Crevasses et rivières sous-glaciaires - article ; n°3 ; vol.30, pg 237-247
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1955 - Volume 30 - Numéro 3 - Pages 237-247
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Corbel
Crevasses et rivières sous-glaciaires
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 30 n°3, 1955. pp. 237-247.
Citer ce document / Cite this document :
Corbel Jean. Crevasses et rivières sous-glaciaires. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 30 n°3, 1955. pp. 237-247.
doi : 10.3406/geoca.1955.1891
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1955_num_30_3_1891CREVASSES ET RIVIÈRES SOUS-GLACIAIRES
par J. Corbel
Les crevasses el les bédières i sont un des aspects les plus frappants des
glaciers en été. La plupart des descriptions de ces organismes contiennent
quelques indications sur les crevasses, peu d'auteurs prêtent attention aux
bédières. Ces phénomènes n'ont jamais fait l'objet d'une étude d'ensemble.
De nombreux travaux ont, accidentellement, indiqué la parenté de ces cre
vasses et bédières avec les abîmes et rivières souterraines des régions karst
iques. On pourrait citer beaucoup de références mais aucun de ces ouvrages
ne consacre plus de quelques lignes à la question.
Nos recherches ont pour base l'étude directe des crevasses de glaciers et
bédières selon les techniques utilisées habituellement en spéléologie2, suivant
l'exemple donné pour l'étude des rimayes par W. D. Johnson puis Bernard
Stracey, et pour celle des crevasses glaciaires par A. Allix. Ces exemples
avaient été fort peu suivis jusqu'ici.
Les crevasses
Sur le glacier du Rhône, par exemple, on reconnaît rapidement deux familles
de formes. Les bédières sculptent de profonds chenaux analogues aux gouffres
du Karst. C'est une morphologie essentiellement due aux eaux courantes. Dans
la partie Nord et sur le front du glacier de larges fractures ne reçoivent au
cun ruisselet, ce sont des formes purement tectoniques. Ce sont celles que nous
étudierons d'abord, les autres seront étudiées avec les bédières.
Au glacier du Rhône, au Gross Glockner, à la Mer de Glace et dans toutes
les grandes langues de glace alpines, les crevasses sont de grandes fissures
verticales, oblongues. Elles entaillent de la glace bleue très propre. On trouve,
çà et là, des bouchons de neige tombés de la surface. Au fond, une petite
mare d'eau stagnante qui gèle dès les premiers froids. Ces fissures, s'orientent
souvent suivant de larges courbes. Elles, sont parallèles, généralement recou
pées, selon un angle à peu près constant, par un autre système de fissures
parallèles. Il se forme des chevrons. Cet entrecroisement des crevasses est
porté au maximum dans les séracs d'aval, il est minimum dans les larges
rimayes des parties les plus hautes du glacier.
Une ligne de tels gouffres est rarement continue et régulière. Il se produit
des petits décrochements. Là, tantôt les gouffres voisins sont séparés par une tantôt,' se continuent sous un ou plusieurs ponts de mince lame de glace, ils
glace. Ce sont les lieux de franchissement par excellence de ces dangereuses
fissures.
1. Bédière: nom désignant dans toutes les Alpes du Nord, les cours d'eau coulant sut
ou sous le glacier. Ce terme est employé depuis très longtemps par les alpinistes et par
quelques géographes. Ce vocable très utile mérite d'entrer pleinement dans la littérature
glaciologique.
2. L'auteur a étudié des crevasses et bédières dans les grands glaciers alpins de France,
Suisse, Autriche, Italie, en Norvège et Suède, en Islande et au Spitzberg. 238 J. CORBEL
Les crevasses tectoniques sont particulièrement nombreuses sur les bords et
le front du glacier, et aux endroits de fortes pentes. On les trouve sur toutes
les langues de glace, aussi bien dans les Alpes qu'en Scandinavie, en Islande
et au Spitzberg occidental. On reconnaît de loin leur allure en courbes ou en
chevrons. Leur principale caractéristique reste leur verticalité.
Lorsque l'on descend dans ces grands gouffres glacés on trouve généralement
le fond vers 30 m. de profondeur, parfois 50 m., exceptionnellement 100 m. Ici
plus profondes sont les rimayes. Celle de la Mer de Glace a plus de 150 m. de
profondeur. Parfois après un petit décrochement on trouve une autre petite
crevasse prolongeant la première. Un fait reste frappant : l'impossibilité d'at
teindre de grandes profondeurs uniquement par des fissures verticales d'origine
tectonique. Ces crevasses semblent un phénomène sub-superficiel qui s'amoind
rit dans les parties basses.
