Autoproduction de la grande entreprise et transformation de son univers marchand - article ; n°3 ; vol.32, pg 513-562
51 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Autoproduction de la grande entreprise et transformation de son univers marchand - article ; n°3 ; vol.32, pg 513-562

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
51 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1981 - Volume 32 - Numéro 3 - Pages 513-562
The self production of the large company and the conversion of its merchant universe
Michel Bauer, Eude Cohen
The authors break away from the dominant view of the large company — on adaptable actor and automatic calculator in a constrained environment and an instrument only of efficiency. They resituate the large firm as a center of private discretionnary power — in defining both the universe of goods and the structuring of the market. They suggest an unitarian conceptualisation enabling a visualisation both of how fonctions thé organisation and how its goals are set, what the internal power structure and the power over the market are, the results of past strategies and the caracteristics of present action.
Rompant avec les représentations de la grande entreprise, comme acteur adaptatif et optimisateur évoluant dans un univers contraint, et comme organisation instru­ment de la seule efficacité économique, les auteurs constituent la grande entre­prise en centre de pouvoir privé disposant d'un pouvoir discrétionnaire qui se manifeste tant dans la définition de l'univers des biens que dans la structuration du marché.
C'est une conceptualisation unitaire qui est proposée ici, elle permet de penser dans un même mouvement fonctionnement de l'organisation et production des buts, systèmes de pouvoir interne et pouvoir de marché, acquis du passé (politiques cristallisées) et pratiques actuelles.
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 99
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Michel Bauer
Monsieur Elie Cohen
Autoproduction de la grande entreprise et transformation de son
univers marchand
In: Revue économique. Volume 32, n°3, 1981. pp. 513-562.
Abstract
The self production of the large company and the conversion of its merchant universe
Michel Bauer, Eude Cohen
The authors break away from the dominant view of the large company — on adaptable actor and automatic calculator in a
constrained environment and an instrument only of efficiency. They resituate the large firm as a center of private discretionnary
power — in defining both the universe of goods and the structuring of the market. They suggest an unitarian conceptualisation
enabling a visualisation both of how fonctions thé organisation and how its goals are set, what the internal power structure and
the power over the market are, the results of past strategies and the caracteristics of present action.
Résumé
Rompant avec les représentations de la grande entreprise, comme acteur adaptatif et optimisateur évoluant dans un univers
contraint, et comme organisation instru-ment de la seule efficacité économique, les auteurs constituent la grande entre-prise en
centre de pouvoir privé disposant d'un pouvoir discrétionnaire qui se manifeste tant dans la définition de l'univers des biens que
dans la structuration du marché.
C'est une conceptualisation unitaire qui est proposée ici, elle permet de penser dans un même mouvement fonctionnement de
l'organisation et production des buts, systèmes de pouvoir interne et pouvoir de marché, acquis du passé (politiques cristallisées)
et pratiques actuelles.
Citer ce document / Cite this document :
Bauer Michel, Cohen Elie. Autoproduction de la grande entreprise et transformation de son univers marchand. In: Revue
économique. Volume 32, n°3, 1981. pp. 513-562.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1981_num_32_3_408605AUTOPRODUCTION
DE LA GRANDE ENTREPRISE
ET TRANSFORMATION
DE SON UNIVERS MARCHAND
INTRODUCTION
La grande entreprise, par son aptitude à créer des biens nouveaux,
par sa capacité à mobiliser, voire à créer, de nouveaux savoirs, par
son emprise sur les pratiques de consommation, apparaît comme un
partenaire nouveau d'un système politico-économico-social, qui ra
ssemble pouvoir public et pouvoir privé. En même temps qu'elle déve
loppe ainsi un pouvoir discrétionnaire face à l'univers marchand, elle
apparaît comme un lieu où se créent des relations sociales nouvelles,
notamment entre d'anciens et de nouveaux groupes professionnels et
sociaux. L'entreprise se produit en même temps quelle produit son
environnement : c'est cette double production sociale qui est ici objet
d'étude.
S'il s'agit souvent d'une production délibérée et même organisée,
c'est aussi parfois l'effet inattendu de l'action combinée de différents
groupes. Il reste que même dans le cas d'une production volontariste,
l'entreprise, pas plus qu'un autre acteur collectif, ne peut opérer les
transformations qu'elle souhaite en toute autonomie et en fonction
de son seul « libre arbitre » : située dans un environnement social,
économique et culturel, elle en subit les exigences en même temps
qu'elle peut les transformer : c'est cette relation double, de transfor
mation et de dépendance, qui est ici objet d'analyse.
Plus précisément, le schéma d'analyse, présenté ici, vise à apporter
des éléments de réponses aux six questions suivantes :
513
Revue économique — N* 3, mal 1981. Revue économique
1. Que faut-il entendre par environnement de l'entreprise ? Peut-on
le caractériser sans prendre en compte l'action même de l'entreprise 1,
ou ne faut-il pas au contraire penser d'emblée comme un
des acteurs d'un système qu'il faut alors spécifier ? Loin d'appréhender
l'environnement comme un grand tout extérieur à l'entreprise, plus ou
moins complexe, plus ou moins stable, plus ou moins homogène, plus
ou moins prévisible, mais toujours contraignant, on analysera le sy
stème des acteurs dans lequel s'inscrit l'entreprise, et les relations
sociales qui s'y développent.
2. Comment apprécier le pouvoir discrétionnaire dont dispose
éventuellement une grande entreprise ? Peut-on se contenter d'une
analyse quantitative visant à préciser sa place à un moment donné
par rapport à ses concurrents 2. Ne faut-il pas au contraire envisager
la spécificité de sa production sociale et notamment sa capacité à
transformer certains systèmes sociaux ? Ce sera alors notamment dans
les décalages entre la sociale d'une entreprise et celle de
ses concurrents que sera localisé son éventuel pouvoir discrétionnaire.
3. Comment rendre compte des grands choix et des politiques
d'une entreprise ? L'hétérogénéité et l'extrême variété des objectifs
que peuvent poursuivre les acteurs d'une entreprise interdisent d'as
similer son système de décisions à un modèle d'optimisation 3 et
contraignent le sociologue à caractériser à la fois la rationalité des
acteurs et celle de leur production. L'analyse du système de pouvoir
doit permettre de penser l'articulation entre ces deux réalités.
4. Quels sont les acteurs dominants au sein de ce système de pou
voir ? Quelle est la nature des relations qui lient détenteurs du capital
1. C'est le sens de la démarche de sociologues (Emery et Trist, « La trame
causale de l'environnement des organisations », Sociologie du travail, 4, 1964,
p. 337-350 ; P. R. Lawrence et J. W. Lorsh, Organization and environment,
Cambridge mass., Président and Fellows Harvard College, 1967), mais aussi de
toute la tradition microéconomique (F. M. Scherer, Industrial market struture and
economic performance, Chicago, Rand Mac Nally, 1970).
2. Ce sont toutes les analyses du pouvoir de monopole (J. Houssiaux, Le pou
voir de monopole, Paris, Sirey, 1958 ; W. H. Chamberlin, The theory of monop
olistic competition, Cambridge, 1933 ; P. A. Baran et P. M. Sweezy, Le capital
monopoliste, Paris, Maspero, 1968) et toutes les mesures de la concentration (cf.
notamment le résumé qu'a fourni A. Jacquemin dans L'économie industrielle,
Paris, Dunod, 1975).
3. Ni les dirigeants, ni les salariés ne peuvent être assimilés à des homo-
économicus, les hypothèses faites sur la fonction de préférence (F. Machlup,
« Theories of the firm », American Economic Review, mars 1967, p. 1-33) ou
sur le minimum satisfaisant (H. G. Simon et J. G. March, Les organisations, Paris,
Dunod, 1974) ne se révèlent guère plus opérationnelles.
514 Michel Bauer, Elie Cohen
et dirigeants effectifs de l'entreprise 4. De toute façon, cette relation
est-elle significative des choix politiques effectués ? Sous quelles condit
ions un processus de managérisation se développe-t-il et comment
des managers potentiels peuvent-ils s'affranchir des relations de subor
dination vis-à-vis des propriétaires ? Quel est alors le processus de
renouvellement des dirigeants ?
5. Comment rendre compte des changements organisationnels, et
plus généralement de la production d'un système organisationnel ?
S'agit-il d'une réponse d'adaptation nécessaire à des changements
structurels que l'entreprise ne maîtrise pas ou d'une production volont
ariste visant à prédéterminer partiellement ou totalement le compor
tement de certains acteurs 5 ? Peut-on enfin saisir le sens d'une product
ion organisationnelle sans penser sa relation aux politiques d'entreprises
et à son système de pouvoir ?
6. La complexité croissante des savoirs mis en œuvre dans une
entreprise conduit-elle à une prolétarisation des cadres et ingénieurs
qui deviendraient à leur tour des travailleurs parcellaires, parties pre
nantes d'un conflit central qui traverse l'entreprise ? Conduit-elle, au
contraire, au développement de professionnels dont le réfèrent deviend
rait alors extérieur à l'entreprise ; vers quel nouveau mode de capita
lisation des savoirs les grandes entreprises se dirigent-elles 6 ?
4. Il s'agit d'apprécier le pouvoir des propriétaires à partir d'une analyse
réelle du fonctionnement des entreprises et non pas, comme le veut la tradition,
d'une étude de la dispersion du capital (A. A. Berle et G. C. Means, Corporation
and private property, New York, Mac Millan, 1932 ; R. J. Larner, « Ownerwhip control in the 200 largest non-fina

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents