A quoi servait la sociologie en RDA - article ; n°2 ; vol.32, pg 263-284

François Bafoil

Description

Revue française de sociologie - Année 1991 - Volume 32 - Numéro 2 - Pages 263-284
La sociologie en RDAeut essentiellement une fonction de légitimation de l'action du parti communiste, le SED. Ce faisant, elle eut pour charge à la fois de former des défenseurs de la nation défunte et de refléter la justesse des directives élaborées par le bureau politique du parti communiste. Ce qui en résulta, ce fut un ensemble de textes, extrêmement contraints par des catégories figées, qu'il vaut néanmoins encore la peine de lire pour comprendre le système de pensée et d'action qui s'est écroulé à l'automne 1989. Enfin, en dépit des injonctions supérieures, des dysfonctionnements partiels furent mis au jour, que la théorie et plus encore les censeurs écartèrent et qui ne s'accompagnèrent jamais, à la différence des travaux sociologiques polonais ou hongrois, d'une mise en cause du système politico-social.
François Bafoil : The purpose of sociology in GDR (German Democratic Republic).
Sociology in the gdr served essentially to legitimize the action of the communist SED party. With this role, this party had both to prepare the defenders of the late nation and reflect the truth in the words pronounced by the Political Bureau of the communist party. This resulted in a series of texts, extremely restrictive due to the fixed categories, which should nevertheless be read if one wishes to understand the system of thinking and action which came to an end in Autumn 1989. Finally in spite of superior injunctions, partial dysfunctioning was updated which theory and even more so censure broke apart, and which, unlike sociological work in Poland and Hungary, was never accompanied by a questioning of the politico-social system.
François Bafoil : Wozu diente die Soziologie in der DDR.
Die Soziologie in der DDR hatte als Hauptfunktion die Legitimierung der Arbeit der kommunistischen Partei, SED. Dazu hatte sie die Aufgabe, sowohl die Verteidiger der verstorbenen Nation auszubilden als auch die Richtigkeit der vom Politburo der kommunistischen Partei ausgearbeiteten Richtlinien widerzuspiegeln. Das Ergebnis war eine Reihe von Texten, ausserordentlich eingeengt von unveränderlichen Kategorien, die trotz allem noch lesenswert sind, zum Verständnis des Denk- und Aktionssystems, das im Herbst 1989 zusammenbrach. Am Ende wurden trotz der Obrigkeitsanweisungen Dysfunktionen sichtbar, die die Theorie, mehr aber noch die Zensoren, beiseiteschoben, und die, im Gegensatz zu den polnischen und hungarischen soziologischen Arbeiten, nie von einer Infragestellung des politisch-sozialen Systems begleitet wurden.
François Bafoil : ¿ A qué servía la sociología en la RDA ?
La sociología en la RDA tuvo esencialmente una función de legitimación de la acción del Partido Comunista, la SED. De esta menera, tuvo por encargo de formar a la vez unos defensores de la nación difunta y reflejar la rectitud de las directivas elaboradas por la Mesa Politica del Partido Comunista. Lo que resultó de ello, fué un conjunto de textos sumamente embarazados por modalidades estereotipadas que sin embargo merecen todavia la pena de ser leidos si quisieramos comprender el sistema de pensamiento y acción que se vino abajo en el Otoño de 1989. En fin, a pesar de las ordenes superiores, malos funcionamientos parciales fueron puestos al día que la teoría y aún más los censores dejaron de lado y que no se acompañaron nunca de una crítica del sistema político-social, a diferencia de los trabajos sociológicos Polacos o Hungaros.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_SOCIOLOGIE
• Publié le: 01 janvier 1991
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

François Bafoil
A quoi servait la sociologie en RDA
In: Revue française de sociologie. 1991, 32-2. pp. 263-284.
