Un sculpteur de Cyrène : Zénion, fils de Zénion - article ; n°1 ; vol.70, pg 67-77
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1946 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 67-77
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Chamoux
Un sculpteur de Cyrène : Zénion, fils de Zénion
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 70, 1946. pp. 67-77.
Citer ce document / Cite this document :
Chamoux François. Un sculpteur de Cyrène : Zénion, fils de Zénion. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 70,
1946. pp. 67-77.
doi : 10.3406/bch.1946.2556
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1946_num_70_1_2556UN SCULPTEUR DE CYRENE :
ZÉNION, FILS DE ZÉNION
(PL IV-V)
Nous sommes très mal renseignés sur les sculpteurs de Cyrène : aucun
texte littéraire ne nous éclaire sur l'activité artistique d'une cité où
cependant poètes et philosophes n'ont point manqué et dont la prospérité
matérielle, au cours d'une longue histoire, a dû favoriser le développement
des arts plastiques. Relativement isolée par rapport au reste du monde
grec, la grande cité libyenne vivait un peu repliée sur elle-même et il ne
semble pas que le renom de ses sanctuaires, riches et considérés, mais
qui n'eurent jamais une signification panfyellénique, ait beaucoup attiré
les artistes du dehors. Et pourtant statues et bas-reliefs sont sortis par
centaines de son sol. On y compte des œuvres de la plus haute qualité,
représentant toutes les périodes de l'art hellénique. En outre le goût
persistant des Cyrénéens pour la sculpture est attesté par le nombre
considérable des bases inscrites qui encombrent aujourd'hui encore les
champs de fouilles, fait d'autant plus remarquable que le marbre des
statues et des bases devait être importé à grands frais d'outre-mer. Or sur
ces nombreuses bases inscrites, on n'a pu relever jusqu'à présent qu'un
nombre infime de signatures d'artistes :
1. Une base de la fin du ve siècle porte, après la dédicace à Apollon, la
mention .t]X. . . .ç : т]руаастато, où S. Ferri a voulu voir sans raison plausible
une signature d'Alcamène (1).
(1) Supplementum epiyraphicum graecum ( = SEG), IX, 1 (Cyrenaica), n° 100. Contre
l'hypothèse aventurée par S. Ferri (Historia, VI, 1932, p. 294), cf. G. Oliverio, Africa italiana.
V, 1933, p. 113 sq. ;Ch. Picard, Manuel, II, p. 551, n. 3 et 566, n. 3. F. CHAMOUX 68
2. Une dédicace à ~Opoç, qui peut dater de la première moitié du 111e siècle
av. J.-C, est suivie de 'Ayá8co[v 'AyaO ?]oxXeuç brokers (1).
3. Un fragment de base, remployé devant la fontaine d'Apollon, porte
la signature (seule la fin du nom est conservée, avec l'ethnique) d'un artiste
étranger. Une base de marbre noir, près des Magasins, a conservé aussi
partiellement une signature (2).
Ces rares documents ne permettent aucun rapprochement avec les
œuvres parvenues jusqu'à nous. Si bien que de tous les sculpteurs de Gyrène
le mieux connu semble encore celui qui partit chercher fortune au dehors,
ce Polianthès qui, dans la première moitié du ne siècle av. J.-C, travailla
à Milo (3) et surtout à Délos, où six inscriptions marquent son passage (4).
Singulier paradoxe puisqu'enfîn l'existence d'ateliers de sculpture à
Cyrène n'est pas attestée seulement par les inscriptions citées plus haut,
mais aussi par d'autres indices. Plusieurs des œuvres conservées sont
taillées dans le calcaire local à grosses nummulites, aisément reconnais-
sable (5). Il existe aussi des exemples de sculptures inachevées (6), ou
même refaites sur d'autres plus anciennes (7). Quelques portraits ont
un caractère africain très marqué (8). Certaines œuvres font allusion à des
événements de la vie locale (9). Enfin l'abondance exceptionnelle des
statues funéraires, qui est en relation avec des formes particulières et encore
mal connues de la religion cyrénéenne (10), ne peut se concevoir sans
l'existence d'ateliers travaillant sur place. On ne doit donc pas s'arrêter
à l'idée, suggérée par le silence des textes, que la majeure partie des
(1 ) SE G, n° 125. J'ai revu la pierre, remployée dans le mur d'un édifice situé derrière le temple
d'Apollon. On peut écarter les lectures Пи0]охХейс et Mvaa-rjoyXeuç : la lacune comprend 5 lettres.
(2) Ces textes étant inédits, on comprendra par quel scrupule je m'abstiens d'en faire plus
longuement état : la publication appartient à leur inventeur.
