Une dynastie de « non-originaires » au Parlement de Bretagne, la famille Des-Cartes (1585-1736) - article ; n°3 ; vol.44, pg 408-432
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Une dynastie de « non-originaires » au Parlement de Bretagne, la famille Des-Cartes (1585-1736) - article ; n°3 ; vol.44, pg 408-432

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Annales de Bretagne - Année 1937 - Volume 44 - Numéro 3 - Pages 408-432
25 pages

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Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 68
Langue Français
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Extrait

Xavier d'Haucourt
Une dynastie de « non-originaires » au Parlement de Bretagne,
la famille Des-Cartes (1585-1736)
In: Annales de Bretagne. Tome 44, numéro 3-4, 1937. pp. 408-432.
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d'Haucourt Xavier. Une dynastie de « non-originaires » au Parlement de Bretagne, la famille Des-Cartes (1585-1736). In:
Annales de Bretagne. Tome 44, numéro 3-4, 1937. pp. 408-432.
doi : 10.3406/abpo.1937.1769
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1937_num_44_3_1769Xavier d'HAUCOURT
UNE DYNASTIE
DE " NONORIGINAIRES "
AU PARLEMENT DE BRETAGNE
LÀ FAMILLE DES-CARTES (1585-1736)
Plusieurs cités de la Grèce antique se sont disputé l'honneur
d'avoir donné le jour à Homère. De même, Poitou, Touraine,
voire Bretagne, ont prétendu revendiquer, comme leur, l'illustre
auteur de ce Discours de la Méthode dont la présente année 1937
commémore le tricentenaire, le célèbre philosophe René Des
cartes.
Et comme chacune de ces trois provinces peut se prévaloir en
sa faveur de 'quelques arguments plus ou moins péremptoires,
elles n'ont pas ménagé à l'appui de leurs thèses respectives et
contradictoires, mémoires et dissertations, s'étayant sur les
plus ingénieuses déductions 1.
Sans entrer ici dans le détail de ces controverses, il semble
établi aujourd'hui que René Descartes, quoique fils d'un cons
eiller au Parlement de Bfetagne, est bien né à La Haye en
Touraine, aux confins du Poitou, pays d'origine de la famille
1. Voir la Bibliographie à la fin de la présente étude. Victor Cousin, dans son
Histoire de la philosophie, semble bien admettre que René serait né breton et
Rennais. De son côté, Saisset, dans son ouvrage sur Descartes, ses précurseurs el ses
disciples, écrivait en 1862 : « II avait été conçu à Rennes, dans cette Bretagne qui
semble avoir mis sur lui sa marque : une assez forte personnalité, une sincérité un
peu hautaine, une sorte d'indocilité à se plier au goût et à l'opinion des autres,
avec une assez grande assurance en soi-même. »
Cf. J. Millet, Histoire de Descartes avant 1637, Paris, Didier, 1867. AU PARLEMENT DE BRETAGNE 409
Descartes, et dans un domaine de son aïeule maternelle
Jeanne Sain, où sa mère serait allée faire ses couches, le
31 mars 1596. Encore que d'aucuns, s'appuyant sur une tra
dition orale, rapportée par divers auteurs, Lalanne et Barbier
entre autres, soutiennent que, surprise en cours de route par
l'imminence de l'événement attendu, la mère du futur philosophe
aurait été obligée de suspendre son voyage de Châtellerault,
la résidence familiale, à la Haye. Et que ce serait en terre poi
tevine qu'elle aurait ainsi mis au monde son fils René, à la
Sybillière, chez un parent.
En tout cas, il appert sans conteste de son acte de baptême,
tel qu'il est relaté d'après les archives paroissiales, par
l'abbé Chevalier et Thouvenez, que ledit René, « fils de noble
homme Joachim Descartes, conseiller du Roy en son Parlement
de Bretagne », fut bien baptisé, le 3 avril 1596, à la Haye, qui
en a pris son nom de la Haye-Descartes, et a élevé, en 1802,
un buste à son glorieux enfant, avant que Tours, se piquant
d'émulation et de surenchère, lui érigeât à son tour une statue
en pied, à l'entrée de son pont sur la Loire. « Conçu chez les
Bretons, il naquit en Touraine », nous affirme • sa nièce Cathe
rine Descartes, la « précieuse » Cartésie.
Mais, d'autre part, c'est sous le qualificatif de « Renatus Des
cartes, picto », qu'il est mentionné sur les Registres universitaires
de Hollande, où il étudia plusieurs années, avant d'y transporter
à demeure ses pénates; au terme de pérégrinations multiples
coupées d'escales intermittentes à Rennes devenu le centre
familial.
C'est à la veille de la Ligue, sous le règne agité de Henri III,
que le père de René, le Poitevin Joachim des Cartes 2 (1563-
2. C'est sous cette forme graphique des Cartes, ou Des= Cartes, en deux mots,
que figure toujours, sur les Registres du Parlement, le nom patronymique, tiré d'un
domaine du Poitou. Primitivement on l'écrivait, semble-t-il, des Quartes, ou, en
latin, a Quartis ou de Quartis. Les savants en us du xvnB siècle devaient le latiniser
à leur tour en « Cartesius », pour mettre à leur mode le nom du grand philosophe.
Les enfants et les cadets de la famille se distinguèrent d'ailleurs par des noms
terriens additionnels : de la Bretallière, de Chavagne, de Kerleau, du Perron, de 410 UNE DYNASTIE DE « NON-ORIGINAIRES »
1640) vint prendre séance au Parlement de Bretagne, institué
quelque trente ans auparavant par le roi Henri II, en mars 1553,
vieux style, — l'année ne commençant alors qu'à Pâques et
non au 1er janvier, — Cour souveraine autonome, concédée
par le petit-fils de la duchesse Anne, conformément aux stipu
lations du contrat d'Union de 1532, à la Bretagne désormais
réunie à la France, pour remplacer l'ancienne juridiction sou
veraine ducale des « Grands Jours », qui tenait, à Vannes, ses
assises, à la suite des réunions des États bretons.
Aux 22 « conseillers du Duc » souverain, était ainsi substitué
désormais un « Parlement », indépendant de celui de Paris,
jugeant en dernier ressort dans la Province de Bretagne, au
nom du Roi, héritier des anciens Ducs.
Parlement qui n'était composé à l'origine que de 4 présidents
et de 32 conseillers, recrutés, pour la moitié seulement, parmi
les « originaires », pour la plupart gentilshommes bretons de
noblesse d'épée, choisis dans les familles auxquelles leur situation
pécuniaire permettait d'acquitter sans difficulté la « finance »
de l'office 3.
La seconde moitié des charges était réservée à des « non-
originaires » ou « Français », et qui, eux, n'étaient généralement
que de noblesse de robe, ou de haute bourgeoisie. Mais l'exercice
Montdidier, de Langle, de Jaille, etc., mais en principe, et conformément aux
Ordonnances, le patronyme seul figurera sur les arrêts et les pièces officielles.
M. -du Perron, — qui sera bientôt le célèbre philosophe, — quand il s'établira
en Hollande, abandonnera définitivement ce qualificatif terrien pour adopter le
graphisme Descartes en un seul mot (comme on trouve écrits le plus souvent d'ail
leurs Duguesclin, Daguesseau, Dargenson, etc.). C'est donc sous cette forme que
nous écrirons en conséquence le nom de la famille du philosophe René.
3. Car si, en droit, il demeure bien entendu que le Roi confère gracieusement
les charges et ne les vend pas, — ■ la dignité de la Couronne s'y opposait! — il
ne les concède, en fait, qu'à ceux qui au préalable en ont acquitté la « finance ».
Paiement effectué aux mains des agents du Trésor, s'il s'agit d'une création nouv
elle; ou dans celles du résignataire ou de ses ayants droit, si c'est un office déjà
concédé précédemment à un titulaire antérieur.
Grâce à cette distinction subtile, la création de nouveaux offices devenait pour
la Royauté, souvent à court d'argent, un ingénieux moyen de remplir ses coffres,
par l'institution de nouveaux officiers de finance ou de judicature. C'est ainsi
qu'au second tiers du xvme siècle, au moment où va s'éteindre la dynastie parle
mentaire des Descartes, l'effectif de la Cour souveraine bretonne ne compte pas
moins d'une dizaine de présidents à mortier et d'une centaine de conseillers, dont AU PARLEMENT DE BRETAGNE 411
de l'office, qui leur conférait déjà les privilèges de la noblesse
personnelle, devait vite les conduire à l'anoblissement de leur
race.
Ces « non-originaires », pour la plupart, venaient des régions
voisines de la Bretagne, Normandie, Anjou, Touraine ou Poitou.
Ce qui était précisément le cas de la famille Descartes, d'origine
bourgeoise, mais anoblie, semble-t-il, au début du xvie siècle,
et maintenue en ses privilèges de noblesse par la Cour des Aides,
en 1547 4.
Cette famille, poitevine, tirait son patronyme de la terre
des Cartes5, situ

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