COMMENT FAIRE L EUROPE
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1 LE COLLOQUE 2008 : 14 eme colloque de la FONDATION POUR LA CIVILISATION EUROPEENNE « COMMENT FAIRE L’EUROPE PAR LES CITOYENS ? » ( Palais du Luxembourg. Vendredi 28 novembre et samedi 29 novembre 2008) REFLEXION INTRODUCTIVE AU COLLOQUE. 2 COMMENT FAIRE L’EUROPE ? OU EN EST-ELLE? OU VA-T-ELLE ? OU DOIT – ELLE ALLER ? VERS L’EUROPE PAR LES CITOYENS… (2008 – 2050) Au bout de 50 ans, les succès de l’Union européenne sont impressionnants. Mais, entrés dans nos mœurs ou mal connus, nous avons tendance à les oublier. Les échecs, en revanche, empoisonnent notre vie quotidienne, s’éternisent et provoquent appréhensions, colères et réactions de rejet. On l’a vu avec le Traité constitutionnel et le Traité de Lisbonne. Les peuples les ont jugés inadaptés aux besoins de l’Union, aux exigences de la Société civile et aux aspirations des citoyens. Ils en ont fait grief aux hommes politiques avec d’autant plus d’âpreté que ceux-ci avaient soigneusement mis à l’abri et renforcé leurs pouvoirs et privilèges. En oubliant les peuples. Le résultat saute aux yeux : une dizaine d’années d’immobilisme, des peuples mécontents, partagés entre l’indifférence et l’exaspération, une classe politique discréditée, pendant que les défis s’accumulent: le déclin économique et technologique, la montée des inégalités, la perte d’influence dans le monde…. A l’heure actuelle, ...

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  LE COLLOQUE 2008 :  14 eme colloque de la FONDATION POUR LA CIVILISATION EUROPEENNE                                  COMMENT L’EUROPE PAR LES « FAIRE CITOYENS ? »    ( Palais du Luxembourg. Vendredi 28 novembre et samedi 29 novembre 2008)    REFLEXION INTRODUCTIVE AU COLLOQUE.     
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  COMMENT FAIRE  L’EUROPE ?   OU EN EST-ELLE? OU VA-T-ELLE ? OU DOIT – ELLE ALLER ?  VERS L’EUROPE PAR LES CITOYENS…  (2008 – 2050)  Au bout de 50 ans, les succès de l’Union européenne sont impressionnants. Mais, entrés dans nos mœurs ou mal connus, nous avons tendance à les oublier. Les échecs, en revanche, empoisonnent notre vie quotidienne, s’éternisent et provoquent appréhensions, colères et réactions de rejet. On l’a vu avec le Traité constitutionnel et le Traité de Lisbonne. Les peuples les ont jugés inadaptés aux besoins de l’Union, aux exigences de la Société civile et aux aspirations des citoyens. Ils en ont fait grief aux hommes politiques avec d’autant plus d’âpreté que ceux-ci avaient soigneusement mis à l’abri et renforcé leurs pouvoirs et privilèges. En oubliant les peuples. Le résultat saute aux yeux : une dizaine d’années d’immobilisme, des peuples mécontents, partagés entre l’indifférence et l’exaspération, une classe politique discréditée, pendant que les défis s’accumulent: le déclin économique et technologique, la montée des inégalités, la perte d’influence dans le monde…. A l’heure actuelle, l’Union se révèle incapable de les surmonter, et les Etats isolés peuvent encore moins y prétendre. D’ici 2050, de nouveaux obstacles, des concurrences encore plus rudes vont se dresser sur notre chemin pour s’ajouter à ce qui n’aura pas été réglé. L’Union ne sera plus alors qu’une machine à perdre, et les Etats membres les acteurs impuissants d’un naufrage programmé. Il est urgent de sortir de ce système inefficace par un changement radical. Il faut mettre le citoyen au centre des Institutions, car c’est pour lui que l’on fait l’Union, et non pour les Etats et leur personnel politique. Il faut aussi donner à la Société civile les moyens d’agir dans son domaine, doter l’Union des capacités de décider, et mobiliser citoyens, société civile et milieux politiques autour d’un projet et d’un calendrier d’action. Diagnostic, perspectives, projet : voilà ce qui va suivre de manière plus détaillée.
                                                             
