Variété de l habitat ancien en Nouvelle-Calédonie : étude de cas sur les vestiges archéologiques du Centre-Nord de la Grande Terre - article ; n°1 ; vol.104, pg 39-66
29 pages
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Variété de l'habitat ancien en Nouvelle-Calédonie : étude de cas sur les vestiges archéologiques du Centre-Nord de la Grande Terre - article ; n°1 ; vol.104, pg 39-66

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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1997 - Volume 104 - Numéro 1 - Pages 39-66
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Christophe Sand
Variété de l'habitat ancien en Nouvelle-Calédonie : étude de cas
sur les vestiges archéologiques du Centre-Nord de la Grande
Terre
In: Journal de la Société des océanistes. 104, 1997-1. pp. 39-66.
Citer ce document / Cite this document :
Sand Christophe. Variété de l'habitat ancien en Nouvelle-Calédonie : étude de cas sur les vestiges archéologiques du Centre-
Nord de la Grande Terre. In: Journal de la Société des océanistes. 104, 1997-1. pp. 39-66.
doi : 10.3406/jso.1997.2012
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1997_num_104_1_2012de l'habitat ancien en Nouvelle-Calédonie : Variété
étude de cas sur des vestiges archéologiques du
Centre-Nord de la Grande Terre.
par
Christophe SAND
INTRODUCTION concentration de structures au sol, aussi bien en
plaine qu'en zone de montagne. La majorité de
En 1992, le Département Archéologie du Ser ces sites a été cartographiée, permettant la pre
vice des Musées et du Patrimoine a réalisé pour mière étude d'organisation spatiale dans une
le compte de la Province Nord un programme perspective archéologique en Nouvelle-
d'inventaire archéologique dans le cadre de la Calédonie (Sand et Ouetcho 1993 ; Sand 1995a).
construction de la Transversale, route reliant Ce article souhaite présenter une synthèse de
Koné-Pouémbout sur la côte Ouest de la Grande ces résultats, en portant l'accent sur la variété des
Terre à Tiwaka (Poindimié) sur la côte Est modes d'organisation de l'espace social ainsi que
(figure 1). Cette zone se situe dans la région sur les relations entre les ensembles d'habitat et
linguistique Paaci-Cèmuhi, où ont été menées les structures horticoles. L'étude sera présentée
depuis un demi-siècle plusieurs études anthropol en partant de l'élément de base qu'est le tertre de
ogiques majeures (Bensa et Rivierre 1982, case, pour ensuite élargir la description à la
Guiart 1992). Dans le cadre de l'inventaire, plus structuration des différents ensembles de tertres
de 80 nouveaux sites ont été recensés sur les 30 entre eux. La présentation des données archéo
km qui séparent la tribu de Bopope — localisée logiques permettra de dégager en fin d'article,
au centre de la chaîne — de la plaine de Tiwaka. dans une vision chronologique, un premier
Une quarantaine d'ensembles d'habitats ont été schéma de peuplement humain de la vallée de la
Tiwaka sur plusieurs millénaires 1 . individualisés, montrant la présence d'une forte
* Département Archéologie, Service des Musées et du Patrimoine, BP : 2393, Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
1. Même si les données ethnographiques publiées par ailleurs sur le discours traditionnel entourant l'organisation
de l'espace sont utilisées dans cet article, il ne s'agit pas pour autant d'un travail d'ethno-archéologie tentant de lier
des groupes nominaux à des sites. Ce type de démarche, fortement souhaitable, ne pourra être envisageable qu'avec le
concours d'un ethnologue sur le terrain : une première expérience autour de cette problématique devrait être tentée prochaine
ment. SOCIETE DES OCEANISTES 40
165°E
/rouvea
Lifdu
\
22°5- \
Fij,
^ kunie
L. Caledonie
Fig. 1 . — Carte de localisation de la Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique Sud-Ouest et positionnement de la région Cèmuhi.
