Les marchés agricoles en 2006 : envolée des prix
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Après deux années de recul, les prix agricoles français ont augmenté de 5,2 % en 2006. Sans précédent depuis la fin des années quatre-vingt, cette hausse affecte la plupart des productions et reflète la mutation des marchés internationaux. Tandis que les prix des céréales et des oléagineux répercutent le recul de la production mondiale et le développement des usages énergétiques, les fruits et légumes flambent sous l’effet des fortes chaleurs de juillet et du temps humide d’août. Seuls reculent les prix de la betterave sucrière et du lait de vache, par suite des dernières réformes de la Politique agricole commune. Le développement de la consommation dans les pays émergents et l’utilisation croissante de produits agricoles pour les biocarburants pourraient annoncer d’autres hausses au cours des prochaines années. En outre la montée en puissance de nouveaux pays producteurs fragilise certaines productions françaises comme le vin et la volaille. Une vive progression de l'ensemble des prix Envolée des cours dans les grandes cultures La météorologie estivale perturbe les cultures maraîchères et fruitières Les vins français dans un marché mondial plus concurrentiel L’élevage, entre réforme des marchés et crises sanitaires Encadré Formation des prix agricoles : entre loi de l’offre et de la demande et interventions publiques

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Langue Français

Extrait

N° 1141 – JUIN 2007
PRIX : 2,30€
Les marchés agricoles en 2006 :
envolée des prix
Jacques Berger, division Agriculture, Insee
près deux années de recul, les aux réformes de la Politique agricole commune
(encadré) et aux gains de productivité : forteprix agricoles français ont aug-
chute des cours des céréales et des oléagi-Amenté de 5,2 % en 2006. Sans pré-
neux au début des années quatre-vingt-dix,
cédent depuis la fin des années
lent recul de ceux des gros bovins de boucherie
quatre-vingt, cette hausse affecte la plu- jusqu’en 2001, du lait de vache depuis lors et
part des productions et reflète la mutation de la betterave sucrière en 2006.
des marchés internationaux. Tandis que Cette progression est renforcée par l’augmen-
tation de la consommation dans les pays émer-les prix des céréales et des oléagineux ré-
gents et l’intérêt croissant pour lespercutent le recul de la production mon-
biocarburants. Le développement économique
diale et le développement des usages
s’accompagne de l’accroissement de la
énergétiques, les fruits et légumes flam- consommation ; la Chine est ainsi devenue
bent sous l’effet des fortes chaleurs de importatrice nette de produits alimentaires en
juillet et du temps humide d’août. Seuls 2004. Par ailleurs, la production d’éthanol
absorbe aujourd’hui la moitié de la canne àreculent les prix de la betterave sucrière
sucre brésilienne et 20 % du maïs américain,et du lait de vache, par suite des dernières
tandis que la moitié de la production euro-
réformes de la Politique agricole com-
péenne de colza est orientée vers la fabrication
mune. Le développement de la consom- de biodiesel. De part et d’autre de l’Atlantique,
mation dans les pays émergents et les pouvoirs publics s’engagent dans le soutien
l’utilisation croissante de produits agri- aux biocarburants. L’Union européenne a
annoncé, début 2007, l’incorporation d’aucoles pour les biocarburants pourraient
moins 10 % de produits d’origine agricole dansannoncer d’autres hausses au cours des
les carburants automobiles d’ici 2020.
prochaines années. En outre la montée en
puissance de nouveaux pays produc-
teurs fragilise certaines productions Envolée des cours
françaises comme le vin et la volaille. dans les grandes cultures
Conséquence de la faiblesse des disponibilités
La montée des prix agricoles français à la pro- et de l’expansion des fabrications de biocarbu-
duction en 2006 s’inscrit en contrepoint du tas- rants, les prix des céréales flambent, pour
sement général observé depuis quinze ans, lié atteindre des niveaux record depuis une
Prix du blé tendre à Chicago et à Rouen
Indice mensuel, base 100 en 2000
250
Blé à Chicago*
200
150
100
Blé rendu Rouen**
50
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006
*Cotation à terme du blé tendre à la Bourse de Chicago.
**Prix du blé tendre livrable au principal port d'exportation français.
Sources : Office national interprofessionnel des grandes cultures, Chicago Board of Trade, calculs ONU.
INSEE
PREMIEREdécennie. En décembre 2006, les prix à deux tiers de sa récolte, y contribue lour- Stimulés par l’envolée des cours
la Bourse de Chicago dépassent de 50 % dement avec un recul de 60 % causé par mondiaux, les prix céréaliers français