 
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                                                                                                                          I. LE DIAGNOSTIC.  1.  Les succès de l’Europe:  ·  L’Union de l’Europe a apporté pendant 50 ans la paix, la sécurité, la prospérité. Au moins pour une large partie du continent, celle de l’Union européenne. ·  L’Union européenne est aujourd’hui la première puissance commerciale du monde. ·  Son PIB est analogue à celui des USA. ·  Elle a créé la deuxième monnaie du monde. ·  Elle a mis sur pied un grand marché intérieur en voie d’être un marché unique. · Elle a construit une organisation politique souple, originale, sans  précédent, qui, partie de 6 Etats membres, regroupe aujourd’hui, par élargissements successifs, tous parfaitement démocratiques, 27 pays et 490 millions d’habitants. ·  Elle a accru les libertés des citoyens européens : les hommes, les biens et les capitaux peuvent circuler librement. ·  Elle a élaboré et défendu un modèle de société unique au monde, fondé sur la liberté, l’égalité, la sécurité et la solidarité, ses valeurs fondamentales, qui constituent aussi les principaux droits de l’homme. ·  Elle ébauche une stratégie mondiale. Par la voie économique d’abord : elle est actuellement le premier des donateurs, même si tout le monde l’ignore. Par la voie politique ensuite, en commençant par une ambitieuse politique de voisinage. Par l’élaboration progressive d’une politique de défense et de sécurité, avec l’intention avouée de jouer un rôle actif au service de la paix dans le monde. ·  Elle poursuit un idéal: la volonté de bâtir une démocratie multinationale et multiculturelle qui n’existe nulle part au monde. D’où son projet de Constitution. ·  Elle a fait naître un rêve européen, assez puissant pour que l’on veuille entrer dans l’Union et non pas en sortir. Elle a su créer ce rêve en pratiquant une politique de solidarité active, appuyée par des transferts financiers pour permettre aux pays les moins avancés de rejoindre les plus riches sans entraver le développement de ceux-ci. Les résultats obtenus par l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Irlande sont unanimement appréciés et constituent un espoir pour les pays de l’est européen.
 
 
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Ce premier cycle de l’Union européenne s’achève donc sur un bilan tout particulièrement remarquable lorsqu’on se souvient du point de départ : une Europe en ruines, accoutumée depuis des siècles à des guerres fratricides, engendrées par des rêves d’hégémonie.  Malheureusement, la médaille a son revers. Ce sont les échecs, qui engendrent inévitablement appréhension, crise de confiance et réactions de rejet de la part des européens.  2.   Les échecs, les incertitudes et les angoisses :  ·  Les Institutions ne fonctionnent plus. Les divisions entre les Etats membres ne sont ni plus ni moins fortes qu’au sein de chaque pays, mais il manque à l’Europe les procédures démocratiques pour trancher les débats. D’ où paralysie et immobilisme ·  Le budget est dérisoire et archaïque : 1% du Pib contre 20% pour le Gouvernement fédéral américain. Pas de ressources propres, mais les contributions durement négociées des Etats membres. Un budget dimpuissance.  · Les hommes politiques se livrent à de féroces luttes pour le pouvoir et  l’Europe n’est plus que le champ clos de leurs batailles : les gouvernements contre l’Union, les bureaucraties nationales contre les Institutions de l’Union, les petits Etats contre les grands, et les Institutions européennes entre elles. Et l’on connaît le refrain des hommes politiques : les échecs, c’est Bruxelles, les succès, c’est eux. Où va-t-on à ce train ? ·  Compte tenu de ces entraves, les engagements européens ne sont plus tenus : la coordination des politiques économiques prévue par les Traités est en panne, la stratégie de Lisbonne arrêtée par le Conseil européen ne se réalise pas, les mesures décidées en matière internationale, au FMI par exemple, où l’Union devait parler d’une seule voix, ne sont pas appliquées.  ·  La politique étrangère vacille dans les cas graves : l’Irak, l’Afghanistan, le Moyen Orient sont des sujets de discorde, faute d’une analyse rigoureuse des intérêts de l’Europe. Les relations avec les Etats-Unis et la Russie sont en débat. Aujourd’hui les initiatives sont prises hors d’Europe dans les affaires du monde, et l’Europe divisée ne se fait guère entendre. ·  La politique de défense ? On prétend la bâtir sur une coopération franco-anglaise, c'est-à-dire à partir de deux pays qui ne s’accordent sur à peu près rien et qui sont les partenaires les moins fiables de l’Union. Est-ce rassurant ? ·  Aucun projet n’est offert aux peuples, ni pour un avenir proche, ni pour une perspective plus lointaine, aussi bien pour achever l’organisation
 