(3) IG XII 3, 1097. Base avec les traces d'une statue de bronze.
(4) IG XI 4, 1115, 1182, 1183, 1184, 1185 ; ID, 1716. Cf. P. Roussel, Délos, colonie athénienne,
p. 288, n. 4. Le nom est fréquent à Cyrène.
(5) Bas-relief de l'autel d'Artémis (Massacre des Niobides), Africa ilaliana, II, p. 163 sq.
(6) Statuette représentant Aristée, Afr. il., II, p. 17-18, fig. 4 ; bas-relief inédit de l'ancien
musée, représentant une assemblée divine ; sarcophage du n" s. ap. J.-C. dont les gisants, sur le
couvercle, ont la tête seulement épannelée.
(7) Apollon Pythien refait sur un Asclépios, Afr. il., I, p. 116 sq.
(8) Tête de Libyen du British Museum : Arndt-Bruskmann, 41-42; Hekler, Portraits antiques,
p. 36.
(9) Bas-relief de Pausanias (Arch. Jahrb., LVI, 1941, Anz., 706-714, fig. 160-161 ; cf. L. Robert,
Hellenica, I, p. 7 sq.) ; nombreux ex-voto pour des victoires hippiques.
(10) S. Ferri, Divinita ignole; Ch. Picard, Manuel, I, p. 288 ; Nilsson, Gesch. der gr. Religion,
I, p. 117, pi. 52, 5. un sculpteur de cyrÈne : zénïon, fils de zênîon 69
statues de Cyrène ait été importée du dehors. Mais il faut nous résigner à
l'anonymat où se cachent encore leurs auteurs.
On n'en accordera que plus d'intérêt à l'unique exception qui favorise
l'auteur probable d'une des plus belles statues retrouvées à Cyrène, ce
Zénion, fils de Zénion, auquel est dû sans doute le grand Zeus à l'égide
(pi. IV), orgueil hier du musée de Benghazi, et retourné aujourd'hui, à la
faveur des événements de guerre, sur les lieux qui l'ont vu naître (1). Cette
belle trouvaille, en son temps, n'était pas passée inaperçue. Entourée
d'abondants commentaires par les savants italiens qui l'avaient
découverte (2), elle a depuis pris sa place dans les ouvrages généraux (3).
Ayant eu l'occasion, au cours d'un récent voyage à Cyrène, de l'étudier
à mon tour, je présente ici les observations auxquelles ce travail m'a
conduit.
Le Zeus à l'égide fut retrouvé dans un temple de la ville haute qui
s'ouvre sur l'artère principale, en bordure de l'agora (fig. 1). La statue
était couchée, brisée en plusieurs tronçons, en avant d'un piédestal situé
au fond de la cella, du haut duquel elle était visiblement tombée (4). Elle
avait dans sa chute détruit une partie de la mosaïque qui recouvrait le
sol à cet endroit. Des recherches ultérieures permirent de découvrir divers
fragments supplémentaires : ainsi la main droite tenant le foudre fut
trouvée assez loin du temple (5) et son appartenance à la statue n'est pas
assurée. Sous sa forme actuelle, l'œuvre est presque complète, à l'exception
du nez, du membre viril, de l'extrémité de la main droite, de quelques éclats
dans les cheveux et de la majeure partie du sceptre, dont la hampe fut un
moment restaurée en bois peint. La statue est actuellement conservée
dans une salle de l'ancien musée, dont la réorganisation se poursuit.
Ses grandes dimensions, la valeur peu commune de son exécution, sa
qualité de statue de culte la désignaient déjà à l'attention. Par surcroît
une inscription en fixe la date avec une précision rare : la face antérieure
du piédestal portait en effet une dédicace à Hadrien et à Antonin (6) que
(1) E. Ghislanzoni, Noliziario archeologico, II, 1916, p. 207-216, pi. III-IV ; L. Mariáni, ibid.,
Ill, 1922, p. 7-18, fig. 1-11 ; G. Bagnani, JHS, XLI, 1921, p. 238-241, pi. XVIII, 1.
(2) Articles cités dans la note précédente.
(3) Ch. Picard, La sculpture antique, II, p. 302 et 429 ; A. B. Cook, Zeus, III, 1, p. 534 sq.
(4) Ghislanzoni, l. c, p. 204.
(5) Ibid., p. 208, n. 1.
(6) SEG, n° 136. F. CHAMOtJX 70
la titulature des deux empereurs permet de placer avec certitude entre
le 25 février et le 10 juillet de l'année 138 ap. J.-C. (1). Après l'énumération
des titres des deux Césars, le texte, gr

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