ouvrait vers l'ouest sur toute la
largeur de ce côté : aucune pierre en place n'a été, en effet, observée dans ce secteur. A
l'intérieur, le sol était constitué par des plaques irrégulières de calcaire disposées horizonta
lement sur le rocher sous-jacent qui, par endroits, forme des strates à peu près horizontales.
De nombreuses pointes de fer, ainsi que des tuiles, indiquaient également que cette cella
(lettre C du plan de la fig. 4), qui est nettement décentrée vers le nord-ouest par rapport au
carré de l'enceinte extérieure, était entièrement couverte (fig. 7).
Comme les blocs de pierres accumulés à l'intérieur des murs étaient nettement plus
nombreux que ceux qui ont été observés le long de l'enceinte, il est possible que les trois
côtés de la cella aient présenté à l'origine une élévation de l'ordre de 2 mètres et aient
supporté directement la toiture. SITES GALLO-ROMAINS DU ROUERGUE 115
OOOOori
DOOOOU
1 m
9 L'autel vu du sud-est.
25 cm
8 L'autel et la pierre à cupule.
10 La pierre à cupule. ANDRÉ SOUTOU 116
Un autel ou table à offrandes (lettre A du plan) est situé dans la partie nord-est de la
cella: il s'agit d'un petit bâti de pierres sèches, constitué par une assise de deux rangées
contiguës de blocs plus ou moins cubiques et présentant la forme d'une équerre (longueur
des c&