Cible de consommation et conjoncture - article ; n°4 ; vol.19, pg 674-692
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Description

Revue économique - Année 1968 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 674-692
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Jacques Obrecht
Cible de consommation et conjoncture
In: Revue économique. Volume 19, n°4, 1968. pp. 674-692.
Citer ce document / Cite this document :
Obrecht Jean-Jacques. Cible de consommation et conjoncture. In: Revue économique. Volume 19, n°4, 1968. pp. 674-692.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1968_num_19_4_407829CIBLE DE CONSOMMATION
ET CONJONCTURE
A l'occasion des recherches contemporaines sur la théorie de la
consommation sont apparues de nouvelles notions parmi lesquelles
celle de cible de consommation. De façon très générale celle-ci désigne
la qu'une unité économique se propose d'atteindre dans
un avenir plus ou moins proche. L'existence d'une telle cible met en
œuvre un comportement spécifique qui exerce sur la conjoncture des
effets significatifs.
La notion de consommation-cible ou plus exactement le compor
tement économique qui s'y trouve associé est un sous-produit des
travaux de la génération d'économistes opposés à l'orthodoxie keyné-
sienne en matière de théorie de la consommation. Selon les thèses
keynésiennes et post-keynésiennes, les consommateurs dans leur ensemb
le étaient incapables d'agir d'une façon autonome sur l'économie : rôle moteur incombait à l'investissement et non à la consommation,
laquelle se trouve déterminée par le revenu. Les thèses de l'opposition
telles qu'elles sont formulées aujourd'hui sont essentiellement une
contestation de cette manière de situer la consommation et les con
sommateurs dans l'économie.
L'importance placée sur la psychologie du consommateur par
G. Katona !, E. Mueller 2 et d'autres prend le sens d'une restau
ration directe de l'autonomie du consommateur. Selon ces auteurs, la
négligence des « attitudes des consommateurs a souvent été fondée
sur l'hypothèse que la dépense des et leur épargne
sont commandées avant tout par le revenu, passé et présent, et que
les fluctuations du revenu sont déterminées par des forces qui sont
en dehors du pouvoir du consommateur » 8.
1. Katona (G.), Psychological analysis of economic behavior, McGraw-Hill,
1951 ; The powerful consumer, McGraw-Hill, 1960 ; The mass consumption society,
McGraw-Hill. 1964.
2. Mueller (E.), «Effects of consumer attitudes on purchases», A.E.R-*
1957/
3.(E.), Katona (G.), Consumer and demand, 1950-1952,
Ann Arbor, Institute for Social Research. University of Michigan, 1953, p. 1. CIBLE DE CONSOMMATION 675
Avec M. Friedman 4, F. Modigliani et R. Brumberg 5 et d'autres,
l'accent est mis sur le rôle du temps dans le comportement des
consommateurs. Les dépenses de consommation sont liées à un revenu
moyen anticipé sur un certain nombre de périodes, qui définit le
permanent, et non au revenu de la période courante. C'est dire que
le consommateur est capable d'un « horizon économique » et capable
de faire des plans de consommation en fonction des revenus attendus.
Sous-jacente à cette analyse se trouve la théorie classique du com
portement du consommateur dans le temps conçu comme un effort
effectué par les unités économiques en vue de maximiser l'utilité de
la consommation sur une série de périodes (">.
D'autres, enfin, sont impressionnés par l'étendue du pouvoir d'ac
tion que possèdent les ménages sur la dimension de leur revenu, du
moins dans les économies développées. D.B. Suits interprète ce fait
comme une négation au moins partielle de la notion de fonction de
consommation et comme un retour vers quelque chose de plus proche
du modèle classique du comportement du consommateur 7. La carac
téristique essentielle de la fonction de consommation consiste dans le
rôle du revenu qui est une contrainte du comportement plutôt qu'un
aspect de celui-ci. Dans une situation de chômage et de dépression,
le revenu peut, certes, être traité comme une variable contraignante.
