Processus de l'érosion et de l'accumulation glaciaires en action. Observations sur certains glaciers en crue du Massif du Mont-Blanc (étés 1968-70) - article ; n°2 ; vol.59, pg 155-170

Paul Veyret

Description

Revue de géographie alpine - Année 1971 - Volume 59 - Numéro 2 - Pages 155-170
Résumé. — La crue que connaissent actuellement plusieurs glaciers du Massif du Mont-Blanc a été suivie de près durant les années 1968, 1969, 1970. L'été 1970 a fourni les observations les plus intéressantes. On présente les résultats de ces trois années concernant la progression des fronts glaciaires; l'érosion glaciaire en action (exemples d'abrasion et d'arrachement); l'accumulation glaciaire en action (moraines de poussée frontales et latérales). De très nombreuses photographies, dont un choix est donné ici, ont été prises de façon systématique.
Abstract. — The overflowing which is now affecting several glaciers in the Mont Blanc massif has been watched closely during the years 1968, 1969 and 1970. The summer of 1970 has provided the most interesting observations. The results of these three years are presented as regards the progression of the glacier fronts; glacial erosion in action (examples of abrasion and plucking); glacial accumulation in action (frontal thrust and lateral thrust moraines). A large number of photographs, a choice of which is shown here, have been taken systematically.
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• Publié par: REVUE_DE_GEOGRAPHIE_ALPINE
• Publié le: 01 janvier 1971
• Nombre de lectures: 19
• Langue: Français
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Extrait

