Electro-nucléaire et environnement dans la vallée du Rhône - article ; n°1 ; vol.50, pg 19-34
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1975 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 19-34
La sécurité des centrales nucléaires n'est pas aussi assurée qu'on pourrait le croire, surtout dans le cas des surgénérateurs comme le Super-Phénix de Creys-Malville (Isère). Les conséquences sur l'environnement sont encore moins rassurantes, qu'il s'agisse de la pollution thermique, de la concentration des radioéléments ou de l'action des rayonnements sur les gènes. La spécialisation des tâches explique, sans la justifier, l'irresponsabilité des technocrates face à ce problème d'implantation de 19 00O MWé dans la Vallée du Rhône.
The safety of nuclear power plants is not as well as protected as on might think, especially in the case of breeders of the Super-Phenix type at Creys-Maluille (Isère). The consequences on the environment are numerous, for instance with problems like thermal pollution, the concentration of radio- nucleids, or the possible action of the radiations on nucleic acids. The specialization of tasks explains but does not justify the irresponsability of the technocrats facing the problems of the building of 19 000 MWé in the Rhone Valley.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Lebreton
Electro-nucléaire et environnement dans la vallée du Rhône
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 50 n°1, 1975. pp. 19-34.
Résumé
La sécurité des centrales nucléaires n'est pas aussi assurée qu'on pourrait le croire, surtout dans le cas des surgénérateurs
comme le Super-Phénix de Creys-Malville (Isère). Les conséquences sur l'environnement sont encore moins rassurantes, qu'il
s'agisse de la pollution thermique, de la concentration des radioéléments ou de l'action des rayonnements sur les gènes. La
spécialisation des tâches explique, sans la justifier, l'irresponsabilité des technocrates face à ce problème d'implantation de 19
00O MWé dans la Vallée du Rhône.
Abstract
The safety of nuclear power plants is not as well as protected as on might think, especially in the case of breeders of the Super-
Phenix type at Creys-Maluille (Isère). The consequences on the environment are numerous, for instance with problems like
thermal pollution, the concentration of radio- nucleids, or the possible action of the radiations on nucleic acids. The specialization
of tasks explains but does not justify the irresponsability of the technocrats facing the problems of the building of 19 000 MWé in
the Rhone Valley.
Citer ce document / Cite this document :
Lebreton Philippe. Electro-nucléaire et environnement dans la vallée du Rhône. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 50 n°1,
1975. pp. 19-34.
doi : 10.3406/geoca.1975.1665
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1975_num_50_1_1665ELECTRO-NUCLEAIRE ET ENVIRONNEMENT
DANS LA VALLEE DU RHONE
par Philippe Lebreton *
Depuis les 2 500 kilocalories par jour et par personne du « primitif »
encore caché dans la sylve amazonienne, jusqu'aux 400 000 kilocalories qui
semblent ne pas satisfaire encore l'homme industrialisé « de pointe », l'histoire
de notre espèce s'inscrit sur une exponentielle énergétique dont nous com
mençons à ressentir les premiers contre-coups.
Quelques chiffres de base concernant notre pays (voir aussi données
hors-texte) : la France consomme annuellement (1974) 263 millions de tonnes
d'équivalent charbon (ou T.E.C.), dont le quart sous forme d'électricité. Cette
dernière, dont il faut souligner qu'elle ne constitue en aucun cas une source
d'énergie, mais une forme de conversion et d'emploi des énergies dites primaires,
est actuellement produite pour 56 % à partir des hydrocarbures ; la part absolue
de l'hydraulique est en stagnation, celle du charbon en déclin, celle du
nucléaire «encore faible» (8 %, soit 2 % de l'énergie totale).
Même s'il s'agissait de substituer totalement le nucléaire au pétrole 1 sur
de telles bases, le problème n'atteindrait pas l'ampleur qui soulève aujourd'hui
tant de questions. La gravité de la situation résulte essentiellement d'une appli
cation de principe, non remis en cause à la lumière des récents événements,
de la « Loi » du doublement décennal de la consommation électrique, critère
généralement retenu (de l'école primaire aux cabinets ministériels...) pour
caractériser une nation « développée » digne de ce nom !
Compte-tenu des propriétés de la fonction exponentielle (notion d'inté
rêts composés), le doublement décennal correspond à un taux annuel de
croissance de 7,2 % ; le taux général de croissance de la consommation éner
gétique (électrique ou non) est de 5 à 6 % l'an, ce qui conduit à doublement
tous les 15 à 12 ans environ.
A partir de telles prémices, la production-consommation électrique fran
çaise devrait atteindre 1 000 milliards de kWh en l'an 2000, provenant pour
85 % du nucléaire et constituant alors la moitié de l'énergie totale française
(qui, pour 42 %, serait donc nucléaire).
