Les positions des planètes au Moyen Age : application du calcul électronique aux tables alphonsines - article ; n°4 ; vol.111, pg 531-548
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1967 - Volume 111 - Numéro 4 - Pages 531-548
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Emmanuel Poulle
Monsieur Owen Gingerich
Les positions des planètes au Moyen Age : application du calcul
électronique aux tables alphonsines
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 111e année, N. 4, 1967. pp. 531-
548.
Citer ce document / Cite this document :
Poulle Emmanuel, Gingerich Owen. Les positions des planètes au Moyen Age : application du calcul électronique aux tables
alphonsines. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 111e année, N. 4, 1967. pp.
531-548.
doi : 10.3406/crai.1967.12173
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1967_num_111_4_12173531
COMMUNICATION
LES POSITIONS DES PLANÈTES AU MOYEN ÂGE :
APPLICATION DU CALCUL ÉLECTRONIQUE AUX TABLES ALPHONSINES
PAR MM. EMMANUEL POULLE ET OWEN GINGERICH.
Vers 1480, des astronomes de Cracovie prédirent pour l'année
suivante une grave épidémie. Des mesures furent donc prises, mais
l'alarme se révéla vaine car l'année 1481 s'écoula sans que la ville
connût la calamité annoncée. Attribuant sans doute l'écartement
du danger à l'efficacité de la prévention, les habitants relâchèrent
leur attention : mal leur en prit, car la peste qu'on n'attendait plus
survint en 1482 et les ravages en furent d'autant plus grands que
la population avait volontairement désarmé sa vigilance.
Cet événement malencontreux comporte évidemment, selon les
réactions de l'observateur, plusieurs morales. Celle que tirait un
astronome de la fin du moyen âge, c'est qu'il ne saurait être trop
consciencieux et précis dans le calcul de ses prévisions ; l'astrologie
elle-même ne pouvait être mise en cause, pas plus que l'interprétation
du phénomène planétaire invoqué, puisque l'avenir devait paraître,
au contraire, faire ressortir la qualité de cette méthode de prospect
ive. Seuls les moyens mis en œuvre, c'est-à-dire la mauvaise exé
cution des calculs astronomiques, pouvaient expliquer cette lament
able bévue.
Ce souci de l'exactitude éprouvé par les astronomes du moyen
âge, il est possible de l'exploiter à des fins non astrologiques.
Le retour périodique des événements astronomiques a servi dès
longtemps à l'élaboration du calendrier et de la chronologie. Dans
la pratique, on ne confie néanmoins jamais qu'aux mouvements
du Soleil et de la Lune le soin de rythmer le cycle des jours, des mois,
des saisons. Les autres planètes, faute de servir à d'aussi utiles des
seins, n'en ont pas moins des positions bien précises relativement
à celles du Soleil et de la Lune, donc au calendrier. Par conséquent,
on peut, en théorie, soit connaître les positions qu'occupaient les
planètes à une date déterminée, soit au contraire, connaissant ces
positions, préciser la date correspondante ; en théorie, parce que,
dans la pratique, il subsistait, jusqu'à ces dernières années, quelques
difficultés.
En 1914, en effet, Paul V. Neugebauer avait publié des tables
pour le Soleil, les planètes et la Lune1, permettant de calculer leurs
1. P. V. Neugebauer, Tafeln fur Sonne, Planeten und Mond nebst Tafeln der Mont-
phasen fur die Zeit 4000 vor Chr. bis 3000 nach Chr., zum Gebrauch fur Historiker, Phi-
lologen und Astronomen..., Leipzig, 1914, in-8°, xxx-118 p. (Tafeln zur astronomischen
Chronologie, II). A compléter avec les corrections insérées par le même auteur dans son
Astronomische Chronologie, Berlin et Leipzig, 1929, 2 vol. in-8°, xii-190 p. et 136 p. 532 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
positions pour toute date comprise entre 4000 av. J.-C. et 3000 de
notre ère, mais ne les établissant pas : il offrait une méthode de
détermination, mais non le résultat, lequel ne découlait que de
calculs longs et difficiles. En tout état de cause, les tables de Paul
V. Neugebauer ne prétendaient qu'à la solution du premier pro
blème : connaître les positions des planètes à une date quelconque,
mais elles ne pouvaient résoudre le second : à quelle date ont corre
spondu telles positions ?
