Anvers aux XVe et XVIe siècles : expansion et apogée - article ; n°2 ; vol.16, pg 248-278
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1961 - Volume 16 - Numéro 2 - Pages 248-278
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

J. A. Houtte
Anvers aux XVe et XVIe siècles : expansion et apogée
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 16e année, N. 2, 1961. pp. 248-278.
Citer ce document / Cite this document :
Houtte J. A. Anvers aux XVe et XVIe siècles : expansion et apogée. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 16e année,
N. 2, 1961. pp. 248-278.
doi : 10.3406/ahess.1961.420705
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1961_num_16_2_420705aux XVe et XVIe siècles Anvers
EXPANSION ET APOGÉE
Depuis une époque bien reculée, le delta des fleuves qui drainent
vers la mer du Nord le commerce d'un vaste arrière-pays, a fait
des Pays-Bas un centre privilégié de trafic. A la fin du Moyen Age, ses
ports et ses marchés comptaient parmi les plus actifs de l'Europe. Les
villes de l'Yssel, principalement le port de Kampen, situé à l'embouchure
de ce bras du Rhin, ou celles de la Hollande septentrionale, notamment
Enkhuizen, Hoorn et Amsterdam, étaient alors de loin inférieures en
importance au groupe de cités situées à l'intérieur ou en bordure de l'archi
pel zélandais. Parmi elles, Dordrecht, favorisée par sa situation géogra
phique aux bouches du Rhin et de la Meuse, et par la jouissance d'un droit
d'étape, qu'elle s'efforçait avec persévérance de maintenir contre les
embûches des concurrents, contrôlait encore en majeure partie la naviga
tion de ces deux fleuves. A l'autre extrémité du delta, Bruges jouissait,
certainement depuis le xne siècle, d'une prépondérance marquée, dont elle
était redevable non pas au rôle de marché « international » qu'elle aurait
joué, mais au caractère particulièrement actif de son arrière-pays indust
riel, la Flandre 2. Elle conservait encore, semble-t-il, vers 1400, son
ancienne primauté mais devait affronter la concurrence de marchés an
imés d'un vif mouvement ascensionnel : Middelburg, dans l'île de Walche-
ren, Berg-op-Zoom, sur l'Escaut oriental, enfin Anvers, qui bientôt allait
se hisser au rang de « métropole de l'Occident » 3, et réduire les autres
centres de trafic de la région du delta au rôle de satellites.
1. Le présent article constitue le développement d'une conférence faite à l'Ecole
des Hautes Etudes le 17 mars 1959. L'auteur n'a pris connaissance qu'après la rédac
tion de ces pages du livre de V. Vasquez de Prada, Lettres marchandes ď Anvers, I,
Introduction (Paris, s. d., Ecole Pratique des Hautes Etudes, VIe Section. Centre de
Recherches Historiques. « Affaires et Gens d'Affaires », XV). Se rapportant essentiell
ement à l'histoire d'Anvers après la période dont il est traité dans les pages suivantes,
le travail de M. Vasquez de Prada permet de saisir à la fois les permanences et l'évo
lution du marché d'Anvers.
2. J. A. van Houtte, « Bruges et Anvers, marchés « nationaux » ou « internati
onaux », du xive au xvie siècle », dans Revue du Nord, XXXIV (1952), p. 95 ss.
3. E. Sabbe, Anvers, métropole de VOccident, 1492-1566, (Bruxelles, 1952, Collec
tion « Notre Passé », 6e série, n° 2).
248 ANVERS
De l'essor d'Anvers, le mouvement de sa population donne une image
saisissante. D'après un dénombrement de foyers, exécuté en 1374, la ville
peut avoir compté quelque 5 000 habitants. Ce chiffre avait quadruplé
vers 1440, et décuplé vers 1500, pour atteindre le chiffre de 100 000 x
lorsque Ludovico Guicciardini rédigea, aux alentours de 1560, sa « Des
cription de tout le Païs-Bas », dont la partie sur Anvers, écrite sur un
ton dithyrambique, constitue la pièce de résistance. L'écrivain florentin
ne tarit pas d'éloges sur l'animation et la prospérité de la ville 2. Mais
nous avons beaucoup d'autres témoignages antérieurs. Que ce soient le
noble andalou Pero Tafur en 1438, le médecin Monetarius de Nuremb
erg en 1495, Antonio de Beatis, secrétaire du cardinal d'Aragon, en
1517, le peintre Albert Durer en 1521, le secrétaire de l'Infant Philippe
(le futur Philippe II), Juan Christobal Calvete de Estrella en 1549, l'h
umaniste anglais Roger Ascham en 1550, et le pédagogue italien Jean-
Michel Bruto en 1555 : tous expriment leur admiration à la vue des merv
eilles que leur offrait la cité brabançonne 3. Mais n'est-il pas encore
plus significatif que Thomas More commence son Utopie (1516) en nar
rant sa rencontre, à Anvers, la ville cosmopolite par excellence, avec cet
Hythlodée qui allait lui servir d'informateur sur l'île de ses rêves 4 ?
1. R. Mols, Introduction à la démographie historique des villes ď Europe du XIVe
au XVIIIe siècle (Louvain, 1954-1956, 3 vol., Université de Louvain, Reeueil de Tra
vaux d'Histoire et de Philologie, 4e sér., nos 1-3), III, p. 520, s'appuyant sur J. Cuve-
lies,, Les dénombrements de foyers en Brabant, XIVe-XVIe siècle (Bruxelles, 1912,
Commission Royale d'Histoire, série in-4°), et R. Boumans, « L'évolution démogra
phique d'Anvers (xve-xvme siècles) », dans Bulletin de Statistique, XXXIV, 1948,
p. 1683-1693.
2. Ludovico Guicciardini, Descrittione di tutti i Paesi Bassi, altrimenti detti
Germania Inferiore (Anvers, Silvius, 1567). Une traduction française parut la même
année : Description de tout le Pais Bas, autrement diet la Germanie Inférieure ou Basse
Allemaigne (ibidem, 1567). La partie relative à Anvers a été rééditée : Description de
la cité ď 'Anvers par Louis Guicciardini, gentilhomme Florentin (Anvers, 1920).
3. H. van der Linden, « Le Voyage de P. Tafur en Brabant, en Flandre et en
Artois (1438) », dans Revue du Nord, V (1914), p. 230 ; E. Ph. Goldschmidt, « Le
Voyage de Hieronymus Monetarius à travers la France (17 septembre 1494-14 avril
1495) », dans Humanisme et Renaissance, VI (1939), p. 529-530 ; Die Reise des Kar-
dinals Luigi ď Aragona durch Dcutschland, die Niederlande, Frankreich und Ober Italien,
1517-1518, beschrieben von Antonio de Beatis, éd. L. Pastor (Fribourg-en-Brisgau,
1905, Erlâuterungen und Ergánzungen zu Janssens Geschichte des deutschen Volkes,
IV, fasc. 4), p. 111-112 ; Le Voyage d'Albert Durer dans les Pays-Bas, traduit et com
menté par J. A. Goris et G. Marlier (Bruxelles, 1937) ; J. Chr. Calvete de
Estrella, Le très heureux voyage fait par très-haut et très-puissant prince Don Phi
lippe, fils du grand empereur Charles-Quint depuis VEspagne jusqu'à ses domaines de
la Basse-Allemagne, avec la description de tous les Etats de Brabant et de Flandre, trad.
J. Petit (Bruxelles, 1873-1884, 5 vol.), IV, p. 19 ; R. Ascham, The whole Works, éd.
Giles (Londres, 1864-1865, 4 vol.), I, p. 212 ; M. Battistini, « Jean Michel Bruto,
historien et pédagogue », dans De Gulden Passer, nouv. sér., Ill (1925), p. 152-157.
Les données de ces auteurs relatives à Anvers sont reprises ou résumées dans J. A. Go
ris, Lof van Antinerpen. Hoe reizigers Antwerpen zagen van de XVe tot de XXe eeww
(Anvers, 1940), p. 24-43.
4. Th. More, U Utopie ou le Traité de la meilleure forme de gouvernement, éd.
M. Delcourt (Paris, 1936), p. 46-47.
249 ANNALES
Nous avons essayé de retracer ailleurs les étapes de l'expansion
d'Anvers 1. On nous permettra de nous borner à les résumer dans le pré
sent article. Anvers était, au moins depuis le xine siècle, le siège d'un
marché qui n'était pas sans importance pour la région du Bas-Escaut.
Cette importance lui venait pour une bonne partie de l'échange qui s'y
faisait entre les draps de Flandre et de Brabant, le sel et le poisson des
sauneries et pêcheries de la Zélande, d'une part, et les laines d'Angleterre,
les vins et les métaux du pays rhénan, d'autre part. On le voit, dès une
époque relativement reculée, une clientèle étrangère, parmi laquelle se
distinguaient les Anglais et les marchands de Rhénanie, s'y donnait
rendez-vous 2. Ce fait allait être à l'origine de sa fortune. Le déclin de
la draperie flamande, et le développement de la concurrence anglaise lui
donnèrent une première et forte impulsion. Les Flamands, gênés par
une politique de protectionnisme à courte vue, entendaient s'opposer
autant qu'ils le pouvaient à l'écoulement des tissus anglais dans leur
pays, et en particulier sur le marché de Bruges. Ils réussirent à obtenir
de Philippe le Bon qu'il interdît l'imp

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