Analyse structurale d un roman chinois : le Si Yeou-Ki - article ; n°4 ; vol.17, pg 647-662
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1962 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 647-662
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 98
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Atsuhiko Yoshida
Analyse structurale d'un roman chinois : le Si Yeou-Ki
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 17e année, N. 4, 1962. pp. 647-662.
Citer ce document / Cite this document :
Yoshida Atsuhiko. Analyse structurale d'un roman chinois : le Si Yeou-Ki. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 17e
année, N. 4, 1962. pp. 647-662.
doi : 10.3406/ahess.1962.420867
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1962_num_17_4_420867STRUCTURALE D'UN ROMAN CHINOIS ANALYSE
Le Si Yeou-ki1
M. Atsuhiko Yoshida appartient à cette jeune génération de savants
japonais ouverts aux cultures européennes, anciennes et modernes, non
moins qu'à celles de V Extrême-Orient. Il a été frappé par une analogie, en
effet remarquable, entre ce que j'appelle la structure indo-européenne des
trois fonctions — plusieurs fois exprimée, dans Vlnde et ailleurs, par des
équipes bien articulées de héros dont chacun représente une des fonctions,
ou un aspect d'une des fonctions — et la structure que constituent, par leurs
caractères individuels et par leurs rapports, les principaux personnages du
célèbre roman chinois qui relate la Quête des écritures bouddhiques indien"* л
par un prêtre chinois. Ces quelques pages posent très bien le problème et
montrent comment on peut espérer le résoudre.
Georges Dumézil.
1. Le Si Yeou-ki est un ouvrage de Wou Tch'eng-ngen (vers 1510-1580) et conte le
fameux voyage que le moine San Tsang (= Tripitaka) effectua au vne siècle pour
rapporter en Chine les livres sacrés bouddhiques (sur le voyage de Tripitaka,
cf. Mémoires sur les contrées occidentales par Hiouen-Thsang, traduit en français par
S. Julien, 2 vol., 1857-58 ; S. Beal, Buddhist Records of the Western World, I-II, 1884).
Si le roman qui est en réalité tout à fait mythologique, ne date que du xvie siècle, la
matière en était depuis longtemps traitée et développée par les conteurs Chouo-
houa-jen, probablement par l'école qu'on a appelée « the school of narrators of religious
stories » (cf. J. Prusek, « The narrators of Buddhist scriptures and religious tales »,
Archiv Orientální, X, 1938, p. 375-388). Nous ne pouvons pas aborder la question de
ces écoles de conteurs. Les sources de l'époque des Song en signalent quatre. Mais la
détermination de ce que représente chacune est un des problèmes les plus discutés de
l'histoire de la littérature chinoise. « Probablement, dit M. Prusek, il n'y a pas deux
savants qui s'accordent sur ce problème » (op. cit., p. 375). Toutes les données sont
présentées dans deux excellents articles de M. Prusek : celui de 1938 et « Researches
into the Beginnings of the Chinese Popular Novel », Archiv Orientální, XI, 1939,
p. 91-132). L'existence de l'école qui nous concerne ici est attestée à l'époque des Tang
par des textes des « pien-wen » (chantefables) qui datent de cette époque ou même
d'avant (R. Ruhlmann, « Traditional Heroes in the Chinese popular fiction », dans
The Confucian Persuasion, édité par A. F. Wright, 1960, p, 143 ; Prusek, «The narrat
ors... », p. 378). L'activité de ces conteurs, qui existaient probablement « depuis qu'il
y avait en Chine des centres urbains » (Hightower, Topics in Chinese Literature,
1950, p. 378), devint particulièrement intense sous la dynastie des Song (cf. J. Gernet,
La Vie quotidienne à Vépoque des Song, 1959, p. 240-245). Or, de cette époque, nous
avons deux textes traitant du voyage de San Ts'ang, où les auteurs se sont certaine-
647
Annales (17e année, juillet-soût 1962, n° 4) 2 ■
ANNALES
Le singe Wou Kong
On sait que, dans la mythologie épique de l'Inde, Vayu, qui est le dieu
du vent et qui, en même temps, patronne et représente l'aspect le plus
brutal de la fonction guerrière x, est mis dans une relation très étroite
avec le singe. Dans le Ramayana, le singe Hanumat est son fils et, comme
lui, vole dans l'air avec une vitesse extraordinaire : d'un seul élan, il
peut faire mille fois le tour du Mont Meru. En IV, 67, 9 et suiv., il se vante
en ces termes de son ascendance et de ses pouvoirs 2 :
« Celui qui rompt les sommets des montagnes... le puis
sant et incommensurable Vàyu qui circule dans l'espace,
ce Màruta aux bonds impétueux, à la course rapide, à la
grande âme, je suis son fils, et, pour l'agilité, son émule.