pour le blé (graphique 1) et 80 % pour le une sécheresse catastrophique. De ce se sont accrus de 17,6 % (graphique 2
maïs leur niveau de décembre 2005. fait, les stocks mondiaux de blé sont à et tableau). Les hausses sont les plus
La production mondiale de blé est leur plus bas niveau depuis 26 ans. fortes pour le blé tendre (+ 20,0 %), le
estimée à 593 millions de tonnes (– 4 %) La production mondiale de maïs, qui sta- maïs (+ 15,3 %) et l’orge (+ 14,5 %). Les
en 2006, en déficit de 17 millions de ton- gnerait à 696 millions de tonnes, est égale- chaleurs de juillet ont affecté les rende-
nes par rapport à la demande poten- ment insuffisante pour faire face à une ments, notamment de blé, dont la récolte
tielle. La récolte a baissé dans la plupart demande mondiale qui s’intensifie, du fait de recule de 4 % pour s’établir à 33,4 mil-
des grands pays producteurs. L’Aus- la croissance des besoins pour l’alimenta- lions de tonnes.
tralie, qui exporte habituellement les tion animale et les utilisations énergétiques. Les chaleurs estivales ont particulière-
ment affecté la production française de
colza qui a reculé de 8 % à 5,7 millions
Prix à la production du blé tendre, du colza et du maïs de tonnes sous l’effet d’une chute de
20 % des rendements. De ce fait, les prix2000 = 100
200 ont progressé de 20,6 % en 2006.
En 2007, les premières prévisions de
180
l’International Grains Council font état
160 d’une augmentation des superficies
Blé tendre céréalières dans le monde et de condi-
140
tions hivernales favorables, annonçant
Colza
120 des récoltes plus abondantes et un bilan
plus proche de l’équilibre.Maïs
100
Seul parmi les grandes cultures, le prix
80 de la betterave sucrière recule en
1990 199219941996 1998 2000 200220042006
France en 2006 (– 17,6 %) alors que leSource : Insee-Scees, indice des prix des produits agricoles à la production (IPPAP).
cours du sucre à New-York augmente de
50 % en un an. Ces évolutions en sens
contraire s’expliquent par la réforme de
Formation des prix agricoles : entre loi de l’offre et de la demande
l’organisation commune de marché
et interventions publiques (OCM) du sucre en Europe (encadré) qui
baisse les prix garantis, jusqu’alorsLa forme des circuits de commercialisa- étapes. Dès 1984 sont mis en place des
tion d’un produit dépend des contraintes quotas laitiers. À partir de 1992, le soutien supérieurs aux cours mondiaux. Les
de production, de sa place dans l’alimen- des prix est remplacé pour les céréales, les producteurs perçoivent, en compensa-
tation et de son aptitude au stockage et au oléoprotéagineux et les produits des éle- tion, des aides directes versées sous
transport. Le blé, le sucre et le colza circu- vages bovin, ovin et caprin, par une aide forme de « paiement unique ».
lent à l’échelle mondiale, tandis que la versée directement aux agriculteurs,
laitue et l’abricot, denrées périssables, dépendant des surfaces cultivées et des
doivent être consommés dès maturité et effectifs du cheptel. La réforme de 1999 La météorologie estivale
s’échangent sur une aire plus restreinte, à ne prévoit plus qu’une compensation par-
perturbe les cultures
des prix très sensibles aux aléas conjonc- tielle des baisses de prix. En 2006, l’aide
maraîchères et fruitièresturels. Conditionnée par les semis, les est figée au niveau atteint en 2000/2002
plantations ou l’entrée d’animaux en ate- et donc « découplée » de la production et
Les prix des fruits et légumes dépendentlier d’engraissement, l’offre s’adapte avec conditionnée par de bonnes pratiques
retard aux modifications brutales de la de- agro-environnementales. L’OCM sucre étroitement de la météorologie qui
mande, provoquées par les aléas climati- est également révisée, avec une baisse conditionne les rendements, les calen-
queset, le caséchéant, lesalertes de 36 % sur quatre ans du prix garanti et driers de production et la consommation.
sanitaires. une réduction des quotas de production. Après une année 2005 relativement peu
Il en résulte une instabilité propre aux L’élevage entre dans le champ d’applica- arrosée, 2006 débute par un hiver froid
marchés agricoles, que les pouvoirs pu- tion du « découplage » des aides, mais la
et un printemps sans gelées nocturnes.
blics se sont très tôt efforcés de corriger. prime au maintien du troupeau de vaches
Juillet est le deuxième mois le plus
La Communauté économique euro- allaitantes, les primes bovines à l’abat-
chaud depuis 1950 après août 2003. Le
péenne met en place dès 1964 les pre- tage et les primes à la brebis en sont pro-
mois d’août est en revanche exception-mières Organisations communes de visoirement exclues et restent liées à la
nellement froid et pluvieux, en particuli

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