Une école catholique de pencak silat Tunggal Hati Seminari - article ; n°1 ; vol.52, pg 65-75
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Description

Archipel - Année 1996 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 65-75
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Jean-Marc De Grave
Une école catholique de pencak silat Tunggal Hati Seminari
In: Archipel. Volume 52, 1996. pp. 65-75.
Citer ce document / Cite this document :
De Grave Jean-Marc. Une école catholique de pencak silat Tunggal Hati Seminari. In: Archipel. Volume 52, 1996. pp. 65-75.
doi : 10.3406/arch.1996.3353
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1996_num_52_1_3353Jean-Marc DE GRAVE
Une école catholique de pencak silat
Tunggal Hati Seminari
Le pencak silat, jusqu'à une période récente, n'a attiré l'attention des cher
cheurs que de façon accessoire. Théodore Pigeaud s'y est intéressé ;Denys
Lombard lui a consacré deux articles dans la revue Archipel et le thème est
évoqué à plusieurs reprises dans son ouvrage Le Carrefour Javanais ; Marcel
Bonneff s'est attardé sur l'idéologie silat telle qu'elle transparaît notamment
dans les bandes dessinées indonésiennes ; Clifford Geertz a souligné les liens
étroits que cet art martial entretient avec l'Islam des «écoles coraniques»
(pesantren).
Malgré la modernisation quant aux modes et contenus des enseignements,
la pratique du pencak silat fait encore partie des activités d'écoles coraniques
de Java. Cependant, le rapport qui unit le pencak silat à l'Islam dépasse le
cadre des réseaux pesantren. L'école Tapak Suci, liée à l'organisation musul
mane moderniste Muhammadiyah, est une des plus importantes de l'archipel
indonésien, et les écoles où l'on apprend à développer son énergie vitale à des
fins d'autodéfense, les perguruan tenaga dalam, sont pour un nombre assez
élevé réservées aux musulmans.
Ce lien privilégié dont bénéficie la communauté musulmane est bien connu
des amateurs d'arts martiaux locaux. Que des catholiques en soient venus à
nouer des liens très étroits aussi avec ces mêmes pratiques martiales est un état
de fait méconnu en dehors des réseaux proprement catholiques. Il va s'agir ici
d'une présentation de l'école catholique de pencak silat Tunggal Hati
Seminari, ou THS, laquelle compte près de soixante mille membres (en milieu
d'année 1995) et étend ses ramifications jusqu'aux Philippines.
Cette présentation est fondée sur une expérience ethnographique qui s'est
déroulée de novembre 1990 à octobre 1992, à Célèbes-Sud puis à Java-Centre,
Archipel 52, Paris, 1996, pp. 65-75 66 Jean-Marc De Grave
ainsi que sur des contacts ultérieurs dont les derniers remontent à 1995, et sur
des documents complémentaires que les responsables de l'école m'ont fournis.
Aux sources de l'école Tunggal Hati Seminari
Développement de V école au niveau national
En 1983, le Séminaire de Mertoyudan, près de Magelang, à Java-Centre,
commence à recevoir une fois par mois le frère Hadiwijoyo, originaire de
Yogyakarta, pour qu'il y donne un cours de pencak silat ;\es participants sont
au nombre de soixante-treize. Les élèves trouvent les fréquences d'enseigne
ment - deux heures par mois - trop espacées et se lassent. En 1984, il reste
seulement onze élèves. L'entraînement est renforcé, durci et il bénéficie de
l'appui d'un médecin (le cousin du frère Hadiwijoyo) et d'une psychologue
(l'épouse du médecin) ; il a alors lieu à Kaliurang, village situé sur les contre
forts du volcan Merapi au nord de Yogyakarta, à neuf cents mètres d'altitude
environ. Pour sa dernière phase, l'entraînement est effectué à Parangtritis, en
bord de mer, au sud de Yogyakarta. A cet endroit sont créées des «figures de
mouvements» (jurus) originales. L'idée germe alors d'utiliser le pencak silat
pour propager la «bonne parole». Sept frères et séminaristes s'unissent par
serment au sein du «Comité fondateur» (Dewan Pendiri). Leur but est de ren
forcer les qualités de courage, de persévérance et d'humilité auprès des jeunes
catholiques.