Mais dans une situation de prospérité et de plein emploi, de nom
breuses unités économiques sont libres d'offrir plus ou moins de
services de travail et de déterminer, de ce fait, dans certaines limites
leurs propres revenus. Le comportement des unités économiques se
traduit par un choix qui porte à la fois sur un volume de consom
mation et sur un niveau de revenu. Le fait qu'un ménage a un
niveau de dépenses de consommation élevé peut donc être la cause
plutôt que le résultat du fait qu'il a un revenu élevé. D'une façon
générale, on insiste aujourd'hui sur l'idée que le revenu du ménage,
la consommation et l'offre de travail résultent d'un choix simultané s
4. Friedman (M.), «A theory of the consumption function», N.B.E.R., 1957.
5. Modigliani (F.), Brumberg (R.), «Utility analysis and the consumption
function : an interpretation of cross-section data », in : Post-keynesian economics,
Rutgers University Press, 1954.
6. Sur toutes ces questions, voir l'importante contribution de PiLisl (D.) et al.,
Une contribution à la théorie du revenu permanent, P.U.F., 1965.
7. Suits (D.B.), «The determinants of consumer expenditure: a review of
present knowledge », in : Impacts of monetary policy. Research Study One pre
pared for The Commission on Money and Credit, 1963.
8. Voir, dans ce sens, Mincer (J.), «Labor supply, family income and con
sumption », A.E.R., mai 1960. 676 REVUE ECONOMIQUE
formulé au niveau du ménage en tant que « centre unifié de calcul
économique » 9.
Les caractéristiques générales du comportement du consommateur
telles qu'elles ont été mises en valeur par ce courant de recherches
nous rapprochent de celles du comportement mis en oeuvre par une
cible de consommation. Celle-ci porte essentiellement sur les dépenses
nécessaires à la création d'un cadre de vie (dépenses en ameublement,
équipement ménager, décoration d'intérieur) mais aussi sur certaines
dépenses d'activités (dépenses liées à la culture, arts, sports et
vacances, aux transports, à l'éducation et aux spectacles et distrac
tions) 1-0. L'accession à ces biens et services, signes extérieurs, par
excellence, du niveau de vie, dans la mesure où elle exige des dépenses
élevées, fait souvent l'objet d'un plan d'achat établi par le ménage U.
L'aspiration à des niveaux de vie de plus en plus élevés entraîne les
unités économiques à renouveler leurs plans selon un certain ordre 12.
La cible n'est donc pas tant un niveau de consommation qu'un genre
de consommation que le ménage prétend réaliser à terme. Or le fait
important est qu'à partir du projet d'acquisition qui s'exprime par la
fixation de la cible et jusqu'à l'acquisition effective, le ménage se
trouve dans une situation impliquant un choix, celui de la conduite
à tenir en vue du financement de la capacité d'acheter : au sein du
ménage se produiront des incitations dérivant de la nécessité de former
une capacité d'acheter le bien ou le service faisant l'objet de la
cible ou encore des ajustements dérivant de la nécessité de préserver
le stock de capacité d'acheter.
Les effets de « l'aspiration à consommer » en général qui inté
ressent la longue période ont été décrits par Ruth P. Mack. La thèse
de cet auteur est qu'on ne peut expliquer la rapide croissance de
l'économie des Etats-Unis depuis 1869 sans reconnaître la force
inhabituelle de ce phénomène et ses effets d'incitation sur l'effort
productif dans le cas américain i%. Les qui intéressent la courte
9. Vincens (J.). «La notion de ménage et son utilisation économique s\
R.E., mai 1957.
10. Sur le sens de ces regroupements, voir Tabard (N.), « Réflexions sur la
consommation : aspects nouveaux, approches nouvelles », E.A., n° 2, 1966.
11. Ferber (R.), «The role of planning in consumer durable goods», A.E.R.,
dec. 1954.
12. Paroush (}.), «The order of acquisition of consumer durables», Econo-
metrica, janv. 1965.
13. Mack (R.P.), «Trends in American consumption and the aspiration to
consume», A.E.R., mai 1956. L'aspiration à consommer dériverait des caracté
ristiques générales de la population américaine : une croyance ferme de chacun
dans les possibilité

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