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L’Art : Cours Introduction Etymologiquement, le mot « art » vient du latin « ars » qui désigne toutes les productions humaines. En ce sens il désigne tout ce qui est artificiel et non naturel. Le philosophe anglais du XVIème siècle Francis Bacon a pu écrire : « l’art, c’est l’homme ajouté à la nature ». Mais cette phrase désigne toutes les créations humaines, aussi bien celles des artisans que des artistes proprement dit. Ce n’est qu’au XIIIème siècle que les « beaux arts » se distinguent de l’artisanat et des autres formes de production. Mais dès lors se pose la question de savoir ce qu’est l’art, sa fonction comme son utilité. L’art semble artificiel au sens moderne de l’apparence. Il semble viser le rêve, l’illusion, la tromperie et nous éloigner à la fois de la réalité, de la vérité et de l’efficacité. Nous nous demanderons donc « A quoi sert l’art ? » au sens des six beaux-arts (architecture, sculpture, ème èmepeinture, théâtre, poésie, musique) sans oublier le 7 art (le cinéma), le 8 art (le film d’animation) et ce qu’on appelle aujourd’hui les arts plastiques. Pour cela, nous procéderons en trois temps : - L’art est-il une simple imitation de la nature ? - L’art est-il inutile ? - L’art est-il au service de la seule beauté ? I- L’art est-il une simple imitation de la nature ? a) Nature et artifice. Le naturel et l’artificiel sont deux notions opposées. Charles Baudelaire Louis-Philippe (portait) par Romain Roget qui n’était pas seulement ...

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Introduction
L’Art: Cours
Etymologiquement, le mot « art » vient du latin « ars » qui désigne toutes les productions humaines. En ce sens il désigne tout ce qui est artificiel et non naturel. Le philosophe anglais du XVIème siècle Francis Bacon a pu écrire : «l’art, c’est l’homme ajouté à la nature». Mais cette phrase désigne toutes les créations humaines, aussi bien celles des artisans que des artistes proprement dit. Ce n’est qu’au XIIIème siècle que les «beaux arts» se distinguent de l’artisanat etdes autres formes de production. Mais dès lors se pose la question de savoir ce qu’est l’art, sa fonction comme son utilité. L’art semble artificiel au sens moderne de l’apparence. Il semble viser le rêve, l’illusion, la tromperie et nous éloigner à la fois dela réalité, de la vérité et de l’efficacité.Nous nous demanderons donc «A quoi sert l’art? » au sens des six beaux-arts (architecture, sculpture, ème ème peinture, théâtre, poésie, musique) sans oublier le 7art (le cinéma), le 8art (le film d’animation) et ce qu’on appelle aujourd’hui les arts plastiques.Pour cela, nous procéderons en trois temps : -L’art est-il une simple imitation de la nature ? -L’art est-il inutile ? -L’art est-il au service de la seule beauté ? I-L’art est-il une simple imitation de la nature ? a) Natureet artifice. Lenatureletl’artificielsont deux notions opposées. Charles BaudelaireLouis-Philippe (portait) par Romain Roget qui n’était pas seulement poète mais aussi critique d’art voulait absolument que l’on distingue les deux. Pour cela il rapprochait l’art de la parure et du maquillage. Une couleur de cheveux naturelle se distingue d’une couleur artificielle. De même le fond de teint est un artifice et permet de corriger les imperfections naturelles de la peau. Pourtant, chacun conviendra qu’à l’origine, le but du maquillage est d’imiter la nature, même si c’est pour l’améliorer. Dans l’art il y a une part d’imitation. Celle-ci est évidente, par exemple dans un portrait (où l’on améliore souvent l’original…) Dans la caricature, on imitetout aussi bien la nature,même si c’est pour en montrer les très grossier jusqu’à provoquer le rire (cf. Les portraits de Louis-Philippe). b)Dénonciation de l’art imitation.Mais cette notion d’imitation est souvent condamnée par les philosophes qui y voient souvent une sorte de mensonge, unetromperie stérile et dangereuse. Ainsi, par exemple Platon exclura-t-il leLouis-Philippe est une poire, caricature par Daumier à partir de poète imitateur de sa cité idéale. (cf. texte) l’idée de PhiliponPlus de deux mille ans plus tard lepeintre courbet comme l’écrivain Zola provoqueront des scandales pour avoir peint ou décrit la réalité telle
