Les Jeux Olympiques à Grenoble : une ville industrielle saisie par le sport - article ; n°3 ; vol.79, pg 45-58
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Description

Revue de géographie alpine - Année 1991 - Volume 79 - Numéro 3 - Pages 45-58
FRE : Jeux Olympiques d'hiver! urbanisme! économie locale! Grenoble! France
ENG : Olympic Winter Games! urbanism! local economy! Grenoble! France
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Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Frappat
Les Jeux Olympiques à Grenoble : une ville industrielle saisie
par le sport
In: Revue de géographie alpine. 1991, Tome 79 N°3. pp. 45-58.
Résumé
FRE : Jeux Olympiques d'hiver! urbanisme! économie locale! Grenoble! France
Abstract
ENG : Olympic Winter Games! urbanism! local economy! Grenoble! France
Citer ce document / Cite this document :
Frappat Pierre. Les Jeux Olympiques à Grenoble : une ville industrielle saisie par le sport. In: Revue de géographie alpine.
1991, Tome 79 N°3. pp. 45-58.
doi : 10.3406/rga.1991.3612
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1991_num_79_3_3612Jeux Olympiques à Grenoble : Les
une ville industrielle saisie par le sport
Résumé : Les Jeux Olymp Abstract : The Grenoble P. Frappât
Winter Olympics : an indus- iques à Grenoble : une ville
industrielle saisie par le trial town taken over by a Mots-clés :
sport. Jeux Olympiques sporting event.
C'est à une ville industrielle en In 1968, the IOC entrusted the d'hiver, urbanisme,
plein essor et non à une organisation of the Winter économie locale,
station de ski, que le CIO Olympics not to a ski resort Grenoble, France
confia l'organisation des but to an industrial town
Xe J.O. d'hiver de 1968. undergoing rapid expansion. Keys-words :
Grenoble sut jouer de son Grenoble made the most of its Olympic Winter
image de ville de montagne et image as a major alpine city, Games, urbanism,
la renforça non sans maintenir and indeed strengthened it, local economy,
une ambiguïté sur l'identité though some ambiguity Grenoble, France
d'une ville dont l'économie remained with respect to its
était, et reste, peu liée à la identity, since the local
montagne et aux sports economy had, and continues
d'hiver. Ces J.O. furent l'occa to have, few ties with the
sion de rattraper le retard des mountains and winter sports.
équipements urbains qui The 1968 Winter Olympics
n'avaient pas suivi la provided Grenoble with the
croissance de la ville. La opportunity to improve its
réalisation simultanée de urban facilitities, since these
nombreux équipements fut had not kept pace with the
financée dans des conditions town's general growth. The
assez avantageuses pour urgency of the building
Grenoble. Mais l'urgence programme prevented it from
empêcha de les inscrire dans being integrated into an
un plan de développement overall urban development
urbain. Les J.O. furent orga plan. The Olympic Games
nisés au moment même où le were organised at a time when
pouvoir politique local the local government was
rompant avec le laisser-faire moving away from the « laisser
faire » urban development of des années 50 en matière
d'urbanisme mettait en place the 1950s and setting up the
les moyens qui assureront une means to ensure greater
control of the town's developrelative maîtrise du dévelop
pement de Grenoble, une fois ment, once the Olympic
passée l'échéance olympique. deadline has passed.
REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 1991 №3 L
Olympiques International qui pour consécration c'était e l'emportait 28 succéder une janvier chance d'hiver doublement Olympique à d'une 1964, la en capitale et courte février au un paradoxale. réuni troisième redoutable du tête 1968. à Tyrol Innsbruck face Pour tour en à défi. la Calgary de organisant capitale désignait scrutin, Ce la fut du canadienne, les le aussi Dauphine Grenoble Xe Comité Jeux une
Pour prétendre à l'organisation des J.O., Grenoble s'était mise en
avant comme ville de montagne alors qu'elle était une ville
d'ancienne tradition industrielle qui depuis la fin du XIXe siècle
avait su accrocher son développement économique aux
techniques nouvelles. Autre paradoxe : quatre ans avant les J.O.,
Grenoble était dans un état de totale impréparation ; cette ville
qui avait déjà une aura de modernité était sous-équipée et
fournissait l'exemple d'un urbanisme désordonné. L'enthousiasme
et le travail de ceux qui organisèrent les Jeux de Grenoble,
transformèrent l'opportunité olympique en réussite. La réalité de
la ville put rejoindre son image.
