Colonisation - Décolonisation. Essai sur le vocabulaire usuel de la politique coloniale - article ; n°1 ; vol.1, pg 44-54
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1960 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 44-54
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Monsieur Henri Brunschwig
Colonisation - Décolonisation. Essai sur le vocabulaire usuel de
la politique coloniale
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 1 N°1. 1960. pp. 44-54.
Citer ce document / Cite this document :
Brunschwig Henri. Colonisation - Décolonisation. Essai sur le vocabulaire usuel de la politique coloniale. In: Cahiers d'études
africaines. Vol. 1 N°1. 1960. pp. 44-54.
doi : 10.3406/cea.1960.2938
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1960_num_1_1_2938HENRI BRUNSCHWIG
Colonisation Décolonisation
Essai sur le vocabulaire usuel de la politique coloniale
Les vocables politiques usent vite et leur sens varie selon les temps
et les lieux Le même mot pas hui le même sens dans la
Gauche des étudiants africains ou métropolitains qui se rencontrent
dans nos facultés Africain par exemple associe nationalisme mar
xisme et christianisme alors que Européen considère en général ces
termes comme antinomiques Préciser le vocabulaire usuel de la co
lonisation serait sans doute faciliter le dialogue qui se poursuit entre
Européens et Africains et empêcher de devenir un dialogue de sourds
Le terme le plus général et le plus ambigu est celui même de
colonisation Son sens étymologique auquel il conviendrait de
revenir est cependant clair Les colons sont ceux qui expatrient pour
aller cultiver des terres vacantes Ils forment des colonies qui restent
en rapports plus ou moins étroits avec la métropole Ainsi Richelieu
dans sa déclaration aux greffes de Amirauté de 1628 pouvait-il con
seiller établissement une colonie de naturels fran ais catholiques
de un et autre sexe Les colons apportaient avec eux les institutions
de leur pays Ils fondaient véritablement outre-mer des provinces ou
des villes justement dénommées Nouvelle-Angleterre Nouvelle-Espagne
ou Nouvelle-Castille Nouvelle-Amsterdam New-York ou Nouvelle-
Orléans Lescarbot publia en 1609 la première histoire de la colonisa
tion fran aise sous le titre de Histoire de la Nouvelle-France
Ces colonies cependant étaient pas les seuls établissements
européens outre-mer Les commer ants et les armateurs entretenaient
depuis longtemps des agents nommés facteurs dans les ports loin
tains où se concentraient des produits particulièrement recherchés
comme les épices les fourrures les harengs Mais les comptoirs de
Gênes en Mer Noire de Venise en Syde et en Egypte de la Hanse
Novgorod ou Bergen étaient pas des colonies Les facteurs les
consuls ou les marins qui rendaient faisaient pas souche Ils
rentraient chez eux après avoir accompli leur stage Ils ne cultivaient
pas la terre et ne aventuraient pas au-delà des étroites limites de leur COLONISATION COLONISATION 45
factorerie comme on disait au 15e siècle ou factorie selon la
graphie simplifiée du 16e siècle Ces factories étaient des comptoirs
qui se livraient exclusivement au commerce On les par la suite as
similés aux colonies Cette confusion explique par le fait que la
réglementation mercantiliste du 17e siècle qui interdit tous les sujets
outre-mer de fabriquer des produits industriels et qui monopolisa le
commerce au profit des métropoles applique aussi bien aux colonies
aux factories Le caractère propre du commerce mercantiliste était
de laisser un bénéfice au commer ant La courbe des valeurs importées
des comptoirs et des colonies était donc constamment supérieure
celle des valeurs exportées Les investissements destinés fréter le
bateau solder équipage entretenir le comptoir étaient en général
court terme Les associés ce commerce ne engageaient que pour
quelques mois ou quelques années Quand la dénomination de colonies
tendit se généraliser on recourut en Angleterre abord en France
vers le milieu du 18e siècle au terme de plantation planteur
fut alors souvent synonyme de colon
Si nous revenons une terminologie rigoureuse nous constatons
il est pratiquement pas de colonisation en Afrique sous Ancien
Régime Les seules et rares exceptions seraient les établissements in
sulaires des Canaries de San Thomé dès le 16e siècle et ceux des