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Bafoil François. A quoi servait la sociologie en RDA. In: Revue française de sociologie. 1991, 32-2. pp. 263-284.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1991_num_32_2_4042Résumé
La sociologie en RDAeut essentiellement une fonction de légitimation de l'action du parti communiste, le
SED. Ce faisant, elle eut pour charge à la fois de former des défenseurs de la nation défunte et de
refléter la justesse des directives élaborées par le bureau politique du parti communiste. Ce qui en
résulta, ce fut un ensemble de textes, extrêmement contraints par des catégories figées, qu'il vaut
néanmoins encore la peine de lire pour comprendre le système de pensée et d'action qui s'est écroulé à
l'automne 1989. Enfin, en dépit des injonctions supérieures, des dysfonctionnements partiels furent mis
au jour, que la théorie et plus encore les censeurs écartèrent et qui ne s'accompagnèrent jamais, à la
différence des travaux sociologiques polonais ou hongrois, d'une mise en cause du système politico-
social.
Abstract
François Bafoil : The purpose of sociology in GDR (German Democratic Republic).
Sociology in the gdr served essentially to legitimize the action of the communist "SED" party. With this
role, this party had both to prepare the defenders of the late nation and reflect the truth in the words
pronounced by the Political Bureau of the communist party. This resulted in a series of texts, extremely
restrictive due to the fixed categories, which should nevertheless be read if one wishes to understand
the system of thinking and action which came to an end in Autumn 1989. Finally in spite of superior
injunctions, partial dysfunctioning was updated which theory and even more so censure broke apart,
and which, unlike sociological work in Poland and Hungary, was never accompanied by a questioning of
the politico-social system.
Zusammenfassung
François Bafoil : Wozu diente die Soziologie in der DDR.
Die Soziologie in der DDR hatte als Hauptfunktion die Legitimierung der Arbeit der kommunistischen
Partei, SED. Dazu hatte sie die Aufgabe, sowohl die Verteidiger der verstorbenen Nation auszubilden
als auch die Richtigkeit der vom Politburo der kommunistischen Partei ausgearbeiteten Richtlinien
widerzuspiegeln. Das Ergebnis war eine Reihe von Texten, ausserordentlich eingeengt von
unveränderlichen Kategorien, die trotz allem noch lesenswert sind, zum Verständnis des Denk- und
Aktionssystems, das im Herbst 1989 zusammenbrach. Am Ende wurden trotz der
Obrigkeitsanweisungen Dysfunktionen sichtbar, die die Theorie, mehr aber noch die Zensoren,
beiseiteschoben, und die, im Gegensatz zu den polnischen und hungarischen soziologischen Arbeiten,
nie von einer Infragestellung des politisch-sozialen Systems begleitet wurden.
Resumen
François Bafoil : ¿ A qué servía la sociología en la RDA ?
La sociología en la RDA tuvo esencialmente una función de legitimación de la acción del Partido
Comunista, la SED. De esta menera, tuvo por encargo de formar a la vez unos defensores de la nación
difunta y reflejar la rectitud de las directivas elaboradas por la Mesa Politica del Partido Comunista. Lo
que resultó de ello, fué un conjunto de textos sumamente embarazados por modalidades
estereotipadas que sin embargo merecen todavia la pena de ser leidos si quisieramos comprender el
sistema de pensamiento y acción que se vino abajo en el Otoño de 1989. En fin, a pesar de las
ordenes superiores, malos funcionamientos parciales fueron puestos al día que la teoría y aún más los
censores dejaron de lado y que no se acompañaron nunca de una crítica del sistema político-social, a
diferencia de los trabajos sociológicos Polacos o Hungaros.R. franc, sociol., XXXII, 1991,263-284
François BAFOIL
A quoi servait la sociologie en RDA
Résumé
La sociologie en rda eut essentiellement une fonction de légitimation de l'action
du parti communiste, le sed. Ce faisant, elle eut pour charge à la fois de former des
défenseurs de la nation défunte et de refléter la justesse des directives élaborées par
le bureau politique du parti communiste. Ce qui en résulta, ce fut un ensemble de
textes, extrêmement contraints par des catégories figées, qu'il vaut néanmoins encore
la peine de lire pour comprendre le système de pensée et d'action qui s'est écroulé à
l'automne 1989. Enfin, en dépit des injonctions supérieures, des dysfonctionnements
partiels furent mis au jour, que la théorie et plus encore les censeurs écartèrent et qui
ne s'accompagnèrent jamais, à la différence des travaux sociologiques polonais ou
hongrois, d'une mise en cause du système politico-social.