qu’ils la voyaient plutôt que conformément à un idéal classique et attendu. Courbet ne pas des Vénus mais des femmes ; quand il peint des prêtres c’est avant tout des hommes. Le réalisme du sculpteur Rodin s’est retourné bizarrement contre lui: on lui reprochait d’avoir moulé directement ses modèles ! Le philosophe allemand du XIXème siècle Hegel, sans condamner à proprement parler l’art imitation veut n’y voir qu’une étape nécessaire mais primitive sur le chemin de la Vérité absolue (cf. texte) Il pense que cette étape est dépassée et devenue stérile. Pourtant,cela existe encore de nos jours, en particulier dans ce que l’on appelle l’hyper réalisme. Un tableau de Courbet un II-L’art est-il inutile ? peu trop réaliste… a)L’art doit-il servir ? On a toujours voulu faire servir l’art. Hegel voulait le mettre au service de la Vérité; la religion le limite à l’illustration des écritures(cf. par exemple le portail de la cathédrale de Reims); les hommes politiques veulent qu’il serve le pouvoir(Mansart met l’architecture de Versailles au service de Louis XIV, David peint des tableaux pour La Révolution Française ou Napoléon.)Pour nous (hommes et femmes du XXème siècle) , a priori, l’art ne sert à rien qu’à procurer un plaisir esthétique. On aime parce que c’est beau et que cela nous « parle ». En France, il y a eu toute une école qui défendait «l’art pour l’art» et pour rien d’autre avec à sa tête le romantique du XIXème siècle Théophile Gautier. Gautier voulait surtout que l’on distingue l’art et la morale. L’art n’a pas àêtre au service de la morale mais de lui-même (cf. Texte). Kant et Schopenhauer parlaient d’un « plaisir désintéressé » (ce qui faisait rire Nietzsche). En fait, les sensibilités Chemin de Croix (station quatre) ème Croix, école de Venise, 18siècleartistiques sont tellement différentes qu’on ne peut pas tirer de règle absolue sur une éventuelle fonction de l’art ou même sur son absence de fonction sociale. L’art peut servir le pouvoir autant que la révolution, la La Vénus de Botticelli résistance que la collaboration, il peut asseoir un roi comme le détrôner, se détourner du monde réel comme vouloir le transformer. Il peut se glorifier de son inutilité : « Etre un homme utile m’a toujours paru quelque chose de bien hideux», disait Baudelaire. Il ne voulait pas que l’artiste soit un simple serviteur mais un roi (avec quelques bourgeois à son service !) b) Lesublime. Vouloir mettre l’art au service de quoi que ce soit est sans doute trop limitatif.Vouloir mettre l’art au service de rien du tout est sans doute trop limitatif.L’art est au delà (ou en deçà) de servir au de ne pas servir, de l’être ou ne pas être (cf. Shakespeare…) il est plus exactement la douleur de l’entre deux, le cri de l’infini. Il fait découvrir avec horreur ou extase
que comme le disait Rimbaud « la vie est ailleurs ». Cela est-il valable aussi pour les artistes réalistes comme Courbet ou Zola ? Bien sûr, car pour eux, la vie est ailleurs que dans les représentations qu’on s’en fait généralement.L’art met l’homme en contact avec quelque chose qui dépasse ses facultés de représentation de la réalité (la raison et même l’imagination). C’est le sublime (cf.Farinellide Gérard Corbiau). Lesublime, c’est: le sentiment d’élévation qu’éprouve l’homme devant ce qui dépasse ses limites ordinaires. Il suscite l’admiration, le respect, parfois la terreur. On peut éprouver ce sentiment devant la nature : une tempête, la contemplation de la voute étoilée, la violence d’une bête sauvage. c) Apollonet Dionysos Les tableaux de David Friedrich, peintre Avec le sublime, il semble que l’art dépasse l’homme, ce qui romantique allemand rendent assez bien est paradoxal. Mais ne se peut-il pas que par l’art, l’homme l’impression de «sublime ».se dépasse lui-même comme dans la religion ? A partir de l’étude de l’antiquité grecque, dans un livre intituléLa naissance de la tragédie, Nietzsche distingue dans l’art deux forces antagonistes qui luttent et se déchirent, s’harmonisent et s’équilibres pour de nouveaux désordres : apollinien et le dionysiaque dont le nom vient de Dionysos et Apollon. Apollonle dieu brillant, prophète, qui représente les arts plastiques, le rêve, la belle apparence, leest plaisir des formes, la raison et la proportion. Il permet à la vie d’être vivable.Dionysosest l'ivresse, la folie qui abolit la subjectivité. Le principe dionysiaque dissout l'individualité et permet à l'homme de renouer avec sa nature bestiale : c'est le mystère de l'Un originaire qui ensorcelle tous les êtres, les font danser ensembledans l’extase et la terreur.Si l’art est au service de deux maîtres aussi différent, c’est peut-être parce qu’il n’en reconnaît aucunet qu’il se veut libre. On peut alors se demander ce que l’art doit être pour être considéré comme de l’art.III-L’art doit-il être beau ?
