A la recherche de principes pour une politique nationale de développement des économies régionales - article ; n°6 ; vol.7, pg 867-881

J.-M. Jeanneney

Description

Revue économique - Année 1956 - Volume 7 - Numéro 6 - Pages 867-881
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1956
• Nombre de lectures: 23
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Marcel
Jeanneney
A la recherche de principes pour une politique nationale de
développement des économies régionales
In: Revue économique. Volume 7, n°6, 1956. pp. 867-881.
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Jeanneney Jean-Marcel. A la recherche de principes pour une politique nationale de développement des économies régionales.
In: Revue économique. Volume 7, n°6, 1956. pp. 867-881.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1956_num_7_6_407204RECHERCHE DE PRINCIPES POUR LA
UNE POLITIQUE NATIONALE
DE DEVELOPPEMENT
DES ECONOMIES REGIONALES
En tous pays et particulièrement en France les politiques économiques
cherchent de plus en plus influencer les localisations activités
Les deux politiques possibles
Ces politiques peuvent inspirer de deux conceptions opposées une
considère comme intangible la répartition géographique des populations
travers le territoire national autre admet de provoquer des migrations
capables accroître le bien-être
Une politique économique du premier type conservatrice des structures
démographiques des principes action fort simples Son objectif est
assurer toute personne sans déplacement un travail rémunérateur con
forme ses aptitudes et ses goûts Le moyen est évidemment de main
tenir ou implanter les activités productrices les mieux adaptées aux con
ditions locales Dans les régions sans aptitude particulière propre rendre
certaines activités privilégiées mais où la population est nombreuse il
convient de développer des industries exigeant beaucoup de main-d uvre
et peu de matières premières
Une grave question se pose alors Même si le choix des productions
été parfaitement opéré en toutes régions la productivité des efforts
humains sera moindre en certains lieux en autres Pour que les régions
défavorisées par la nature puissent néanmoins sans aide de Etat affronter
la concurrence il faudra que les salaires et autres revenus soient infé
rieurs ce ils seront ailleurs Le plein emploi de la main-d uvre
accompagnera ainsi de disparités régionales de revenus qui risquent être
fortes résignera-t-on 868 REVUE CONOMIQUE
Que les niveaux de vie diffèrent selon les régions est un phénomène
commun toutes les époques et tous les pays Mais actuellement les faci
lités de communication en permettant aux populations de prendre con
science de ces inégalités les rendent moins supportables Or de nos jours
Etat est considéré comme responsable du sort de chacun Selon la logique
de notre système social les habitants des régions pauvres réclament au
nom de la justice et de la solidarité des revenus peu près égaux la
moyenne nationale quelle que soit la productivité véritable de leur travail
Cela est pas impossible réaliser De multiples moyens peuvent être
mis en uvre pour relever le niveau de vie une région déshéritée tarifs
de transport très bas pour certaines matières premières voire même trans
port gratuit de énergie prise en charge par le budget de Etat des frais
de construction ou entretien des ouvrages publics tels que routes canaux
réseaux électriques et des frais de fonctionnement des services publics
subventions aux collectivités aide aux entreprises locales sous forme de
primes diverses de bonifications intérêt ou de soutien artificiel des cours
Une telle redistribution géographique du produit national implique évi
demment que des prélèvements soient opérés dans les régions où la pro
ductivité du travail est particulièrement élevée amélioration du niveau
de vie de certaines régions au delà de ce que leur propre production
permet ne peut se faire aux dépens autres Mais il est craindre en
Outre ces transferts abaissent le produit national total car les entreprises
les plus productives étant surimposées se trouvent privées de capitaux utiles
leur développement et leurs dirigeants risquent être découragés entre
prendre
Une politique économique qui se donnerait comme objectif le plein
emploi dans chaque localité de tous travailleurs trouvant aurait donc
pour résultat soit de persistantes et graves inégalités régionales de niveau
de vie soit une uniforme médiocrité dans tout le pays
Encore avons-nous supposé que le choix des productions maintenir
ou implanter dans chaque région était irréprochable ce qui réduirait dans
toute la mesure du possible les différences de productivité Si non en
voulant améliorer le sort des régions pauvres tout en maintenant leur
population sans souci des prix de revient on risquerait de conduire en
semble du pays sa ruine
Bien différente dans ses principes et dans ses résultats est une politique
localisatrice du second type qui considère une certaine mobilité de la VELOPPEMENT DES CONOMIES GIONALES 869
main-d uvre comme une condition nécessaire du progrès économique Elle
interdit pas de reconnaître tout homme le droit fondamental obtenir
par son travail un revenu décent mais elle implique on se refuse lui
reconnaître exercice de ce droit en importe quel endroit voulu par lui
objectif est alors de provoquer une répartition des activités travers
le territoire qui soit la plus favorable accroissement du produit national
Ainsi con ue une politique de développement des économies régionales
peut se parer de magnifiques espérances car elle se confond alors avec
une politique nationale de croissance économique
Malheureusement il est beaucoup plus difficile de déterminer ce il
faut faire pour cela car seules les conditions naturelles demeurent alors
des données tandis que les densités régionales deviennent des variables
Nous tenterons analyser ici de fa on théorique les éléments du problème
Si le coût un produit était tout entier supporté par entreprise pro
ductrice il suffirait pour que les localisations soient rationnelles que les
entreprises se livrent une comparaison systématique de leurs coûts éven
tuels dans les diverses localités où leur présence est possible puis elles
se rendent là où les prix de revient leur paraîtraient devoir être le plus bas
Au cas fréquent où plusieurs entreprises auraient avantage se situer
en un même lieu le prix du terrain serait déterminé par leurs surenchères
si bien que finalement ce serait entreprise capable de tirer de ce lieu
le plus grand avantage qui installerait car elle seule pourrait payer
emplacement au plus haut prix Ainsi la géographie économique optimale
serait réalisée la seule condition que les chefs entreprises fassent par
faitement leur métier qui est de rechercher les moindres coûts
Si autre part la mobilité de la main-d uvre était parfaite aucune
disparité géographique durable de revenus ne serait craindre De hauts
salaires ou de hauts profits obtenus en un lieu attirant les travailleurs
réduiraient en effet la main-d uvre disponible ailleurs Ces modifications
dans offre de travail en égaliseraient le prix
En ces hypothèses le simple jeu des intérêts particuliers condition
ils soient éclairés suffirait répartir les entreprises dans espace au
mieux pour atteindre le plus haut niveau de vie permis par état des
techniques Les pouvoirs publics désireux de provoquer un bon aména
gement du territoire devraient seulement éduquer les chefs entreprises
pour les mettre en état de bien calculer et informer les travailleurs pour
lever les obstacles psychologiques qui entravent leurs migrations
En réalité la comparaison des dépenses éventuellement supportées par 870 REVUE CONOMIQUE
une entreprise pour une même production en divers lieux encore elle
soie un élément importance majeure pour déterminer de bonnes locali
serions ne saurait suture Pour être conformes intérêt général ces loca
lisations devraient tenir compte de toutes les charges directes et indirectes
actuelles et venir individuelles et collectives elles entraînent et aussi
des avantages non chiffrables elles comportent pour les travailleurs et
leurs familles
II Coûts indirects et avantages non chiffrables
La liste des coûts extérieurs une entreprise mais résultant de sa pré
sence en un lieu déterminé nous paraît pouvoir être dressée comme suit
COUTS INDIRECTS ETABLISSEMENT
Travaux accomplir tour qsie les tr.n disposent en ce lieu
de logements convenables compris les travaux de voirie adduction eau
et électricité Lorsque des logements e