Dans l'effondrement radical qui a frappé l'ensemble des structures de
l'ancienne rda, la discipline sociologique n'a offert quasiment aucune
ligne de résistance. Contrairement à ce que l'on a pu voir dans le passé
en Pologne, en Hongrie ou en Tchécoslovaquie, où les sociologues
occupèrent une place de choix dans le mouvement de renouveau, en rda
les sociologues se distinguèrent, au début, par un grand conformisme
vis-à-vis du socialisme, entendu comme identité même de la nation
défunte. Au cours des manifestations organisées tant par les sociologues
que par les philosophes, ce fut la déformation du marxisme par les
potentats professionnels qui fut l'objet des critiques, et non le marxisme
ou le matérialisme historique. D'alternative au socialisme (d'un point de
vue théorique mais également pratique), il n'y en eut guère, si ce n'est par
opportunisme, d'ailleurs largement fustigé comme tel (1).
De là le soupçon qui a frappé (et frappe encore) nombre de sociologues
d'avoir contribué, par leurs écrits et par leurs comportements, à confirmer
l'autorité d'un pouvoir illégitime et de n'avoir rien laissé qui vaille
aujourd'hui la peine d'être lu, sinon comme exemple d'un corpus idéologi-
(1) Voir Der Frankfurter Rundschau du 6 dent de I'isa, prompt à se poser en champion
oct. 1990, où l'auteur met en doute les de l'économie de marché après avoir si
déclarations de l'actuel directeur de l'Institut longtemps été le défenseur du régime passé,
de sociologie de Berlin-Est, ancien vice-prési-
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que hermétiquement clos. Par manque d'esprit critique, par incapacité
théorique ou par simple inféodation à un pouvoir arbitraire, la fonction
de sociologue sous l'ancien pouvoir est aujourd'hui non seulement
dépréciée mais tout simplement mise en accusation : les professeurs
(comme l'ensemble des titulaires de chaires d'écoles supérieures) sont
soumis à réexamen par leurs collègues de l'Ouest, les instituts de sociologie
sont en instance d'être fermés, les chercheurs licenciés, à l'exception de
ceux du département de l'Université Humboldt de Berlin, appelé, quant
à lui, à être profondément modifié (2).
Dans ces conditions, quel intérêt peut représenter un retour sur cette
production intellectuelle, peu lue de son vivant, condamnée à l'oubli
aujourd'hui ? Trois raisons nous incitent cependant à le faire.
— Pour essayer d'abord de comprendre un système de pensée et un
système d'enseignement qui contribuèrent puissamment, c'est vrai, à
confirmer un ordre dictatorial. La fonction de légitimation de l'autorité fut
bien le premier aspect de cette production.
— Pour tenter ensuite de saisir quel type de représentation de la société
s'est effondré dans la révolution d'octobre 89, incapable qu'elle fut de
refléter de façon adéquate les processus sociaux réels. La fonction
apologétique fut le second objectif de ces textes, fidèles parfois jusqu'à la
servilité au modèle soviétique et plus exactement stalinien de la structure
sociale. Mais la question se pose de savoir si l'on peut de la sorte rejeter
toute la production sociologique sans égard aux efforts (qui existèrent,
comme nous le montrerons) de penser non pas différemment mais de
manière plus originale le développement social.
— Pour enfin essayer de restituer la fonction idéologique de ces écrits qui
cherchèrent à inscrire dans le historique ce que voulaient
bien y voir les maîtres du sed, tandis que les ph