* Professeur de Biologie et d'Ecologie à l'Université scientifique et médicale Lyon-I,
Ingénieur-chimiste, Diplômé de Saclay.
1. En admettant que cette intention soit techniquement réalisable, ce qui semble douteux,
notamment au niveau du transport individuel et de certaines activités industrielles. 20 PH. LEBRETON
De tels desseins amènent à prévoir l'implantation dans les 25 ans à
venir (moins d'une génération active! ) de 200 centrales nucléaires de 1 000 MW
de puissance électrique 2. Une cinquantaine achèverait d'utiliser les sources
continentales de refroidissement ; quelque peu décalées dans le temps, les
150 autres centrales seraient implantées en milieu littoral.
Traditionnellement productrice et utilisatrice d'énergie électrique (hydroé
lectricité, électrochimie et électrométallurgie) la région Rhône-Alpes bénéficie
en outre d'un réseau hydrographique assez développé ; un ensemble de 20
réacteurs nucléaires répartis sur 6 sites, est donc actuellement envisagé, comme
indiqué dans la carte jointe.
FISSION ET REACTEURS NUCLEAIRES
Un rappel des principes scientifiques et techniques sur lesquels est basée
la production électro-nucléaire semble utile à une meilleure compréhension de
son impact sur l'homme et l'environnement.
L'équation fondamentale de la fission nucléaire (= cassure du noyau ) de
l'uranium (plus précisément de l'isotope de masse 235 présent à raison de
0,7 % seulement dans l'uranium naturel, constitué surtout d'U 238, non
« fissile » ) peut s'écrire :
U 235 + 1 neutron (lent) -» Produits de fission -\- 2 à 3 neutrons (rapides)
-+- rayonnements -f- chaleur.
A partir de là peuvent être saisies quelques-unes des conditions assurant
ou accompagnant le déroulement de la réaction de fission :
1 - Le « réinvestissement » d'une quantité de neutrons supérieure à l'unité
permet d'entretenir la réaction dite en chaîne.
2 - Mais la « qualité » (plus précisément l'énergie cinétique) des neutrons
libérés ne leur permet pas de bombarder tels quels avec efficacité les atomes
d'U 235 : il convient de leur donner la bonne vitesse à l'aide d'un modérateur
( p. ex. graphite). Si une telle précaution n'est pas prise, les neutrons « rapides »
montrent alors une plus grande affinité pour l'isotope non-fissile de l'uranium,
amenant la synthèse d'un radioélément artificiel, le Plutonium :
U238 + 1 neutron (rapide) -» Pu 239-
Le plutonium ainsi produit possède la propriété de fission, comme l'uranium
235 qu'il peut remplacer dans les bombes ou dans les réacteurs. L'extrac
tion de ce plutonium des barreaux d'uranium « usé » exige de délicates
séparations chimiques d'avec les produits de fission, dans les usines dites de
retraitement des combustibles irradiés, comme à la Hague (civil) ou Marcoule
2. Soit 3000 à 3500 MW thermiques ; le plus gros réacteur actuellement en fonctionne
ment en France a une puissance électrique de 530 MW (Bugey-I). Genève гтп
CHARBON puis FUEL
-f" GRAPHITE.GAZ
4x900
SURGENERATEUR Lyon Y
ПХ1250
CENTRALES CREYS'MALVILLE
ELECTRIQUES Vienne LOIRE s/R.î
ix 1000 I .ST.MAURICE- L'EXIL
4ou5 x 1000 1Ш1 RÉALISÉES
l j EN PROJET
chiffres en NégoMh(MW)
Ю km 50
SOYONS
4ou 5x1000
(^centrale électrique Montélimar
usine CE A
л usine de séparation 4X90U e de sépara TRICASTIN isotopique
\usineEURODIF
Fig. 1. — Les implantations nucléaires dans la vallée du Rhône
entre Genève et Pietrelatte
II se pourrait que selon leis choix politiques à venir, cette carte pèche par excès ou par défaut
L'ensemble des équipements prévus atteint 19 000 MWe nucléaires. En carton : le site de
Soyons tel qu'il apparaîtrait après implantation d'une centrale nucléaire à tours réfrigérantes. PH. LEBRETON 22
(militaire). Les mêmes usines posent le problème du transport, du traitement,
du rejet et du stockage de déchets dont la durée d'activité peut se chiffrer en
millénaires (la « période » du Plutonium est de 24 000 ans, laps de temps au
bout duquel la moitié seulement du radioélément s'est désintégrée).
3 - Afin de favoriser la réaction de fission et de diminuer la masse
critique de l'ensemble, il peut être intéressa

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