L'ère des ordinateurs électroniques, capables d'effectuer à des
vitesses vertigineuses et en quantités illimitées les calculs auxquels
l'homme pensait devoir renoncer, a permis de répondre, de façon
à la fois définitive et impeccable, à l'un et l'autre problème. La
nécessité en était d'ailleurs si évidente que deux entreprises ana
logues ont abouti simultanément. L'une, conduite par Bryant
Tuckerman, a produit, en 1962-1963, sous l'égide de l'American
Philosophical Society1, deux beaux volumes offrant les positions,
en longitude et en latitude, de toutes les planètes, y compris la
Lune, depuis 601 av. J.-C. jusqu'à 1649 ; les positions sont relevées
tous les dix jours pour les planètes supérieures, tous les cinq jours
pour les planètes inférieures, et les coordonnées sont exprimées
en centièmes de degré. L'autre entreprise a été menée à bien, en
1963, par William D. Stahlmann et Owen Gingerich2 ; elle donne
les longitudes des planètes, sauf la Lune, de 2500 av. J.-C. à 2000
apr. J.-C, de dix jours en dix jours, en degrés entiers.
L'historien, et plus spécialement le médiéviste, est donc mainte
nant parfaitement outillé pour aborder un certain nombre de pro
blèmes, notamment pour contrôler ou pour trouver la concordance
entre des informations astronomiques et une précision chronolo
gique. Voici quelques exemples.
Un nouvel instrument astronomique, le turquet, fit l'objet, à la
fin du xme siècle, d'un traité écrit par un certain Francon de Polo
gne ; la plupart des manuscrits de ce texte transmettent un magnif
ique exemple d'explicit « astronomique », où la date est confirmée
par l'indication des positions de toutes les planètes : « Fait en 1284,
le dimanche 2 juillet avant midi, le Soleil étant dans 17° du Cancer,
la Lune dans 20° du Verseau, Saturne dans 20° du Capricorne,
Jupiter dans 21° du Sagittaire, Mars dans 23° de la Vierge, Vénus
dans 16° du Lion, Mercure dans 28° des Gémeaux et la tête du
1. B. Tuckerman, Planetary, lunar and solar positions 601 B.C. to A.D. 1 at fwe-dau
and ten-day intervais [ ; préface by O. Neugebauer], Philadelphia, 1962, in-4°, viii-333 p.
(Memoirs of the American Philosophical Society, vol. 56). B. Tuckerman, Planetary, lunar
and solar positions A.D. 2 to A.D. 1649 at five-day and ten-day intervais [ ; préface by
O. Neugebauer], Philadelphia, 1964, in-4°, v-842 p. (ibid., vol. 59).
2. W. D. Stahlman et O. Gingerich, Solar and planetary longitudes for years — 250Ù
to + 2000 by 10-day intervais, Madison, 1963, in-4°, xxx-566 p. LES POSITIONS DES PLANÈTES AU MOYEN ÂGE 533
Dragon dans 12° du Capricorne »1. On vérifie aisément la date de
1284, en notant toutefois des écarts d'environ trois degrés, l'un en
plus, l'autre en moins, entre les positions retenues pour Jupiter et
pour Saturne et les positions vraies.
La date du début du voyage de Dante aux enfers n'est nulle part
indiquée par le poète. Il a cependant noté les positions de certains
astres : le Soleil dans 12° du Bélier, Vénus au début des Poissons,
Saturne à 24° du Lion et Mars également dans le Lion : ces précisions
permettent de confirmer catégoriquement la date du 25 mars 1301
qu'avait proposée, sans toujours convaincre, Filippo Angelitti2.
Un cas moins exceptionnel est celui des carrés astrologiques non
datés. On rencontre fréquemment, dans les manuscrits médiévaux,
de telles figures. Il s'agit de deux carrés concentriques, la bande qui
les sépare étant divisée, par des diagonales et des lignes obliques
symétriques, en douze triangles : chacun correspond à l'une des
douze maisons célestes qui sont, en astrologie, douze divisions
(égales ou inégales, selon le système adopté) de la sphère céleste
fixe de référence sur l'horizon du lieu. Ces douze cases, ces douze
triangles portent des indications astronomiques, tandis que le car
touche central sert à l'inscription de la date et de l'heure du thème
et de sa définition : naissance ou conception d'un personnage, cou
ronnement d'un prince, fondation d'une ville, ou simplement situa
tion

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