Avons-nous des sensations spécifiques de position des membres? - article ; n°1 ; vol.7, pg 249-263
16 pages
Français

Avons-nous des sensations spécifiques de position des membres? - article ; n°1 ; vol.7, pg 249-263

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
16 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1900 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 249-263
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1900
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ed. Claparède
XI. Avons-nous des sensations spécifiques de position des
membres?
In: L'année psychologique. 1900 vol. 7. pp. 249-263.
Citer ce document / Cite this document :
Claparède Ed. XI. Avons-nous des sensations spécifiques de position des membres?. In: L'année psychologique. 1900 vol. 7.
pp. 249-263.
doi : 10.3406/psy.1900.3216
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1900_num_7_1_3216XI
AVONS-NOUS DES SENSATIONS SPÉCIFIQUES
DE POSITION DES MEMBRES ?
Au dernier Congrès de Psychologie, à propos d'une commun
ication sur le sens musculaire, s'est élevée une petite discus
sion sur la notion de position des membres, et l'on a pu voir,
une fois de plus, de combien d'obscurité était entourée
cette question. Tandis que, pour les uns, l'attitude d'un membre
est sentie immédiatement, spécifiquement, pour ainsi dire,
pour les autres, il y a là un phénomène plus complexe et ce
n'est que par l'intermédiaire d'une association d'images que
l'on arrive à cet état de conscience qu'est la notion de position.
Nous voudrions rappeler brièvement ici, puisque ce sujet est
toujours d'actualité, quels sont les arguments logiques et
surtout psychologiques qui militent en faveur de cette seconde
manière de voir.
F^orsque nous avons des sensations de rouge, de salé, de
chaud, de contact, nous avons pris conscience, pour ainsi dire,
de l'excitant même qui a agi sur nos organes sensibles. De
même, si notre bras est placé d'une certaine façon, les articula
tions qui joignent ses segments seront le siège de pressions,
de tractions ; ces pressions, ces tractions objectives se tra
duisent dans notre conscience par certaines sensations plus ou
moins vagues, du genre des sensations de contact, données
sensibles qui n'impliquent nullement la conscience d'une cer
taine position. La position n'est pas, comme le rouge, le chaud,
une donnée simple, absolue, élémentaire ; c'est un état de
relation entre diverses données. Si donc, en réalité, les impres
sions émanant de nos articulations nous fournissent une notion
de l'attitude réciproque des segments mobiles, c'est que ces
impressions nous font connaître plus que ce qui est donné en
elles-raêmes ; c'est qu'elles évoquent des images étrangères à
leur propre contenu, grâce aux associations créées empirique- MÉMOIRES ORIGINAUX 250
ment. De même, quelques lettres tracées sur le papier sont
capables de manifester à la conscience une foule d'images, qui
sont loin d'être contenues dans les quelques lignes noires, objet
de la sensation proprement dite.
La statue de Condillac ou de Ch. Bonnet, à l'instant même
où on lui ouvre lessens, pourra percevoir l'odeur et la couleur
de la rose ; on ne peut s'imaginer qu'elle ait aussi, dès le début,
connaissance de la position de ses membres. Certes, ceux-ci
seront le siège de certaines sensations, mais dont le contenu
qualitatif n'impliquera aucune conscience de leurs relations
réciproques.
Examinons donc brièvement comment cette statue — l'enfant
nouveau-né et l'ataxique en période de rééducation se com
portent de la même manière —
acquerra la notion de la position de
ses membres. Supposons que, au
moment où nous lui accordons la
conscience, son bras se trouve plié
à angle droit, dans la position MAE.
Que ressentira-t-elle ? Un certain état sensationnel A, dû
aux impressions causées par le contact des surfaces articu
laires du coude, et par la traction exercée sur les liga
ments, etc., l'avant-bras étant soumis à la pesanteur. Et
c'est tout. — Modifions l'attitude de ce bras, et relevons
l'avant-bras de façon à ce qu'il ne forme plus qu'un angle
M'BE. L'état de conscience se modifiera aussi; les organes
musculo-articulaires, en effet, ayant été déplacés, se trouve
