Un nom propre en politique : Sieyès - article ; n°1 ; vol.63, pg 74-86
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Description

Mots - Année 2000 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 74-86
UN NOM PROPRE EN POLITIQUE : SIÉYÈS Dans la Notice sur la Vie de Sieyès, Sieyès se décrit à la troisième personne. Relier certains énoncés, dont « le nom de Sieyès », aux figures cognitives que l'auteur incame dans ses manuscrits inédits permet de conserver, dans la description de son trajet discursif, le questionnement métaphysique, qui lui est propre, sur la nature linguale de l'être.
A PROPER NAME IN POLITICS : SIEYES ' In the « Note on the Life of Sieyès », Sieyès describes himself in the third person. In linking certain phrases, such as « the name of Sieyès », to cognitive tropes that the author embodies in unpublished manuscripts allows us to preserve, within the description of his discursive evolution, the metaphysical questioning of the linguistic nature of being that is characteristic of him.
UN NOMBRE PROPIO EN POLITICA : SIEYES En la « Notice sur la Vie de Sieyès », Sieyès se descibe el mismo a la tercera persona. Conectar ciertos enunciados, entre otros « el nombre de Sieyès », con las figuras cognitivas que el autor encorna en sus manuscritos inéditos permite conservar, en la descripción de su trayecto discursivo, el questionamiento metafisico que le espropio sobre la naturaleza lingual del ser.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