Paul Veyret
Processus de l'érosion et de l'accumulation glaciaires en action.
Observations sur certains glaciers en crue du Massif du Mont-
Blanc (étés 1968-70)
In: Revue de géographie alpine. 1971, Tome 59 N°2. pp. 155-170.
Abstract
Abstract. — The overflowing which is now affecting several glaciers in the Mont Blanc massif has been watched closely during
the years 1968, 1969 and 1970. The summer of 1970 has provided the most interesting observations. The results of these three
years are presented as regards the progression of the glacier fronts; glacial erosion in action (examples of abrasion and
plucking); glacial accumulation in action (frontal thrust and lateral thrust moraines). A large number of photographs, a choice of
which is shown here, have been taken systematically.
Résumé
Résumé. — La crue que connaissent actuellement plusieurs glaciers du Massif du Mont-Blanc a été suivie de près durant les
années 1968, 1969, 1970. L'été 1970 a fourni les observations les plus intéressantes. On présente les résultats de ces trois concernant la progression des fronts glaciaires; l'érosion glaciaire en action (exemples d'abrasion et d'arrachement);
l'accumulation glaciaire en action (moraines de poussée frontales et latérales). De très nombreuses photographies, dont un choix
est donné ici, ont été prises de façon systématique.
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Veyret Paul. Processus de l'érosion et de l'accumulation glaciaires en action. Observations sur certains glaciers en crue du
Massif du Mont-Blanc (étés 1968-70). In: Revue de géographie alpine. 1971, Tome 59 N°2. pp. 155-170.
doi : 10.3406/rga.1971.1219
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1971_num_59_2_1219Paul VEYRET
Processus de l'érosion et de
l'accumulation glaciaires en action
Observations sur certains glaciers en crue
du Massif du Mont-Blanc (étés 1968-70)
Résumé. — La crue que connaissent actuellement plusieurs glaciers
du Massif du Mont-Blanc a été suivie de près durant les années 1968,
1969, 1970. L'été 1970 a fourni les observations les plus intéressantes.
On présente les résultats de ces trois années concernant la progression
des fronts glaciaires; l'érosion glaciaire en action (exemples d'abrasion
et d'arrachement); l'accumulation glaciaire en action (moraines de
poussée frontales et latérales). De très nombreuses photographies, dont
un choix est donné ici, ont été prises de façon systématique.
Abstract. — The overflowing which is now affecting several glaciers
in the Mont Blanc massif has been watched closely during the years
1968, 1969 and 1970. The summer of 1970 has provided the most inte
resting observations. results of these three years are presented as
regards the progression of the glacier fronts; glacial erosion in action
(examples of abrasion and plucking); glacial accumulation in
(frontal thrust and lateral thrust moraines). A large number of photo
graphs, a choice of which is shown here, have been taken systemat
ically.
Zusammenfassung. — Das jetzige Anwachsen von einigen Gletschern
im Mont-Blanc Gebiet wurde 1968, 1969 und 1970 genau beobachtet.
Die interessantesten Beobachtungen wurden im Sommer des Jahres 1970
gesammelt. Hier legen wir die in diesen drei Jahren erlangten Resultate
dar, was das Fortschreiten der Gletscherzungen betrifft; glaziale Erosion
(Beispiele von Abtragung und Ausnagung) ; glaziale Anháufung (Seiten =
und Endmorânen). Die Photos sind aus der Menge der aufgenommenen
Bilder ausgewâhlt,
La morphologie glaciaire se heurte à une contradiction métho
dologique fâcheuse : d'une part, les régions que recouvrirent les
glaciers quaternaires présentent à profusion les effets de l'érosion
et de l'accumulation glaciaires; d'autre part, les glaciers actuels ne 156 PAUL VEYRET
laissent pratiquement rien observer de leur action, si ce n'est la
farine de roche des eaux de fusion. C'est donc surtout de façon
théorique que l'on a, à partir des formes héritées, reconstitué les
actions morphologiques des glaciers et conçu leurs processus
d'érosion ou d'accumulation. Le très grand nombre des faits concor
dants donne à ces déductions une force impressionnante et pourtant
bien des incertitudes ou des doutes subsistent, car les rares galeries
creusées souis Le glacier, au contact de la glace et du plancher
rocheux, ont été doublement décevantes : pas de traces fraîches de
l'érosion glaciaire; peu de débris rocheux, de ces outils de coupe
dont la glace a besoin pour entamer des roches plus dures qu'elle-
même 1. Comment concilier ces observations négatives avec les
immenses surfaces polies et striées, les ombilics géants, les lacs
creusés au-dessous du niveau de la mer, les vallées suspendues, les
cirques profonds ?
Cette faillite des observations oblige à se demander si les petits
glaciers actuels sont capables de donner les renseignements qu'on
leur demande. Par l'étendue, l'épaisseur, les vitesses et les pressions,
ils diffèrent tant des glaciers quaternaires que peut-être ils ne
respectent pas le principe de similitude que l'on doit demander à
tout modèle réduit. Les grands glaciers du Karakoram-Himalaya,
de l'Alaska et surtout du Groenland conviendraient mieux, mais,
pour toutes sortes de raisons, les observations sur l'érosion glaciaire
s'y heurtent à des obstacles insurmontables.
Il reste sans doute une autre solution. Les observations négat
ives que nous avons rappelées se rapportent à une période de
décrue prolongée, donc d'affaiblissement des glaciers et d'assou
pissement de leur activité morphologique. Une décrue signifie en
effet diminution d'épaisseur et ralentissement : il y a un siècle,
à hauteur du Montenvers, la Mer de Glace, plus épaisse d'une
centaine de mètres, coulait presque trois fois vite. Pour les
glaciers comme pour les cours d'eau, plus même que pour les cours
d'eau, les crues, où l'on voit les vitesses des glaciers s'accroître
de plusieurs dizaines ou même centaines de fois, représentent une
capacité d'érosion et de transport sans commune mesure avec les
décrues. Jusque sur de petits glaciers et pour une crue modeste
comme celle dont nous allons étudier les effets, les changements
sont grands, qu'il s'agisse de la vitesse ou des pressions.
Si nous n'avons pas eu, faute de moyens, la possibilité de
mesurer la vitesse, nous pouvons faire état du témoignage des
1 Voir en particulier M. Waeber, Observations faites au glacier de Tré-la-
Tête à l'occasion de l'aménagement d'une prise d'eau glaciaire (R. G. A., 31,
1943, p. 319-343). ÉROSION ET ACCUMULATION GLACIAIRES 157
concessionnaires de la grotte artificielle des Bossons, qui ont à
rétablir sans cesse l'accès destiné aux visiteurs. Ils estiment à 50 cm
par jour, soit un déplacement d'environ 100 m pour six mois d'été,
la vitesse de crue du glacier au niveau de la grotte, vers 1 500 m
d'altitude.
La crue accroît aussi les pressions, pressions verticales puisque
le glacier s'épaissit, pressions latérales, la glace en expansion
tendant à occuper tout l'espace du lit : le glacier s'élargit en même
temps qu'il s'épaissit. Sur le bord droit du glacier des Bossons,
l'expansion latérale est prouvée à maintes reprises par l'arrachage
des arbres, l'érosion, les moraines de poussée, le modelé de com
pression imposé à certains secteurs de la glace. C'est un changement
complet avec le glacier en décrue, qui l'été laisse la fusion ouvrir
des vides entre le rocher surchauffé et lui-même. Cette poussée
latérale, dont nous constatons l'existence sans prétendre expliquer
son mécanisme, rapproche nos petits glaciers alpins des glaciers de
type alaskien (Alaska, Groenland), dont le bulbe extra-montagnard
illustre aussi la force d'expansion que possède la glace sous certaines
conditions d'abondance.
La combinaison d'une vitesse plus grande, d'une plus forte
pression verticale, de pressions latérales nouvelles donne au glacier
en crue une activité morphologique qui paraît le transformer. Alors
que durant les années de décrue on n'observait rien, brusquement
on voit le glacier accomplir des érosions, édifier des moraines. La
différence d'efficacité entre décrue et crue nous
semble aussi grande que celle qui sépare un r