Accumulation du capital et inflation en Chine : l expérience des années 1990 - article ; n°4 ; vol.28, pg 141-174
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1997 - Volume 28 - Numéro 4 - Pages 141-174
Capital accumulation and inflation in China : The experience of the 1990s.
What are the major factors stimulating growth in China and how much does this growth cost various economic actors ? To answer these questions, three principal axes are explored. Attention is first focussed on the financial determinants of this model of accumulation ; and emphasis, laid on the new and predominant role played by bank credit in financing firm's fixed capital. But lurking behind this model's apparent cohesion are deep tensions that lead to an overaccumulation of permanent assets in state firms and a drop in the latter' s profit rates. Inflation in China is ambivalent. On the one hand, it enables state firms to temporarily avoid the losses they incur by furthering investment and growth. But on the other hand, it shifts these losses toward the banking system and the state. This will inevitably endanger the stability of China's new economic model.
Cet article poursuit deux buts. essentiels. D'un côté, il vise à identifier les principaux facteurs à l'origine de la dynamique du régime de croissance chinois. De l'autre, il entend mettre en relief le coût de ce régime de croissance pour les différents acteurs économiques. Pour avancer dans ces deux directions, la réflexion s'articule autour de trois axes principaux. Dans une première partie, on s'intéresse aux déterminants financiers du modèle d'accumulation en place en insistant sur le rôle nouveau et en même temps prééminent du crédit bancaire dans le financement du capital fixe des firmes. La deuxième partie montre que derrière la cohésion apparente de ce modèle d'accumulation se dissimulent des tensions profondes qui se spécifient par la combinaison de la suraccumulation du capital fixe des entreprises étatiques et la chute de leur taux de profit. La dernière partie souligne en quoi l'inflation revêt en Chine une nature ambivalente. D'une part, elle permet aux entreprises étatiques d'échapper provisoirement aux pertes qu'elles subissent en rendant possible la poursuite de la dynamique des investissements et de la croissance. D'autre part, elle ne fait que déplacer vers le système bancaire ainsi que vers l'Etat les pertes subies par ces entreprises. Ce qui ne peut que compromettre la stabilité du nouveau modèle économique chinois.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Pépita Ould-Ahmed
Accumulation du capital et inflation en Chine : l'expérience des
années 1990
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 28, 1997, N°4. pp. 141-174.
Citer ce document / Cite this document :
Ould-Ahmed Pépita. Accumulation du capital et inflation en Chine : l'expérience des années 1990. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 28, 1997, N°4. pp. 141-174.
doi : 10.3406/receo.1997.2882
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1997_num_28_4_2882Abstract
Capital accumulation and inflation in China : The experience of the 1990s.
What are the major factors stimulating growth in China and how much does this growth cost various
economic actors ? To answer these questions, three principal axes are explored. Attention is first
focussed on the financial determinants of this model of accumulation ; and emphasis, laid on the new
and predominant role played by bank credit in financing firm's fixed capital. But lurking behind this
model's apparent cohesion are deep tensions that lead to an overaccumulation of permanent assets in
state firms and a drop in the latter' s profit rates. Inflation in China is ambivalent. On the one hand, it
enables state firms to temporarily avoid the losses they incur by furthering investment and growth. But
on the other hand, it shifts these losses toward the banking system and the state. This will inevitably
endanger the stability of China's new economic model.
Résumé
Cet article poursuit deux buts. essentiels. D'un côté, il vise à identifier les principaux facteurs à l'origine
de la dynamique du régime de croissance chinois. De l'autre, il entend mettre en relief le coût de ce
régime de croissance pour les différents acteurs économiques. Pour avancer dans ces deux directions,
la réflexion s'articule autour de trois axes principaux. Dans une première partie, on s'intéresse aux
déterminants financiers du modèle d'accumulation en place en insistant sur le rôle nouveau et en même
temps prééminent du crédit bancaire dans le financement du capital fixe des firmes. La deuxième partie
montre que derrière la cohésion apparente de ce modèle d'accumulation se dissimulent des tensions
profondes qui se spécifient par la combinaison de la suraccumulation du capital fixe des entreprises
étatiques et la chute de leur taux de profit. La dernière partie souligne en quoi l'inflation revêt en Chine
une nature ambivalente. D'une part, elle permet aux entreprises étatiques d'échapper provisoirement
aux pertes qu'elles subissent en rendant possible la poursuite de la dynamique des investissements et
de la croissance. D'autre part, elle ne fait que déplacer vers le système bancaire ainsi que vers l'Etat les
pertes subies par ces entreprises. Ce qui ne peut que compromettre la stabilité du nouveau modèle