Monsieur Jacques Guilhaumou
Un nom propre en politique : Sieyès
In: Mots, juillet 2000, N°63. pp. 74-86.
Resumen
UN NOMBRE PROPIO EN POLITICA : SIEYES En la « Notice sur la Vie de Sieyès », Sieyès se descibe el mismo a la tercera
persona. Conectar ciertos enunciados, entre otros « el nombre de Sieyès », con las figuras cognitivas que el autor encorna en
sus manuscritos inéditos permite conservar, en la descripción de su trayecto discursivo, el questionamiento metafisico que le
espropio sobre la naturaleza lingual del ser.
Abstract
A PROPER NAME IN POLITICS : SIEYES ' In the « Note on the Life of Sieyès », Sieyès describes himself in the third person. In
linking certain phrases, such as « the name of Sieyès », to cognitive tropes that the author embodies in unpublished manuscripts
allows us to preserve, within the description of his discursive evolution, the metaphysical questioning of the linguistic nature of
being that is characteristic of him.
Résumé
UN NOM PROPRE EN POLITIQUE : SIÉYÈS Dans la Notice sur la Vie de Sieyès, Sieyès se décrit à la troisième personne.
Relier certains énoncés, dont « le nom de Sieyès », aux figures cognitives que l'auteur incame dans ses manuscrits inédits
permet de conserver, dans la description de son trajet discursif, le questionnement métaphysique, qui lui est propre, sur la nature
linguale de l'être.
Citer ce document / Cite this document :
Guilhaumou Jacques. Un nom propre en politique : Sieyès. In: Mots, juillet 2000, N°63. pp. 74-86.
doi : 10.3406/mots.2000.2205
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_2000_num_63_1_2205GUILHAUMOU0 Jacques
Un nom propre en politique : Sieyès
- "- Quelque « Nous chose. entendrons Pourquoi par la le mot sémiotique être :
devrait-elle s'occuper de ce quelque chose ?
Parce que l'un de ses problèmes est (aussi
et certainement) de dire si et comment nous
utilisons des signes pour nous référer à
quelque chose, et beaucoup de choses ont été
* ' dites à ce sujet. Mais il me semble que la
sémiotique ne peut pas éviter de se confron-
<*•*'• ' n' «**<>' ter à un autre problème : qu'est-ce que ce
quelque chose qui nous pousse à produire
_ , , des signes ? » Umberto Eco '
L'analyse du discours du côté de l'histoire doit beaucoup, depuis
les années 1980, à une problématique de l'archive héritée de Michel
Foucault où l'accent est mis prioritairement sur le fait que chaque
dispositif d'archivé établit sa propre mise en ordre, au titre de la
réflexivité du langage2. Ainsi l'historien du discours s'intéresse, d'une
part, à des phénomènes langagiers sur la base d'une description dis
cursive d'énoncés attestés dans une grande diversité de source tant
manuscrites qu'imprimées et, d'autre part, à la manière dont ces
énoncés prennent sens au contact d'énoncés rares, mais hautement
significatifs, au point de permettre des rencontres « heureuses » entre
données discursives et faits syntaxiques3.
° CNRS/ENS Fontenay/Saint-Cloud, UMR 8503 «Analyses de Corpus Linguis
tiques, Usages et Traitements », Grille d'Honneur du Parc, 92211 Saint Cloud Cedex.
1. Kant et l 'ornithorynque, Paris, Grasset, 1999, p. 18.
2. Cf. sur ce point Jacques Guilhaumou, Denise Maldidier, Régine Robin, Discours
et archive, Liège, Mardaga, 1994.
3. Cf. l'exemple de « Du pain et X » pendant la Révolution française dans l'ou
vrage précité en note.
74 Reste que l'analyse discursive tend à faire une pause descriptive
dans les trajets d'archivé, en ancrant son approche paradigmatique
dans un moment de corpus construit et/ou immédiatement disponible les configurations textuelles mises en place1. Présentement, nous
avons quitté l'enquête textuelle sur corpus pour une interrogation sur
des figures discursives de dimension cognitive significativement pré
sentes à la jonction d'une autobiographie intellectuelle à la troisième
personne et d'un trajet d'archives personnelles inédites.
De la production référentielle du sens
à l'émergence de sujets cognitifs
La Notice sur la Vie de Sieyès2, dont il est ici question, s'apparente
à un genre discursif assez répandu pendant la Révolution française,
la Vie politique. Elle répond au besoin de justification de personnes
suspectes au cours de l'an II3. Sieyès date sa Vie politique de juin
1794 : il s'inscrit donc au premier abord dans une tel contexte discurs
if. Cependant, en faisant le choix de publier ce texte à la troisième
personne, donc sous couvert d'un auteur anonyme, il peut y déployer
une série de désignations et de descriptions de son nom propre tout
au long d'un parcours discursif. Notre analyse consiste dans la présent
ation de ce trajet ; elle s'appuie plus particulièrement sur sa dimens
ion cognitive et référentielle, au titre du détour par l'archive
personnelle de Sieyès4.
En entamant ce « récit purement historique » par un acte de bap
tême — « Emmanuel- Joseph Sieyès est né à Fréjus, département du
Var, le 3 mai 1748 » — la Notice nous confronte d'emblée à un nom
1. Cf. dans l'exemple précité en note, l'ampleur du trajet sous-jacent présenté dans
« Subsistances (pain, bleds, grains) », Handbuch politish-sozialer Grundbegriffe in
Frankreich, 1680-1820, Heft 19-20, Munich, Oldenbourg, 2000.
2. Oeuvres, Paris, Edhis, 1989, volume 3, document 36.
3. Cf. L'étude de Sylvie Garnier sur « Les conduites politiques en l'an П. Compte
rendu et récit de vie révolutionnaires », Annales Historiques de la Révolution française,
295, janvier-mars 1994. Nous analysons également cette archive très spécifique dans
notre ouvrage, La langue politique et la Révolution française, Paris, Méridiens/Klinck-
sieck, 1989.
4. Les papiers de Sieyès sont conservés aux Archives Nationales sous la côte 284
AP. En cours de publication, un premier volume, intitulé Des Manuscrits de Sieyès
(1773-1799), Paris, Champion, 1999, vient d'être publié sous la direction de Christine
Fauré et avec notre collaboration.
75 Sieyès, désignateur rigide pour l'ensemble des mondes où il propre,
évolue au cours de son existence. Si nous suivons le linguiste
Kripke1, le nom propre n'est pas déterminé a priori par des traits
singularisants, des propriétés identifiantes qui lui donneraient une
signification préalable : il est initialement « vide de sens ». Dévelop
per une ontologie de la référence équivaut alors à définir le réfèrent
d'un nom propre, quelle que soit la description qu'on lui assigne, par
rapport à quelqu'un, baptisé à un moment donné et qui, en-deçà des
propriétés qu'on lui assigne, restera ce quelqu'un.
Dans cette perspective, nous considérons que le nom propre Sieyès
est d'abord intelligible par un acte d'identification et de reconnais
sance, avant même que son signifié déploie son contenu social à partir
d'une série d'expressions attestées dans le fil du discours. Qui plus
est, par le fait d'y associer l'archive personnelle, la signification te
rminale du « nom de Sieyès » se construit certes au-delà de l'acte de
référence associé à sa désignation rigide, mais aussi en-deçà de sa
description dans un récit, là où la présence de figures cognitives
atteste du trajet de sa référence externe à sa narration interne.
Ainsi, du réfèrent cognitif au contenu social, un ensemble de
figures d'interprétants médiatise le signe du nom propre, le fait passer
de son identification perceptive, empirique, à sa reconnaissance abs
traite au sein de l'interaction sociale. S'il est convenu de définir l'uni
vers de l'interprétant d'un signe comme le lieu où se déploient les
effets propres des signes2, il importe aussi de considérer que l'inte
rprétant ajoute à la valeur référentielle inaugurale du nom propre, son
acte de baptême, quelque chose ou quelqu 'un qui en autorise la recon
naissance, un type issu de son dictionnaire personnel. Mais de quelle
nature est ce type ? À quel interprétant renvoie-t-il ?
C'est là où nous souhaitons faire inter

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