Un épisode de la guerre des côtes en Bretagne au XVIIIe siècle : La trahison du Guildo d après les documents du procès de Julien Grumellon (1758-1759) - article ; n°1 ; vol.24, pg 1-40
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Un épisode de la guerre des côtes en Bretagne au XVIIIe siècle : La trahison du Guildo d'après les documents du procès de Julien Grumellon (1758-1759) - article ; n°1 ; vol.24, pg 1-40

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Annales de Bretagne - Année 1908 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 1-40
40 pages

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Publié le 01 janvier 1908
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Lieutenant Binet
Un épisode de la guerre des côtes en Bretagne au XVIIIe siècle
: La trahison du Guildo d'après les documents du procès de
Julien Grumellon (1758-1759)
In: Annales de Bretagne. Tome 24, numéro 1, 1908. pp. 1-40.
Citer ce document / Cite this document :
Binet . Un épisode de la guerre des côtes en Bretagne au XVIIIe siècle : La trahison du Guildo d'après les documents du procès
de Julien Grumellon (1758-1759). In: Annales de Bretagne. Tome 24, numéro 1, 1908. pp. 1-40.
doi : 10.3406/abpo.1908.1285
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1908_num_24_1_1285LIEUTENANT B1NET
Un épisode de la guerre des côtes en Bretagne au XVIIIe siècle
LA TRAHISON DU GUILDO
D'APRÈS LES DOCUMENTS DU PROCÈS DE JULIEN GRUMELLON
(1758-1759)
II est vrai, en un sens, de dire que tout
le monde est dans l'illusion : car encore
que les opinions du peuple soient saines,
elles ne le sont pas dans sa tête; parce
qu'il croit que la vérité est où elle n'est pas.
La vérité est bien dans leurs opinions,
mais non pas au point où ils se le figurent.
(Pascal, Pensées, A'* VIII-II.)
La longue étendue des côtes de France a été, à toutes les
époques de notre histoire, exposée aux deux modes d'attaque
par mer : les bombardements et les descentes.
Les grandes descentes ont été rares depuis la fin de la
guerre de Cent ans; et leurs succès furent plus rares encore,
lorsqu'elles eurent pour but des opérations régulières sur
un territoire étendu et peuplé. Elles ont été plus fréquentes
et plus heureuses, lorsqu'elles se sont proposé l'occupation 2 LA TRAHISON DU GU1LDO.
de territoires bornés ou de positions particulières telles que
les presqu'îles et les îles.
Il ne convenait plus au XVIIIe siècle d'exagérer les dangers
des invasions maritimes parties d'Outre-Manche. Notre incon
testable supériorité militaire sur l'Angleterre lui interdisait
de tenter la conquête d'un établissement permanent sur
nos côtes, ou de s'emparer, sur le territoire français, de
quelque place forte lui assurant la domination du pays et
de la mer.
Mais la suprématie maritime de la Grande-Bretagne lui
facilitait le débarquement d'un corps expéditionnaire destiné
à opérer près des côtes, à lever des contributions, à piller
les villes ouvertes, à tenter une attaque brusquée contre les
arsenaux maritimes, à ruiner les principaux ports d'arme
ment.
Les descentes de Synclair à Lorient en 1746, de Marlbo-
rough à Cancale en juin 1758, de Bligh à Cherbourg et à
Saint-Briac aux mois de juillet et de septembre de la même
année, sont les derniers exemples des incursions anglaises
sur notre sol national.
* * *
Aucune ville bretonne n'a plus souffert que Saint-Malo de
nos guerres incessantes avec nos voisins d'Outre-Manche :
sa liberté, sa fortune, son existence même furent souvent
menacées. Aucune ville française ne leur fit plus de mal.
Les exploits des corsaires malouins : les Bouvet, les Dan-
geron, les Magon, exaspéraient le gouvernement anglais au
milieu du XVIIIe siècle, et ruinaient le commerce maritime de
nos rivaux. Pitt décida, en 1758, de tenter un effort immense
contre le vieux port breton, et de le réduire par une attaque
combinée de l'armée et de la flotte britanniques.
Mais la cité corsaire, couverte sur son front de mer par
les fortifications érigées par Vauban, protégée sur son front
de terre par la splendide ceinture de ses nouveaux rem- LA TRAHISON DU GUILDO. 3
parts d), apparut au duc de Marlborough comme une forte
resse inexpugnable.
Le général anglais rembarqua, le 12 juin 1758, à Gancale,
les 13,000 hommes dont le commodore Howe avait assuré le
