Xénophane critique des poètes - article ; n°1 ; vol.24, pg 11-45
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Description

Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen ancien. Série littéraire et philosophique - Année 1994 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 11-45
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Xénophane critique des poètes
In: Parerga. Choix d’articles de Daniel Babut (1974-1994). Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean
Pouilloux, 1994. pp. 11-45. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen ancien. Série littéraire et
philosophique)
Citer ce document / Cite this document :
Babut Daniel. Xénophane critique des poètes. In: Parerga. Choix d’articles de Daniel Babut (1974-1994). Lyon : Maison de
l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1994. pp. 11-45. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen ancien. Série
littéraire et philosophique)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0151-7015_1994_ant_24_1_1351L'Antiquité Classique, 43, 1974 1 1
XÉNOPHANE CRITIQUE DES POÈTES
Dans un fragment de son commentaire Sur les «Travaux» d'Hésiode l
Plutarque note que le vers 286 de ce poème — «Je te parlerai en homme
qui veut ton bien» — donne une bonne illustration de ce que doit être un
caractère vraiment philosophique. Un Archiloque, un Hipponax se sont
en effet répandus en invectives contre leurs ennemis, et de même Timo-
crate et Métrodore, les frères ennemis épicuriens2, n'ont pas craint de
publier des pamphlets Tun contre l'autre ; mais quel besoin d'aller cher
cher de tels exemples, poursuit Plutarque, quand on voit que Xénophane
lui-même, mû par une sorte de jalousie mesquine à l'égard des philo
sophes et poètes de son temps, a composé de bien choquantes satires
contre tous les philosophes et les poètes 3...
Même s'il appelle quelque réserve 4, ce témoignage ne nous en apprend
pas moins qu'aux yeux de la postérité Xénophane a passé avant tout pour
un auteur satirique, et que parmi ses principales cibles figuraient les
poètes. Telle est assurément la raison qui incita le satirique Timon de
Phlious à lui dédier l'œuvre qu'il intitula les Silles, et peut-être même à
faire de lui son porte -parole5. D'autres sources antiques viennent confir
mer et préciser l'indication de Plutarque. Selon Diogène Laérce
Xénophane était l'auteur de poèmes en hexamètres, d'élégies et d'iambes
lf Fragment 40 (Sandbach) : Schol. in Hesiodi Opera et Dies, 286 ; cf. Die Fragmente
der Vorsokratiker* , 21 [Xénophane] A 22 (Diels-Kranz).
2 Cf. R. Philippson, RE, VI A (1936), col. 1266-9.
χατ' αυτόν 3 Και τι δει τούτους λέγειν, όπου γε χαί Ξενοφάνην δια δή τίνα προς τους
χαί ποιητάς μιχροφυχίαν σίλλους άτοπους συνθεϊναι χατά πάντων φιλοσόφων φιλοσόφους
χαί ποιητών ;
4 Cf. Κ. Freeman, The Pre-Socratic Philosophers. A. Companion to Diets, «Fragmente
der Vorsokratiker», Oxford, 1966 (1949), p. 90; M Untersteiner, Senofane,
Testimonianze e frammenti, Florence, 1955, p. 29.
5 Cf. Sextus Empiricus, Pyrrh. hyp., I, 224 : εν πολλοίς γαρ αυτόν [seil, τόν Ξενο
φάνην] έπαινέσας, ώς χαί τους Σίλλους αύτω άναθεΐναι, έποίησεν [seil, ό Τίμων] αυτόν
όδυρόμενον χαί λέγοντα χ. τ. λ. 12 Présocratiques
84 D. BABUT
dirigés contre Hésiode et Homère, dont il critiquait les propos sur les
dieux6. Un vers de Timon le qualifie de «censeur de la tromperie
homérique» — ou, moins vraisemblablement, de «détracteur d'Homère»
— «parce que», commente Sextus, «il a violemment critiqué la tromperie
qui trouve place chez Homère» 7. Un autre passage de Diogène Laërce
le présente, peut-être d'après Aristote, comme le censeur pour ainsi dire
attitré des deux grands poètes de la Grèce archaïque, comparant son rôle
à l'égard de ces demie· a à celui d'Alcée à l'égard de Pittacos ou de
Timocréon à l'égard de Simonide8. Enfin, une anecdote qui paraît
significative, même si la lettre en est suspecte, confirme que son per
sonnage a dû être assez rapidement fixé par la tradition antique sous les
traits de l'adversaire par excellence d'Homère, de Γ «Anti- Homère»9.
Malheureusement, les débris de l'œuvre qui nous sont parvenus n'ont
conservé que peu de traces directes de ces polémiques de Xénophane cont
re les poètes, Homère et Hésiode en particulier. Seuls deux fragments,
tous deux conservés par Sextus, mentionnent expressément ces derniers.
Le premier (B 11 D.-K.) est cité dans le premier livre Contre les
physiciens (Adversus mathematicos IX, 193), dans la conclusion du
chapitre sur le problème de l'existence des dieux : «Homère et Hésiode
χαθ' 'Ησιόδου 6 IX, 18 (21 A 1 D.-K.) : γέγραφε δέ εν επεσι χαί ελεγείας χαί ιάμβους
χαί 'Ομήρου, έπιχόπτων αυτών τά περί θεών είρημένα.
