Un incident de frontière dans le Verdunois (1387-1389). - article ; n°1 ; vol.54, pg 344-357
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1893 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 344-357
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1893
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Moranvillé
Un incident de frontière dans le Verdunois (1387-1389).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1893, tome 54. pp. 344-357.
Citer ce document / Cite this document :
Moranvillé Henri. Un incident de frontière dans le Verdunois (1387-1389). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1893, tome
54. pp. 344-357.
doi : 10.3406/bec.1893.447740
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1893_num_54_1_447740UN
INCIDENT DE FRONTIÈRE
DANS LE VERDUNOIS
(1387-1389).
C'est avec raison qu'un récent historien de Verdun , l'abbé Clouët,
a pu dire qu'il était impossible, faute de documents, de faire l'his
toire des petites guerres que des pillages réciproques provoquaient
au moyen âge entre les habitants du Verdunois et les habitants
des marches de Champagne ou, si l'on veut, des frontières du
bailliage de Vitry1. D'ailleurs, quel que puisse être l'intérêt qu'en
présenterait l'examen pour l'histoire des progrès lents et sûrs de
la monarchie vers cette frontière du Rhin qu'elle sut donner et
conserver à la France, il est rare que ces incidents aient été assez
graves pour attirer l'attention du pouvoir impérial, trop occupé
ailleurs, ou pour mettre en mouvement le bailli de Vitry. Un
dossier suffisamment complet donnera l'exemple d'un conflit que
la répression de brigandages amena entre le bailli royal et le
représentant impérial.
1. Histoire de Verdun et du pays verdunois, t. III, p. 456. Ces incidents
étaient parfois assez sérieux : ainsi, peu avant le mois de mars 1390 (n. st.), un
fonctionnaire fut enlevé par des brigands venus de terre d'empire : « En venant
« audit Reteil (Rethel), le bailli fu prins par les Allemans et mené en Alle-
« maigne, où il fu detenu x sepmaines. » (Arch, nat., X2a 12, fol. 80 \°.) Une
population aussi constamment menacée par ses voisins avait contracté des habi
tudes de violence assez excusables, et les aventuriers s'y réfugiaient volontiers.
En 1392, un chevalier, Guillaume de Quesnes, « fist venir iiij compaignons du
« païs d'Ardenne, dont il ne scet les noms, si comme il dit, pour faire batre
« feu maistre Jehan Cochon, lequel fu bastu par lesdiz par la
« manière qu'il est contenu en la grace dudit chevalier. » (Arch, nat., X2a 12,
fol. 147 v\) INCIDENT DE FRONTIERE DANS LE VERDUNOIS. 345 UN
Vers l'année 1387, un défi mit aux prises la ville de Verdun,
d'une part, et d'autre part Jean de Saulx1, Pierre d'Argiers2 et
Guyot de Savigny3. Les gens d'armes de Verdun eurent l'avan
tage, et, à leur tête, Richard des Armoises, d'une famille célèbre,
Jean de Wadonville et Jaquemin de Baleicourt poussèrent une
pointe jusqu'aux environs de Sainte-Menehould, en menant vive
ment leurs adversaires ; ils en profitèrent pour faire toute sorte
de dégâts à Chaudefontaine4, à Moiremont5, à la Grange-aux-
Bois6, à Dannevoux7, à Baulny8 et à Montfaucon9; ils prirent à
1. Il y avait un Jean de Saulx, fils de Colart de Saulx, bailli de Vitry, se
igneur de Servon, Binârville, Lançon et Vandy; mais ce personnage s'étant
retiré à l'abbaye du Mont-Dieu (H. Vincent, les Inscriptions anciennes de l'a
rrondissement de Vouziers, p. 354, et P. Laurent, les Antiquités de la Chart
reuse du Mont-Dieu, p. xxi, note 1), où il mourut en 1386, il est certain qu'il
ne s'agit pas de lui. Il faut reconnaître ici un second Jean de Saulx, apparte
nant sans doute à la même famille, et seigneur de Ranzières (Meuse, arron
dissement de Commercy, canton de Saint-Mihiel).
2. Pierre d'Argiers, seigneur de Cumières (sans doute Meuse, arrondissement
de Verdun, canton de Charny-sur-Meuse, plutôt que Marne,
d'Épernay, d'Ay), figure parmi les chevaliers dont Edouard, comte de
Grandpré, fit montre à Edimbourg le 3 août 1385 (marquis Terrier de Loray,
Jean de Vienne, amiral de France, p. cxiv), lors de l'expédition que l'amiral de Vienne conduisit en Ecosse. Il était peut-être fils de Jean d'Argiers,
qui avait été bailli de Vitry, reçu en cette qualité le 5 avril 1366 à prêter se
rment au Parlement (Arch, nat., XIa 1469, fol. 134 r°), et avait sans doute suc
cédé dans cette charge à Colart de Saulx (Bibl. nat., Cab. des Titres, Pièces
originales, vol. 90, dossier 1881, pièce 2). Sur Cumières, voir V Histoire de Ver
dun et du pays verdunois de l'abbé Clouët, t. III, p. 339 à 341.