débarquement, le 4 juin précédent.
C'était un échec. Le pillage systématique des paroisses des
évêchés de Dol et de Saint-Malo, la destruction d'une partie
de la flotte malouine, les 3.363.223 livres de dégâts effectués
dans le pays, ne couvraient pas les frais immenses de l'arme
ment anglais.
Marlborough céda le commandement au général Bligh, et
celui-ci dirigea immédiatement contre Cherbourg une expé
dition dont le succès dépassa les prévisions les plus optimistes
du cabinet de Londres.
Bligh, grisé par ce facile succès, entreprit d'effectuer contre
Saint-Malo l'attaque devant laquelle son prédécesseur avait
reculé. Il cherchait la gloire; cette néfaste campagne devait
briser sa fortune et le couvrir d'infamie W.
Le but avoué de la nouvelle expédition anglaise était
l'attaque de Saint-Malo et l'achèvement de la ruine de son
port. Mais, par suite de circonstances inexplicables, le
débarquement du corps expéditionnaire s'effectua le 4 sep
tembre 1758 dans l'anse de la Fosse, près de Saint-Briac.
L'infranchissable fossé de l'embouchure de la Rance séparait
l'armée anglaise de son objectif principal.
Bligh s'efforça en vain pendant les deux journées suivantes
(1) L'enceinte actuelle de Saint-Malo a été construite de 1708 à 1737 par
l'ingénieur Garengeau. Ces travaux furent exécutés en quatre périodes :
1708, 1714, 1721, 1737; leur achèvement successif permit l'agrandissement
rapide de la ville. Un dernier projet d'agrandissement englobant les deux
Beys n'a jamais été étudié à fond.
(2) Le montant total des dévastations commises par Malborough et
par Bligh s'éleva à 3.913.474 livres, 18 sous, 6 deniers, soit environ
17.610.798 francs de notre monnaie actuelle. Voir à ce sujet le dossier
C : 4709 des Archives d'IUe-et- Vilaine. ■4 LA TRAHISON DU GTJILDO.
de réparer les conséquences de cette grossière erreur initiale.
Il lui fut impossible d'élaborer un nouveau plan de campagne
contre la cité corsaire. Se rembarquer immédiatement eût
été avouer l'avortement de ses conceptions stratégiques; il
voulut sauver la face, donner le change à l'opinion publique
anglaise et il laissa ses troupes dévaster librement le pays.
Mais les dangers de la navigation côtière dans cette région
et la mauvaise tenue des fonds dans les parages du Décollé
obligèrent le commodore Howe à conduire sa flotte à l'excel
lent mouillage de la baie de Saint-Gast. L'impérieuse nécess
ité de maintenir toujours la liaison du corps expéditionnaire,
avec la flotte obligea Bligh à effectuer sur terre un mouve
ment parallèle.
L'armée leva le 8 septembre le camp de Saint-Briac et
marcha sur Matignon par Ploubalay, Trégron, et le gué de
l'Arguenon, situé près du couvent des Carmes du Guildo.
Le Guildo (guedum dolosum) est un petit port, formé par
la rivière de l'Arguenon, près du lieu où son estuaire s'élargit
entre la presqu'île de Saint-Jacut, à l'Est, et le village de
Notre-Dame du Guildo, à l'Ouest.
Le passage du cours d'eau s'effectuait au XVIIIe siècle en
bateau et très rarement à gué.
Il eût été très imprudent à une personne inexpérimentée
dé tenter sans guide le passage de la rivière à marée basse.
L'Arguenon forme dans cette partie de son cours plusieurs
fosses, sortes de souilles profondes, séparées les unes des
autres par des seuils, dont chaque marée modifie l'orientation
et l'emplacement W.
Le passage du Guildo s'effectuait en 1758, non pas en face
des maisons des deux rives, comme il s'est fait postérieure
ment, mais plus en amont de la rivière, près d'un rocher
dont la masse surplombe la fosse du Chaland.
Charles Lebret et sa fille Rosé, femme de Pierre Perée,
(lj Les fosses les plus dangereuses sont : la fosse Chéhue, au confluent
de l'Arguenon et du Guet; celle du Navire, au-dessous du couvent; celle
du Chaland, près du gué; de la Héronnière, devant le bois du Val,
et celle de la Cormoranière, sous la Ferté-Fromentel. LA TRAHISON DIT GUILDO. 5
> exploitaient à cette époque le privilège du passage, moyen
nant une redevance aux carmes du Guildo. Aussi les habitants
du pays avaient-ils progressivement renoncé à braver les
dangers du passage à gué, et les riverains ne possédaient
que des notions très imprécises sur les déplacements jour

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