Ajustement structurel et stabilisation : Tanzanie et Kenya dans les années 80 - article ; n°109 ; vol.28, pg 123-138
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Tiers-Monde - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 109 - Pages 123-138
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Werner Biermann
Jean-Marc Fontaine
Ajustement structurel et stabilisation : Tanzanie et Kenya dans
les années 80
In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 123-138.
Citer ce document / Cite this document :
Biermann Werner, Fontaine Jean-Marc. Ajustement structurel et stabilisation : Tanzanie et Kenya dans les années 80. In: Tiers-
Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 123-138.
doi : 10.3406/tiers.1987.4487
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1987_num_28_109_4487AJUSTEMENT STRUCTUREL
ET STABILISATION :
TANZANIE ET KENYA DANS LES ANNÉES 80*
par Werner Biermann** et Jean-Marc Fontaine***
Pays voisins, autrefois terres de commerce de la civilisation swahili,
puis possessions britanniques, tirant aujourd'hui le plus clair de leurs
recettes d'exportation du café, le Kenya et la Tanzanie vont connaître,
sur le plan extérieur, des évolutions parallèles au cours des années 80.
Il n'est donc guère surprenant qu'Hs aient l'un et l'autre adopté des
trains de mesures proches, guère surprenant non plus, vu leur faible
taille et leur faible pouvoir de négociation internationale, que ces
mesures aient été frappées au coin de l'orthodoxie.
Derrière la ressemblance des politiques économiques, ce sont pourt
ant des logiques sociales différentes qui ont joué : Г « ajustement »
n'a pas la même signification au Kenya, héritier d'une colonisation de
peuplement et de mise en valeur agricole, puis industrielle et financière,
et en Tanzanie, territoire largement laissé en friche, et administré sur
le modèle moins traumatisant de Vindirect rule. Les structures de classe
sont différentes, avec une pénétration marchande plus ancienne et plus
profonde au Kenya, de même que les situations régionales, la Tanzanie
ayant fait, dès les années 30, figure de marché pour l'industrie kenyane.
Les enjeux internes et régionaux des mêmes réformes sont donc très
différents. Ce que nous voulons faire ici, c'est lever l'hypothèse d'unicité
de l'Etat, qui joue comme un voile, pour décrypter l'évolution des
politiques économiques en termes d'affrontements internes, et de restruc
turations hégémoniques, plutôt qu'en termes de pressions exercées par
les puissances financières internationales.
♦ Cet article est la version abrégée d'un document de travail, mêmes auteurs, même
titre, Document de travail 87-2, miméo, groupe Rosa (leped), iEDES-Paris - uer d'Economie-
Amiens.
** Economie Research Bureau. University of Dar es-Salaam.
*** Université de Picardie et iEDEs-Paris.
Revue Tiers Monde, t. XXVIII, n° 109, Janvier-Mars 1987 w» BIERMANN ET J.-M. FONTAINE 124
I. — Tanzanie : crise et recherche de l'ajustement
Après une décennie marquée par la mise en œuvre d'un modèle
socialiste original de développement, appuyé et financé en particulier
par le Mouvement social-démocrate européen, la Tanzanie connaîtra,
à partir de 1974, une crise due à la chute des rentrées de devises et à
l'épuisement des réserves. Ce qui apparut alors comme un déséquilibre
passager allait marquer un tournant décisif dans le complexe économique
et politique.
Quoique les déséquilibres de 1974 n'aient pas été alarmants en eux-
mêmes, ils menaçaient les fondements du IIIe Plan quinquennal, adopté
cette année-là. La « Stratégie des Industries de Base » (bis : Basic Indus-
trial Strategy) mettait l'accent sur la création d'un secteur national de
biens de production, complémentaire à la réforme agraire. Sévèrement
limité par la faiblesse du marché intérieur, le pays manquait de surcroît
du savoir technique et des capacités de génération d'un surplus écono
mique nécessaires pour achever ce programme par lui-même. Le recours
aux crédits extérieurs et à des importations était indispensable. Préfé
rant, pour préserver l'indépendance nationale, un financement multil
atéral à toute formule bilatérale, le gouvernement prit langue avec le
FMI, qui rejeta sa demande1.
