Blocages et freinages dans le « développement dualiste ». Les économies du Sud et du Sud-Est de l Asie depuis la fin de la seconde guerre mondiale - article ; n°30 ; vol.8, pg 385-409
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Blocages et freinages dans le « développement dualiste ». Les économies du Sud et du Sud-Est de l'Asie depuis la fin de la seconde guerre mondiale - article ; n°30 ; vol.8, pg 385-409

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Tiers-Monde - Année 1967 - Volume 8 - Numéro 30 - Pages 385-409
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 23
Langue Français
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Extrait

Nguyen Huu Chau
Blocages et freinages dans le « développement dualiste ». Les
économies du Sud et du Sud-Est de l'Asie depuis la fin de la
seconde guerre mondiale
In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°30. pp. 385-409.
Citer ce document / Cite this document :
Huu Chau Nguyen. Blocages et freinages dans le « développement dualiste ». Les économies du Sud et du Sud-Est de l'Asie
depuis la fin de la seconde guerre mondiale. In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°30. pp. 385-409.
doi : 10.3406/tiers.1967.2359
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1967_num_8_30_2359BLOCAGES ET FREINAGES
DANS
LE « DÉVELOPPEMENT DUALISTE
LES ÉCONOMIES
DU SUD ET DU SUD-EST DE L'ASIE
DEPUIS LA FIN
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
par Nguyen Huu Chau*
Si Ton étudie les phénomènes de blocage ou de freinage comme des phé
nomènes organiques, l'analyse de l'évolution économique des pays du Sud
et du Sud-Est de l'Asie depuis la fin de la deuxième guerre mondiale permet de
rendre largement compte de leur réalité et de leurs effets.
Les principaux traits de cette évolution se résument ainsi (i) :
1. Les produits par habitant, dans la majorité de ces pays, figurent parmi
les plus bas du monde. Les taux de croissance, bien que variables, sont restés
faibles.
2. Dans de nombreux cas, ils n'ont pas encore atteint les niveaux de la
période antérieure à la deuxième guerre mondiale (Birmanie, Indonésie, Laos,
Viêt-nam).
Tableau i
Produit intérieur brut au coût des facteurs
dans 11 pays en 1963
(En dollars des États-Unis, par hab.)
Malaisie : Népal 67 Cambodge Birmanie ni 65 Pakistan 86 Etats 254
Ceylan 129 Philippines 134 Illustration non autorisée à la diffusion Sabah 219
Corée 113 Thaïlande 104 Sarawak 192
Viêt-nam Sud 97 Chine (Formose) 154
Source : Economie Survey of Asia and the Far East, 1965.
* Professeur agrégé des Facultés de Droit et des Sciences économiques.
(1) Les économies des démocraties populaires n'entrent pas dans le cadre de cette étude. NGUYEN HUU CHAU
Tableau z
Taux moyen de croissance du produit national brut, de la population
et du produit national brut par habitant
P.N.B. P.N.B. Population par habitant
4,8 Birmanie 2,2 2,6 1951-1964
Cambodge .... 5,8 3,6 2,2 1952-1963
Ceylan 3,1 2,5 °,5
8,1 Chine 1951-1964 3,5 4,5
Inde Illustration non autorisée à la diffusion 2,1 1,8 3.9
1951-1960 Indonésie 2,1 1,1 3,3
Corée 1953-1964 4,9 2,4 2,3
Malaisie 4,8 3,2 1,6 1955-1964
Pakistan 2,1 1951-1964 3,5 i,3
Philippines .... 3,1 2,2 5,4
Thaïlande 6,1 3,O 2,9
9,2 Japon 1,1 8,1 1951-1964
France 4,6 1,1 1951-1963 3,4
Source : Economie Survey of Asia and the Far East, 1965.
Huit de ces pays ont des taux de croissance inférieurs à 2,5 %. Cinq ont des taux de
croissance inférieurs à 2 %.
3. Les taux de croissance, après une période plus ou moins courte de
reconstruction au lendemain de la deuxième guerre mondiale, ont partout
baissé.
Tableau 3
Taux annuel de croissance du produit réel de cinq pays
Avant « reconstruction » Après « reconstruction »
Produit Pays Produit Produit global par Période Période global habitant (en %) (en %) (en %)
Illustration non autorisée à la diffusion
1946- 1947 Birmanie 1957-1960 5 3,5 1,7
Indonésie 1953-1958 3,2 1946-1953 6,9 o,7
1946- 1948 Malaisie Non évaluab. 1949-1953 4,7 i,7
1955-1960 3,8 0,8
Philippines 1946-1948 5° 1948-1960 6,0 3,°
Thaïlande 1946- 1947 30 1951-1960 5,i 2,1
Source : D. S. Paauw, Economie Progress in South East Asia, Journal
of Asian Studies, novembre 1963.
386 ET FREINAGES DANS LE « DÉVELOPPEMENT DUALISTE » BLOCAGES
D. S. Paauw, à qui l'on doit ces évaluations, constate que dans les pays à
croissance forte, les taux de croissance tendent à baisser, et que les pays à faible tendent vers la stagnation avec un taux d'équilibre se rappro
chant de plus en plus de zéro.
Il a paru intéressant, à l'occasion d'une recherche sur les causes de cette
évolution, de montrer que les vrais problèmes se situent non dans le secteur
moderne, mais dans le secteur traditionnel, et que compte tenu des données
démographiques propres à chaque pays, on peut fournir une explication éco
nomique précise permettant d'envisager des solutions pratiques (i).
Les progrès du secteur moderne, au moins d'une grande partie de ce
secteur, loin d'avoir favorisé le développement, en ont fait un secteur domi
nant qui prélève la majeure partie des ressources dont le secteur traditionnel
aurait besoin pour se transformer. Or, ce secteur ne connaîtra aucune transfor
mation si la faim, la misère et le chômage, que les comptes nationaux n'enre
gistrent pas, rendent vain tout effort pour un changement des conditions
d'existence quotidienne.
I. — La croissance du secteur moderne : progrès et illusion
A partir de la constatation qu'il existe dans les pays « en voie de développe
ment » deux niveaux de salaires distincts, l'un applicable au secteur industriel
et l'autre aux secteurs préindustriels (ces derniers comprenant la plus grande
partie de l'agriculture, du commerce et des services à l'exception des banques et
des compagnies d'assurances ainsi que l'artisanat rural et la petite industrie),
A. O. Hirschman estime « que les deux secteurs remplissent des fonctions éco
nomiques essentielles, qu'ils ont la possibilité de se développer parallèlement,
que les avantages de ce type de développement permettent de concevoir une
voie originale que les nations industrialisées n'ont pas connue » (2).
En fait, ce type de développement ne correspond pas à la réalité des pays
du Sud et du Sud-Est de l'Asie car le problème ne se pose pas en ces termes.
Le développement dualiste, ou ce qu'on entend généralement par cette
expression, et souvent de façon abusive, se ramène à la croissance du secteur
moderne, qui a lieu d'ailleurs indépendamment du mécanisme théorique des
coûts relatifs des facteurs classiques de production.
Si l'on entend par secteur traditionnel « ces communautés asiatiques que
Marx a décrites comme des sociétés enracinées dans un système primitif,
entravées par des méthodes de production arriérées, immuables malgré la
(1) Les structures « mentales » constituent une explication courante mais peu opérat
ionnelle.
(2) A. O. Hirschman, Stratégie du développement économique, Paris, Les Editions Ouvrières,
1964, p. 148 (La raison du développement dualiste). Cf. aussi Investment policies and Dual
ism in underdeveloped countries, American Economic Review, 1957.
387 HUU CHAU NGUYEN
dissolution et le remodelage constants des États » (i), l'existence d'un tel
secteur se constate encore dans la plupart des pays d'Asie.
On peut avec Ohkava et Rosovsky définir l'économie traditionnelle par le
mode et les techniques de production « indigènes » par opposition aux modes
et techniques provenant d'Europe (2).
Sauf pour la Chine insulaire comme on le verra ci-après, le secteur tradi
tionnel n'a pas connu véritablement de développement. Le secteur moderne
qui s'est créé avec l'implantation du capitalisme colonial a une importance
variable selon les cas, mais il a continué à fonctionner suivant les mêmes méca
nismes après l'accession des États à l'indépendance juridique. Il reste un relais
pour des activités qui dépendent largement des centres de décision extérieurs.
Les banques étrangères notamment, occupent encore souvent une place pré
pondérante comme en Malaisie, en Birmanie et à Ceylan (en 1961) (3).
Dans les économies les plus stagnantes, comme celle de l'Indonésie, le
commerce bénéficie de la majeure partie des crédits.
Tableau 4
Indonésie Crédits accordés par les principales banques privées
(En millions de roupies)
1956 1954 195З 1955 1957
Commerce 76 318 "5 119 304
Transport 6 Illustration non autorisée à la diffusion 4 4 4 19
Industries 30 46 IOI 15 224
Agriculture 10 3 3 7 13
Crédits personnels 20 3 17 17 24
Divers 1 11 6 86 23
Total 102 200 462 666 199
Source : Bank of Indonesia, Statistical Pocket Book of Indonesia, 1958.
A la faveur des opérations traditionnelles d'importation et d'exportation,
de l'accroissement des dépenses

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