Agglomérations secondaires et territoires en Gaule Narbonnaise - article ; n°1 ; vol.26, pg 277-299
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Revue archéologique de Narbonnaise - Année 1993 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 277-299
La documentation archéologique, épigraphique et littéraire portant sur des agglomérations antiques de Narbonnaise qui n'ont jamais été ou ont cessé d'être un moment chef-lieu de cité est plus abondante que dans le reste des Gaules. A leur propos, on a créé le concept d'agglomération secondaire. L'article insiste sur la nécessité de bien concevoir ce type d'agglomération dans l'organisation romaine du territoire : une agglomération « importante » devient secondaire parce qu'elle a été placée sous la juridiction d'une autre. Mais bien que située sur le territoire d'une cité, elle peut avoir elle-même un territoire. Il importe en effet de tenir compte de la diversité des significations données au mot « territoire » et de la distinction à faire entre « territoire naturel », « territoire vivrier » et « territoire administratif ».
Le schéma évolutif suivant est proposé. Au moment de l'organisation de la province, à l'époque augustéenne, le pouvoir impérial se préoccupa essentiellement de ménager un territoire à ses propres créations coloniales; il implanta le droit latin provincial dans la plupart des autres cités; sous le nom A' oppida latina, les collectivités existantes gardèrent leur autonomie et leur territoire. Par la suite, Rome procéda à des remaniements par la création de vastes ensembles sur le modèle de ce qui existait déjà pour Nîmes et Vienne. Cette étape peut se situer à l'époque flavienne. C'est alors qu'un certain nombre d'oppida autonomes furent rattachés à grandes cités.
There is more archeological, epigraphic and literary information dealing with ancient towns from the Narbonnaise — which have never been or have stopped being a county town at a moment — than with the rest of the Gauls. Regarding the ancient towns of the Narbonnaise, the idea of secundary towns has been introduced. The article emphasises the fact that this kind of town has to be designed according to the Roman organisation of the territory : a major town becomes a secundary one because it comes within the jurisdiction of another town. But although it is located on the territory of a town, it can also have its own territory. Indeed it is necessary to take the different meanings of the word territory into account, but also the distinction between natural territory, food-producing territory and administrative territory.
The following evoluting scheme is proposed. When the province was organised, during the Augustean age, the imperial power essentially aimed at keeping a territory for its own colonial creations ; the imperial power introduced the provincial Latin law in most of the other towns. The existing communities kept their autonomy and territory under the name of oppida latina. Then Rome reorganised everything by creating large building projects on the pattern of those already existing in Nîmes and Vienne. This stage can be dated back to the Flavian age. From that time on, a certain number of autonomous oppida were joined to large towns.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Philippe Leveau
Agglomérations secondaires et territoires en Gaule Narbonnaise
In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 26, 1993. pp. 277-299.
Citer ce document / Cite this document :
Leveau Philippe. Agglomérations secondaires et territoires en Gaule Narbonnaise. In: Revue archéologique de Narbonnaise,
Tome 26, 1993. pp. 277-299.
doi : 10.3406/ran.1993.1438
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_1993_num_26_1_1438Résumé
La documentation archéologique, épigraphique et littéraire portant sur des agglomérations antiques de
Narbonnaise qui n'ont jamais été ou ont cessé d'être un moment chef-lieu de cité est plus abondante
que dans le reste des Gaules. A leur propos, on a créé le concept d'agglomération secondaire. L'article
insiste sur la nécessité de bien concevoir ce type d'agglomération dans l'organisation romaine du
territoire : une agglomération « importante » devient secondaire parce qu'elle a été placée sous la
juridiction d'une autre. Mais bien que située sur le territoire d'une cité, elle peut avoir elle-même un
territoire. Il importe en effet de tenir compte de la diversité des significations données au mot « territoire
» et de la distinction à faire entre « territoire naturel », « territoire vivrier » et « territoire administratif ».
Le schéma évolutif suivant est proposé. Au moment de l'organisation de la province, à l'époque
augustéenne, le pouvoir impérial se préoccupa essentiellement de ménager un territoire à ses propres
créations coloniales; il implanta le droit latin provincial dans la plupart des autres cités; sous le nom A'
oppida latina, les collectivités existantes gardèrent leur autonomie et leur territoire. Par la suite, Rome
procéda à des remaniements par la création de vastes ensembles sur le modèle de ce qui existait déjà
pour Nîmes et Vienne. Cette étape peut se situer à l'époque flavienne. C'est alors qu'un certain nombre
d'oppida autonomes furent rattachés à grandes cités.
Abstract
There is more archeological, epigraphic and literary information dealing with ancient towns from the
Narbonnaise — which have never been or have stopped being a county town at a moment — than with
the rest of the Gauls. Regarding the ancient towns of the Narbonnaise, the idea of secundary towns has
been introduced. The article emphasises the fact that this kind of town has to be designed according to
the Roman organisation of the territory : a "major" town becomes a secundary one because it comes
within the jurisdiction of another town. But although it is located on the territory of a town, it can also
have its own territory. Indeed it is necessary to take the different meanings of the word "territory" into
account, but also the distinction between "natural territory", "food-producing territory" and "administrative
territory".