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interne de l’Union que pour construire ses relations avec le reste du monde. ·  Dans ces conditions, peut-on croire que l’Union sera en mesure de protéger le citoyen européen en cas de crise internationale, de débâcle économique ou financière, de calamité naturelle ou environnementale ? On le voit aujourd’hui : notre prospérité est à la merci des folies venues d’ailleurs, de banquiers américains irresponsables. L’Europe est surprise, improvise, se divise et n’a pas d’instances capables de décision commune. ·  Enfin, ce qui est peut-être le plus grave de tout : les européens ont compris que leurs Etats, s’ils demeurent solitaires, sont totalement impuissants à résoudre les problèmes intérieurs et extérieurs qu’ils doivent affronter. Seule l’Europe, en s’unissant, est à la mesure de relever ces défis. Seule l’Europe peut sauver l’Europe. Mais si elle n’en prend pas le chemin, quel espoir reste-t-il ? Voilà qui est angoissant.  3.  La crise de confiance et le rejet :   La crise de confiance des européens est profonde. Parfois, cette crise vient de loin, des profondeurs de notre histoire. Parfois, elle est liée à la contemplation morose de la situation actuelle. Crise de confiance envers soi, envers l’Etat du monde, envers l’Europe elle-même. D’où finalement des réactions de rejet.  1.  La crise de confiance envers soi.   L’Europe est envahie par l’esprit de dénigrement sur elle-même et obsédée par le sentiment de son déclin, car elle voit son héritage menacé sur tous les plans, moraux, politiques, et économiques.  ·  Le savoir, l’idole de « l’ère des Lumières » en Europe, lui est devenu suspect. La science – qui est la science de l’Europe - est accusée de détruire la planète, en risquant de la faire exploser par l’atome, d’empoisonner la terre, l’eau, l’air par la chimie, de la ruiner en exploitant abusivement ses ressources. Et la biologie s’attaque au vivant dans des conditions parfois angoissantes.  ·  La Démocratie ? Ses mécanismes se grippent : les Parlements contrôlent de moins en moins, le contre-pouvoir de la presse s’estompe, car la presse est plus que jamais une entreprise commerciale qui vit de publicité et de subsides divers, les frontières entre la gauche et la droite s’affaiblissent, chacun reprenant les recettes de l’autre, pour ne s’affronter que dans des luttes pour le pouvoir, d’où le rejet croissant des partis politiques. Enfin les syndicats ne savent plus s’ils doivent s’opposer ou composer.   
 