ront dans des conditions nouvelles de traction, de pression
mutuelles ; l'excitation résultant de ces conditions physiques
nouvelles sera donc différente de celle qui agissait précédem
ment : la sensation A cédera la place à une sensation B. —
Même raisonnement pour une nouvelle position M" CE, qui
fournira à la conscience la sensation C, différente de A et de B;
et ainsi de suite pour toutes les positions intermédiaires, qui
feront naître chacune une qualitativement différente.
Notre statue éprouvera donc une série d'impressions diverses,
mais ce sera tout. Aucune notion ou perception deposition ne
s'épanouira dans son esprit : il n'y a aucune raison, en effet,
pour que la sensation A informe la conscience que, lorsqu'elle
prend naissance, la main se trouve plus éloignée de l'épaule
que dans les cas où c'est B et C qui franchissent son seuil. La
connaissance des positions respectives de l'avant-bras M par CLAPARÈDE. SENSATIONS SPÉCIFIQUES 251 ED.
rapport au bras ne pourra se réaliser cme lorsque, à la suite
d'un grand nombre d'expériences, chacun des termes sensitifs
aura acquis une place déterminée dans la série ABC... et que
les termes extrêmes de la série ainsi formée se trouveront eux-
mêmes termes moyens de la série infinie de tous les fignes sens
itifs dont notre corps est le point de départ, atlas tactile que
Ton peut se représenter sous la forme d'une étendue sphé-
rique, où tous les termes sont à la fois initiaux, finaux et
moyens.
Cela revient à dire que la détermination de la position n'est
qu'un cas particulier de cette opération psychique qu'est la
localisation des parties du corps. Lorsqu'on touche quelque
région de notre corps, nous percevons, outre la nature et
l'intensité du contact, le lieu où celui-ci s'est produit ; c'est-à-
dire que nous nous représentons quelle distance, combien
d'intermédiaires séparent ce point d'autres points, localisés
eux-mêmes par rapport à l'ensemble de noire corps. Cette
représentation est visuelle chez les clairvoyants ; chez les
aveugles-nés, elle est de nature musculo-tactile, ce qu'on
appelle quelquefois stéréo-esthésique : c'est une représentation
due aux images articulaires et tactiles qui ont persisté dans
la mémoire, tandis que, chez les. clairvoyants, celles-ci ont été
subjuguées, puis anéanties par les images visuelles prépondér
antes. Celte localisation n'est possible, il va sans dire, que
parce que les différents points de notre corps n'offrent pas,
toutes choses égales d'ailleurs, des conditions absolument
semblables d'excitabilité : d'où l'altération très légère des
perceptio.ns cutanées suivant le lieu de réception, altération
désignée sous le nom de couleur locale.
Dans l'appréciation de la position, il y a localisation respect
ive des parties mobiles; ce qui caractérise celle-ci, c'est
qu'elle se base non sur les signes locaux cutanés, mais sur
ceux des parties profondes. Dans certains états pathologiques,
cependant, l'appréciation de la position ne peut avoir lieu
qu'avec l'aide de la faculté de localisation tactile : tel malade
dont le bras est anesthésique pourra encore, les yeux fermés,
reconnaître la position de ce membre, s'il l'applique contre sa
poitrine (sensible) ; s'il perçoit sa main à la hauteur de sa
clavicule, il en conclura que le bras est plié, etc.
Le mécanisme de l'appréciation de l'attitude est donc com
plexe : il n'y aura conscience de cette attitude que si des
images viennent compléter, ou mieux donner une signification MEMOIRES ORIGINAUX 2Ö2
aux impressions articulaires A, B, C, etc., qui, elles-mêmes,
ne contiennent pas l'idée dont elles sont le symbole. C'est, en
quelque sorte, le mécanisme de la perception : impression des
sens complétée par une escorte d'images. Faut-il donc dire
que nous percevons les attitudes ? Je ne veux pas trancher ici
la question terminologique : on dit qu'il y a perception lorsque
ce sont des images homosensorielles qui viennent s'assimiler
aux sensations brutes. Ici, ce sont surtout des images visuelles
qui sont évoquées par les impressions musculo-tactiles; nous
sommes là en présence d'un de ces cas mal définis qu'il est
difficile de classer rigoureusement, et qu'on peut considérer

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents