Après le Mahd? : la politique coloniale chez les pasteurs arabes soudanais. - article ; n°69 ; vol.18, pg 123-158
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1978 - Volume 18 - Numéro 69 - Pages 123-158
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Madame Nicole Grandin
Après le Mahdī : la politique coloniale chez les pasteurs arabes
soudanais.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 18 N°69-70. 1978. pp. 123-158.
Abstract
N. Grandin. A fier the Mahdi: Colonial Policy among Pastoral Arabs in the Sudan. The British colonial practice in the Northern
Sudan was dominated by the fear of a resurgence of Mahdism. This resulted in frequent contradictions between a theory of
Native Administration, based upon the assumption of a tribal model, and empirical direct manipulations which ran contrary to the
principle of Indirect Rule, even as proclaimed in local officiai instructions. A comparison between two 'tribes' having similar ways
of life but a different history at the time of the Mahdiya shows a political development with thoroughly divergent trends. Amongst
the Humr—-who had supported the Mahdi—the officiai policy was to limit the Nazir's authority by developing the 'omodiya System
based upon lineage divisions. Amongst the Kababish, conversely, and because they had opposed the Mahdi, the colonial
government encouraged the consolidation of a tribal autocracy centered on the Nazir and his lineage. This was a stringent
departure from traditional practice, where the very nature of the economy precluded the formation of any permanent System of
centralized government.
Citer ce document / Cite this document :
Grandin Nicole. Après le Mahdī : la politique coloniale chez les pasteurs arabes soudanais. In: Cahiers d'études africaines. Vol.
18 N°69-70. 1978. pp. 123-158.
doi : 10.3406/cea.1978.2400
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1978_num_18_69_2400ETUDES ET ESSAIS
NICOLE GRANDIN
Après le Mahdi la politique coloniale
chez les pasteurs arabes soudanais
Le Soudan nilotique constitue pour anthropologie africaine un
champ investigation original en effet la différence des autres pays
du Sahel sa partie nord de la frontière égyptienne au loe parallèle
formé dès la fin du xixe siècle un ensemble régional articulé autour de
la vallée du Nil et peuplé pour une large part immigrants arabes
venus par vagues successives Egypte et Arabie depuis le vue siècle
Dans les années 1880 ce qui avait abord été une simple structure de
communication et échanges donné naissance dans la lutte contre la
domination turco-égyptienne installée depuis 1820 une société supra-
tribale inspiration religieuse musulmane et une entité politique théo-
cratique indépendante et proto-nationale tat mahdiste 1881-1898
Seule la partie sud du pays du loe parallèle aux Grands Lacs était restée
purement africaine isolée par des conditions géographiques défavorables
et protégée de toute influence et pénétration étrangère inter
vention en 1840 de la technologie européenne sous la domination turco-
égyptienne
Et histoire moderne commandée par ces éléments consolidé
cette spécificité du Soudan la différence encore des autres pays sahé-
liens celui-ci subi deux occupations coloniales qui ont duré une soixan
taine années chacune la Turkîya 1820-1880 et le condominium
anglo-égyptien 1898-1956 séparées dans le temps par émergence
de tat mahdiste indépendant Les forces populaires et religieuses
qui portaient ce dernier ont libéré le territoire de occupation turco-
égyptienne1 dans une première phase de guerre sainte révolutionnaire
jihad) sous la conduite du Mahdï Muhammad Ahmad 1881-1885
dans une seconde phase après la mort du Mahdî ces mêmes forces ont
tenu en échec en 1898 sous le Khalîfa Abdallahi son successeur
toutes les tentatives de reconquête
Avec écrasement par Kitchener en 1898 des forces du Khalîfa
Tout en qualifiant comme les autres auteurs de époque les forces mahdistes
de savage mob Winston Churchill qui participa en tant officier la recon
quête écrivait It should not be forgotten that he the Mahdî put life and soul
into the hearts of his countrymen and freed his native land of foreigners The
poor miserable natives eating only handful of grain toiling half-naked and
without hope found new if terrible magnificence added to life Within their
humble breasts the spirit of the Mahdist roused the fire of patriotism and religion
W.S CHURCHILL The River War Londres Eyre Spottiswoode iré éd 1899 259.