a) Lebeau et son contraire. Traditionnellement, on dit que leBeau est l’idéal de l’Art, de même quele Bien et le Vrai sont l’idéal de la Science et de la morale. Mais la beauté apollinienne de Nietzsche montre que celle-ci pourrait n’être qu’un masque, un voile pour protéger la conscience de la réalité, ses déchirements et ses horreurs. La beauté cache et révèle à la fois. Mais Nietzsche n’est pas le premier à remarquer ces tensions dans l’art. L’art souvent n’est beau que parce qu’il triomphe de son contraire. Ainsi Kant remarquait : «L’art ne veut pas la représentation d’une chose belle mais la belle représentation d’une chose». L’ambition de Baudelaire était de transformer le poète en alchimiste du verbe, de transformer la boue de l’existence en or. Le meilleur exemple en est La charogne. De même,
Le Radeau de la Méduse par Géricaultest une belle représentation d’une chose pas belle du tout…
avant lui, le peintre Géricault ne faisait pas de beaux tableaux en représentant de belles filles mais des fous et des folles par exemple… C’est aussi le peintre duRadeau de la méduse.Il est possible aussi se lasser de la beauté parce qu’elle estmenteuse et -pourquoi pas ?-ennuyeuse. «Un jour, j’ai pris la beauté sur mes genoux et je l’ai trouvée amère. Et je l’ai insultée» (Arthur Rimbaud). Pour une large part, une telle attitude est largement répandue dans l’art actuel. Beaucoup d’artistes peignent ou photographie des « femmes normales » tandis que les Vénus font vendre des voitures ou des régimes. b)Qu’est-ce que la beauté ? Mais pour savoir si l’artdoit être beau ou pas, encore faudrait-il savoir ce qu’est la beauté. Or, la beauté la beauté ne se laisse pas définir par l’intelligence. Elle est une question de goût de sensibilité esthétique qui dépend comme l’a montré Kant de la sensibilité de chacunmême si elle revendique sa vocation à l’universalité: Les gouts et les couleurs ne se discutent pas, pourtant on ne fait qu’en discuter. C’est ainsi qu’on voit que par l’art la sensibilité de chacun se dépasse dans quelque chose de plus vaste et qui n’estpas l’objectivité.En art, on oppose souvent lesclassiqueset lesmodernes. Lesclassiquessont les héritiers d’une longue tradition. Ils veulent une liberté éternelle, parfaite, presque répétitive (A la fin du XIXème siècle, on a dénoncé cet art comme « bourgeois »). Les thèmes de la peinture classique sont Lesmodernesau contraire cherchent des beautés nouvelles plus souvent tirés de l’histoireet de adaptées à leur époque mais en un sens aussi plus inquiétantes.l’antiquité en particulier. Ce détail d’un tableau de Jean-Léon Gérome nous donne une des raisons pour lesquelles A partir de Baudelaire, l’étrange, la bizarrerie, la surprise deviennent on a parlé souvent d’art «pompier»…presque systématiques dans l’art. Lautréamont, l’auteur des chantsde Maldoror a pu écrire par exemple : « Beau comme la rencontre fortuite s’une une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie». Cette conception paradoxale de l’art a été développée en particulier par les surréalistes. Ainsi par exemple Meret Oppenheim a-t-elle présenté en 1936 son Déjeuner en Fourrure, photographie ou l’on ne voyait pas des personnes habillées de fourrures, mais une tasse, sa soucoupe et une petite cuillère elles-mêmes couvertes de fourrure. Bien sûr, personne n’est obligé de trouver cela beau puisque comme le disait Kant, la beauté est libre. En peinture, les Impressionnistes étaient parmi les plus farouches adversaires de l’art académique. Ci-dessus un célèbre c) Beautésdu quotidien tableau de Claude Monet :Impression, soleillevant qui a donné son nom au Si la beauté est subjective, a-t-on véritablement besoin des artistesmouvement pour nous la révéler? Non, sans doute puisqu’il y a desbeautés naturelles. Pourtant, d’une certaine façon, les artistes nous apprennent à regarder, à écouter, à penser le monde autrement. Ainsi voit-on la nature autrement lorsque l’on est habitué à la voir en peinture ou en carte postale. Comme le dit Oscar Wilde, c’est Turner qui nous a apprit à regarder les couchers de soleil alors qu’avant lui on ne faisait que les voir.Les ready made nous permettent de voir le monde quotidien autrement. Ce sont des objets de la vie
