Un indicateur du développement urbain : le lotissement des faubourgs de Nîmes au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.258, pg 457-478
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Un indicateur du développement urbain : le lotissement des faubourgs de Nîmes au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.258, pg 457-478

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1984 - Volume 258 - Numéro 1 - Pages 457-478
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Line Teisseyre-Sallmann
Un indicateur du développement urbain : le lotissement des
faubourgs de Nîmes au XVIIIe siècle
In: Annales historiques de la Révolution française. N°258, 1984. pp. 457-478.
Citer ce document / Cite this document :
Teisseyre-Sallmann Line. Un indicateur du développement urbain : le lotissement des faubourgs de Nîmes au XVIIIe siècle. In:
Annales historiques de la Révolution française. N°258, 1984. pp. 457-478.
doi : 10.3406/ahrf.1984.1087
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1984_num_258_1_10871789
UN INDICATEUR DU DÉVELOPPEMENT URBAIN
LE LOTISSEMENT DES FAUBOURGS DE NIMES
AU XVIIIe SIÈCLE
En s'attachant à analyser tantôt l'aspect humain, tantôt l'aspect
monumental, l'historiographie a trop longtemps négligé pour la
France d'ancien régime l'ambivalence du concept de ville, occultant
par là l'essence même du phénomène urbain qui, comme pour tout
système socio-politique, réside dans la relation étroite unissant le
groupe au milieu géographique et matériel dans lequel il évolue.
Séparer ces deux composantes fondamentales, indissociables dans la
réalité, c'est oublier ce lien organique qui existe entre les bâtisseurs
et l'espace bâti ou à bâtir, comme si le cadre urbain ne réglait et
n'ordonnait pas la vie quotidienne, individuelle ou communautaire,
de la même façon qu'il est lui-même conditionné par une pratique
politique et des conduites sociales.
La compréhension d'une société urbaine passe par la
confrontation de ses structures démographiques, économiques ou
politiques avec les marques qu'elles ont tracées sur le sol.
Support de la vie de la ville, le parcellaire urbain enregistre
fidèlement toutes les vicissitudes du groupe qui contribue à le
modeler. Pour la société qui les met en place ou les modifie, les
modes d'utilisation du sol sont avant tout fonctionnels et répondent
aux besoins les plus pressants de la population. C'est ainsi que dans
les villes d'ancien régime, où l'économie urbaine reposait sur la
combinaison espace bâti — espace cultivé à l'intérieur du périmètre
urbain lui-même, le terroir était dessiné en fonction d'une quadruple
exigence : habitat, travail, vie communautaire, subsistance.
Dans le courant du XVIIIe siècle, comme dans beaucoup de
grandes villes, le parcellaire nîmois s'est trouvé profondément LINE TEISSEYRE-SALLMANN 458
modifié, mais à la différence d'autres villes, ces transformations sont
à mettre au compte d'une pression démographique très forte liée au
développement industriel (1) et n'ont quasiment pas touché les
quartiers d'habitat ancien. Des quartiers neufs ont surgi à la
périphérie ; ils ont bouleversé l'organisation de l'espace, remettant
en question la dualité ville murée — faubourgs et l'équilibre milieu
urbain — milieu rural hérités du Moyen Age et ils ont fait apparaître
la construction immobilière comme l'un des indicateurs les plus
probants de la croissance urbaine.
La reconstitution du tissu ancien et des bouleversements qu'ils
a connus tout au long du XVIIIe siècle est rendue possible par
l'existence d'une admirable série de livres de compoix à travers
lesquels on peut suivre à l'échelle des parcelles, considérées dans leur
environnement immédiat ! l'îlot, les transformations intervenues
entre 1596 et 1793. Il n'était ni possible ni nécessaire de suivre la
courbe des constructions sur l'ensemble de la superficie habitée ;
aussi, ai-je choisi une zone bien déterminée, périurbaine, qui,
englobant les vieux faubourgs et la première ceinture de terres
cultivées, représente au début du XVIIIe siècle un espace de
transition beaucoup plus proche de la campagne que de la vie
citadine.