Une ville industrielle en pleine croissance au
milieu des montagnes
Les années 50 et 60 furent pour Grenoble marquées par une
croissance économique et démographique exceptionnelle. Entre
les recensements de 1954 et 1962, l'agglomération grenobloise qui
s'étendait alors sur quatorze communes, en passant de
166 200 habitants à 236 300, soit un gain de 42,2 %, avait connu
la plus forte croissance des villes françaises de plus de
100 000 habitants. Dans le même temps la population de
l'agglomération de Toulouse avec laquelle Grenoble était souvent
mise en compétition connaissait une croissance de 21 %. Cette
croissance se poursuivit, bien qu'à un rythme moindre, jusqu'au
milieu des années 70. Les recensements dénombrèrent dans les
trente deux communes de l'agglomération 329 600 habitants en
1968 juste au lendemain des J.O. — sur le même territoire on
avait dénombré 262 800 habitants en 1962 ; ils seront 389 100 en
1975, 392 000 en 1982, 400 000 en 1990.
Pour les trois-quarts, la croissance démographique des années 50
et 60 était due au solde migratoire. L'attractivité de Grenoble était
LES JEUX OLYMPIQUES À GRENOBLE : UNE VILLE INDUSTRIELLE SAISIE PAR LE SPORT - P. FRAPPAT très forte, bien au delà des montagnes qui avaient alimenté sa
première poussée démographique dans la deuxième moitié du
XIXe siècle. Que le cadre montagneux ait séduit nombre
d'immigrants d'alors cela est possible. Il ne faut cependant pas
oublier que dans les années 50, la montagne n'était un terrain de
jeux que pour une infime partie de la population, même à
Grenoble. En été comme en hiver. Surtout en hiver où la pratique
du ski commençait seulement à se populariser.
Indirectement la montagne avait été à l'origine d'activités
industrielles dérivées de l'hydro-mécanique. Mais la montagne
dauphinoise n'est pas pour beaucoup dans l'essor, après la
deuxième guerre mondiale, du constructeur d'appareillages
électriques Merlin Gerin ou de l'hydraulicien Neyrpic dont les
marchés se sont internationalisés. Si Caterpillar choisit Grenoble à
la fin des années 50 pour implanter sa première usine sur le
continent européen, pour la fabrication de tracteurs chenilles
pour les travaux publics, la possibilité de recruter une main
d'oeuvre ouvrière dans une ville ayant une tradition industrielle
joua davantage que la qualité du site. Davantage aussi que les
infrastructures de transport qui étaient à cette époque plutôt
médiocres. Il en fut de même une dizaine d'années plus tard pour
une autre firme américaine, Hewlett-Packard, qui souhaitait, elle,
utiliser l'appareil de formation scientifique et technique
grenoblois. Mais cette fois, Jeux Olympiques aidant, l'image
valorisée de Grenoble et l'amélioration des infrastructures de
transport influencèrent la décision d'implantation du constructeur
de matériel informatique.
La montagne n'eut pas non plus de part dans la décision des
pouvoirs publics, au milieu des années 50, d'implanter à
Grenoble le premier Centre d'Etudes Nucléaires français en
dehors de la région parisienne. Ce fut le fruit de l'action
personnelle d'un scientifique grenoblois de grande influence, le
physicien Louis Néel, futur prix Nobel, qui arguait du
développement et de la compétence des laboratoires
grenoblois.
Ces différents exemples d'essor et d'implantations illustrent les
deux sources bien connues du développement de Grenoble
après la deuxième guerre mondiale : l'industrie et la science.
« On peut dire que la caractéristique principale du Grenoble
actuel, c'est d'être une grande ville industrielle». Ce propos date
REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 1991 N 3 une ville au milieu de 1911, on le trouve sous la plume de Raoul Blanchard, le Grenoble,
des montagnes (photo 1 968). fondateur de la géographie alpine, qui déjà faisait valoir que le Au premier plan, la tache développement industriel de Grenoble n'était pas à mettre en blanche correspond au stade
relation avec le site mais s'expliquait par une « réussite humaine»1. d'ouverture des J.O. et à la
gare routière provisoire d'où Il

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