Edouard Branly, la formation d'un physicien parmi d'autres - article ; n°1 ; vol.46, pg 7-26

Nicole Hulin

Description

Revue d'histoire des sciences - Année 1993 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 7-26
RÉSUMÉ. — Après des études secondaires classiques, Edouard Branly s'oriente vers les sciences et entre à l'Ecole normale supérieure où il prépare l'agrégation de sciences physiques. Comme la plupart des physiciens français de l'époque, il s'intéresse à la physique expérimentale; il prépare sa thèse de doctorat, puis quitte l'Université d'Etat pour l'Université catholique. A travers cette étude de cas, nous avons un aperçu sur l'organisation des études scientifiques et de la recherche dans les années 1850-1870.
SUMMARY. — After having done classical secondary studies, Edouard Branly turned toward the sciences. He entered the Ecole normale supérieure where he prepared for the agrégation in physical sciences. Like most French physicists at the end of the nineteenth century, he was interested in experimental physics. He wrote his doctoral thesis; then he left the State university for the Catholic university. By studying Branly's case we get a general idea of the organization of scientific studies and research in France during the years 1850-1870.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_D-HISTOIRE_DES_SCIENCES
• Publié le: 01 janvier 1993
• Nombre de lectures: 16
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Extrait

MME Nicole Hulin
Edouard Branly, la formation d'un physicien parmi d'autres
In: Revue d'histoire des sciences. 1993, Tome 46 n°1. pp. 7-26.
Résumé
RÉSUMÉ. — Après des études secondaires classiques, Edouard Branly s'oriente vers les sciences et entre à l'Ecole normale
supérieure où il prépare l'agrégation de sciences physiques. Comme la plupart des physiciens français de l'époque, il s'intéresse
à la physique expérimentale; il prépare sa thèse de doctorat, puis quitte l'Université d'Etat pour l'Université catholique. A travers
cette étude de cas, nous avons un aperçu sur l'organisation des études scientifiques et de la recherche dans les années 1850-
1870.
Abstract
SUMMARY. — After having done classical secondary studies, Edouard Branly turned toward the sciences. He entered the Ecole
normale supérieure where he prepared for the agrégation in physical sciences. Like most French physicists at the end of the
nineteenth century, he was interested in experimental physics. He wrote his doctoral thesis; then he left the State university for
the Catholic university. By studying Branly's case we get a general idea of the organization of scientific studies and research in
France during the years 1850-1870.
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Hulin Nicole. Edouard Branly, la formation d'un physicien parmi d'autres. In: Revue d'histoire des sciences. 1993, Tome 46 n°1.
pp. 7-26.
doi : 10.3406/rhs.1993.4257
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1993_num_46_1_4257Edouard Branly,
la formation d'un physicien
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turned toward the sciences. He entered the Ecole normale supérieure where he
prepared for the agrégation in physical sciences. Like most French physicists at
the end of the nineteenth century, he was interested in experimental physics.
He wrote his doctoral thesis; then he left the State university for the Catholic
university. By studying Branly 's case we get a general idea of the organization
of scientific studies and research in France during the years 1850-1870.
En suivant le parcours d'Edouard Branly, depuis les études
secondaires jusqu'au poste de chef de travaux à la Sorbonně en
passant par l'Ecole normale supérieure, on peut donner un coup
de projecteur sur l'organisation de l'enseignement scientifique et
de la recherche dans une période de changement profond, depuis
les années 1850 jusqu'au début des années 1870.
Afin de bien situer notre propos, nous commencerons par indi
quer un sommaire repère chronologique. Né en 1844, Edouard
Branly obtient le baccalauréat es lettres en 1860, puis le baccalaur
éat es sciences. Il entre à l'Ecole normale en 1865 et passe avec
succès l'agrégation de sciences physiques et naturelles en 1868; puis
il soutient sa thèse de physique en 1873.
(*) Nous tenons à remercier Mme Marion Tournon-Branly qui nous a aimablement
communiqué des documents ainsi que M. le Professeur Monod-Broca, qui a écrit une bio
