Anthropologie et philologie - article ; n°1 ; vol.9, pg 220-250
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1886 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 220-250
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1886
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ollivier-Beauregard
Anthropologie et philologie
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 9, 1886. pp. 220-250.
Citer ce document / Cite this document :
Ollivier-Beauregard . Anthropologie et philologie. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 9, 1886.
pp. 220-250.
doi : 10.3406/bmsap.1886.4878
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1886_num_9_1_4878'
220 SÉANCE DU 15 AVRIL 1886.
Anthropologie et philologie ;
' PAR M. 0. BEAUREGARD.
La communication que, sous ce titre, je me propose de
faire à la Société, comprend deux parties: l'une et l'autre
consacrées à l'anthropologie.
La première atteste l'importance de, l'étude des mots de
toutes langues pour arriver à la connaissance plus exacte des
mœurs chez les nations anciennes et modernes.
La seconde atteste l'importance de l'étude comparative
des langues pour atteindre à une plus exacte classification des
races dans l'antiquité et dans les temps modernes.
C'est la première partie seulement que je vais soumettre
aujourd'hui à la Société.-
I
L'anthropologie est, sans contredit, la science aux plus
ambitieuses visées ; son domaine n'a de limites que celles de
la terre, et, quoique bien jeune encore, elle agite des pro
blèmes qui relèvent d'un passé sans origine, connue, d'un
passé fait d'existences usées dans le silence, éteintes dans
l'oubli et dont l'amoncellement, plus de cent fois séculaire,
est, comme l'ensemble des eaux de la mer, un amalgame
formé de contingents ignorés venus de toutes parts.
Faire l'ordre scientifique dans ce chaos sans âge et sans
fond n'est point besogne courante et facile, et, pour y pro
céder avec quelque espoir de réussite, ce n'est point trop de
l'intervention active de toutes les sciences acquises.
La connaissance exacte et raisonnée de la constitution
anatomique et physiologique de l'homme n'est pas en effet,
tant s'en faut, toute l'anthropologie.
Les conditions physiques et sociales de l'existence de
l'homme comprennent tout un monde d'autres existences,
tout un monde d'actes intellectuels. 0. BEAUREGARD. — ANTHROPOLOGIE ET PHILOLOGIE. 221
Les fastes géologiques ; l'influence variée des phénomènes
atmosphériques; les productions animales et végétales des
espaces sur lesquels l'homme a vécu dans le passé et vit
dans le présent; les animaux, ses contemporains successifs
ou continus, qu'il a assouplis à son service ; ceux dont il a
occasionnellement ou habituellement fait sa nourriture; les
habitations foraines ou fixes qu'il a occupées, les armes qu'il
a créées ; les outils de son industrie de tous les âges 5 ses fêtes
et ses deuils, ses fétiches et ses trophées; tout enfin, dans
l'ordre matériel et intellectuel de la vie dé l'homme à l'en
fance de tout ou grandi dans la civilisation, est d'intérêt
primordial pour la science anthropologique, et c'est un devoir,
pour quiconque y prend intérêt, de travailler, dans le sens de
ses études de prédilection, à constituer le fonds d'acquisitions
scientifiques dont l'anthropologie a besoin pour mener à bien
la tâche fort complexe qu'elle s'est donnée.
Il y a là, bien assurément, de la besogne pour toutes les
bonnes volontés, et, à mon humble avis, pour la science du
langage, pour la philologie, une place entre toutes honorable.
Car la philologie, c'est la physiologie du langage, et comme
toute langue est le réservoir général, le fonds commun des
acquisitions intellectuelles du peuple qui la parle, étudier
une langue, c'est étudier dans son passé et dans son présent
la vie du peuple qu'elle représente.
A ce titre, la philologie est incontestablement un, des plus
sûrs auxiliaires de l'anthropologie.
Pour témoigner de l'exacte justesse de cette affirmation,
nous pouvons, tout à l'aise, prendre nos preuves dans toutes
les langues connues. Toutes les langues, en effet, anciennes
ou modernes, sauvages ou civilisées, reflètent dans l'en
semble de leurs éléments les plus actifs, l'état d'esprit ancien
et nouveau, aussi bien que les aspirations des populations
dont elles été ou sont encore les organes. , > . , ■ < séance pu 15 avril 1886, : 32'2
..,■ •_••'„■:■ _-■ ;■■ : .
;
Ainsi, quand les naturels de la Sénégambie, tout particu
lièrement ceux des contrées de Walo, de Kaïor, de Ghiolof,
de Baol, de Salôm et aussi ceux du Sénégal et de Corée, tous,
population de langue ouoiofe, disent des Européens qui vien
nent les visiter, qu'ils sont baghio-bour-ghici, c'est-à-dire
' ou aussi: maîtres de la mer1, ils êtres, enfants de la mer,
dénoncent sans ambage leur isolement antérieur et leur igno
rance dut reste du monde. Quand, pour désigner, l'acier, ils
disent : vègn-vou-ngniomé, c'est-à-dire mot à mot: fer brave,
ils accusent leur caractère fier et résolu, et, de fait, leur lan
gue compte, entre autres mots, ceux de : ndioulit, vertu;
ngniomé, courage \ ted, honnêteté ; deng, vérité.
Ces mêmes populations désignent le champignon par les
mots : mbar-ou-mèat, qui se traduisent littéralement par :
halle ou abri du crapaud, et par là elles nous font assez cla
irement connaître la forme arrondie en ombrelle des huttes
primitives qu'elles habitent. • .
Le fusil, dont le nom a, chez nous, pour valeur première,
le sens de : petit foyer, petite fusée,' a pris, a,u contraire, chez
les Ghiolofs, une appellation fort énergique, qui rend'bien
l'effet saisissant qu'ont produit sur leur esprit l'éclat retentis
sant et l'action mortelle de cet engin. Ils le nomment fêtai,
c'est-à-dire à l'impératif: frappe. Au fusil à deux coups, ils
ont donné le nom de gniar-i-ghêmign : les deux gueules. Chez
eux encore le miroir est indiqué par un nom parlant, ils le,
nomment : setou, qui signifie littéralement : se. regarder.
Témoignant, à l'occasion, de leur esprit d'observation, les
Ghiolofs donnent à leur mot : dom, la triple signification :
enfant, pépin et fruit. '
■ L'anthropologie a, ce me semble, quelque avantage à con
naître ces détails, et ce ne sont point les seub que peut me
fournir la langue de ces sauvages. Par elle, en effet, nous
1 Les Ghiolofs disent aussi Toubab, pour Européen. BEAUREGARD. — ANTHROPOLOGIE ET PHILOLOGIE. 223 0.
apprenons que, chez eux, la famille est assez régulièrement
organisée. Nous y trouvons les mots :
ghiabar, épouse. . > • Ghiakar, époux 3
c ' Albqï, père; ndeï, pière,
dom-ghigf\en, fiile. Pom-gour, fils;
kiamign, frère, par rapport à la sœur. Mak et Rak, frère;
nadihciê, oncle. Ghighen, sœur;
Je trouve encore les mots ; do/?, héritier; ndonèl^ succçs*
sion, qui témoignent d'une organisation sociale déjà avancée.
Enfin, les Ghiolofs ont une numération dont voici l'exposé
sommaire :
1. Bèn.
2. Gniar.
3. Gnièlt. • _ .
4. Gnianèntt.
5. Gniourôm.
6. Gniourôm-bèn ,..,..,,., ,... 5 + 1=6
7 . Gniourôm-gniar ,....,.,,.. 5+2= 7
' 8 . Gniourôm-gniétt ,,,,,..,,.,, 5 + 3= 8
9. Gniour6m-gnianènUi,.xt. ,,,.,.., 5 + ^ = 9
10. Fom&. ,,,,,,,*
10 J4, i^ou/s-ai-bè» + 1 = H
12. Fouk-ak-gniar , 10 + 2 = 12
13. Fouk-ak-gniètt *«..«, 10 + 3 = 13
14. Fouk-ak-gnianèntt ,•«,.., 10 + 4 = H
15. Fouk-ak-gniourôm..^ ,,.,,,,.,,., 10 + 5 = 15
16. Fouk-ak-gniour6m-bèn n«.,, 10 +5+1=18
17. Foukrak- gniourôm-gniar. ,,,.,.., 10 +5+2=^17
18. Fouk-ak-gniotirôm-gnièU% ,,. 10"-4-5+-3=1 8
19. Fouk-ak- gniourôm- gnianèntt 10 -4-5+4=19
20 . Nitt ou bien Gniar-tfouk, ,.«,..,. 2?<ÎQ =2Q
20. Fanevèr ou bien Gniett-i-fouk 3 X 10=30
40. Gnianènlt-i-fouk '. 4 X 10 =50
50. Gniourôm-i-fouk 5 X 10=50
60. Gniourôrn-bèn-i-fouk 5-1-1=6 XlO=sGO
100. Témér. • ■
1000. Ghiouné.
1000000. Tamdarètt*.
* Conf. Baron Roger, Recherches philosophiques sur fa langue ouolofe;
Lambert, Grammaire ouolofc ; l'abbé Boil it, Grammcnre wolofe. SÉANCE DU 15 AVRIL 1886. 224
III
Sur un autre point du sol africain, dans le sud-est, les
Bassoutos nous of

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