Le « boom du café » de 1976, dû à une envolée des prix consécutive
à la destruction de la récolte brésilienne, se produisit dans ces conditions,
apportant au pays les devises nécessaires à la poursuite du plan de recons
truction industriel. Cet apport d'oxygène ne dura guère, le Brésil réta
blissant rapidement sa suprématie sur le marché mondial2.
Simultanément, la Banque mondiale exigea une libéralisation des
importations — position que la Tanzanie, qui s'apprêtait à signer un
accord de crédit à long terme avec la Banque mondiale, se vit contrainte
d'adopter, les restrictions aux importations consécutives à la crise
de 1974 ayant précisément bloqué la réforme agraire3 — les réserves
1. R. Green et al., ULconomic Shocks and National policy-making : Tanzania in the 1970' s,
La Haye, 1980, et W. Biermann, Predicament and Transformation : Tan^anian politics under IMF
pressure, miméo, School of African and Oriental Studies, London, Conference on Tanzania
after Nyerere, June 1986.
z. Sur les structures du marché mondial du café, C. F. Marshall, The Coffee World Trade,
Cambridge, 1983, passim.
3. Cf. P. Raikes, Socialism and Agriculture in Tanzania, miméo, soas, London, Joe. cit. Les
calculs de la fao estiment que de 30 à 60 % des inputs industriels sont importés; Marketing
Development Bureau, Dar es-Salaam, Documentation (n° 11.3/84), 1984. AJUSTEMENT STRUCTUREL ET STABILISATION 125
de change ayant été principalement affectées à l'importation d'équipe
ments industriels. Cette recommandation produisit des effets désastreux,
la libéralisation des importations entraînant massive de
biens de consommation4 — un trait qui souligne bien la force dont
disposait le secteur commercial privé5.
La crise politique de 1978 vint aggraver les choses. Réagissant à
l'invasion de ses provinces du Nord, la Tanzanie s'engagea dans une
guerre contre le régime d'Amin Dada — une guerre qui absorba environ
1 million de dollars par jour.
Aussi, en 1979, la Tanzanie est-elle au bord de la faillite : sa base
industrielle s'effrite, faute de pouvoir importer les biens les plus nécess
aires. Compréhensiblement, le gouvernement approche à nouveau le
FMI. Les crédits recherchés sont destinés à l'industrie — l'intention du
gouvernement est de poursuivre sa politique de bis6.
Un accord sera conclu en septembre 1980. Mais les instances poli
tiques ne sont déjà plus unanimes : la mise en œuvre de l'accord est,
dès le début, rendue extrêmement délicate par les discours et déclarations
anti-FMi de personnalités de premier plan, parmi lesquelles le président
Nyerere lui-même. En moins de trois mois, la Tanzanie viole les termes
de l'accord, et le fmi suspend totalement son crédit7.
Le parti anti-FMi exploite pleinement la situation, et présente un
« Plan national de Survie économique » (nesp : National Economie Sur
vival Plan) qui contient plusieurs mesures d'urgence appuyées sur
l'hypothèse que le pays possédait les ressources et le surplus nécessaires
pour pallier le retrait des crédits internationaux. L'argumentation de ce
parti exposait clairement les dangers qu'un accord avec le fmi ferait
courir au « pacte social » avec les masses. Mais Д faisait totalement abstrac
tion de l'état réel de l'économie, en totale régression avec un secteur
industriel chutant de près de 100 %, et un recul marqué des productions
agricoles vivrières et d'exportation8.
Les années suivantes, 1981-1984, virent une politique économique
4. D'après C. Payer, Tanzania and the World Bank, Third World Quarterly, vol. 5, n° 4,
1985.
5 . Malgré les nationalisations des armées 70, le secteur commercial est resté privé. Contrôlé
majoritairement par la communauté indienne, il représente la seule niche de reproduction
au sein de laquelle une minorité ethnique peut compter sur l'appui politique soit du gouverne
ment indien, soit de l'Aga Khan, chef de la communauté ismaélite.
6. La politique du fmi envers la Tanzanie est largement analysée par A. Singh, conseiller
personnel du ministre de la Planification, The Present Crisis of the Tanzanian Economy :
Notes on the Economics and Politics of Devaluation, Africa Devel

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