Classification des insectes chez les Dogon. - article ; n°1 ; vol.31, pg 7-71
66 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Classification des insectes chez les Dogon. - article ; n°1 ; vol.31, pg 7-71

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
66 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1961 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 7-71
65 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Marcel Griaule
Classification des insectes chez les Dogon.
In: Journal de la Société des Africanistes. 1961, tome 31 fascicule 1. pp. 7-71.
Citer ce document / Cite this document :
Griaule Marcel. Classification des insectes chez les Dogon. In: Journal de la Société des Africanistes. 1961, tome 31 fascicule
1. pp. 7-71.
doi : 10.3406/jafr.1961.1929
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1961_num_31_1_1929CLASSIFICATION DES INSECTES
CHEZ LES DOGON
PAR
Marcel GRIAULE
Introduction.
Poursuivant sa quête systématique de tous les aspects de la culture
dogon, Marcel Griaule avait entrepris dès 1950 de recueillir une col
lection d'insectes avec leurs noms vernaculaires et de rassembler à
leur propos une documentation ethno-zoologique importante К Plus
de deux mille spécimens ont été ainsi réunis, dont un grand nombre
a pu être identifié grâce à l'amabilité de M. le Professeur Chopard
(Laboratoire d'Entomologie du Muséum National d'Histoire Natur
elle) et de M. Villiers (alors Chef de la Section d'Entomologie de
l'IFAN de Dakar) ; qu'ils en soient ici vivement remerciés, ainsi
que leurs collaborateurs qui ont contribué à cette identification.
On constatera, par rapport aux déterminations scientifiques, un
certain flottement dans le classement dogon, soit qu'un même nom
vernaculaire ait été donné à plusieurs spécimens différenciés par les
spécialistes, soit au contraire que ceux-ci aient indiqué le même nom
savant pour des exemplaires désignés par des noms dogon différents.
Un certain nombre de ces erreurs peuvent s'expliquer par le fait que
les Dogon distinguent dans une même espèce des variations de cou
leurs négligées par les entomologistes ; il peut s'agir aussi de stades
successifs du développement de l'espèce qui reçoivent des noms dif
férents 2. Une variante dialectale peut aussi rendre compte de deux
dénominations distinctes 3. Par ailleurs certains exemplaires sont
difficilement identifiables, et les spécialistes eux-mêmes ne sont pas
toujours d'accord. Quoi qu'il en soit, il eût été nécessaire de revoir
1. Beaucoup de ces insectes avaient été également montrés à des informateurs bambara et une
enquête menée à leur sujet. Nous espérons publier ultérieurement ce dossier bambara, pour lequel
un certain nombre de vérifications indispensables n'ont pu encore être faites.
2. Ce qui ne signifie d'ailleurs pas que les Dogon ignorent qu'il s'agit de la même espèce.
3. Sur les différences dialectales, entre villages même très voisins, cf. G. Calame-Griaule, Les
dialectes dogon (Africa, vol. XXVI, n° 1, janvier 1956). SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 8
toute la collection sur le terrain avec les informateurs pour éliminer
le plus possible d'erreurs ; pour des raisons pratiques, nous n'avons
pu entreprendre cette revision ; cependant nous avons pu vérifier
tous les noms dogon qui sont donnés (sauf exceptions assez rares et
d'ailleurs signalées) en dialecte toro, sous-groupe de Sanga \ et comp
lété un certain nombre d'informations relatives à ces dénominations
et aux insectes eux-mêmes. De la documentation recueillie par Marcel
Griaule, nous donnons tout ce qui concerne le rôle des insectes dans la
vie réelle (usages, jeux, rites...), mais nous éliminons tous les rense
ignements d'ordre mythique pour éviter de rappeler ici le contexte
culturel et religieux, puisque ce rôle mythique des insectes sera exposé
en détails dans l'ensemble du mythe dogon qui sera publié prochai
nement 2.
Très attentifs au monde qui les entoure et soucieux de l'utiliser au
maximum, les Dogon ont observé et classifié les êtres et les choses
en catégories (togu) ; celles-ci sont en relation de correspondance les
unes avec les autres. Le nombre-clé de cette classification est vingt-
quatre 3 ; c'est ainsi qu'ils dénombrent vingt-quatre familles de
plantes 4, auxquelles sont associées vingt familles d'insectes et quatre
familles complémentaires : batraciens, lézards, serpents, tortues.