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·  Sur le plan économique, on constate que l’on a perdu des pans entiers de l’industrie sans qu’ils soient remplacés, que l’Europe qui était l’inventeur et l’atelier des produits du monde ne l’est plus, concurrencée par les Etats-Unis, la Chine, l’Inde…Dès lors, que faire ? Aucune conclusion ne se dégage clairement, et, par conséquent, aucune stratégie. Mais pendant ce temps la pauvreté progresse, l’écart s’accroit entre riches et pauvres, les jeunes, mal formés, se découvrent sans avenir, et les enfants d’immigrés ont tant de mal à s’intégrer que beaucoup y renoncent.  2. La crise de confiance envers l’état du monde :  ·  L’Europe, qui jadis domina le monde, mesure sa perte d’influence. Sans multiplier les exemples, il suffit d’aller à l’essentiel. Le monde se divise en 4 catégories : - Les Géants émergeant : la Chine, l’Inde, le Brésil. - Les Géants déclinant : les Etats-Unis, qui ne peuvent maintenir leur hégémonie militaire, économique et monétaire, et la Russie, réduite à défendre son pré carré et à jouer de ses réserves pétrolières, deux situations qui sont de nature à renforcer l’instabilité du monde. - Les Géants flottant : l’Europe, émergeante ou déclinante ? Les Etats arabes : divisés ou unis ? Unis autour de quoi ? De la religion ? - Les aspirants à un inévitable regroupement, qui peuvent être à des niveaux économiques très divers. L’Europe n’est donc plus dans le peloton de tête. De plus, elle hésite sur un sujet majeur: qu’est-ce que la mondialisation ? Une opportunité ou une calamité ? La nécessité d’une rénovation ou d’une révolution ? Sa stratégie, non plus, n’est toujours pas définie. L’Europe enfin découvre sa solitude, et constate, déconcertée, qu’à côté de l’intérêt indéniable qu’elle suscite, en Afrique, en Amérique latine, dans une partie du monde arabe, elle rencontre des forces sourdement hostiles : beaucoup de gouvernants aux Etats-Unis, en Russie, en Chine préfèrent discuter et négocier avec les Etats membres en les divisant qu’avec l’Union. C’est leur intérêt, ce n’est pas le nôtre.  3. Crise de confiance envers l’Europe actuelle et réactions de rejet : - L’Union européenne reste lointaine et elle est perçue comme telle. Elle est dirigée par des étrangers, c'est-à-dire par des gens que l’on ne connaît pas, qui ne sont pas élus, ou qui sont élus par quelqu’un d’autre : elle est sans visage. On s’en méfie. - Pour toutes ces raisons, les citoyens européens tardent à se considérer comme des « européens », seulement 25% d’entre eux en France, guère plus qu’en 1992. Il est vrai que rien ne les porte à se considérer comme
 
 
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tels : Il n’y a pas d’opinion publique européenne, pas de journaux européens, pas de partis politiques européens structurés, pas de leaders européens, pas de systèmes associatifs européens. Les peuples européens se connaissent très mal, ignorent leur histoire respective, qu’on ne leur enseigne pas, et tout autant leurs aspirations actuelles. Rien dans tout cela ne pousse à une « Union de plus en plus étroite ».Qui veut s’unir à ceux qu’il ne connaît pas ? L’Europe est une machine à exclure de l’Europe. - De là des phénomènes de rejet. On propose aux européens un projet de traité constitutionnel conçu par une Convention de politiciens, et revu, généralement pour le pire, par les gouvernements de l’époque. Il a été rejeté par deux peuples consultés: on leur avait soumis un texte illisible, interminable, déséquilibré et finalement moins démocratique que les Constitutions nationales. Le citoyen s’y retrouvait comme le parent pauvre. On ne lui parlait ni de son rôle, ni de ses intérêts, ni des moyens nouveaux mis à sa disposition, sinon, quand c’était le cas, pour en fixer les limites. En revanche, on voyait bien que la classe politique avait âprement défendu sa fonction, ses pouvoirs et ses privilèges. Quant au traité de Lisbonne, qui apporterait, certes, quelques améliorations au fonctionnement institutionnel, personne ne pense qu’il constitue autre chose qu’une étape transitoire. Le monde politique a donc finalement mis presque 10 ans pour aboutir à quoi ? A une situation peu glorieuse: les peuples sont mécontents, les gouvernements sont désavoués et la classe politique est discréditée, parfois détestée. Sans pour autant que l’Europe politique soit réalisée. - Ce rejet est en effet d’abord celui de la classe politique, nationale et européenne, mais, si justifié soit ce rejet, la classe politique est-elle seule responsable des infortunes de l’Europe ? La Société civile peut-elle se considérer comme exempte de tout reproche ? A-t-elle vraiment joué son rôle ? Chefs d’entreprises, responsables de médias, universitaires, professions libérales, syndicats, associations diverses, qu’ont-ils fait pour qu’avance l’Europe politique ?…. La Société civile bavarde, mais agit peu, se perdant en débats complaisamment organisés par les Gouvernements et la Commission de l’Union, ce qui donne en effet, ces réunions intitulées « Paroles d’européen » organisées par la Présidence française en 2008. L’opium de la Société civile. Mais l’Union n’a toujours pas de statut d’Association ni de Fondation européennes. Des paroles, donc, mais point d’acte. Et l’on peut aussi remarquer devant ces blocages la passivité des citoyens, indifférents et démobilisés.  Doutes, contestations, désarroi et rejet. Les raisons ? Ce sont toujours les mêmes :
 