7 Fr. 60, 1 (Diels), chez Diogène Laëce, IX, 18, et Sextus, Pyrrh. hyp., I, 224. Le
texte de Sextus (Όμηραπάτης έπιχόπτης) semble devoir être préféré à celui de Diogène
(dont les manuscrits hésitent entre Όμηροπάττιν et Όμηραπάτην), à la fois à cause de
l'exégèse qui l'accompagne (Όμηραπάτης δέ έπισχώπτην, έπεί την παρ' Όμήρω άπάτην
διέσυρεν), et parce que la juxtaposition Όμηροπάτην ou Όμηραπάτην («qui se joue
d'Homère», adjectif masculin) έπιχόπτην n'est satisfaisante ni pour la construction, ni
pour le sens Voir E. Vogt, Des Timon von Phleius Urteil über Xenophanes, dans
Rheinisches Museum, 107 (1964), pp. 295-8.
' II, 46 (Arjstote, fragment 75 Rose3 : Περί ποιητών, fr. 7, p. 71 Ross) : 21 A 19
D.-K., ... άποθανόντι δέ [seil. Όμήρω έφιλονείχει] Ξενοφάνης ό Κολοφώνιος · χα'ι Κέρχωφ
Ήσιόδω ζώντι, τελευτήσαντι δέ ό προειρημένος · χαί . . . Πιτταχώ . . . Άλχαϊος
... χαί Σιμωνίδη Τιμοχρέων. Sur les rapports d'Alcée avec Pittacos, cf. D. L. Page, Sap-
pho and Alcaeus, Oxford, 1955, pp. 161-240; sur Simonide et Timocréon, C. M.
Bowra, Greek Lyric Poetry, 2e éd.. Oxford, 1961, pp. 349-58.
9 Pseudo-Plutarque, Reg. et imper, apophth., 175 C (21 A 11 D.-K.): Προς δέ
Ξενοφάνην τον Κολοφώνιον είπόντα μόλις οϊχέτας δυο τρέφειν · «αλλ' Όμηρος», εϊπεν
[seil. Ίέρωνϊ' «δν σύ διασύρεις [cf. Sextus, Pyrrh. hyp. I, 224, ci-dessus, note 7], πλείονας
ή μύριους τρέφει τεθνηχώς» . Selon Ziegler (cf. ci-dessous, n. 37) l'authenticité de cette
anecdote ne peut être mise en doute. 43, 1974 13 AC,
XÉNOPHANE CRITIQUE DES POÈTES 85
ont attribué aux dieux tous les traits qui, chez les hommes, sont objet
θ' 'Ησίοδος d'opprobre et de blâme (πάντα θεοϊς άνέθηχαν "Ομηρος
τε\ δσσα παρ' άνθρώποισιν όνείδεα και ψόγος εστίν,) : vols, adultères et
tromperies mutuelles» (χλέπτειν μοιχεύειν τε χαί αλλήλους άπατεύειν).
Quant au second (Β 12 D.-K..), il apparaît parmi de nombreuses autres
citations de poètes, dans le livre dirigé contre les philologues (Adversus
grammaticos - Adversus mathematicos, I, 289), au chapitre consacré à
l'explication des œuvres de poésie et de prose (chapitre 1 3, Το περί τους
ποίητάς μέρος): «Homère et Hésiode, selon Xénophane de Colophon,
«de combien d'actes criminels ont- ils fait état au sujet des dieux, vols,
πλεΐστ' έφθέγξαντο θεών άθεμίστια adultères et tromperies mutuelles» (ώς
έργα, \ χλέπτειν μοιχεύειν τε χαί αλλήλους άπατεύειν). Sextus accompagne
la citation du commentaire suivant: «De fait, Cronos, sous le règne
duquel la tradition place l'âge d'or, mutila son père et engloutit ses en
fants, tandis que Zeus, son fils, l'ayant dépouillé de son pouvoir, le fit
«descendre sous la terre et sous la mer infinie ... tout au fond de l'abîme
qui plonge au plus bas sous terre» (Iliade, 14,204 et 8,14) 10.
La première question qui se pose est celle du rapport entre les deux
fragments, étant donné leur très grande ressemblance, et surtout l'identité
de Β 1 1,3 et Β 12,2 (χλέπτειν μοιχεύειν τε χαί αλλήλους άπατεύειν). Cette
constatation a conduit plusieurs philologues à supposer que les deux tex
tes n'en font en réalité qu'un seul, et doivent donc être réunis, par exemp
le en intervertissant l'ordre des deux vers de Β 12 — de sorte que χλέπ
τειν τε χαί αλλήλους άπατεύειν n'aurait pas à être répété — et en écrivant
ώς au lieu de ώς au début du quatrième vers du fragment ainsi recons
titué M. Mais cette reconstitution n'a pas seulement l'inconvénient d'être
arbitraire, elle repose sur la fausse idée que les Anciens auraient éprouvé
la même répugnance que les modernes à répéter les mêmes idées, voire
les mêmes formules, dans des contextes plus ou moins semblables ;
l'exemple des poèmes homériques· — qui

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