Au XVIIIe siècle — et depuis longtemps déjà — l'intérieur de
l'enceinte médiévale est entièrement bâti, la ville intra muros bouge
peu, elle fait l'objet de travaux qui, en fin de compte, apparaissent
plutôt comme des remaniements architecturaux — certains hôtels
particuliers sont remis au goût de l'époque — ou comme simples
retouches — la municipalité entreprenant de redresser ici où là
quelques alignements. En revanche, les faubourgs ont joué tout au
long de l'ancien régime un rôle de poumons pour cette ville qui
s'asphyxiait littéralement à l'intérieur de ses remparts sur un espace
beaucoup trop exigu. C'est dans les faubourgs que traditionnel
lement l'on voyait s'élever les nouvelles constructions pendant les
périodes de paix et de prospérité et à l'inverse par un mouvement de
reflux, ceux-ci étaient très vite désertés et même détruits en temps
d'insécurité ou de récession économique. Pour la deuxième moitié du
XVIIIe siècle, les témoignages sont nombreux et s'accordent pour
souligner la multiplication soudaine et massive des constructions sur
ces espaces naguère recouverts de jardins, de vergers ou de près. En
1771, les consuls estimaient à plus de 20000 la population des
(1) L. Teisseyre-Sallmann, « Urbanisme et société : l'exemple de Nîmes aux
XVIIe et XVIIIe siècles », dans Annales, économies, sociétés, civilisations, sept.-oct.
1980, pp. 965-986. INDICATEUR DU DÉVELOPPEMENT URBAIN 459 UN
faubourgs, « qui contenaient depuis quelques années plus de maisons
que l'enceinte de la ville » (2). Ces observations sont confirmées par
l'analyse parcellaire qui montre bien la transformation entre 1720 et
1780 des grands clos ruraux qui entouraient la ville murée et ses
faubourgs en véritables lotissements sous le contrôle de la
municipalité.
Une source exceptionnelle
La spécificité d'une lecture parcellaire du sol urbain exige des
sources pertinentes, graphiques ou qui se prêtent à une cartographie
très fine. Malgré leur rareté, ce genre de documents existe pour
quelques villes françaises de l'ancien régime, notamment du domaine
méditerranéen, mais n'ont à ma connaissance jamais été exploités
dans cette optique. Ce sont les compoix urbains, véritables cadastres
écrits, semblables en tous points aux compoix ruraux qui seuls
jusqu'ici ont fait l'objet d'études (3).
Alors qu'on se heurte pour bon nombre de villes de la France
d'ancien régime à l'absence de documents appropriés, la richesse des
sources cadastrales, conservées dans le fonds des archives commun
ales de Nîmes, est exceptionnelle. La très belle série de livres de
compoix (4), accompagnés de plans dessinés dans les années
1780 (5), livre, enregistrées au jour le jour et parcelle par parcelle,
toutes les variations du parcellaire, offre ainsi la possibilité de faire
une histoire diachronique du tissu urbain, considéré simultanément
sous deux angles différents — les formes et les modes d'utilisation du
sol — et de la propriété foncière depuis la fin du XVIe siècle jusqu'à
la fin du XVIIIe siècle.
Les différentes étapes de la confection d'un compoix donnaient
lieu à l'élaboration de quatre types de documents. Les registres
proprement dits n'étaient rédigés qu'après la constitution des deux
dossiers de référence, sur la base desquels était calculé l'impôt
foncier en pays de taille réelle. Arrêtés à date fixe, ces documents
exposaient de manière statique le découpage morphologique et fiscal
(2) Arch. comm. Nîmes, LL 42, fol. 532, délibération du conseil de ville du
27 juin 1771.
(3) A. Soboul, Les campagnes montpelliéraines à la fin de l'Ancien Régime :
propriétés et cultures d'après les compoix, Paris, 1958. M. Christol, « Un compoix
languedocien du XVIIe siècle : Castelnau-de-Guers en 1680 » dans Pézenas Ville et
campagne, XIII'-XX* siècles, Montpellier, 1976.
(4) Arch. comm. Nîmes, QQ 18, 21, 38-52.
(5)SS 11-13. LINE TEISSEYRE-SALLMANN 460
de l'espace urbain. Opération primordiale avant l'inscription des
biens immobiliers au cadastre, le relevé d'arpentage était de rigueur.
Celui de 1596 a l'avantage d'être général et se présente comme un
v&

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