économique chinois.Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1997, 4 (décembre)
pp. 141-174- Pépita OULD- AHMED
Accumulation du capital et inflation
en Chine : l'expérience des années 1990
Pépita OULD-AHMED *
Tandis qu'à la fin des années 1970, en Europe de l'Est, la crise économique
s'accélérait, les institutions en place se lézardaient, l'ordre politique se fissurait
et le compromis social prévalent se désagrégeait, les réformes économiques
mises en œuvre en Chine à partir de cette même période se traduisaient, à
l'inverse, par des résultats remarquables. En sorte que, pour de nombreux éco
nomistes, le "modèle chinois" se donne désormais sinon comme une voie alte
rnative, du moins comme un objet d'investigation incontournable, riche
d'enseignements, non seulement pour les pays de l'Est 1 mais également pour
les pays occidentaux (M. Aglietta, 1995a). Cet intérêt est d'autant plus intense
que l'allure soutenue de la croissance à des niveaux jamais atteints auparavant
en Chine, ou encore la lente mais irrésistible mutation de ses structures écono
miques et institutionnelles ne résultent pas de la généralisation du marché et de
l'abolition corrélative du plan. De fait, cette évolution découle de la combinai
son progressive du plan et du marché, alimentée par la décentralisation d'une
grande partie des décisions économiques. Ainsi, l'originalité et la singularité
des mutations de l'économie chinoise nous livrent un constat qui est en même
temps une ouverture sur un nouveau champ de réflexion. Elles déjouent les
postulats et les conclusions des approches orthodoxes de la transition, qui
opposent plan et marché pour voir dans le marché le seul mode de régulation
des activités économiques. Elles soulèvent en même temps une interrogation
théorique fondamentale, relative aux racines du succès de l'expérience chi
noise. L'objet de cet article est d'analyser la place cruciale des mutations du
système financier dans le dynamisme du nouveau régime économique instauré
depuis le début des années 1980 en Chine. A cette fin, nous centrerons notre
travail autour de trois parties principales.
* Centre d'Études des Modes d'Industrialisation, EHESS (1, rue du 11-Novembre,
92120 Montrouge). Nous remercions Bernard Chavance et Jacques Sapir, ainsi que les
deux rapporteurs anonymes de la Revue pour leurs critiques et suggestions concernant
la version préliminaire de cet article. Bien entendu, les erreurs et insuffisances qui
jalonneraient encore ce texte ne pourraient être attribuées qu'à l'auteur.
1. Tel est le cas des travaux de W. Brus, 1993 ; K. Chen, G.H. Jefferson, I. Singh,
1992 ; J. Chai, 1994 ; J. Sachs, W.T. Woo, 1994 ; HJ. Chang, P. Nolan, 1995 ;
R. McKinnon, 1992, 1994, M. Raiser, 1995 et J. Kornai, 1996.
141 Pépita Ould-Ahmed
La première partie tire les conséquences des changements ayant affecté les
modalités de financement de l'économie chinoise. Nous insisterons d'abord
sur le passage du budgétaire de l'économie à son financement
monétaire, marqué par le poids de la banque centrale dans la pérennité de la
contrainte budgétaire lâche dont jouissent toujours les entreprises étatiques.
Nous étudierons ensuite les conséquences des réformes monétaires sur la struc
ture du système financier, en soulignant notamment le dualisme qui sépare
désormais le système bancaire des nouveaux organismes financiers non ban
caires. Dans la deuxième partie, nous montrerons en quoi le système monétaire
se trouve impliqué dans les tensions qui traversent l'appareil productif. Nous
verrons que celui-ci est le siège d'une contradiction qui se manifeste par la
conjugaison de la suraccumulation du capital fixe et de la chute du taux de prof
it. Dans une dernière partie, nous nous interrogerons sur les coûts de ce nou
veau régime de croissance. Nous observerons que ce dernier n'a pu se réaliser
qu'au prix d'une inflation de transition. Celle-ci ne constitue pas seulement
une condition indispensable à la croissance économique. Elle est aussi la résul
tante d'une lutte de pouvoir et d'un conflit de répartition entre des acteurs éco
nomiques souvent opposés, parce que mus par des intérêts profondément
divergents. C'est en ce sens que nous parlerons de l'ambivalence de l'inflation
chinoise.
I. LES NOUVELLES MODALITES DE FINANCEMENT
DES INVESTISSEMENTS PRODUCTIFS EN CHINE
Les réformes mises en œuvre à partir des années 1980 en Chine ont radical
ement transformé les modalités de financement de l'économie et, par là, la
nature du régime de croissance 2. Elles ont entraîné le passage de la budgétisa
tion des investissements productifs à leur financement monétaire. Corrélative
ment, elles ont débouché sur la place croissante des nouveaux intermédiaires
financiers qui ont pour tâche de financer l'activité des différents secteurs de
l'économie. Afin d'éclairer ces transformations du système financier chinois,
nous procéderons à une distinction entre les banques étatiques et les interméd
iaires financiers non bancaires. Car les banques étatiques financent priorita
irement les entreprises publiques. Ce qui contraint en retour les autorités locales
à assumer le financement des autres entreprises, sur la base de fonds extrabudg
étaires et de ressources financières fournies par les organismes financiers non
2. Des études récentes sur les conséquences macro-économiques des réformes chi
noises se trouvent dans S. Chi-Yu, 1992 ; F. Le

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