On trouve des occupées par dès bédières. L'eau a creusé très pro
fondément la glace. On peut suivre à de grandes profondeurs, de tels réseaux
sous-glaciaires. Dans la zone de fusion on peut même exceptionnellement attein
dre le fond du glacier. Dans les zones tempérées, comme l'a montré depuis
longtemps A. Allix, l'alternance gel-dégel peut ainsi atteindre le bassin ro
cheux et contribuer grandement à l'érosion sous-glaciaire.
Dans toutes les crevasses de la zone centrale on constate l'existence de phé
nomènes para-karstiques ; creusement de cavités par les eaux, abandon de ces
cavités lorsque la bédière a creusé un cours plus bas. Ces grottes profondes
abandonnées se transforment rapidement. Elles sont envahies par la glace en
mouvement. En 8 jours elles sont déjà déformées, en 15 jours souvent elles
sont comblées.
Le contraste est très grand avec les cavités creusées dans la zone superfic
ielle du glacier. On sait qu'il existe un grand nombre de telles « grottes »
artificielles faites pour les touristes. Elles restent intactes pendant plusieurs
mois. Un an ou même deux ans après on peut les retrouver plus bas à peine
déformées.
C'est donc bien à la vitesse d'écoulement de la glace notablement plus grande
en profondeur qu'est dû le remplissage rapide des cavités profondes sans eaux.
L'action du gel dans les crevasses est très importante. Il les cimente par de
longs cristaux très durs. Sous nos latitudes, le regel se produit chaque nuit ; le
dégel, au cours de la matinée. Toutes les traversées difficiles de crevasses se
font à l'aube, lors du minimum thermique.
Quand les grottes profondes sont éloignées de la crevasse initiale par le
mouvement de la glace, le dégel ne parvient plus que lentement et cesse même
complètement. Le gel aide alors au remplissage par la glace des cavités pro
fondes aux eaux stagnantes. Celles-ci disparaissent.
Les crevasses tectoniques, verticale?, sans eaux courantes sont donc bien une
caractéristique de la zone sub-superficielle ei, non profonde.
Les observations séismiques recoupent ici les. observations spéléologiques.
Au cours des sondages séismiques faits sur différents glaciers, on a relevé
aussi cette disparition en profondeur des larges fentes tectoniques. Les pre
mières complètes à ce sujet paraissent être celles faites au cours
de l'étude des glaciers de l'Alaska en 1936». En observant les délais d'arrivée
des ondes séismiques, les. auteurs ont relevé un grand nombre de fractures
ouvertes entre 5 et 30 m., plus rien au delà. Entre 20 et 90 m., toujours avec
les mêmes procédés ils ont noté un changement soudain dans les caractéris
tiques physiques de la glace. Ils. pensent qu'ils tiennent là la limite inférieure
des fractures, des crevasses tectoniques (« lower limit of fracture »).
Ainsi s'oppose nettement une zone superficielle à larges fissures verticales
e"t une zone profonde où ces. fissures tectoniques disparaissent.
n° 3. 6, Bradford pp. 481-499. .--Washburn, The Harvard Dartmouth Alaskan. Expedition. Géogr. J. 1936, :
:
T. CORBEL PLI
Illustration non autorisée à la diffusion
Photo 1 Grande Crevasse au Spitzberg,
Au premier plan on distingue l'arrivée d'une petite bédière. Glacier de Blomstrand,
Kongsfjord. Largeur de la crevasse. 12 m., profondeur 100 m.
Illustration non autorisée à la diffusion
Photo 2 Calotte et langue glaciaire en Islande.
Sous la poussée de la calotte, la glace avance et se crevasse rapidement. Hauteur du
front de glace au-dessus du lac: 50 m. Langjôkull. II CREVASSES ET RIVIERES SOUS-GLACIAIRES PL
Illustration non autorisée à la diffusion
Photo 3 : Bédière Islandaise.
Rivière sortant toute formée; son parcours sur le glacier n'excède pas quelques
centaines de mètres; creusement très rapide; glace très sale. Front oriental du
Hofsjokull.

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