Trouvaille d'antoniniani à Chilleurs-au-Bois (Loiret) - article ; n°14 ; vol.6, pg 169-183

Cothenet (André), Huvelin (Hélène)

Description

Revue numismatique - Année 1972 - Volume 6 - Numéro 14 - Pages 169-183
Revue numismatique, 6e série, XIV, 1972, p. 169-183. A. Cothenet et H. Huvelin, Trouvaille ďantiniani à Chilleurs-au-Bois (Loiret). — Sur le territoire de la commune de Chilleurs-au-Bois (Loiret) qui a déjà livré plusieurs trouvailles de monnaies romaines, a été mis à jour en 1961 un petit trésor d'environ 150 antoniniani de Philippe I à Claude II et Victorin. Ce dépôt, où les monnaies frappées à Cologne pour Postume sont en majorité, vient s'intégrer à un groupe de découvertes monétaires dont la thésaurisation cesse fin 269 et qui sont en grande partie localisées entre la Meuse et la Loire.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_NUMISMATIQUE
• Publié le: 01 janvier 1972
• Nombre de lectures: 50
• Langue: Français

Extrait

André Cothenet
Hélène Huvelin
Trouvaille d'antoniniani à Chilleurs-au-Bois (Loiret)
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 14, année 1972 pp. 169-183.
Résumé
Revue numismatique, 6e série, XIV, 1972, p. 169-183. A. Cothenet et H. Huvelin, Trouvaille ďantiniani à Chilleurs-au-Bois
(Loiret). — Sur le territoire de la commune de Chilleurs-au-Bois (Loiret) qui a déjà livré plusieurs trouvailles de monnaies
romaines, a été mis à jour en 1961 un petit trésor d'environ 150 antoniniani de Philippe I à Claude II et Victorin. Ce dépôt, où les
monnaies frappées à Cologne pour Postume sont en majorité, vient s'intégrer à un groupe de découvertes monétaires dont la
thésaurisation cesse fin 269 et qui sont en grande partie localisées entre la Meuse et la Loire.
Citer ce document / Cite this document :
Cothenet André, Huvelin Hélène. Trouvaille d'antoniniani à Chilleurs-au-Bois (Loiret). In: Revue numismatique, 6e série - Tome
14, année 1972 pp. 169-183.
doi : 10.3406/numi.1972.1025
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1972_num_6_14_1025André COTHENET et Hélène HUVELIN
TROUVAILLE D'ANTONINIANI
A CHILLEURS-AU-BOIS (LOIRET)
(PL IX-X)
A l'époque romaine se détachait de la voie Orléans-Sens, à
hauteur de Chambon, une autre route qui par Chilleurs-au-Bois
aboutissait à la voie Orléans-Pithiviers. Une partie de cette route
porte le curieux nom de « Chemin de Barbary ». Les « Barbares »
ont-ils réellement emprunté ce chemin qui leur permettait d'attein
dre Orléans en évitant les embûches de la forêt en la contournant
par le nord comme le laisse entendre J. Soyer1? En tous les cas
le territoire de la commune de Chilleurs-au-Bois (Loiret, ar.
Pithiviers, ch.-l. c.) a déjà livré au moins quatre trésors de monnaies
romaines2.
Le premier, mis à jour en 1894, comportait 988 antoniniani de
Victorin, Tetricus I et II, Claude II, Quintille et Aurélien.
Le second qui provient du « Hameau de Gallerand » a été trouvé
en 1910. A côté de trois petits lingots de bronze, il contenait
647 pièces, pour la plupart des sesterces se répartissant de Trajan
à Postume.
Dans le troisième, découvert en 1910 au « Bois de Louilly »,
environ 500 grands bronzes (d'Antonin le Pieux à Caracalla)
voisinaient avec autant de monnaies de billon de Gallien, Postume,
Victorin et Claude IL
La quatrième trouvaille, effectuée en 1916, toujours au « Bois
de Louilly » était également composée de sesterces (de Trajan à
1. J. Soyer, Les voies antiques de l'Orléanais, dans Bull, de la Soc. Archéol. el Hist,
de VOrléanais, 1971, pp. 20-21.
2. G. Chevallier, Les Trésors de monnaies romaines découvertes dans le département
du Loiret, Gien, 1958, pp. 14-15.
6—1 170 A. COTHENET ET H. HUVELIN
Postume) mêlés à des antoniniani de Gallien, Postume, Marius
et Claude IL
En 1961, au «Moulin de Marcilly », toujours sur le territoire de
la commune de Chilleurs-au-Bois, a été recueilli un nouveau petit
dépôt comprenant à l'origine 150 antoniniani environ dont 129
nous ont été confiés pour étude et inventaire.
La monnaie la plus ancienne est un antoninianus de Philippe I,
frappée à Rome entre 244 et 247. La plus récente est à l'effigie de
Victorin et a été émise à Trêves à la fin de l'année 269 ou au début
de 270. Ce lot, très homogène, étonne par son excellent état de
conservation particulièrement remarquable en ce qui concerne les
exemplaires de Postume qui constituent à eux seuls la moitié du
trésor (64 sur 129)3 et qui, à quelques exceptions près, ont l'aspect