courante qui ont été élevés au statutd’œuvre d’art par la librevolonté de l’artiste. On se souvient en particulier de l’Urinoir de Duchamp et de son porte-bouteilles. Walter Benjamin a remarqué qu’avecles nouvelles techniques de reproduction, l’œuvre perdait de son «aura », de sa magie. Mais peut être qu’inversement la désacralisation permet un réenchantement du monde. L’art permet de voir le monde autrement jusqu’au risque de s’annuler lui-même : En 1918, le Malevitch peint un Carré blanc sur fond blanc. John Cage en 1952 présente un concert intitulé «4’’33’» avec Une seule note suivie de 4 minutes et InénarrableMerda de Artistade Benzonitrente trois secondes de silence. Il nous apprend à écouter. En 1958, dansL’exposition du vide, Yves Klein nous présente une exposition où il n’y a que des murs à regarder. Sans œuvres.L’artiste Ben va jusqu’au bout de cette logique avec la notion d’art total où il n’y a finalement plus d’artiste, mais où n’importe qui faisant n’importe quoi devient créateur pourvu qu’il ait l’attitude artistique appropriée. Bien sûr, nul n’est obligéde trouver cela beau ni même intéressant, mais on s’y intéresse et en discute quand mêmeConclusion Nous nous demandions : «A quoi sert l’art?» Il nous apparaît maintenant qu’il métamorphose la vie humaine qu’il permet en quelque sorte de savourer deux fois, comme vécu et comme spectacle du vécu, étant entendu que notre façon de percevoir le monde change le monde. Dans un portrait comme dans une caricature, je vois à la fois l’autre et mon regard, la transformation de mon regard même.L’art est libre. S’il lui arrive de servir une cause, des intérêts, la morale ou autre chose, c’est parce qu’il le veut bien. La dimension du sublime voir du dionysiaque qui est en lui en fait une bête sauvage qui n’est jamais complètement apprivoisée.
L’art: Textes
- N'as-tu pas remarqué que l'imitation, si depuis l'enfance on persévère à la cultiver, se fixe dans les habitudes et devient une seconde nature pour le corps, la voix et l'esprit ?- Certainement, répondit-il. - Nous ne souffrirons donc pas, repris-je, que ceux dont nous prétendons prendre soin et qui doivent devenir des hommes vertueux, imitent, eux qui sont des hommes, une femme jeune ou vieille, injuriant son mari, rivalisant avec les dieux et se glorifiant de son bonheur, ou setrouvant dans le malheur, dans le deuil et dans les larmes ; à plus forte raison n'admettrons-nous pas qu'ils l'imitent malade, amoureuse ou en mal d'enfant. - Non, certes, dit-il. - Ni qu'ils imitent les esclaves, mâles ou femelles, dans leurs actions serviles. - Cela non plus. (...) - Et le hennissement des chevaux, le mugissement des taureaux, le murmure des rivières, le fracas de la mer, le tonnerre et tous les bruits du même genre (161), les imiteront-ils ? - Non, répondit-il, car il leur est interdit d'être fous et d'imiter les fous. (...) - Si donc un homme en apparence capable, par son habileté, de prendre toutes les formes et de tout imiter, venait dans notre ville pour s'y produire, lui et ses poèmes, nous le saluerions bien bas comme un être sacré, étonnant, agréable ; mais nous lui dirions qu'il n'y a point d'homme comme lui dans notre cité et qu'il ne peut y en avoir ; puis nous l'enverrions dans une autre ville, après avoir versé de la myrrhe sur sa tête et l'avoir couronné de bandelettes. Pour notre compte, visant à l'utilité, nous aurons recours au poète et au conteur plus austère 398b et moins agréable qui imitera pour nous le ton de l'honnête homme et se conformera, dans son langage, aux règles que nous avons établies dès le début, lorsque nous entreprenions l'éducation de nos guerriersPLATON, LaRépublique, Chapitre III Quel but l'homme poursuit-il en imitant la nature ? Celui de s'éprouver lui-même, de montrer son habileté et de se réjouir d'avoir fabriqué quelque chose ayant une apparence naturelle. [...] Mais