Ce qui fait vivre les hommes : ??? ???? ???? - article ; n°1 ; vol.25, pg 22-38
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Description

Revue des études slaves - Année 1949 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 22-38
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

ANDRÉ MAZON
Ce qui fait vivre les hommes : Чем люди живы
In: Revue des études slaves, Tome 25, fascicule 1-4, 1949. pp. 22-38.
Citer ce document / Cite this document :
MAZON ANDRÉ. Ce qui fait vivre les hommes : Чем люди живы. In: Revue des études slaves, Tome 25, fascicule 1-4, 1949.
pp. 22-38.
doi : 10.3406/slave.1949.1488
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1949_num_25_1_1488CE QUI FAIT
VIVRE LES HOMMES :
ЧЕМ ЛЮДИ ЖИВЫ
PAR
ANDRÉ MAZON
La composition de ce récit, le premier de la série intitulée
«Récits populaires» (Народные рассказы) (1), se rapporte à
l'époque où, déçu par une expérience dévote longue d'environ
deux années (de 1877 à Pâques 1879), le comte Léon Tołstoj
avait abandonné la foi orthodoxe.. Cette composition se place entre
la fin de juillet 1879 e* ^a ^n de novembre 1881, et lés ci
rconstances nous en sont assez bien connues.
Le chrétien vient de découvrir sa vérité dans les Evangile«, celui
de Jean en particulier : une religion purement intérieure et qui
se passera de l'Église. Les buit citations formant f épigraphe,
toutes de la même source (2), expliquent le titre de récit, non point
« De quoi vivent les hommes » , mais « Ce qui fait vivre les hommes » ,
entendons : «ce qui leur donne la vie véritable», sans quoi ils ne
sont que cadavres ambulants ; elles dégagent à l'avance la portée
de l'œuvre; elles éclairent parue exemple la morale qui sera fo
rmulée dans le Bref exposé de ľ Evangile (1881) et dans Ma foi
(і88Д)(3). « Nous savon» que nous sommes passés de la mort à la
vie parce que nous aimons nos frères. Celui qui n'aime pas demeure
dans la mort».
Le diseur de bylines, le skaziteľ Sčegolěnok, de passage à Jasnaja
W Tome XI des Œuvres complétée, із* édition, M., 1911, et tome XXV de
l'édition jubilaire , M., 19З7, pp. 7-26 (texte), Д76-Й78 (variantes des éditions)
et 665-67Д (description des manuscrits).
W 1™ Épître de saint Jean, ni, i4, 17-18, et iv, 7-8, 12, 16, 20.
(s) Краткое изложение Евангелия , v, «Истинная жизнь« (Œuvres complètes,
tome XIII, 191 1, pp. Ыіз-ііЬЗ); — В чей моя вера, хи (ibidem, XIII, notamment
pp. 70^-706).
Revue des Eludes slaves, t. XXV, 19Л9. fa se. t-li. .
;
CE QUI FAIT TITRE LÉS HOMMES. 23
Poljana (1), a conté à l'écrivain une vieille histoire populaire qui a
servi de point de départ à son récit. Et .ce récit, qui n'aura que
2З pages, il l'a médi lé, esquissé, mis au point, — «avec un
énorme effort sur lui-même» , au témoignage de la comtesse, - —
jusqu'au jour de la publication dans le Délassement enfantin
(Детский отдых, і 88 1, fasc. із); il le révisera et remaniera
ďédition en édition: trois fois pour le moins, en février et mars
1 885 et en juillet 1890 (2). Il se souvenait comme d'un bienfait de
la peine que ce conte lui avait coûtée et, longtemps plus tard, avec
sa franchise ordinaire, il s'avouait «satisfait de quelques passages»
en dépit de notes sentimentales qui « sonnent faux» : «Plaise au
ciel, disait-il alors, qu'il me soit donné d'écrire encore ainsi І» (Ч
C'était là sa première œuvre pour le peuple, en une langue mar
quée de l'empreinte paysanne, à la fois sobre et forte, sans la
moindre touche de vernis littéraire et rappelant celle d'Anisja , la
- W Лев Толстой и В. В. Стасов : переписка (іВ^в-ідоб), Л., 1939, pp. 4i-&8
(édition de V. D. Komárova et B. L. Modzalevskij ) : lettre de Tołstoj à V.V. Stasov
du début d'août 1879, réponse de Stasov du 12 août et lettre du même du
5 décembre. Rybnikov et Hilferding appelaient le skaziíeľ : Ščegolenok; Tołstoj
l'appelle Sčegolenkoť, et Stasov Sčegolenkov , ou Sêegolënok, ou plus simplement
Petrovii. Sur le personnage même , voir : Русский биографически? словарь de la
Société historique, sub nomine (191a), pp. a 6-2 7 ; Wilfrid Ghettéoui : Un rapsode
russe, Rjabinin le père , Paris, 19U2, p. Зо, note 2; Elie Tolstoï, Tolstoï: souvenirs
d'un de ses Jih, Paris, 191i, ch. xvii» p. aoA; édition russe, M.< 191i, pp.v 16&-
i65. «1Јд jour, racontait Barsov, Tołstoj, entre autres choses, demanda à Ščego
lenok de lui montrer comment il priait. Et Ščegolenok lui déploya une longue
prière improvisée dans le style épique, où se trouvaient énumérés tous les saints,
les martyrs , etc. Tołstoj fut profondément touché et dit à Barsov en prenant congé
de lui : — Voilà comme il faut prier, et non pas comme nous prions l'un et
l'autre» («Вот как надо молиться, а не так, как мы с тобой»). Voir édition
jubilaire, ХХУ, p. 665.
to N. N. Gusev, Летопись жизни и творчества Л. H. Толстого, М.-Л., 19В6 ,
pp. З22, ЗзЗ et 4з5. Je note comme caractéristique d'un certain souci moralisa
teur l'absence dans l'édition du Posrednik des passages suivants : p. 7, 1. ii-i5 :
«G утра сапожнику морозно показалось, а выпивши тепло было и без шубы»;
р. 17, 1. 29 : «Этого долбней не убьешь»; p. ai, 1. 1 1 : «подержи покамест
девчонок у себя» = девочек dans le Posrednik (d'après la liste des variantes qui
figure dans l'édition jubilaire , tome XXV, pp. U76-U78). D'autre part, la rçpte
miraculeuse est visiblement atténuée à la fin du chapitre ix , d'où le Posrednik a
fait disparaître la clausule : «и вдруг как зарница осветила всю избу от того
угла, где сидел Михаил». Enfin, par rapport à la première rédaction , la leçon it
l'apprenti cordonnier du chapitre v a été remaniée par Tołstoj qui, en i885,
connaissait mieux le métier qu'en 1881. Voir édition jubilaire, XXV, p. 668. « •
(3) «Дай Бог, чтобы так еще писалось!». Voir N. N. Apoštolov, Живой
Толстой, М. , 1928, p. aui (entretien avec Christine Danilovna Alcevskaja ).
Tołstoj notait dans son Journal le 27 juin 1890 : «Переделал Чем люди, живрі :
не дурно». 11 avait lu le conte à haute voix, le xU mai 1889, aux enfants du
village de Sidorovka (Čem').24 ANDRÉ MAZON.
femme du bedeau, de qui Lev Nikolaevič admirait tant l'histoire
enregistrée par la tante Kuz'minskaja (1).
Le récit attestait une puissance de vision de la vie des humbles
que-V. V. Stasov avait saisie avec bonheur. L'âme paysanne de
Semën et de Matrëna n'avait pas plus de secret pour l'écrivain que
l'âme aristocratique des héros de ses romans : l'expression des sen
timents du savetier poursuivant sur la route gelée son soliloque de
pauvre homme lui était aussi familière que celle des rêveries du
prince André ou d'Anna Karenina(2). Le moujik Platon Karataev,
avec sa rude sagesse, et son héroïsme qui s'ignore, et sa religion
qui ne s'embarrasse pas de dogmes, venait de passer au premier
plan» Le peintre Nicolas Gay(s), puis Pasternak illustreront bientôt
le nouveau chef-d'œuvre. Et la Censure, après avoir autorisé son
impression dans le Délassement enfantin (Детский отдых) le
18 novembre 1881 et dans la collection populaire du Posrednik
le 8 mars 1 885 , et son adaptation à la scène par Denisenko
le 12 mai 1886, ne manquera pas de consacrer à sa manière le
succès de l'œuvre, et cela en interdisant, en octobre 1 887, qu'elle
fut dorénavant publiée en brochure séparée. La même circulaire
de la Direction principale des affaires de presse étendait l'inter
diction à chacun des contes et récits dits « populaires» : Dieu voit
la vérité, mais ne se presse pas de la dire; Là où est l 'amour, là aussi
est Dieu; Trais vieillards; Faut-il beaucoup de terre à l'homme? etc.
La diffusion de ces récits, à quoi Tołstoj tenait par-dessus tout,
devenait de la sorte impossible : ils seraient désormais confinés en
bloc dans un tome des OEuvres complètes. L'Etat tsariste redoutait
leur rayonnement : il n'admettait pas cette concurrence religieuse
au catéchisme orthodoxe. Mais la réglementation postérieure
à iq 18 n'a rien changé, semble-t-il, à cet ordre de choses. Les
«Récits populaires» sont demeurés sous le boisseau.
La genèse littéraire du premier de ces contes vaut d'être étu
diée. Elle nous prouve une t'ois de plus qu'un grand écrivain prend
s'on bien où il le trouve et sait le transformer en sa chose p

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