The following evoluting scheme is proposed. When the province was organised, during the Augustean
age, the imperial power essentially aimed at keeping a territory for its own colonial creations ; the
imperial power introduced the provincial Latin law in most of the other towns. The existing communities
kept their autonomy and territory under the name of oppida latina. Then Rome reorganised everything
by creating large building projects on the pattern of those already existing in Nîmes and Vienne. This
stage can be dated back to the Flavian age. From that time on, a certain number of autonomous oppida
were joined to large towns.AGGLOMERATIONS SECONDAIRES
ET TERRITOIRES EN GAULE NARBONNAISE
Philippe LEVEAU*
Au mois d'octobre 1992 sur l'initiative du Conseil général de la Moselle se tenait à Bitche un
colloque sur les agglomérations secondaires. Le but de la réunion était à la fois de dresser un état des
connaissances sur cette forme d'habitat et d'inviter à réfléchir sur ce concept. Les contributions essent
ielles venaient des archéologues qui rencontrent de plus en plus fréquemment cette sorte de site dans
leurs inventaires archéologiques et leurs fouilles de sauvetage. C'est de leurs recherches qu'est né ce
terme dont l'utilisation, relativement récente, remplace peu à peu celui de vicus utilisé traditionnellement
en Gaule (1). Un autre mot, le mot villa, est l'objet d'un débat. Celui qui nous intéresse est beaucoup
plus délicat.
En effet on peut se demander si dans ce cas le concept lui-même existait dans l'Antiquité. Prenons
la définition souvent citée qu'en donne Isidore de Seville à une époque tardive (VIIe siècle), au terme
de l'évolution qui nous intéresse; il écrit : Vici et castella et pagi hi sunt qui nulla dignitate civitatis
ornantur, sed vulgari hominum conventu incoluntur et, propter parvitatem sui, majoribus civitatibus
adtribuuntur. Ce texte a été traduit ainsi : « Les vici, castella et pagi sont des agglomérations qui ne
peuvent prétendre au titre de cité : ils constituent l'habitat d'un simple agrégat d'hommes rattachés, à
cause de sa petitesse, à des cités plus importantes »(2). Si l'on se fie à la traduction, on aurait là une
mention du mot latin correspondant à agglomération. En réalité il n'y a rien de tel dans le texte d'Isidore;
il vaudrait sans doute mieux traduire de manière peu élégante : « les vici, castella et pagi sont ce qui
ne peut prétendre au titre de cité; ils sont habités par une simple réunion d'hommes (3) et, à cause de
leur faible importance, sont placés sous le contrôle de cités plus importantes ». Dans le cas présent, le
traducteur a été contraint d'inventer un concept cerné négativement (ce qui n'est ni ville ni chef-lieu)
et qui recouvre des réalités différentes.
* Professeur (Antiquités Nationales), Université de Provence, 29, av. Robert-Schuman, 13621 Aix-en-Provence, Cedex 1.
(1) M. Mangin, J. Jacquet et J.-P. Jacob, Les agglomérations secondaires en Franche-Comté romaine, Paris, 1986. M. Mangin,
J.-P. Petit (sous la dir. de), Les agglomérations secondaires de Gaule Belgique et de Germanies (Actes du colloque de Bliesbruck), Paris,
1994.
(2) Isidore de Seville, XV, 2, 1 1 ; trad, par J.-M. Flambard, Collegia Compitalicia : phénomène associatif, cadres territoriaux et
cadres civiques dans le monde romain à l'époque républicaine, Ktema, 1981, p. 145.
(3) D'une certaine manière le mot conventus peut correspondre à notre notion d'agglomération. Mais il y a une différence fondamentale :
nous pensons à des unités d'habitation qui sont installées les unes à côté des autres ; le latin renvoie aux hommes qui se réunissent en un
lieu. Ainsi P.-M. Duval explique la précision de Pline à propos des Convenue, in oppidum contributif comme un commentaire, une expli
cation-traduction de Convenae considéré comme formé de corn et venio (P.-M. Duval, Les peuples de l'Aquitaine d'après la liste de Pline,
Revue de Philologie, de littérature et d'histoire ancienne, 19-1955, p. 214-227 = p. 724).
Revue Archéologique de Narbonnaise, 26, 1993, p. 277-299 :
P. LEVEAU 278
Je voudrais reprendre et compléter le bilan fait à Bliesbruck en montrant qu'un certain nombre de
problèmes peuvent être résolus et d'autre mieux posés si la réflexion sur les agglomérations secondaires
s'accompagne d'une réflexion sur le territoire de la cité(4). Le concept d'agglomération secondaire ne
vaut en effet que si on le relie au problème du territoire : une agglomération « importante » devient
secondaire parce qu'elle a été placée sous la juridiction d'une autre (5). Avant que les fouilles n'imposent
au monde savant cette réalité, à une époque où l'essentiel des connaissances venaient des textes et
précisément dans la mesure où ceux-ci en parlaient fort peu, on a pu croire que le village était sans
importance. Nous allons voir que cette opinion n'est plus admissible.
Le cas de la Narbonnaise est sensiblement différent de celui de la Gaule de l'intérieur et du Nord.
L'influence hellénique s'y est exercée avec précocité, elle a connu une proto-urbanisation et la pénétration
romaine y est plus ancienne. Les Romains l'ont très tôt considérée comme proche de l'Italie. La
documentation écrite, littéraire et épigraphique, y fait connaître un nombre important de noms d'agglo
mérations. En Gaule intérieure, Rome se trouvait en présence d'un relati

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