Une agglomération industrielle : Saint-Michel-de-Maurienne - article ; n°1 ; vol.32, pg 99-112
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Revue de géographie alpine - Année 1944 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 99-112
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Publié le 01 janvier 1944
Nombre de lectures 21
Langue Français
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Germaine Veyret-Verner
Une agglomération industrielle : Saint-Michel-de-Maurienne
In: Revue de géographie alpine. 1944, Tome 32 N°1. pp. 99-112.
Citer ce document / Cite this document :
Veyret-Verner Germaine. Une agglomération industrielle : Saint-Michel-de-Maurienne. In: Revue de géographie alpine. 1944,
Tome 32 N°1. pp. 99-112.
doi : 10.3406/rga.1944.4789
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1944_num_32_1_4789UNE AGfiLOMÉBATlON INDUSTRIELLE :
SAINT - MICHEL - DE MAUR1ENNE
par Germaine VEYBLET-VBRŇER <
4
v Avec 'ses deux grosses usines métallurgiques fournissant du
travail à I.500 ouvriers, Saint-Michel, est assurément la bourgade
la plus industrielle de la vallée de Maurienne, où le règne de l'i
ndustrie est aujourd'hui si bien établi. Or, il y a un demi-siècle,
avant 1876, seuls le -.trafic et l'agriculture animaient cet ombilic
ouvert sur la route internationale du Cenis et favorisé par une belle
convergence de vallées secondaires.' L'industrie n'y avait pas'
réussi : un martinet, une tannerie, quelques fours à chaux pour
les besoins, locaux, sans doute quelques tisserands, voilà le maigre
bilan de l'industrie ancienne. Si, depuis le milieu du xix* siècle, on
avait attaqué les veines ^i'antfyràcite dispersées le long des. ver
sants, la difficulté de l'exploitation en retardait les progrès^ Le
recensement de 1876, qui précède immédiatement l'ère industrielle
actuelle, dénombrait ainsi, sur une population, active de 746 per
sonnes, 319 cultivateurs (42,8%), 137 commerçants (18,3 -%), .se
ulement 39 mineurs et les 16 employés d'un très ,réeent dévidage de
"soie monté par un Lyonnais avec le concours de 11 ouvriers mila
nais. Pourtant, le moment est proche où la bouille blanche va tirer
parti d'excellentes conditions industrielles jusque-là négligées; elle
le fera par étapes successives et en transformant profondément la
population, du bourg. *
• Des conditions industrielles excellentes. *
Parmi les raisons qui justifient l'essor industriel contempor
ain de Saint-Michel, il faut placer en première ligne la construc-
1 Cet article est fortement inspiré des idées de notre maître, M. R. Blanchard,
sur l'évolution de la houille blanche dans les Alpes.
1 \ s * v « i * * »* i;
400 GERMAINE VEYRET-VERNER.
tion de la voie ferrée. Son aînée, la route de Napoléon 1"^ opposait
en effet au transport des marchandises lourdes, cpmme le sont les
matières premières industrielles, des obstacles prohibitifs : étroi-
tesse de la chaussée, fortes rampes, interruptions fréquentes du
passage sous les coups 'de l'Arc et des torrents ses affluents; au
contraire, la voie ferrée construite, les usines de houille blanche,
que l'incapacité de transporter le .courant riva longtemps à leurs
centrales, surgiront en Mauriennè bien avant de se hasarder en
Tarentaise et en Ojsans; grâce & sa précoce ligne internationale, la
Maurienne a été équipée par les pionniers de l'électricité presque
en même temps que le Grésivaudan. •
Toute la vallée, sans doute, avait part aux avantages du nou
veau moyen de transport, mais, parmi toutes les localisations qui
pouvaient tenter les hydro-électriciens, Saint-Michel s'imposa imméd
iatement par ses chutes privilégiées. Deux magnifiques vallées su
spendues se précipitent vers le fond de son ombilic; la Neu vache
ou torrent de, Valmeinier y dégringole de 1480 à 707 m. sur moins
de 7 km. : une chute de 700 m., les eaux issues d'un massif en
partie englacé, le Thabor, voilà déjà un beau capital hydro-élec
trique; d'autre part la Valloirette, qui rejoint l'Are juste à l'aval
de Saint-Michel, dévale de 1450 m. à 686 m., et concentre dans sa
gorge sinistre les eaux d'un vaste bassin, la zone du Galibier et des
Rochilles; ' deux centrales richement dotées, en saison chaude au
moins, pouvaient donc s'installer dans l'ombilic ou à proximité'
immédiate. Ce n'est pas tout : J'Arc lui-même devait se révéler
comme une grande richesse: fort débit (32 /me. moyens à Saint-
Michel, contre seulement moins de 30 sur l'Isère ' à Moûtiers) 2,
1 fortes pentes {de Modane à Saint-Michel, 22 pour 1000 et, juste à
l'amont de Saint-Michel [la Saussaz], 52,5- 1000). Ainsi, de
quoi séduire les premiers techniciens, lancés derrière Berges /à la
recherche des hautes chutes, et de quoi retenir leurs .successeurs-
experts à dompter les gros torrents pour 'profiter de leurs eaux
plus régulières; là technique pourra évoluer: Saint-Michel lui
offrira toujours un champ- d'action. -' '
Les usines successives n'y manqueront pas non plus de place.
Les iriaisons du bourgr d'abord tassées su? le flanc droit £e l'ombil
ic (vieille route du col de la Porte), plus tard agglomérées sur une
partie de son fond, le long de la foute plus récente du bas, étaient
* loin d'occuper tout l'emplacement plat; elles laissaient libre, notam
ment, entre lui et sa barricade d'aval (verrou du Pas du Roc) une
esplanade d'environ 2 km. de long sur 800 m. de large», ait lieu
dit « le Temple ». •
г Maurice Pardé,. Le régime du Rh$ne, Etude hydrologique. Institut des
Etudes Rhodaniennes de l'Université de Lyon, 1925* Si vol. In-8°, 4. I, p. 481. UNE AGGLOMÉRATION INDUSTRIELLE : ST-MICHEL-DE-MAURIENNE. i 01
14-ÍQ.
Fig. 1. — Profil en long de la Neuvache,
de la Valloirette et de l'Arc, de la prise
d'eau de la Saussaz (en amont de Saint-
Michel) à l'usine de Calypso (en aval du
bourg, au confluent de la Valloirette) d'après
le Service des Grandes Forces Hydrauliques
(région des Alpes, tome IV).
Illustration non autorisée à la diffusion
7 Ь 3 lo I I km loi GERMAINE
La maïn-4'œuvre existait aussi щ abondance, sur place ou à
proximité. Sur la commune теще de Saint-Michel, foťte en 1876
de 2.061 habitants, bien des bras allaient être heureux de louer leurs
services aux usiniers : petits cultivateurs végétant sur des terres
trop étroites, petits artisans ébranlés par la concurrence des pro
duits fabriqués en série, petits commerçants prêts à laisser la bou
tique à leur femme; sans être à vrai dire oisive, la ville contenait
assez de travailleurs pour adopter facilement une vie plus active.
Plus4 encore, les communes rurales voisines, toutes densément peu
de^ pratiquer l'émigration saisonnière ou plées, obligées pour vivre
définitive, constituaient un vaste réservoir de main-d'œuvre. Un
exemple: la commune du Thyl, qui ne compte plus que 311 habi
tants (1936), dont 55 travaillent aux usines de Saint-Michel, avait
en 1876 une population de 564 personnes; à la lettre, elle était sur
peuplée, comme l'était le reste du canton. Les usines pouvaient
donc s'installer en toute quiétude dans un bassin où rien ne leur
manquait, pas mâme les matières premières.
C'est l'article le1 moins garni de ce bilan, mais il n'est pas négli
geable. La chaux et le plâtre qui abondent au Pas du Roc et dans
la montagne du Télégraphe étaient, en raison de leur gisement à
proximité de' la route, susceptibles d'une exploitation en grand.
Le charbon, tout médiocre et, d'accès difficile qu'il soit, pouvait
couvrir une partie . des besoins industriels, du moment qu'on ne
se proposait pas de le transporter au dehors.
Voilà en quelque sorte le potentiel industriel de Saint-Michel-
' de-Maurienne. La voie ferrie, les- chutes en étaient les deux fonde
ments, ou plutôt, les admirables ressources hydro-électriques de
la Neuvache, de la Valloiret„te et de l'Arc ont dû à la présence de
cette voie ferrée le privilège d'être très v|ôt mises en service et par
conséquent de présenter, avec leurs aménagements successifs,
comme un résumé du développement de ^'industrie hydro-élec
trique alpine. 4 , \
"•у1лв étapes du dévoilement industriel
*"""** », К ' * * *
Les installations actuelles NççflètenV les tâtonnements /par les
quels les industriels sont parvenuà pro^pess^vement à utiliser tous
les dons de la nature. Ils ont d'abord jeté rear jévoîu sur une haute
chute, celle de la ValLoirette (usine de Calypso); puis, mieux ma

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