Mascareignes au 18e On pourrait discuter sur le caractère colonial de
St-Louis du Sénégal Enfin établissement incontestablement colonial
fondé par Van Riebeek au Cap en 1652 donna naissance au peuple
Boer
II
Pendant la période libérale du 19e siècle Afrique traditionnelle
Afrique des comptoirs et de la traite des noirs connut deux sortes
établissements nouveaux les colonies humanitaires et les protec
torats Ce fut bien une colonie de la Couronne que la Chambre des
Communes créa elle reprit en 1807 les installations de la Com
pagnie charte fondée vingt ans auparavant sans visées mercantiles
La région devait continuer accueillir les anciens esclaves émancipés
ou affranchis Ils cultivaient la terre et favorisaient un commerce
qui devint peu peu rentable Freetown fut le point attache indis
pensable aux bateaux de croisière que la Grande-Bretagne entretint
pendant toute cette période pour empêcher la traite Ce fut donc une
colonie mais de population noire une Nouvelle-Angleterre puisque 46 HENRI BRUNSCHWIG
les missionnaires et les administrateurs implantèrent la civilisation
britannique mais de couleur Elle re ut les institutions coloniales clas
siques le gouverneur le secrétaire général le procureur général le
trésorier le conseil exécutif et le conseil législatif où les indigènes furent
bientôt représentés
autres colonies Gambie Gold Coast Lagos Natal naquirent
des mêmes préoccupations plus ou moins humanitaires et commer
ciales mais toujours différentes des factories qui étaient que des
établissements de commerce et ne grevaient pas le budget métropolitain
Les Fran ais tentèrent également de transformer leurs comptoirs du
Sénégal en plantations Mais leur présence en Afrique répondit davan
tage leur besoin de prestige au souci de régénérer les indigènes
Certaines maisons de commerce intéressèrent sans doute huile de
palme dont utilisation se développa en Europe après 1830 Mais ce
fut surtout le désir de affirmer en face de sa rivale anglaise qui incita
la jeune Marine Fran aise fonder des établissements nouveaux sur
le Golfe de Guinée Madagascar et aux Comores Ces établissements
firent des protectorats
Les officiers de marine le capitaine de Bouët-Willommetz ou le
contre-amiral de Hell ne se posèrent sans doute pas beaucoup de
questions ils signèrent avec les petits souverains gabonais ou
sakalaves des traités de protectorat Ils ignoraient peut-être même
existence du protectorat-sauvegarde On appelait ainsi sous An
cien Régime accord entre un état fort et un état faible auquel le
premier garantissait sa sécurité sans pour autant ingérer dans ses
relations extérieures ou dans son gouvernement intérieur Cela revenait
en somme avertir les ennemis du protégé ils auraient affaire au
protecteur ils attaquaient
Les Anglais signèrent des traités de protectorat avec les princes des
Indes puis plus tard avec les sultans malais Mais ils placèrent aussi
auprès des souverains des résidents sans pouvoir précis des conseillers
dont la présence assurait le maintien de la paix et de ordre public
Les traités de protectorat de la Marine Fran aise allèrent pas jusque-
là Le roi Denis par exemple embouchure du fleuve Gabon en
gagea seulement céder perpétuité la France deux lieues de
terrain et contracter une alliance offensive et défensive avec la
France qui un autre côté lui garantit sa protection Il ne fut pas
question de résident
Le protectorat fut donc essentiellement une déclaration de chasse
gardée vis-à-vis de étranger Il apparaissait moins important que les
colonies et même que les comptoirs dispersé un peu partout sur les COLONISATION 47 COLONISATION
côtes colonisées ou non de Afrique puisque la présence du protec
teur était même pas toujours assurée Il en fut pas de même en
Indochine où la France comme Angleterre en Malaisie envoya des
résidents Le protectorat Afrique Noire évolua lentement Il conserva
son aspect essentiel de zone réservée aux entreprises futures du protec
teur la conférence de Berlin 1885 et ne fut juridiquement
jamais pris au sérieux
est en Tunisie que le statut du protectorat fut la fois défini de
fa on plus rigoureuse et presque immédiatement torpillé Le traité du
Bardo reprenait peu près les stipulations des protectorats Extrême-
Or

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