Apprentissage de langages humains par divers Anthropoïdes - article ; n°2 ; vol.77, pg 551-577
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Apprentissage de langages humains par divers Anthropoïdes - article ; n°2 ; vol.77, pg 551-577

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Description

L'année psychologique - Année 1977 - Volume 77 - Numéro 2 - Pages 551-577
Résumé
Cet article fait le point des travaux sur l'apprentissage de langages humains par des Anthropoïdes. En 1977, les possibilités linguistiques d'une vingtaine de chimpanzés et d'un gorille ont été démontrées par six équipes de recherches américaines : les Gardner, R. Fouts, H. Terrace et F. Patterson avec l'American Sign Language, utilisé par les sourds en Amérique du Nord ; les Premack et D. M. Rumbaugh avec des systèmes de communication idéographique préservant les aspects universels de la structure linguistique.
Summary
This article sums up the experiments on language learning in apes. As of 1977, the linguistic abilities of some twenty chimpanzees and one gorilla have been demonstrated by six american research teams : the Gardners, R. Fouts, H. Terrace and F. Patterson using American Sign Language ; the Premacks and D. M. Rumbaugh with ideographical Systems of communication preserving the universal features of linguistic structure.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

R.-G. Busnel
C. Granier-Deferre
Apprentissage de langages humains par divers Anthropoïdes
In: L'année psychologique. 1977 vol. 77, n°2. pp. 551-577.
Résumé
Cet article fait le point des travaux sur l'apprentissage de langages humains par des Anthropoïdes. En 1977, les possibilités
linguistiques d'une vingtaine de chimpanzés et d'un gorille ont été démontrées par six équipes de recherches américaines : les
Gardner, R. Fouts, H. Terrace et F. Patterson avec l'American Sign Language, utilisé par les sourds en Amérique du Nord ; les
Premack et D. M. Rumbaugh avec des systèmes de communication idéographique préservant les aspects universels de la
structure linguistique.
Abstract
Summary
This article sums up the experiments on language learning in apes. As of 1977, the linguistic abilities of some twenty
chimpanzees and one gorilla have been demonstrated by six american research teams : the Gardners, R. Fouts, H. Terrace and
F. Patterson using American Sign Language ; the Premacks and D. M. Rumbaugh with ideographical Systems of communication
preserving the universal features of linguistic structure.
Citer ce document / Cite this document :
Busnel R.-G., Granier-Deferre C. Apprentissage de langages humains par divers Anthropoïdes. In: L'année psychologique.
1977 vol. 77, n°2. pp. 551-577.
doi : 10.3406/psy.1977.28214
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1977_num_77_2_28214APPRENTISSAGE DE LANGAGES HUMAINS
PAR DIVERS ANTHROPOÏDES
par René-Guy Busnel et Carolyn Granier-Deferre1
Laboratoire d'acoustique animale2
Ecole pratique des Hautes Etudes
SUMMARY
This article sums up the experiments on language learning in apes. As of
1977, the linguistic abilities of some twenty chimpanzees and one gorilla
have been demonstrated by six american research teams : the Gardners,
R. Fouts, H. Terrace and F. Patterson using American Sign Language ;
the Premacks and D. M. Rumbaugh with ideographical systems of commun
ication preserving the universal features of linguistic structure.
I. — INTRODUCTION
Après le symposium international sur l'apprentissage de langages
humains par des Anthropoïdes3, tenu à Paris en juillet 1976, dans le
cadre du XXIe Congrès de Psychologie, il paraît utile de
faire une mise au point de ce thème.
Ces travaux ont donné lieu, prématurément à notre avis, à des prises
de positions formelles (Mounin, 1976), beaucoup plus subjectives qu'obj
ectives, qui paraissent dues, en grande partie, à une connaissance incomp
lète tant des techniques que des résultats publiés, dont la diffusion, en
Europe, et surtout en France, est relativement limitée.
Les recherches en question sont toutes œuvre de psychologues et
psychophysiologistes américains ; elles ont commencé en 1966, et cer-
1. Un des auteurs, Carolyn Granier-Deferre, tient à remercier le service
culturel du ministère des Affaires étrangères et l'Association Naturalia et
Biologia, qui, par des bourses de voyage, lui ont permis de faire un séjour
auprès des différentes équipes américaines, en mai 1977.
2. I.N.R.A.-C.N.R.Z., 78350 Jouy-en-Josas.
3. Il s'agit en fait des seuls Pongidés, au sens zoologique strict du terme ;
nous utiliserons indifféremment dans ce texte les deux mots ; celui d'anthro
poïde sera alors considéré valable seulement pour le chimpanzé, le gorille et
l'orang-outan.
L'Année psychologique 2/77, 551-578 B.-G. Busnel et C. Granier-Deferre 552
taines ont déjà été popularisées, autour de Washoe et de Sarah, et de
leurs auteurs, les Gardner et les Premack ; actuellement, en 1977,
six équipes américaines travaillent et le nombre des animaux en expé
rience est de l'ordre de la vingtaine. Nous présenterons donc ici une
synthèse des principales acquisitions des Anthropoïdes étudiés, dans le
cadre des objectifs et des méthodologies propres à chacune des équipes
concernées ; on insistera surtout sur les résultats les plus récents ou
encore méconnus des lecteurs français, en restant délibérément à l'écart
des querelles qui se sont développées autour de ces recherches, tant en
Europe qu'aux Etats-Unis.
II. — HISTORIQUE DU PROBLÈME
a) APPRENTISSAGE VOCALIQUE
Tous les essais pour apprendre à des Anthropoïdes le langage voca-
lique humain, et il y en a eu quatre depuis le début du siècle, ont été
négatifs ; si nous les rappelons ici, c'est qu'une théorie pour expliquer
ces échecs a été récemment avancée, avec beaucoup de publicité, par
Lieberman, de Brown University (1975).
La thèse proposée s'appuie sur des travaux d'anatomie comparée
fonctionnelle du tractus vocal de divers Primates et de l'Homme ; les
conclusions de Lieberman le conduisent, tout d'abord, à démontrer que
l'absence de parole des Anthropoïdes repose, entre autres, sur les limi
tations structurales des volumes des cavités pharyngiennes et supra-
laryngiennes, avec une faible mobilité de la langue et des lèvres.
Il fait sensation en étendant ses conclusions à l'homme de Neand
erthal, à partir de reconstitutions du conduit vocal, basées sur l'étude
des parties osseuses de crânes fossiles ; il conclut en effet que ces struc
tures ne permettaient pas la production physique des sons des voyelles
(A, I, U) et qu'en conséquence le langage verbal n'était pas possible à ce
stade de l'évolution humaine.
A notre avis, aucune des hypothèses avancées ne mérite d'être
retenue, aussi bien pour les Anthropoïdes que pour le Neanderthal1. Il
suffirait de demander à l'auteur qu'il examine, avec ses méthodes, des
syrinx de mainate ou de perroquet, et qu'il dise alors si les propriétés de
ces organes tubulaires lui paraissent physiquement aptes à produire des
sons de parole humaine ! D'autre part, il semble ignorer certaines langues
qui n'ont pas les voyelles en question, ne serait-ce que les langues sifïïées
ou les langues à clics, dont il n'a apparemment jamais entendu parler,
sans omettre les possibilités de langage vocalique des laryngectomisés.
1. Il y a pour le Neanderthal, de nombreuses autres objections d'ordre
socio-anthropologique que nous n'avons pas à développer ici. Apprentissage de langages humains 553
Nous n'avons donc actuellement aucune base anatomique sérieuse, au
niveau du conduit vocal, pour inférer que les Anthropoïdes ne peuvent
avoir la capacité d'émettre des sons de structure physique analogue à ceux
de la parole humaine.
Ceci étant, on est bien obligé de constater l'échec des tentatives
d'apprentissage vocalique des Anthropoïdes, sans avoir pu encore en
définir les raisons neurophysiologiques.
b) APPRENTISSAGE ET TRAVAUX BASÉS
SUR LA COMMUNICATION VISUELLE
C'est dans ce cadre que se rejoignent tous les travaux modernes qui,
en 1977, ont donc déjà accumulé durant onze ans des données recueillies
sur plus d'une vingtaine d'animaux de différentes espèces, par les diverses
équipes de recherche.
Leurs démarches sont en fait complémentaires, et on se doit de pré
senter, pour chacune d'elles, une vue d'ensemble qui, seule, permettra de
dégager les principales lignes des travaux en cours qui adoptent trois
grandes méthodologies :
1° La première correspond au type d'apprentissage du langage par
l'enfant humain, donc dans les conditions de maternage les plus proches
de celles vécues par des enfants avec des parents muets, et ce à l'aide du
langage gestuel des sourds-muets.
Cette méthode, inaugurée par les Gardner depuis 1966 (Université de
Nevada, Reno) avec Washoe, puis avec d'autres chimpanzés Moja, Pili,
Tatu et Dar, a été suivie par F. Patterson, depuis 1972 de
Stanford, Californie) avec une femelle gorille Koko et par l'équipe de
H. S. Terrace, L. Petitto et T. G. Bever, de l'Université de Columbia, à
New York. Leur hypothèse de travail est très différente des autres, et aussi
philosophiquement audacieuse : pour eux il n'y a langage, au sens humain
du terme, que lorsque l'animal a appris à se référer symboliquement à lui-
même. Ils espèrent arriver à montrer que l'animal sera capable d'expri
mer des sentiments en faisant référence à des émotions personnelles, et
en quelque sorte de faire de l'introspection. L'animal s'appelle Neam
Chimpsky (Nim), et le véhicule linguistique est l'A

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