Catholicisme intransigeant, catholicisme social, démocratie chrétienne - article ; n°2 ; vol.27, pg 483-499
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1972 - Volume 27 - Numéro 2 - Pages 483-499
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marie Mayeur
Catholicisme intransigeant, catholicisme social, démocratie
chrétienne
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 27e année, N. 2, 1972. pp. 483-499.
Citer ce document / Cite this document :
Mayeur Jean-Marie. Catholicisme intransigeant, catholicisme social, démocratie chrétienne. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 27e année, N. 2, 1972. pp. 483-499.
doi : 10.3406/ahess.1972.422514
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1972_num_27_2_422514Catholicisme intransigeant catholicisme
social, démocratie chrétienne
le traditions pour l'Aube gauche, années, de du représentation antagonistes les catholicisme songer politique Observateurs, premiers lequel et décrivirent les l'Écho à spirituelles. : l'intensité les seconds et intransigeants hostiles symbolisent, renferme du contemporain, répondants de essayistes, social, les Paris, soucieux à des Veuillot débats toute une renvoie jusqu'à conflits Témoignage historiques et historiens bonne transformation. l'affrontement d'une conciliaires, libéraux, et à qui notre Montalembert, des part adaptation depuis s'accordent mentalités chrétien ne temps, conservateurs de leur firent vérité. plus de Les et manquaient un deux de et leur la d'un journalistes volontiers V affrontement Action à Il France l'Église des écoles ce suffit siècle et psychologies, schéma progressistes, Française pas. catholique, pour de au ont qui, pensée De qui, monde pu d'interprétation, s'en discerner, voici fait, opposer bien et ces à et convaincre moderne, droite le des une quelques de couples au-delà Sillon, spirideux dans telle et
tualités et à des théologies singulièrement différentes1.
Comme toute explication dualiste, celle-ci réclame, pour être acceptable, un
souci constant des nuances et de la complexité de la réalité 2. Il n'est pas évident
non plus que ce schéma d'explication, valable pour comprendre l'histoire de l'Église
d'après la Révolution française, puisse s'appliquer en dehors de l'univers mental
au sein duquel il a trouvé naissance ni permettre une juste compréhension des
mutations et des crises de l'Église post-conciliaire. Mais cela est une autre histoire...
Notre propos serait simplement d'éprouver à partir de plusieurs travaux récents,
1. R. Rémond a marqué avec force les dimensions de ce conflit dans son article : « Droite et
gauche dans le catholicisme français contemporain », Revue française de science politique, septembre
et décembre 1958, pp. 529-544 et 803-820.
2. C'est pourquoi, malgré la qualité des analyses de départ, nous n'avons pu faire nôtre le
« modèle » suggéré par M. Montuclard d'un catholicisme « hiérarcho-hiératique » et d'un catho
licisme « démocratico-progressif » : cf. notre compte rendu de son livre « Conscience religieuse
et démocratie. La deuxième démocratie chrétienne en France, 1891-1902 », Seuil, 1965, dans Archives
de sociologie des religions, janvier-juin 1965.
483 ET CULTURE MENTALITÉS
portant sur le catholicisme social et la démocratie chrétienne, la validité d'un sys
tème d'explication qui ne suffit peut-être pas à rendre compte de tous les aspects
d'une réalité dont l'enquête historique n'a pas fini d'épuiser la richesse.
De Pie VI à Pie XII, de l'abbé Grégoire aux prêtres ouvriers, l'Église catho
lique est confrontée à la « société moderne », au monde né de la Révolution libérale
et de la Révolution industrielle. Mais suffit-il de distinguer ceux qui souhaitent
réconcilier l'Église et le monde moderne et ceux qui récusent ce monde moderne,
et que signifie ce concept de monde moderne ? Voici près de vingt ans, un bon
juge avait formulé une mise en garde : « Le terme par lequel on départage les
croyants : le mot de société, de monde, d'idées modernes, n'a qu'une fausse simp
licité. » H considérait que tout réduire à un choix « pour ou contre les idées
modernes », c'était « passer à côté de la vie 3 ». Il laissait entendre la richesse du
courant « intransigeant » : « à la base de beaucoup d'intransigeances, il y a la convic
tion profonde, la fidélité, la droiture, le désintéressement ». C'était mettre en questoute une historiographie d'inspiration catholique libérale, tributaire d'auteurs
comme Lecanuet 4 ou Brugerette 5 qui avaient beaucoup souffert des intransigeants
ou de l'intégrisme, et dont les héritiers intellectuels ne purent toujours se départir d'une
mentalité de vainqueurs e, heureux de trouver dans le passé la justification du présent.
Aujourd'hui que les luttes entre catholiques sur la signification de la Révolution
française s'éloignent dans le temps, il est possible d'arriver à une vision plus complète
de la réalité. Une thèse récente a su discerner dans le personnel des évêques fran
çais au début de la IIIe République 7 des nuances appréciables entre les néo-ultra-
montains et les intransigeants modérés, les libéraux conservateurs à la Dupanloup
et les amis de Mgr Maret. A la vision dualiste est préféré un éventail d'options.
Encore ce travail prend-il seulement en considération l'attitude politique 8. Dès
lors que les attitudes sociales entreraient également en ligne de compte, l'interven
tion de ce nouveau principe de classement suggère une physionomie quelque peu
différente du personnel des évêques.
Le schéma dualiste, même assoupli, s'avère peu apte à expliquer le « catholi
cisme social » et sa paradoxale évolution. Né dans la mouvance des intransigeants,
3. R. P. Vicaire, « Histoire religieuse ou histoire politique », Annales E.S.C., juillet-septembre
1952. L'article est consacré à VHistoire religieuse de la France contemporaine, d'Adrien Dansette.
4. Qui n'a eu recours à ses quatre volumes sur l'Église de France sous la Troisième République ?
Mais les mérites d'une œuvre irremplaçable ne doivent pas interdire à l'historien la lucidité cri
tique. Lecanuet interprète les événements avec les lunettes du lecteur du Correspondant.
5. Dans sa trilogie : Le prêtre français et la société contemporaine.
6. Comme l'observe E. Poulat, Intégrisme et catholicisme intégral, Casterman, 1969.
7. J. Gadelle, La pensée et V action politique des évêques français au début de la IIIe République,
Hachette, 1967.
8. Cf. notre compte rendu dans la Revue d'Histoire ecclésiastique, 1968.
484 CATHOLICISME ET ENGAGEMENT SOCIAL J.-M. MAYEUR
comme tant de travaux l'ont établi 9, celui-ci, avec le début du siècle, s'affronta
à ces intransigeants au point d'être identifié par eux leurs vieux adversaires « libé
raux ». Où classer alors cette tradition catholique sociale10, et surtout comment
apprécier la part de la continuité et celle des mutations dans l'évolution de cette
famille d'esprit ? C'est à ces questions que l'on voudrait tenter de répondre, en
s 'appuyant sur des exemples français, mais sans s'interdire de faire référence à des
cas étrangers, tant les réalités que l'on souhaite clarifier ont une dimension euro
péenne.
Catholicisme intransigeant et catholicisme social.
Décisive est la définition que donnèrent les catholiques du xixe siècle du « monde
moderne ». L'expression recouvrait les valeurs et les institutions nées de 1789, le
régime politique et social né de la Révolution. Ce régime, les catholiques « libé
raux »u se refusèrent à le condamner sans nuances, qu'ils l'acceptent comme
une donnée de fait, qu'il l'exaltent comme un idéal 12, ou, comme Mgr Dupanloup,
qu'ils rêvent d'une nouvelle chrétienté, édifiée en se servant des « libertés modernes ».
Tous, par-delà leurs divisions, estimèrent que l'Église devait s'accommoder du
« régime moderne » et relever le défi des anticléricaux qui reprochaient aux catho
liques de n'être « ni de leur temps, ni de leur pays ». Face à cette « illusion libé
rale » 13, se dressa le catholicisme « intransigeant ». Ce n

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