graphie de Branly, pour son accueil.
Rev. Hist. Sci.. 1993, XLVI/1 Nicole Hulin
I. — Les études secondaires
Edouard Branly effectue ses études secondaires sous le régime
de « la bifurcation des études » établi en 1852 par le premier des
ministres de l'Instruction publique du Second Empire, Hippolyte
Fortoul (1). Dans cette organisation, à partir de la classe de tro
isième, après un tronc commun, un choix entre deux filières équi
valentes par la durée et la sanction des études est proposé aux
élèves : la division des lettres conduisant au baccalauréat es lettres
et la division des sciences menant au es sciences.
C'est à partir de la réforme Fortoul que le baccalauréat es
sciences est indépendant du baccalauréat es lettres. Cette réforme
de la « bifurcation » s'inscrit dans une réflexion sur la place des
sciences dans l'enseignement qui commence dès le premier quart
du xixe siècle. Elle introduit une profonde innovation et est à
l'origine de l'organisation de notre actuel système d'études (2). Dès
le milieu du xixe siècle, est ainsi posé le problème de la diversifica
tion des études et de l'unité de la formation des Français.
Dans la réforme Fortoul, le cours de philosophie qui couronne
les études est remplacé par un de logique où est enseigné
« l'art de penser ». Hippolyte Fortoul est d'ailleurs très explicite
sur l'esprit de la réforme quand il affirme en 1852 :
« Les discussions historiques et philosophiques conviennent peu à des
enfants [...] Il est temps de couper dans sa racine un mal qui a compromis
l'enseignement public (3). »
Edouard Branly, ce futur physicien, entré dans la classe de
sixième en 1854, suit les études de la division des lettres. A l'issue
de la classe de rhétorique (année 1859-1860), sans faire l'année
de logique, il obtient le diplôme de bachelier es lettres. Cette pra
tique était assez courante (4) et nuisait au bon fonctionnement du
(1) Nicole Hulin- Jung, L'Organisation de l'enseignement des sciences : La voie ouverte
par le Second Empire (Paris : Ed. du eras, 1989), p. 27, 113-114, 128-131.
(2) Ibid., p. 306.
(3) Bulletin Administratif, t. 3 (1852), 55.
(4) Certains passaient même l'examen à la sortie de la seconde (voir op. cit. in n. 1,
p. 161 et 179). Les sciences n'interviennent qu'à l'oral de l'examen, dans une interrogation
portant sur l'arithmétique, la géométrie et la physique élémentaire. formation d'un physicien 9 La
régime d'études mis en place par Fortoul. Le « certificat d'apti
tude au grade de bachelier es lettres » lui est accordé le 13 novembre
1860 par la faculté des lettres de Douai et le diplôme est délivré
le 25 avril 1861.
L'année de rhétorique est extrêmement brillante pour le jeune
Branly qui obtient prix ou accessit dans toutes les disciplines ; pour
l'enseignement qui était commun (5) aux deux sections lettres et
sciences :
Discours français 1er prix,
Version latine 1er
Histoire et géographie 1er prix,
Récitation classique 2e prix ex aequo,
Langue allemande 1er prix;
et pour l'enseignement particulier à la section des lettres :
Excellence 1er prix,
Discours latin 1er
Vers latins 1er prix,
Version grecque accessit,
Récitation classique
Histoire naturelle 2e prix.
On notera que l'enseignement scientifique de la classe de rhéto
rique comportait uniquement des « notions générales d'histoire natur
elle », les « notions générales de géométrie et de physique pour
servir d'introduction à l'étude des sciences » étaient étudiées en
troisième, celles de chimie et de cosmographie en seconde. C'est
dans la classe de logique qu'était dispensé un cours élémentaire
de mathématiques et de physique.
Edouard Branly, qui souhaite s'orienter vers les sciences, décide
de préparer le baccalauréat es sciences, qui est exigé à l'entrée
des écoles spéciales (6). Les bacheliers es lettres étaient certes dis
pensés des épreuves littéraires du baccalauréat es sciences (7), mais
(5) L'enseignement commun aux deux sections est un élément important du plan d'études
de 1852; pour des raisons pédagogiques, le corps professoral y est hostile. Des modificat
ions y sont apportées par le successeur de Hippolyte Fortoul, Gustave Rouland (arrêté
du 28 août 1859). Voir op. cit. in n. 1, p. 129-131 et 182.
(6) Pour la justification de cette mesure liée à la réforme Fortoul, voir op. cit. in n. 1,
p. 159-160.
(7) Cette mesure est décidée par le ministre Rouland en 1857. 10 Nicole Hulin
les connaissances sur les matières scientifiques (8) devaient être
sérieuse