Le mont Meru, ce colosse qui semble lécher le ciel, je puis,
sans me reposer, en faire mille fois le tour. »
Et un peu plus loin (ibid., 17 et suiv.) :
« Je dépasserai en vitesse tous les êtres qui voyagent
dans les airs ; les océans, je les dessécherai, je fendrai la
terre. Les montagnes, je les ébranlerai par mes sauts et
mes bonds ; dans la fougue irrésistible de mes élans, je
bouleverserai la grande mer. La floraison multiple des
lianes et des arbres, je vais l'entraîner de toutes parts à
ma suite, aujourd'hui, dans ma course aérienne. »
Sa force est énorme. « En le secouant de mes bras vigoureux, dit-il, je
puis, avec l'Océan, submerger le monde, ses montagnes, ses rivières et
ses lacs. » (IV, 67, 12.) Dans la bataille, il ne se sert que de ses bras et de
sa queue, ou bien il se fait une arme de n'importe quoi. « Un millier de
Ravanas ne sauraient me tenir tête dans le combat, déclare-t-il ; je les
écraserai sous des milliers de rochers et d'arbres. » (V, 42, 35.)
ment servis d'une espèce de « guidebook » pour les conteurs : en récitant l'histoire
devant le public, ceux-ci développaient longuement ce que le texte disait en quelques
mots (cf. Prusek, op. cit., p. 880 et suiv.). A l'époque des Yuan, l'histoire avait déjà
pris une forme tout à fait analogue à celle du roman de Wou Tch'eng-ngen. En effet,
de cette époque, nous avons un roman de Yuang Tche-lio, intitulé Si Yeou-Jd, dont
Wou Tch'eng-ngen n'a pas seulement adopté le titre, mais aussi suivi fidèlement le
plan, à quelques épisodes près (pour la comparaison des deux romans, cf. Ou Itai, Le
Raman chinois, Paris, 1933, p. 35). — Je remercie vivement M. R. Ruhlmann, profes
seur de chinois à Pïïeole des Langues Orientales, qui a bien voulu lire et améliorer le
présent essai.
1. Cf. par ex. S. Wikíndsr, traduit dans G. Dumézil, Juviier, JMars, Quirinus,
IV, 1948, p. 37 et suiv.
2. Les vers du Ramayana sont cités d'après la traduction de A. Roussel.
643 YEOU-KI SI
II a en outre le pouvoir de métamorphose (IV, 3, 2) et change de taille
à son gré. Il se fait haut comme une montagne (V, 42, 30-31) et petit
comme un chat, comme un pouce (V, 2, -47) x. De même que son père est
souvent considéré dans la littérature épique comme le serviteur et surtout
comme le messager d'Indra 2, Hanumat, dans le Ramayana, est le ser
viteur fidèle de Rama, qui est un guerrier d'un type beaucoup plus régul
ier, plus « indraïque » (Rama est surtout un excellent archer), et il sert
en particulier de messager entre Rama et sa femme captive. D'autre
part, dans son insolence, il se montre entièrement du « type Vayu ». A
peine né, il s'est élancé dans le ciel pour dévorer le soleil et Indra l'a puni
en. le précipitant sur une pointe de rocher où il s'est cassé le menton
(IV, 65, 21 et suiv.). 3
Dans le Mahabharata, cet aspect brutal de la fonction guerrière est,
comme M. Wikander Га clairement montré, représenté par un autre fils
de Vayu, le second des cinq frères Pandava, le colossal Bhima, mais le
poète a été conscient de l'affinité de ces deux enfants du dieu Vent
(cf. III, 146, 65 et s.) : « Comme Hanumat souleva Gandhamadana,
dit-il, Bhima souleva un éléphant » (VII, 129, 86). D'ailleurs, si Hanumat
ne joue pas dans le Mahabharata le rôle de premier plan qu'il a dans
l'autre épopée, il д'еп est pourtant pas absent. Le grand singe placé en
guise d'étendard sur le char d'Arjuna (qui est le guerrier du « type Indra »)
n'est autre que Hanumat lui-même. En III, 148, 17, Hanumat dit qu'il
vivra aussi longtemps que se racontera l'histoire de Rama et, en III,
151, 17, il annonce qu'il poussera des cris sur l'étendard du fils de Pandu.
En effet le singe-étendard d'Arjuna ouvre la bouche et pousse des cris
(VII, 88, 26) *.
Enfin, dans le Ramayana, Hanuma

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