L'élément moteur du mouvement, le frère Hadiwijoyo, devient prêtre. Le
silat, en tant qu'activité nouvelle en milieu catholique, se développe tout
d'abord à Jakarta - où le Père Hadiwijoyo, appelé aussi Père Hadi (ou Rama
Hadi), a été nommé - au sein des jeunesses catholiques de St. Fransiskus
Xavierus de Tanjung Priok et de la Sainte Croix de Cilincing. La première pro
motion compte trente-neuf membres. Puis cette activité s'étend à diverses
organisations et écoles catholiques de Jakarta. Les membres actifs sont des
prêtres, des frères, des sœurs, des parents et des membres d'organisations pour
la jeunesse. En 1985, le nombre des membres s'élève à deux cent vingt-trois
pratiquants.
Au début de l'année 1986, les jeunes filles catholiques se mettent à prat
iquer l'art martial et l'organisation d'autodéfense catholique Tunggal Hati
Maria, THM, est créée. Le nombre des membres pour THS-THM s'élève alors
à six cent trente-sept personnes.
Début 1987, ce nombre dépasse deux mille trois cents personnes réparties
dans les villes de Jakarta, Yogyakarta, Surakarta, Wonogiri, Muntilan,
Bandung, Bandar Lampung et Banjarmasin. La seconde retraite au sommet a
lieu en juillet 1988 dans le couvent Pajar Mataram Lampung où sont mis au
point statut et règlement intérieur.
Peu de temps après; des centres régionaux sont créés dans les évêchés
d'Ujung Pandang, Nusa Tenggara Timur (les Petites îles de la Sonde) et
Pangkalpinang. Face au succès rencontré, les activités de THS-THM sont offi
cialisées le 21 avril 1989 dans la cathédrale de Jakarta, par le responsable des
affaires catholiques au ministère des religions.
Archipel 52, Paris, 1996 Une école catholique de pencak silat 67
Le Père Sandharma Akbar, Indonésien d'origine chinoise de la région
minangkabau, après avoir été nommé à Bogor, prend une part active dans le
développement de l'organisation.
Structure et organisation
Conformément à la loi indonésienne, l'association a été fondée sur la base
des cinq principes d'Etat ou Pancasila: Croyance en Dieu unique, Humanité
juste et civilisée, Unité nationale, Démocratie Justice sociale.
Sa structure épouse le modèle de l'église catholique, avec un comité central
de direction, dont le siège est à Jakarta et qui est élu lors du congrès bisan
nuel; il correspond à la papauté. Les comités régionaux correspondent à un
évêché. Les comités locaux correspondent à une paroisse sous lesquels on peut
encore trouver des communautés scolaires.
La condition pour devenir membre est d'être baptisé selon le rite catho
lique. Les réunions régionales et locales ont lieu une fois par mois. Le centre
régional est autonome, mais son chef peut être destitué par le conseil central.
L'autonomie du centre local varie en fonction du comité régional. Le chef du
conseil local est choisi par le chef régional.
Les membres sont tenus de s'entraider et d'émettre leurs critiques ouverte
ment. Un membre peut ouvrir un centre local avec l'accord du centre régional.
Un membre qui se serait battu, en dehors des séances d'entraînement prévues à
cet effet, se verrait immédiatement exclu de l'école.
Un entraînement régional a lieu une fois tous les trois mois. Chaque centre
régional doit effectuer une retraite une fois par an. Trente pour cent de l'argent
du centre local vont au centre régional et cinquante pour cent sont donnés au
comité central une fois tous les trois mois.
Tunggal Hati Seminari à Yogyakarta et le Comité fondateur
C'est à Yogyakarta que siège le Comité fondateur. Mon premier séjour
d'une année dans cette ville m'a permis d'appréhender le rôle central qu'il joue
dans l'organisation de l'école.
En novembre 1991, étant moi-même membre de l'organisation depuis près
d'un an, je suis tout d'abord rattaché à un groupe d'entraînement qui se réunit
une ou deux fois par semaine dans le bâtiment annexe de l'église Kemetiran. A
ce manque de régularité des sessions s'ajoute une inégale qualité de l'encadre
ment, de l'organisation et de la discipline. Le su

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