Cahiers tudes africaines 69-70 II 1-1-2 pp 123-158- NICOLE GRANDIN 124
la bataille de Karan est alors installée la seconde domination coloniale
fruit de la stratégie impérialiste britannique Se donnant pour prétexte
de rendre Egypte sa colonie perdue la Grande-Bretagne qui avait
exigé de une participation financière et militaire la recon
quête et désirait couvrir une apparence de légalité extension de sa
puissance en Afrique forgea pour le Soudan un statut hybride celui
de condominium anglo-égyptien Mais comme les Anglais occupaient
également Egypte depuis 1882 le Soudan vécut pendant près de
soixante ans la rivalité de ses deux colonisateurs qui se disputaient
le contrôle de son territoire alors même que le premier dominait le second
Cette situation complexe héritée en fait de la Turkîya profondément
influencé la politique indigène de administration britannique Elle
paradoxalement milité dans le sens de idéologie coloniale issue des
valeurs victoriennes de classe dont cette le Sudan Polit
ical Service était porteuse plus que nul autre corps colonial est
ainsi que la nécessité pour les Britanniques évincer Egypte pas
interféré bien au contraire avec les impératifs de la Native Adminis
tration qui là comme ailleurs dans Empire britannique constituèrent
le dogme administratif des années trente elle même contribué jus
tifier la transformation du Soudan en une sorte de laboratoire colonial
privé histoire isolé du monde extérieur et entièrement livré aux fan
tasmes du White burden
expérience mahdiste proposait en revanche un contrepoint redou
table Elle obligeait le colonisateur britannique tenir compte envers
et contre toutes ses convictions et son projet impérialiste de histoire
du colonisé histoire autant plus mena ante que liée celle de
ensemble du monde arabe elle ne le cédait en rien par sa complexité
et sa modernité celle du colonisateur lui-même
Pour briser les dynamismes intégrateurs internes et externes qui
avaient entraîné la formation de tat mahdiste indépendant et réduire
les résistances soudanaises qui étaient liées les Britanniques durent
souvent pratiquer sur le terrain une politique empirique intervention
en contradiction avec celle officiellement en vigueur qui procédait
de leur idéologie coloniale
On souvent dit et une partie du Sudan Political Service en était
convaincue que les Anglais avaient surestimé le risque une résur
gence du mahdisme une nouvelle explosion du fanatisme musulman
et que dans certaines régions du moins Sud-Kordofan et Darfur en
particulier) les mesures prises pour prévenir ce danger ont maladroite
ment contrecarré le fonctionnement cohérent de administration Les
archives britanniques2 font état incidents relativement nombreux et
Voir en particulier pour la période 1900-1936 la série des Sudan Intelligence
Reports et les dossiers classés sous la rubrique Security 6/9 et aux Archives
centrales de Khartoum également les Minutes of the Northern Governors Meeting
November 29 1936 Northern Province 1/16 Khartoum Tous ces documents
font état de troubles madhistes plus ou moins graves aussi bien dans ouest
Kordofan et Darfur que dans est provinces du Nil Bleu et du Kassala) COLONIALE AU SOUDAN 125 POLITIQUE
plus ou moins graves surtout dans Ouest du pays et dans la province
du Nil Bleu qui ont été classés comme étant inspiration mahdiste
Mais il est difficile travers les relations des District Commissioners
de savoir si ces incidents avaient un lien réel avec le passé du
pays ou ils étaient surtout des réponses une situation oppression
locale comme il en eut un peu partout dans Afrique coloniale musul
mane ou non Quoi il en soit administration britannique ne voulut
courir aucun risque le traitement elle réservé la Première
Guerre mondiale aux prisonniers mahdistes3 en est une preuve la poli
tique intervention et les manipulations du pouvoir tribal effectuées
par les District Commissioners en contradiction avec la lettre de la Native
Administration en sont une autre
est sur cette politique intervention ses origines sa pratique et
spécialement ses conséquences sur les structures de deux grandes tribus
arabes de pasteurs les Baggara Sud-Kordofan et les Kabâbîsh Nord-
Kordofan) que portera cette &#

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