3. Guyot de Savigny tirait son nom de Savigny-sur-Aisne (Ardennes, arron
dissement de Vouziers, canton de Monthois) ; ses armes figurées sur son sceau
ne laissent aucun doute à cet égard (Bibl. nat., Cab. des Titres, Pièces ori
ginales, vol. 2654, dossier 58943, pièces 3 et 4, et Dossiers bleus, vol. 602, dos
sier 15900, pièce 2). Il fut au service du frère de Charles VI, Louis d'Orléans,
quand celui-ci étendit son autorité sur le duché de Luxembourg (E. Jarry, la
Vie politique de Louis de France, duc d'Orléans, p. 292, et Bibl. nat., Cab.
des Titres, Pièces originales, vol. 2654, dossier 58943, pièces 2 à 4). Il portait
d'après son sceau : gironné de douze pièces [d'azur et d'or], à l'écusson [de
gueules] mis en cœur, chargé d'une bande d'hermine [emanchée d'or des deux
bouts].
4. Chaudefontaine, Marne, arrondissement et canton de Sainte-Menehould.
5. Moiremont, ibid.
6. La Grange-aux-Bois, Marne, commune de Sainte-Menehould.
7. Dannevoux, Meuse, arrondissement de Montmédy, canton de Montfaucon-
en-Argonne.
8. Baulny, Meuse, de Verdun, canton de Varennes-en-Argonne.
9. Montfaucon-en-Argonne, arrondissement de Montmédy, chef-lieu de canton. 346 UN INCIDENT DE FRONTIÈRE
Moiremont les chevaux de Pierre d'Argiers, s'emparèrent même
du prévôt de Sainte-Menehould, de divers habitants du pays et,
enfin, de l'abbé de Moiremont, qu'ils emmenèrent prisonniers à
Verdun.
Ceci passait la mesure : le bailli de Vitry, Guyot de Brecons,
décidé à faire un exemple, mit la main, au printemps de l'an
née 13881, sur les châteaux occupés par deux des principaux
pillards, Wadonville2 et Baleicourt3. Le coup était singulière
ment hardi, car c'était une incursion en terre d'empire ou mieux
la prise de vive force de deux places fortes étrangères ; et quels
que pussent être les griefs très justifiés de l'assaillant, des procé
dés aussi violents, pour être efficaces, n'en étaient pas moins
singuliers.
Ce qu'il y a de plus bizarre, c'est que les représentants de l'em
pereur ne protestèrent pas contre la prise de deux forteresses,
ni contre la violation du territoire impérial4, affectant, sans
doute, de considérer ce fait comme un épisode d'une guerre pri-
1. Quittance de Guyot de Brecons, écuyer, bailli de Vitry, pour 1,637 livres
8 sous 2 deniers qui lui étaient dus pour fin de compte rendu en la Chambre
des comptes, « à cause de la prinse par moy faicte des forteresses de Wartron-
oc ville et de Balecourt pour le Roy nostredit seigneur » (Bibl. nat., Titres scel
lés de Clairambault, vol. 21, pièce n» 1513, 19 août 1388).
2. Wadonville-en-Woëvre , Meuse, arrondissement de Verdun, canton de
Fresne-en-Woëvre.
3. Baleicourt, ou Baleycourt, fait partie de la commune de Verdun. Le roi
de Bohême, Jean l'Aveugle, fit élever à Baleicourt, qui était de la mouvance
du Luxembourg, un château « qu'il inféoda en 1340 à un certain chevalier
« Rogier », avec obligation de rendre la place, à première réquisition, au duc
de Luxembourg (Histoire de Verdun et du pays verdunois par l'abbé Clouët,
t. III, p. 187). En 1416, Jacquemin de Baleicourt vendit cette place à Philippe
de Nauroy et disait dans l'acte que « ladite avoit esté, sans cause et
« sans raison, prinse et arse par ceux de la duchié de Luxembourg » (ibid.,
p. 580). Mais, lasse des pilleries de la nouvelle garnison, la ville de Verdun fit
prendre Baleicourt le 22 février 1420 (n. st.) et fit raser la forteresse, dont
l'emplacement entra dans le domaine de la ville. En 1502, les bourgeois de Ver
dun reconnurent tenir de l'archiduc d'Autriche, duc de Luxembourg, « ung siege
« ruyné, enmy les champs, où soulloit avoir maison, appelle Ballecourt, avec
« les fossés en l'environ dudit siege r> (Ville de Verdun, Inventaire som
maire des archives communales antérieures à 1790, par H.

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