Une loi fiscale mycénienne - article ; n°1 ; vol.98, pg 23-35
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1974 - Volume 98 - Numéro 1 - Pages 23-35
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Olivier
Une loi fiscale mycénienne
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 98, livraison 1, 1974. pp. 23-35.
Citer ce document / Cite this document :
Olivier Jean-Pierre. Une loi fiscale mycénienne. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 98, livraison 1, 1974. pp. 23-
35.
doi : 10.3406/bch.1974.2095
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1974_num_98_1_2095UNE LOI FISCALE MYCÉNIENNE
On a beaucoup écrit, avec plus ou moins de bonheur, sur les séries de
tablettes Ma de Pylos et Me de Cnossos1.
Peu d'auteurs, toutefois, les ont vraiment rapprochées l'une de l'autre,
même si certains n'ont pas manqué de signaler leurs « similitudes » ou leurs
« analogies »2.
Et aucun, à ma connaissance, n'a mis en évidence qu'il s'agissait,
dans les deux cas (en Crète et sur le continent, à la veille de la
destruction du palais de Pylos et à celle du palais de Cnossos3), de deux
aspects d'une seule et même opération administrative (la
perception d'un impôt en nature portant sur un certain nombre de produits
(1) Parmi les contributions les plus marquantes, je citerai : Ma : M. Ventris - J. Chadwick,
Documents in Mycenaean Greek2 (Cambridge 1974), pp. 289-295 et 464-466 ; M. Lejeune, « La
série Ma de Pylos » dans Mémoires de philologie mycénienne I (Paris 1958), pp. 65-91 ; W. F. Wyatt,
« The Ma Tablets from Pylos », AJA, 66 (1962), pp. 21-41 ; L. R. Palmer, The Interpretation of
Mycenaean Greek Texts (Oxford 1963), pp. 300-305 ; G. W. Shelmerdine, « The Pylos Ma Tablets
Reconsidered », AJA, 11 (1973), pp. 261-275 ; Me : M. Ventris - J. Chadwick, Documents in Greek2 (Cambridge 1974), pp. 301-303 et 474-475 ; J. T. Killen - J.-P. Olivier,
« 155 raccords de fragments dans les tablettes de Cnossos », BCH, 92 (1968), pp. 128-129 [ЛГ.Б. :
l'auteur de ces lignes doit avouer que l'omission — dont il est le seul et unique responsable —
d'une ligne de son texte a rendu celui-ci incompréhensible ; il convient d'insérer, à la dernière
ligne de la p. 128, entre les mots « que » et « dans » le membre de phrase suivant : « des rabais
de l'ordre de 5 % ont été consentis pour les deux premiers produits et que ».] ; L. Baumbach,
« The Dilemma of the Horns. An Analysis of the Knossos Me Tablets », Ada Classica. Proceedings
of the Classical Association of South Africa, 14 (1971), pp. 1-16 ; J. L. Melena, « On the Knossos
Me Tablets», Minos, 13 (1972), pp. 29-54.
(2) E. L. Bennett le tout premier, qui a attribué des préfixes voisins aux deux séries de
documents et par là-même en a — dès avant le déchiffrement — affirmé la parenté certaine (cf.
M. Ventris - J. Chadwick, Documents* (1974), p. 301 : les auteurs font allusion à E. L. Bennett,
«The Undeciphered Minoan Script», Yale Scientific Magazine 25 : 5 (1951), p. 36 [non vidi]) ;
Ventris et Chadwick eux-mêmes (loc. cit.), ensuite ; M. Lejeune, enfin : « Les sifflantes fortes
du mycénien » dans Mémoires de philologie mycénienne II (Rome 1971), pp. 113-114 et n. 91.
(3) Soit, suivant la communis opinio traditionnelle : fin du MR HI A 1 (ca. 1375) pour Cnossos.
fin du HM III В [ca. 1230) pour Pylos. 24 JEAN-PIERRE OLIVIER [BCH 98
différents : six à Pylos, quatre à Cnossos4), effectuée selon la même
loi fiscale.
Suivant la même loi fiscale : là est l'important.
On pourra certes discuter longuement de la nature exacte des dix
produits exigés par les palais5; on pourra construire des systèmes plus ou
moins ingénieux6 pour expliquer comment fonctionnait exactement cette
loi fiscale; on pourra essayer de trouver — et on trouvera — d'autres
applications de cette même loi dans les archives en linéaire B, et peut-être
même dans les archives en linéaire A; on pourra s'attacher à chercher
l'origine extra-crétoise — et j'espère qu'on y arrivera — du système :
tout cela montre simplement que l'herméneutique des textes mycéniens
a encore de beaux jours devant elle.