de l'argent brillant.
M. Jean Lafaurie, en annexe à son étude sur la chronologie des
empereurs gaulois4 a répertorié les trésors enfouis entre le milieu
de l'année 268 et le milieu de l'année 271, les ordonnant en cinq
groupes :
1) Gallien +Claude/Postume, enfouissement fin 268-début 269
2)+Claude/Postume + Marius, enfouissement fin 268-
début 269
3) Gallien+Claude/Postume + Marius+Victorin, éventuellement
Lélien, enfouissement 269
4) Gallien + Claude + Quintille/Postume + Marius + Lélien -j-Vic-
torin, fin 269-début 270
5) Gallien + Claude + Quintille+Aurélien/ Postume +Marius -f-
Lélien + Victorin, enfouissement début 270-début 271.
Le dépôt du Moulin de Marcilly d'où est absent Quintille mais où
figurent Lélien et Victorin vient s'intégrer au groupe 3, groupe
important qui réunissait déjà treize trouvailles et auquel il convient
de rattacher également le trésor de Bonneuil-sur-Marne, publié
par J.-B. Giard dans la Revue Numismatique 19665.
Si nous cherchons à définir l'aire géographique de ces quinze
découvertes monétaires nous nous apercevons qu'à l'exception de
celles de Drieterpen Bij Dokkum (Pays-Bas) et Luton (Grande-
3. D'après les indications qu'a bien voulu nous donner M. l'abbé Nollent, curé
d'Arthenay, la trouvaille aurait comporté 90 monnaies de Postume.
4. J. Lafaurie, La Chronologie des Empereurs gaulois, dans RN, VIe série, tome VI,
1964, pp. 120 à 122.
5. J.-B. Giard, Malicorne et Bonneuil-sur-Marne, deux trésors monétaires du temps
de Victorin, dans RN, Vie série, tome VIII, 1966, pp. 144-180. TROUVAILLE À CHILLEURS-AU-BOIS 171
Bretagne)6, elles se répartissent toutes entre la Meuse et la Loire.
Il faut noter que le groupe suivant dont la date probable d'enfouis
sement ne peut être plus tardive que de quelques mois à peine est
beaucoup plus largement dispersé.
La présence dans le trésor de Chilleurs-au-Bois d'un antoninianus
de la 9e (ou 10e) émission de Victorin à Trêves nous oblige à
repousser l'arrêt de la thésaurisation à fin 269. Si l'on s'en tient à
la chronologie proposée par M. Lafaurie, à cette date le règne de
Claude II qui s'achève dure depuis quinze à dix-huit mois. Celui
de Victorin, inauguré début 269, est beaucoup plus récent. Cepen
dant si nous regroupons les chiffres fournis par les quinze trou
vailles citées ci-dessus nous arrivons à un total de 309 exemplaires
pour Claude II contre 746 pour Victorin. Même compte tenu des
distances respectives par rapport à Cologne et Trêves d'une part et
Rome d'autre part, il semble donc que ce soit lentement que les
espèces officielles romaines réapparaissent dans les territoires
contrôlés par les empereurs gaulois où elles n'ont pratiquement pas
circulé sous Postume7. Peut-être faut-il voir aussi dans cette
disproportion un reflet de celle même du volume des émissions
frappées par l'empereur légitime et par l'usurpateur.
Il faut noter de plus que les antoniniani de Rome de Claude II
qui figurent dans le trésor de Chilleurs-au-Bois sont uniquement
ceux du début du règne (Titulature IMP С CLAVDIVS AVG, revers
non signés). A Bonneuil-sur-Marne où le nombre d'exemplaires est
beaucoup plus élevé (90 Claude II, 288 Victorin) on retrouve,
comme à Chilleurs, des pièces de la dernière émission de Trêves
pour Victorin et pour Claude II, à Rome uniquement la titulature
longue et une seule monnaie signée et à Milan vingt-deux exemp
laires de la première émission sur un total de vingt-six. Quant au
trésor de la Croix-Saint-Ouen où les dernières émissions de Victorin
ne sont pas représentées, les frappes pour Claude font totalement
défaut. Les inventaires des autres trouvailles ne sont pas suffisam
ment détaillés pour nous permettre de corroborer ces constatations.
Il serait par conséquent présomptueux d'en vouloir tirer des
conclusions quant au synchronisme des émissions de Claude II et de
Victorin, il ne paraît pas inutile cependant d'en faire état.
6. Pour la bibliographie des trésors, cf. J. Lafaurie, art. cit., pp. 124-25.
7. J. Lallemand et M. Thirion, Le Trésor de Saint-Mard I, étude sur le monnayage
de Victorin et des Tétricus, Numismatique Romaine, Essais, recherches et documents,
VI, Wetteren, 1970, pp. 12 et 13. Cf. également J.-P. Callu, La politique monétaire des
empereurs romains de 238 à 311, Paris, 1969, pp. 276-277. 172 A. COTHENET ET H. HUVELIN
II nous reste à mentionner une autre particularité de la trou
vaille d