Pour la présentation des insectes, nous avons adopté le classement
dogon par grands « genres », correspondant aux distinctions courantes ;
la famille des ксЩ (à laquelle nous réservons le nom vague d'« in
sectes », car elle comprend un grand nombre de Coléoptères, mais
aussi beaucoup d'Hémiptères et d'autres encore) est de beaucoup la
plus nombreuse ; ensuite viennent les sauterelles (kaka) ; les papil
lons (fiipilu) auxquels les Dogon joignent les libellules (yàfiunù kakâ) ;
les mantes (tôtogo). Plus restreintes sont les familles des insectes d'eau
(dï kçkç), des araignées (dadâ), des mouches (yènele), comprenant aussi
les moucherons et moustiques, des guêpes et mouches maçonnes
(ndnnu et didî), des fourmis (kèy), auxquelles s'ajoutent les termites.
Une petite famille à part, réunit les gemu (petits Coléoptères aquat
iques), les « insectes des forgerons » (autre groupe de Coléoptères)
et les taupins dits «devins». Un petit groupe réunit quelques Myria
podes et Scorpions. Enfin une catégorie est consacrée aux vers et che
nilles (susiï), mais la liste que nous en possédons est certainement
1. Sur la position de ce dialecte et la répartition générale, cf. id. ibid.
2. M. Griaule et G. Dieterlen, Le Renard Pâle, dont le premier volume est en préparation.
3. Ce nombre est fondé sur celui des parties du corps de l'homme, dont les Dogon dénombrent
vingt-deux, et auxquelles s'ajoutent deux entités mythiques incarnant les forces opposées qui se
disputent le monde et l'homme : Nommo et le Renard.
4. Publiées par G. Dieterlen, Classification des végétaux chez les Dogon (Journal de la Société
des Africanistes, t. XXII, 1952). DES INSECTES CHEZ LES DOGON 9 CLASSIFICATION
incomplète, car seul un petit nombre d'exemplaires a pu être recueilli ;
beaucoup de vers et chenilles connus des Dogon sont d'ailleurs des
larves d'insectes et portent le même nom qu'eux, accompagné du mot
SUS H.
Un certain nombre de ces grandes familles se retrouvent dans les
correspondances établies avec les de plantes ; mais on y
observe aussi des sous-groupes formés à l'intérieur de ces familles.
Voici le tableau de ces correspondances tel que l'a recueilli Marcel
Griaule x :
Famille de plantes. Familles ď insectes.
yti kçkç, « insecte du mil ». 1 . fid, fonio (Digitaria exilis).
2. fiélu, caïlcédrat (Kahya se- momiô, scorpion.
negalensis).
3 . dt bélu, « herbe d'eau » (Cro- dï kçk§, « insecte d'eau ».
tolaria podocarpa).
4 . kéù kùzu, « tige de flèche » tóru, grenouille.
(Sesbania aegyptiaca).
5 . sólo ánu, « oseille de irû kçk§, « insecte des forgerons ».
se » (Cochlospermum tinc-
torium).
6 . ólo, « plante de brousse » ôykçrç, moustique.
(Stipa parviflora).
boy nà boy, « grand entailleur ». 7. bçbélç (Pterocarpus lucens).
8. tému (Loranthus dodonae- vánu fiàzanç, « devin ».
folius).
9. tenu (plante à suc fiifittu, papillon.
dant) Glacophorbia dru-
pifera.
10. fiôlo (Sanseviera). yàfiunù kakà, libellule.
11. $gç lúbo, « légume du Ho- dru çgç góro kçkç, « insecte du
gon » (Gynandropsis pen- bonnet du Hogon d'Arou ».
taphylla).
12. dènç, « céréales » (plantes ánu ксЩ, « insecte de l'oseille ».
alimentaires).
1. La liste des familles de plantes est celle publiée par G. Dieterlen (Classification des végétaux
chez les Dogon, op. cit.). Chaque plante citée est le chef de file d'une série d'autres qui lui sont asso
ciées par l'espèce, l'usage ou le symbolisme, et chaque insecte également.
Les familles d'insectes ont déjà été publiées (dans un ordre différent) par Marcel Griaule, avec
des renseignements importants sur la manière dont la connaissance de ces catégories et de leurs
signes graphiques est conférée aux jeunes (Le savoir des Dogon, Journal de la Société des Afri
canistes, XXII, 1952). SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 10
gému, « petit fragment ». 13. kulu, nénuphar (Nymphéa
lotu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents