Avancés et retardés - article ; n°1 ; vol.18, pg 233-270
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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 233-270
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

P. Lapie
Avancés et retardés
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 233-270.
Citer ce document / Cite this document :
Lapie P. Avancés et retardés. In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 233-270.
doi : 10.3406/psy.1911.3857
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3857IX
AVANCES ET RETARDES
Je m'excuse de n'offrir aux lecteurs de l'Année qu'une
ébauche. L'enquête dont je vais leur rendre compte devait
durer un an et porter sur une centaine de sujets : en fait, elle
n'a pu durer que deux mois et porter que sur une vingtaine
d'écoliers. S'il nous avait été permis de prolonger nos investi
gations, nous aurions perfectionné nos méthodes, nous les
aurions mieux adaptées à l'objet de notre recherche; nous sans doute atteint des conclusions plus sûres. Néan
moins, nous espérons que les faits recueillis au cours de cette
étude inachevée ne seront pas inutilisables.
Le problème que nous nous posions était le suivant : dans
chaque classe, il existe un petit groupe d'élèves qui, plus
jeunes que la majorité de leurs camarades, comptent cepen
dant parmi les premiers. Et, inversement, un petit groupe
d'élèves qui, plus vieux que la majorité, comptent cependant
parmi les derniers. A quoi tient l'avance des uns, le retard des
autres ?
Pour le savoir, j'ai prié des instituteurs et des institutrices
de bien vouloir choisir dans leurs classes des élèves de ces deux
catégories et de les amener, le jeudi, au laboratoire de psychol
ogie récemment fondé à la Faculté des Lettres de Bordeaux.
Là, nous les soumettions aux diverses observations dont la
description va suivre. Non seulement les maîtres m'ont apporté,
au laboratoire même, un concours des plus précieux, mais ils
m'ont fourni de nombreux renseignements sur le travail,
l'assiduité, la santé, la famille et le milieu des écoliers. En
réalité, le travail qu'on va lire devrait être signé non pas de
mon seul nom mais de ceux de Mlles Bedout et Daroux, insti
tutrices, de MM. Duffieux, directeur d'école, Brunetier, F. La
coste et Jeancoux, instituteurs. Qu'il me soit du moins permis
de les remercier ici de leur active et intelligente collaboration.
Nos sujets — 23 garçons et une fille — appartiennent presque 234 MÉMOIRES ORIGINAUX
tous au cours moyen (première année) des écoles primaires;
deux seulement, sur les deux douzaines, appartiennent -à la
deuxième année du cours moyen l. Les avancés ont de huit ans
et demi à onze ans; les retardés de douze à quatorze ans.
Chacun des deux groupes peut être divisé en deux sous-groupes,
suivant que l'avance (ou le retard) atteint ou non deux ans. Si
donc nous appelons A le groupe des avancés et R celui des
retardés, nous distinguerons A2, sous-groupe où l'avance des
sujets est au moins de deux ans, et A1, sous-groupe où elle
n'est que d'une année ; R1, sous-groupe où le retard est à peine
d'une année, et R2, où il est de deux ans, sinon plus. Et nous
désignerons chaque sujet par le nom de son groupe auquel
nous ajouterons une lettre indiquant son rang dans ce groupe.
I
La place occupée par nos écoliers dans leurs classes nous
fournissait, pour la solution de notre problème, quelques
données. Les uns sont évidemment mieux doués que les autres.
Mais de quoi sont-ils mieux doués? Est-ce à la supériorité de
leurs aptitudes intellectuelles ou aux qualités de leur volonté
qu'ils doivent leur succès? L'école révélant une inégalité dans
le développement artificiel, provoqué, des facultés, il fallait
rechercher si ces facultés, dans leur exercice spontané, pré
sentent la même inégalité. Quels instruments intellectuels sont
mis à la disposition des uns et à la disposition des autres?
Existe-t-il, entre leurs fonctions mentales, de notables diff
érences quantitatives ou qualitatives ? Voilà comment se préci
sait, à nos yeux, notre problème.
Nous devions donc examiner le jeu des diverses fonctions.
Et d'abord le jeu des fonctions sensorielles. Les observations
faites sur le sens de l'ouïe (distance à laquelle est perçu le tic
tac d'une montre ou le chuchotement) et sur le sens du toucher
(esthésiomètre Pizzoli) n'ont pas révélé de différences appré
ciables entre nos divers groupes : les anomalies, d'ailleurs
rares, se répartissent également entre les avancés et les retardés.
Les observations relatives à la vue ont eu pour but d'apprécier
l'acuité de la vision et la qualité du sens des couleurs. Pour
1. Nous avons éliminé 'deux enfants, un garçon et une fillette, qui
appartenaient au cours élémentaire. Il nous a paru nécessaire de ne
comparer que des sujets comparables. LAPIE. AVANCES ET RETARDES 235 P.
mesurer l'acuité visuelle, on s'est servi du tableau de Binet,
placé à 5 mètres des sujets, dans un local abondamment éclairé.
Voici les résultats complets des expériences :
NOMBRE D'ERREURS COMMISES
ŒIL GAUCHE NOMS DES SUJETS
1« ligne 2« ligne 3e ligne ligne 2e ligne 3e lîgne
2 2 A2a
b 1 2
1 c 1
d
e 5 3
3 2 f
12 10
3 Ai a 6 6
c 3
1 d
e 6
1 f
1 9
36 13 33
3 RI a 3
b 6 4
c 5 3
d 5 7
3 e 2
21 20
R2a 2 3
b 2 2
c 1 1
7 d 7
e 3 1
3 3 f
18 17
1. Nous comptons 5 fautes à la lre ligne, 6 à la 2e, 7 à la 3« quand, à 5 mètres,
l'enfant ne peut lire aucune lettre.
Si, prenant pour unité la faute commise à la 3e ligne, on
compte pour 2 chaque faute commise à la seconde et pour 4
chaque faute commise à la première, on obtient les totaux sui
vants pour chaque groupe :
A2. 12 + 10 = 22
Al. 12 + 16 + 36 + 28 + 26 + 33 = loi
Bl. 10 4- 21 + 20 -f 16 + 20 = 87
B2. 20 + 14 + 18 + 12 + 14 + 17 = 95 236 MÉMOIRES ORIGINAUX
A2. 4r- o = 3,6 fautes,
Al. ^=21,4 -
Soit, en moyenne, pour chaque sujet de
RI. 4L = 17,4 -
R2. ~ = 15,8 —
Quelle conclusion tirer de ces faits? Qu'il n'est pas néces
saire d'être myope pour être intelligent, puisque les plus
avancés sont aussi ceux qui possèdent les meilleurs yeux. Mais
il serait imprudent d'aller plus loin, et d'attribuer à l'acuité de
leur vision leur précocité scolaire. Les myopes sont presque
également répartis entre les trois autres catégories, et l'un des
groupes d'avancés, A1, n'est pas celui qui en reçoit la moins
large part.
L'examen du sens des couleurs a été fait à l'aide du tableau
chromatique de Pizzoli. Trente rectangles colorés, séparés par
des intervalles blancs, sont fixés sur une feuille de papier.
Chacune des six couleurs principales du spectre (violet, bleu,
vert, jaune, orangé, rouge) est représentée par cinq nuances.
On donne au sujet, pêle-mêle, un nombre égal de rectangles
mobiles. Il doit placer chacun d'eux près du rectangle fixe de
couleur semblable. Il peut commettre des erreurs de nuance
(mettre un rectangle de couleur foncée à la place d'un autre de
couleur claire) ou des erreurs de couleur (mettre un bleu à la
place d'un vert, par exemple). Nos six écoliers les plus avancés
(A2) n'ont commis que deux erreurs de nuance et une erreur de
couleur. Les six retardataires du groupe R? n'ont commis que
trois erreurs de chaque espèce; et les cinq du groupe R, n'en
ont commis qu'une de l'espèce la plus insignifiante. En revanche,
le groupe A4 comprenait un daltonien qui confondait rouges et
verts, bleu et rouge, bleu et jaune, bleu et violet, et qui n'était
guère plus apte à discerner les nuances (4 fautes) que les cou
leurs. Avec un de ses camarades, qui prend deux rouges pour
deux violets et commet, en outre, dans ces deux couleurs,
cinq fautes de nuances, il contribue à faire de son groupe le
moins favorisé au point de vue chromatique. Abstraction faite
de ces cas extrêmes, dus sans doute à des dispositions orga
niques, les erreurs d'appréciation ne sont guère plus nomb
reuses dans un groupe que dans l'autre. Et ces cas extrêmes
prouvent que les avancés ne sont pas nécessairement mieux
armés que les autres pour se débrouiller au milieu des phéno
mènes naturels. P. LAPIB. — AVANCÉ

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