La cosmologie de Copernic et les origines de la physique mathématique. - article ; n°1 ; vol.34, pg 3-23
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Revue d'histoire des sciences - Année 1981 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 3-23
RESUME. — Contrairement à ce qui est souvent admis, la cosmologie de Copernic est fondée sur une physique particulièrement féconde. Interprétée d'un point de vue spéculatif, cette physique montre que Copernic ne se limite pas à déplacer le centre du monde de la Terre au Soleil : le monde comporte une infinité de centres possibles et c'est à la Création de le centrer. Il apparaît alors que seule la mathématisation de la physique explique l'unité de notre représentation et de l'harmonie céleste.
SUMMARY. — Contrary to what is often admitted, Copernicus' cosmology is founded on a particularly fruitful physics. When interpreted from a speculative point of view, this physics shows that Copernicus does not limit himself to moving the centre of the world system from the Earth to the Sun : it entails an infinity of possible centres and it is the role of Creation to centre it. It appears then that only the mathematization of physics explains the unity between our representation and celestial harmony.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M PIERRE KERSZBERG
La cosmologie de Copernic et les origines de la physique
mathématique.
In: Revue d'histoire des sciences. 1981, Tome 34 n°1. pp. 3-23.
Résumé
RESUME. — Contrairement à ce qui est souvent admis, la cosmologie de Copernic est fondée sur une physique particulièrement
féconde. Interprétée d'un point de vue spéculatif, cette physique montre que Copernic ne se limite pas à déplacer le centre du
monde de la Terre au Soleil : le monde comporte une infinité de centres possibles et c'est à la Création de le centrer. Il apparaît
alors que seule la mathématisation de la physique explique l'unité de notre représentation et de l'harmonie céleste.
Abstract
SUMMARY. — Contrary to what is often admitted, Copernicus' cosmology is founded on a particularly fruitful physics. When
interpreted from a speculative point of view, this physics shows that Copernicus does not limit himself to moving the centre of the
world system from the Earth to the Sun : it entails an infinity of possible centres and it is the role of Creation to centre it. It
appears then that only the mathematization of physics explains the unity between our representation and celestial harmony.
Citer ce document / Cite this document :
KERSZBERG PIERRE. La cosmologie de Copernic et les origines de la physique mathématique. In: Revue d'histoire des
sciences. 1981, Tome 34 n°1. pp. 3-23.
doi : 10.3406/rhs.1981.1741
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1981_num_34_1_1741La cosmologie de Copernic
et les origines de la physique mathématique
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SUMMARY. — Contrary to what is often admitted, Copernicus' cosmology
is founded on a particularly fruitful physics. When interpreted from a speculative
point of view, this physics shows that Copernicus does not limit himself to
moving the centre of the world system from the Earth to the Sun : it entails an
infinity of possible centres and it is the rôle of Creation to centre it. It appears
then that only the mathematization of physics explains the unity between our
representation and celestial harmony.
Depuis leurs origines modernes, les sciences physiques n'ont cessé
de reconnaître dans le renversement copernicien l'essence d'un fonde
ment nouveau. Rarement, toutefois, pensée a-t-elle suscité autant de
controverses sur la valeur de ce fondement. Tous les commentateurs,
et parmi eux les plus virulents détracteurs de l'originalité de Copernic,
s'accordent en effet pour voir dans l'œuvre fondatrice de l'héliocen-
trisme les racines les plus profondes de toute la révolution scienti
fique qui se produit au xvne siècle. En même temps, l'obscurité, l'am
biguïté, le caractère étonnamment « elliptique » ou même parfois
l'apparente « naïveté » scolastique du texte de Copernic ont fait
douter de cette image par trop populaire de l'illustre savant. Ou bien
d'audacieux précurseurs lui ont été retrouvés (dans certains courants
de la pensée grecque de l'Antiquité — Héraclide, Aristarque — ou
dans la physique nominaliste du xiv siècle — Buridan, Oresme), ou
bien la pensée copernicienne a été thématisée sous la forme du
Rev. Hist. Sci., 1981, xxxnr/1 4 Pierre Kerszberg
« renversement », au travers de l'interprétation qui en a été donnée
par ses disciples (Bruno, Galilée, Kepler, etc.) (1).
Notre but n'est pas ici de montrer la vérité ou l'erreur de telle
ou telle interprétation sur le caractère original ou simplement convent
ionnel de l'œuvre copernicienne. Devant une situation à la fois
obscure et cependant cruciale, nous voudrions plutôt tenter une
clarification de ce qu'il y a lieu de comprendre dans l'œuvre de
Copernic. Nous essaierons d'articuler d'une manière délibérément
spéculative son thème principal, à savoir le rapport nouveau entre
physique et mathématique. Nous dégagerons les linéaments d'une
interprétation qui tendrait à rechercher les sources philosophiques
d'une œuvre scientifique dont l'auteur est une personnalité réservée
et prudente. Copernic, comme on le sait, n'a pratiquement jamais
rien révélé sur la nature et l'origine de ses réflexions.
1. LE PROBLÈME COSMO-PHYSIQUE DU COPERNIC ANISME
Un fait insuffisamment reconnu est que l'astronomie nouvelle de
Copernic est véritablement basée, d'une manière tout à fait féconde,
sur les fondements d'une physique nouvelle. Les commentateurs ont
plutôt tendance à voir dans cette physique une tentative assez mala
droite de la part de Copernic pour intégrer dans une théorie ancienne,
selon des hypothèses ad hoc, certains éléments neufs apportés par
rhéliocentrisme. Ce n'est pas parce que cette physique se meut essen
tiellement dans le cadre de l'argumentation aristotélicienne que toute
sa fécondité et sa valeur intrinsèques doivent lui être retirées. En
fait, l'originalité de son articulation se comprend d'autant plus diff
icilement qu'elle est bel et bien inséparable de toute une tradition
dont, finalement, Copernic se réclame. Mais Copernic ne se limite pas
à « conserver » les aspects de la physique d'Aristote qui conviennent
au système héliocentrique (2) : c'est simplement le langage qui est
conservé ; quant à l'esprit, il est très différent, et même très nouveau
(1) Un auteur comme J. L. E. Dreyer n'a pas hésité à affirmer que Copernic
ne doit pas être considéré comme un « copernicien » (A History of Astronomy
from Thaïes to Kepler, New York, Dover, 1953, p. 344). Les travaux de A. Koyré,
bien connus pour leurs recherches des nuances, abondent finalement dans le
même sens (cf. par exemple La révolution astronomique, Paris, Herman, 1961,
p. 69).
(2) Sur une simple « conservation », cf. A. Birkenmajer, Les éléments tradi
tionnels et nouveaux dans la cosmologie de Nicolas Copernic, Organon, 2, 1965,
p. 3748. Cosmologie de Copernic et physique mathématique 5
par rapport aux anciennes controverses, étant profondément imbu,
comme nous allons essayer de le montrer, de platonisme (3).
Avec la systématisation introduite par Ptolémée en astronomie,
la distance conceptuelle entre une représentation purement physique
et une représentation purement mathématique du monde devient
déterminante. C'est d'abord pour des raisons physiques (aristotéli
ciennes) que Ptolémée rejette la possibilité d'un mouvement de la
Terre (alors qu'il connaît bien entendu l'équivalence observationnelle
des deux hypothèses, tant pour le mouvement diurne que pour le
mouvement annuel). Surtout, cette position de la Terre au centre du
monde est maintenue en dépit du fait qu'elle implique l'introduction
d'un punctum aequans, inconciliable avec l'idée déterminante de
l'Astronomie, à savoir la nécessité (indiquée par Platon et peut-être
déjà par les Pythagoriciens) de « sauver les phénomènes » en respec
tant le principe des mouvements circulaires uniformes. La distance
irréductible entre les deux représentations est alors claire puisque,
quand bien même le mouvement circulaire uniforme est encore con
servé par rapport à un circulus aequans, cette conservation consiste
plutôt à sauver l'axiome (mathématique) sur le mouvement que la
liaison de cet axiome aux phénomènes.
Tout le travail de Copernic consiste à reprendre l'idée essentielle
de Platon en articulant dans un moment unique la représentation
du mouvement en général et l'observation effective des mouvements
célestes : alors que l'expression même d'une telle est
purement mathématique, il faut trouver le moyen de rencontrer les
exigences abstraites de cette représentation dans les conditions sensi
bles qui déterminent la mesure des apparences. Aussi, la solution
suggérée par Copernic, en tant qu'elle se propose

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