Une « Amazone » du IVe siècle avant notre ère sur le territoire du Don - article ; n°1 ; vol.8, pg 121-141
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1982 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 121-141
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

K.-F. Smirnov
Madame Thérèse David-De
Sonneville
Une « Amazone » du IVe siècle avant notre ère sur le territoire
du Don
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 8, 1982. pp. 121-141.
Citer ce document / Cite this document :
Smirnov K.-F., David-De Sonneville Thérèse. Une « Amazone » du IVe siècle avant notre ère sur le territoire du Don. In:
Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 8, 1982. pp. 121-141.
doi : 10.3406/dha.1982.1579
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1982_num_8_1_15798 1982 121 - 141 DHA
UNE «AMAZONE» DU IVE SIECLE AVANT N.E.
SUR LE TERRITOIRE DU DON.
La tradition littéraire, à travers les auteurs anciens, nous a conservé
beaucoup d'informations sur les Amazones guerrières qui vivaient, dit-on,
en Cappadoce (Asie Mineure) durant l'Antiquité. Tous ces renseignements
étaient considérés comme légendaires jusqu'à ce que les archéologues sovié
tiques aient mis au jour les sépultures à kourganes des Sauromates et des
Sarmates anciens dans les steppes de la basse Volga et de l'Ural méridional
(VIe-IVe siècle avant n.è.). D'après Hérodote et d'autres auteurs antiques, la
vie sociale des Sauromates et des Sarmates, leurs descendants directs, pré
sentait des traits particuliers : les femmes étaient guerrières et participaient
aux côtés des hommes aux opérations militaires; elles combattaient à cheval
et sacrifiaient i.e. elles jouaient un rôle dans la célébration des cultes religieux
(Hérodote, Histoires IV, 16-17;Hippocrate, Пер1 áépcov, ùôaxcov, tó-
ticùv , XVII). B.N. Grakov le premier, a prouvé la réalité de ces traits
«amazoniens» ou de la «gynécocratie» sauromate 0) : ils s'expriment non
seulement par le fait que dans les sépultures sauromates et sarmates anciennes
de la région de la Volga et de l'Ural méridional, on rencontre assez souvent
(jusqu'à 20%) des armes - flèches, et, plus rarement, épées et lances - mais
aussi des objets de culte - autels portatifs en pierre, miroirs, cuillers à toilette
du style animalier, couleurs diverses utilisées pour peindre ou tatouer le
corps (2). Ces sépultures de riches femmes-prêtresses se rencontrent fréquem
ment dans la région d'Orenburg (^).A.M. Khazanov a brillamment confir
mé cette «gynécocratie» par l'archéologie; par l'ethnographie, il a établi des
parallèles avec un phénomène analogue dans nombre de sociétés, presque
jusqu'à nos jours v+).
La sépulture la plus remarquable que nous connaissions d'une «ama
zone» sarmate est celle du Kourgane n° 4, près du «xutor» (ferme) Sladkov-
skij (district de Tacinskij, région de Rostov-sur-le-Don), découverte par l'expé
dition Azov-Donec que je dirigeais, en 1976, au cours de la fouille d'un grou
pe de kourganes assez important, entre le Don et le Donec septentrional. Le
petit kourgane, haut de c. 0,40 m, avait été fortement labouré. A sa surface,
on a trouvé des tessons d'amphore grecque (une partie de la lèvre et de l'an
se); on a pu reconstituer l'amphore entière découverte par la suite dans la
tombe même. Elle a permis de dater l'inhumation de façon assez précise.
Dans le kourgane n° 4, on a découvert une vaste et riche tombe à dromos
(figs. l;2),à peu près rectangulaire, arrondie aux angles. Le dromos y con
duisant au Sud, partait presque de la base (au niveau du sol) du kourgane;
large de c. 2 m, en pente, on Га repéré sur plus de 3 m; au sud de la tombe,
il se terminait brusquement par deux degrés situés à 1 ,60 m au-dessous du К. -F. SMIRNOV 122
niveau du sol antique. La tombe (4,75 x 5m) était un caveau de famille où,
successivement mais presque à la même époque, avaient été ensevelies plu
sieurs personnes dont des adultes et des enfants. On y conduisait les défunts
par le dromos. Elle était pourvue d'une solide couverture en bois, débordant
jadis ses limites : quelques billots nous sont parvenus intacts dans un grand
tas de déblais qui en faisait le tour à 1 à 2 m du bord; les billots et les ron
dins les plus épais, mieux conservés, étaient tombés dans la partie Sud-Est
de la fosse (fig. 1). Les funérailles terminées, le dromos avait été définitiv
ement comblé; on y avait enseveli un cheval -tué sans doute à dessein - avec
son harnais dont nous avons des parties en métal : un mors en fer, en mauv
ais état de conservation, une boucle et deux petites plaques en bronze
(fig. 3). Du côté de la tête, on avait placé une amphore de Sin ope (fig. 4).