I. CADRE GENERAL
a) L'HABITAT KANAK ET LA SOCIETE caractère itinérant de la mise en valeur horticole,
ANCIENNE D'APRÈS LES TRAVAUX les groupes avaient tendance à se démultiplier à
ETHNOGRAPHIQUES l'extrême pour mieux contrôler leur avoir fonc
ier, d'où un habitat traditionnel dispersé en une
Depuis bientôt un siècle, les travaux ethnogra multitude de hameaux. Et comme tout terroir
phiques ont tenté de comprendre les mécanismes était à la fois le domaine des vivants et des morts,
culturels et socio-politiques régissant le fonc tout lignage avait nécessité de changer de rés
tionnement des sociétés mélanésiennes de la idence à chaque génération, lors du décès de son
Nouvelle-Calédonie (Gaudin 1990). Les écrits chef. La mobilité des hommes était donc induite du pasteur Leenhardt durant la première moitié non seulement par des obligations horticoles du xxe siècle ont servi de canevas à un schéma de mais plus encore par des croyances religieuses description générale des sociétés Kanak de la (culte des ancêtres) (Doumenge 1994, p. 67) ». Grande Terre (1930, 1937). D'après ce schéma, Les multiples sites d'habitat n'auraient ainsi été les groupes étaient segmentés en lignages dont
que temporairement utilisés par une population les membres se réclamaient d'un ancêtre toujours peu nombreuse, évaluée entre 50 000 et commun. Ils se référaient à un cadastre mythi
80 000 personnes pour l'ensemble de l'archipel que balisé d'événements chronologiques :
(Rallu 1990 ; Kasarhérou 1992). ceux-ci pouvaient être par exemple la fondation
Le centre de l'organisation socio-politique d'un premier tertre dans une région préalabl
était constitué par le site d'habitat. La disposiement non peuplée, ou l'accueil de nouveaux arr
tion dans l'espace des différentes zones de cet ivants dans une localité déjà habitée. Les structu
ensemble était régie par des contraintes symbolres au sol servaient ainsi souvent à délimiter les
droits fonciers de chaque lignage sur une portion iques, matérialisant au sol les systèmes
de territoire. d'alliance et de parenté. La structure centrale en
Les traditions orales indiquent un déplace était la grande case, dont les différents éléments
ment continu des groupes culturels dans l'espace synthétisent la société (Boulay 1990a). Puis
insulaire, accréditant l'image d'un système per venait l'aire ouverte, parfois matérialisée par une
pétuellement en mouvement. « Compte tenu du allée, espace des relations sociales et politiques ANCIEN EN NOUVELLE-CALÉDONIE 41 HABITAT
10 km
^Lds^^r ^. -■- \
Fig. 2. — Emplacement des principaux ensembles de sites présentés dans le texte.
dépassant le groupe clanique (Boulay 1990b). dans les hautes vallées du centre de la chaîne
Enfin, se répartissaient à plus ou moins grande montagneuse coupant la Grande Terre de
distance de l'ensemble d'habitat les structures Nouvelle-Calédonie en deux. Cette région cen
horticoles et sacrées. Ces « espaces mythiques », trale forme un plateau surélevé situé entre 200 m
ces « séjours paisibles » (Guiart 1981), boulevers et 400 m d'altitude, érodé par les multiples cours
és par l'installation européenne et décrits la plu d'eau. Ceux-ci ont formé des vallées alluviales
part du temps par des informateurs n'ayant pas qui s'élargissent vers le bord de mer sur la côte
physiquement vécu sur les anciens sites, ont Est.
paradoxalement jusqu'à présent été très rar L'ensemble géologique entre la tribu de
ement cartographies. Pourtant, plus de 2000 Bopope et la basse vallée de Tiwaka est formé
d'entre eux ont été inventoriés lors de l'inven par un substrat volcano-sédimentaire polyméta-
taire foncier à la fin des années 70 (Roux 1990). morphique, limité au Nord par des formations
Les villages ont été positionnés sur cartes, les rocheuses sédimentaires de type Trias-Lias, puis
superficies des zones de cultures ont été mesurées par des sommets de roches éruptives (basaltes
(Antheaume 1981), mais aucune attention parti sur le mont Moindip, 963 m) et à l'Ouest et au
culière n'a été portée aux sites dans leur structu Sud-Est par des restes de péridotites (mont Kun-
ration interne. Ceci a abouti à une standardisa tèn, 1385 m). Enfin, la vallée alluviale de la
tion de la vision de l'organisation de l'espace Tiwaka, d'une largeur d'un à deux kilomètres,
d'habitat kanak, articulé autour d'une allée cent est formée de sols peu évolués d'apport alluvial
rale, dans des ensembles géographiques suppos et d'origine récente (réf. Maurizot et al. 1984). Le
és éclatés et peu peuplés. couvert végétal est principalement caractérisé
par un paysage de

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