cette joie et cette admiratiion de soi-même ne tardent pas à tourner en ennui et mécontentement, et cela d'autant plus vite et plus facilement que l'imitation reproduit plus fidèlement le modèle naturel. (...) Dieu est Esprit, et se laisse mieux reconnaître dans l'Esprit que dans la Nature. En entrant en rivalité avec la Nature, on se livre à un artifice sans valeur. Un homme s'étant vanté de pouvoir lancer des lentilles à travers un petit orifice, Alexandre, devant lequel il exécuta son tour de force, lui fit offrir quelques boisseaux de lentilles ; et avec raison, car cet homme avait acquis une adresse non seulement inutile, mais dépourvue de toute signification. On peut en dire autant de toute adresse dont on fait preuve dans l'imitation de la nature. C'est ainsi que Zeuxis peignait des raisins qui avaient une apparence tellement naturelle que les pigeons s'y trompaient et venaient les picorer, et Praxeas peignit un rideau qui trompa un homme, le peintre lui-même. On connaît plus d'une de ces histoires d'illusions créées par l'art. [...]  Onpeut dire d'une façon générale qu'en voulant rivaliser avec la nature par l'imitation, l'art restera toujours au-dessous de la nature et pourra être comparé à un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant. HEGEL,Esthétique, Introduction : Chap. I, Section II, §. 1
Une des choses les plus burlesques de la joyeuse époque ou nous avons le bonheur de vivre est incontestablement la réhabilitation de la vertu entreprise par tous les journaux, de quelque couleur qu’ils soient, rouges, verts ou tricolores. La vertu est assurément quelque chose de fort respectable, et nous n’avons pas envie de lui manquer, Dieu nous en préserve ! La bonne et digne femme ! (...) mais il me semble naturel de lui préférer, surtout quand on a vingt ans, quelque petite immoralité bien pimpante, bien coquette (...) Les journalistes les plus monstrueusement vertueux ne sauraient être d’un avis différent, et, s’ils disent le contraire, il est très probable qu’ils ne le pensent pas. Penser une chose, en écrire une autre, cela arrive tous les jours, surtout aux gens vertueux. Théophile Gauthier, Préface àMademoiselle de MaupinLa réception des œuvres d’art est diversement accentuée et s’effectue notamment selon deux pôles. L’un de ces accents porte sur la valeur cultuelle de l’œuvre, l’autre sur sa valeur d’exposition. La production artistique commence par des images qui servent au culte. On peut supposer que l’existence même de ces images a plus d’importance que le fait qu’elles sont vues. L’élan que l’homme figure sur les parois d’une grotte, à l’âge de pierre, est un instrument magique. Cette image est certes exposée aux regards de ses semblables, mais elle est destinée avant tout aux esprits (...)
Les diverses méthodes de reproduction technique de l’œuvre d’art l’ont rendue exposable à un tel point que, par un phénomène analogue à celui qui s’était produit à l’âge préhistorique, le déplacement quantitatif intervenu entre les deux pôles de l’œuvre d’art s’est traduit par un changement qualitatif, qui affecte sa nature même. De même, en effet, qu’à l’âge préhistorique la prépondérance absolue de la valeur cultuelle avait fait avant tout un instrument magique de cette œuvre d’art, dont on n’admit que plus tard en quelque sorte, le caractère artistique, de même aujourd’hui la prépondérance absolue de sa valeur d’exposition lui assigne des fonctions tout à fait neuves, parmi lesquelles il se pourrait bien que celle dont nous avons conscience lafonction artistiquepar apparaisse la suite comme accessoire. Il est sûr que, dès à présent, la photographie, puis le cinéma fournissent les éléments les plus probants à une telle analyse. »
WALTER BENJAMIN,ŒUVRES IIISculpture d’art total : soulever d’importe quoi, Musique d’art total : écouter n’importe quoi –peinture d’art total : regarder n’importe quoi… Fin de la suréminente hauteur de l’art, l’action est plus intéressante que le résultat, tout est art » BEN
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