Mais dans cet article mon propos sera volontairement plus limité,
car je pense qu'il est d'abord essentiel de dégager que, dans le recouvrement
de certains impôts, les administrations des palais de Pylos et de Cnossos
agissaient exactement de la même manière : ce qui, tout compte fait, n'est
pas sans intérêt pour l'histoire de la Grèce à l'époque mycénienne.
Évidemment, Cnossos et Pylos (pour ne pas parler de Mycènes, Thèbes
et Tirynthe) avaient, à l'époque qui nous occupe, plus que quelques points
en commun et il n'est guère nécessaire de s'appesantir là-dessus.
Mais cette « unité » allait-elle jusqu'à la possession et l'application d'un
seul et même « code des impôts » ? C'est ce que je vais m'attacher à montrer.
Si l'on prend séparément en considération les deux séries de documents7,
on arrive assez vite à la conclusion suivante : 1° les quantités des six
produits des tablettes Ma de Pylos (produits qui ont été désignés conven-
tionnellement par les lettres A, B, C, D, E et F) présentent entre elles des
variations qui semblent commandées par une « règle de proportionnalité »
relativement fixe, à savoir « 7 : 7 : 2 : 3 : 1,5 : 150 »;
(4) Qu'il s'agisse d'un impôt est absolument hors de doute, en tout cas pour Pylos : la pré
sence du mot a-pu-do-sijapudosisl « payement », de l'expression pe-ru-si-nu-wo o-pe-rojperusinwon
ophelosj « dû de l'année dernière », d'exemptions touchant certaines catégories d'individus (princ
ipalement des forgerons) l'indiquent à suffisance.
(5) Pour l'identification de ces produits (provenant vraisemblablement de la culture de la
terre ou de l'élevage des animaux), voyez les ouvrages cités à la note 1 ci-dessus, passim ; en ce qui
concerne le caractère de ces produits (du moins de ceux de la série Ma de Pylos, mais cela doit
valoir pour Cnossos également), on gardera présente à l'esprit la très flne remarque de G.
Shelmerdine, op. cit., p. 263 : « each commodity must be 1) something readily available through
out the Pylian kingdom, and/or 2) taxed in such small quantities that every town can supply the
requisite amount ».
(6) Un seul sera juste, et on finira bien par le trouver ; quant à moi, j'avoue ne pas y être
parvenu.
(7) Comme le font, par exemple, Ventris et Chadwick, dans Documents. UNE LOI FISCALE MYCENIENNE 25 1974]
2° les quantités des quatre produits des tablettes Me de Cnossos
(désignés par les lettres G, H, I et J) présentent entre elles des variations
du même genre, pour lesquelles la « règle » paraît être environ « 5 : 3 : 2 : 4 ».
On jugera aisément du bien-fondé de cette double conclusion en
examinant les deux tableaux ci-dessous qui donnent, pour Pylos d'une
part (Tableau I), pour Cnossos de l'autre (Tableau II), les chiffres corre
spondant aux quantités8 de chacun des produits enregistrés dans chacune
des tablettes.
Notes sur les tableaux I et II (valables aussi pour le tableau III).
Tous les chiffres des tableaux proviennent des dernières éditions des textes
(J. Ghadwick - J. T. Killen - J.-P. Olivier, The Knossos Tablets IV
[Cambridge 1971] et E. L. Bennett - J.-P. Olivier, The Pylos Tablets
Transcribed I [Rome 1973]), à l'exception du chiffre du produit J de KN
Me 4454 : 25[ici au lieu de 26 KT IV, où il a dû être entraîné par le 26 de
Me 5809 (mais on ne voit que quatre unités sur la tablette qui sont les restes
d'un 5 ou d'un 6).
Les chiffres suivis ou précédés d'un crochet droit ont été imprimés dans un
corps plus petit lorsqu'il y avait des raisons de penser qu'ils étaient
incomplets ; lorsqu'il existait au contraire une bonne chance pour que le chiffre
soit tout de même complet, bien que l'état de la tablette ne permette pas de
l'affirmer avec certitude, il a été imprimé en corps normal : mais le crochet
droit est là pour inviter à la prudence.
Là où les chiffres ont complètement disparu, on a imprimé deux crochets
droits encadrant un espace vide ; l'unique fois où un chiffre a volontairement
été omis par le scribe (PY Ma 365), on a indiqué « nihil ».
Les chiffres manifestement anomaux (c'est-à-dire s'écartant de plus de deux
points du chiffre « attendu » : deux cas à Pylos, un à Gnossos) ont été affect&

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