En outre, au fond du dromos, au cours du repas funéraire, on avait brisé
quelques récipients en argile façonnés à la main dont l'un a été partiellement
restauré (fig. 5).
La tombe elle-même avait été en partie pillée (côté Sud-Ouest); dans
la fosse du pillage, on a récolté nombre de tessons d'une amphore grecque,
de grande dimension, dont on n'a pas encore défini le centre de production.
Une troisième amphore, de même origine, a été découverte dans l'angle
Sud-Est de la tombe, enfoncée dans la terre, près de la tête d'une femme
ensevelie (fig. 6).
Dans la partie Sud-Est, non pillée, au fond de la tombe, une femme
adulte (5) était étendue sur une épaisse couche de craie (en poudre ou
broyée), tête au Sud, dans une pose libre, bras légèrement écartés, jambe
gauche légèrement repliée au niveau du genou (fig. 7)- i.e. dans la position
traditionnelle des défunts sauromates et sarmates (sq. 1).
Du côté de la tête, outre l'amphore, se trouvaient des vertèbres et une
côte de gros mouton dépecé, un couteau en fer et des frettes en os (fig. 15,
2, 5) et, près d'eux, un miroir de grande dimension, en bronze, à poignée
plate (fig. 8). pes boucles d'oreille en argent étaient posées sur la poitrine
de la défunte (fig. 15,1). Son cou était paré d'un torque d'argent en spirale
avec des figures de carnassiers, creuses, soudées à ses extrémités (fig. 9). Sur
le poignet de la main droite, conservé, était enfilé un bracelet de perles
d'origine grecque, parmi lesquelles des perles transparentes ont la forme
d'amphores (fig. 10, 1). A ses côtés, cette «amazone» avait la panoplie
complète de son époque. Près de l'amphore était enfoncée dans la terre
une pointe de lance en fer; une deuxième pointe, massive (longue de c.
0,50 m) était posée le long de la paroi Sud de la tombe (fig. 1 1). A gauche,
le long du bras de l'«amazone», il y avait une épée en fer (longue de 0,73m)
à poignée de bronze (fig. 12). Près du poignet droit était placé un carquois
rempli de flèches à pointes en fer et en bronze (fig. 13,1 ,2).
Sur l'emplacement occupé par la défunte, on avait peut-être enseveli au- D'HISTOIRE ANCIENNE 123 DIALOGUES
paravant un adolescent dont une partie des ossements auraient été ensuite
soigneusement accumulés au pied de la femme et dont le crâne, mal conservé,
se trouvait sur le dessus du tas (sq. 2). Sous ce crâne, il y avait une grosse
perle pourvue d'un oeil (fig. 10,2).
Dans l'angle Nord -Est de la tombe, sur une couche de poudre de craie,
restaient les fragments d'un grand vase, entièrement recouvert de traces de
doigts imprimées en creux, d'une exécution rapide, caractéristiques de beau
coup de poteries sauromates du Don et de la Volga (fig. 14). Parmi ces osse
ments, il y avait aussi un petit couteau en fer (fig. 15,11). Là également,
mais un peu plus à l'Ouest, se trouvait, toujours sur la couche de craie, une
coupe en bois décorée d'une applique en or en forme de tête de griffon
stylisée, de plaques en argent rondes, et de garnitures en bronze qui toutes
étaient fixées dessus (fig. 15,10,8, 9).
Dans la partie Nord de la tombe, le squelette d'un guerrier adulte
(sq. 3) était étendu sur le dos, tête à l'Ouest (fig. 1). Sur sa poitrine, côté
droit, était posée une perle cylindrique, perforée, en verre noir rayé de
blanc (fig. 10, 2). Entre ses fémurs, il y avait une pointe de flèche en bronze.
Parallèlement au bras gauche, était disposé un carquois avec une soixantaine
de flèches, à pointes à douille, en fer (fig. 13,2).

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