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·  Les européens voient leurs Etats impuissants et l’Europe en panne malgré les énormes ressources potentielles de ses presque 500 million d’habitants ; ·  Ils ne se voient offrir aucun projet qui les sorte de ce marasme et leur montre une lumière à l’horizon.  Tous les aspects négatifs ont en effet ce trait commun : limpuissance . Impuissance des Etats, de la Société civile, des citoyens et de l’Union. Impuissance des hommes politiques, qui cherchent à camoufler la réalité par des postures, des slogans, et le recours aux pratiques des spécialistes en « communication », les charlatans de l’époque. Il en résulte, car elle n’est pas dupe, une société fractionnée, furieusement individualiste, indifférente à tout, la famille, l’Etat, l’Union, soucieuse uniquement de son petit milieu, de paraître jeune et de soigner son corps. Qui est en position de blâmer cette attitude de désespéré ?   
 
                                                                             I I. LES PERSPECTIVES .  1.  Quel avenir ?  Ici l’avenir dont il s’agit va d’aujourd’hui à 2050. Pourquoi ce choix ? Pour une raison simple et concrète : la génération qui a aujourd’hui 20 ans entre dans la vie active. Elle s’apprête à prendre les responsabilités. Elle commencera à les quitter en 2050, quand elle aura 60 ans. Nous connaissons ceux qui ont 20 ans, nous pouvons nous adresser à eux. Dialoguer avec eux pour préparer la relève qu’ils assumeront. Ceux qui auront 20 ans en 2050 ? Nous n’avons pas la moindre idée de ce qu’ils seront. Toute anticipation vis-à-vis d’eux et de leur monde est donc vaine.   2.  Quels obstacles nouveaux d’ici 2050 ?   A  la lumière des informations et des travaux dont nous disposons, il faut se préparer à la situation suivante :   a)  La pénurie de matières premières, et particulièrement de pétrole, mais aussi de l’eau, est très probable ;
 
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b)  Le réchauffement climatique, s’il s’accentue et quelles qu’en soient les raisons, risque de diminuer la production agricole, posant des problèmes d’alimentation qui, par voie de conséquence, amplifieront les migrations. L’Europe a toute chance d’être une destination privilégiée. c)  L’économie européenne sera soumise à une concurrence sans précédent : de nouveaux pays seront capables de maîtriser nos technologies et de produire à moindre coût. d) Le niveau de vie en Europe sera menacé par les nécessaires et douloureuses restructurations industrielles, et par l’incapacité probable des Gouvernements à maîtriser les déficits de leurs budgets. Les tensions sociales et les inégalités de rémunération s’aggraveront. e) L’hégémonie militaire américaine connaîtra une érosion importante. Des guerres locales, ou plus étendues, risquent de se déclarer qui pourraient mettre l’Europe en danger. Sa défense devra être repensée, et ses capacités de défense accrues. f)  Le vieillissement de la population peut diminuer la pression sur le marché du travail mais l’accroître sur celui de la santé ; g)  Des efforts considérables sont à prévoir pour développer les investissements, et notamment en matière d’énergie et d’infrastructures, ainsi que pour réformer l’Education et financer la Recherche.  3.   Quels objectifs d’ici 2050 ?  Les objectifs apparaissent clairement au vu du diagnostic précédent et des perspectives pour 2050. Ils se résument en un mot : sortir de l’impuissance . Ce qui veut dire : ·  Retrouver une capacité d’action  pour faire face aux défis. Quatre conditions sont à remplir. - Il faut doter l’Europe d’Institutions efficaces. Sans de telles Institutions, aucune politique ne pourra aboutir. Mais ces Institutions, à leur tour, doivent être au service d’une stratégie politique globale. Sans cette stratégie, les Institutions ne seront que la carrosserie d’une voiture sans moteur. - Ces Institutions doivent être démocratiques. Les européens veulent retrouver le contrôle de leur destin : pour cela, ils ont besoin, non seulement d’une Europe qui fonctionne et qui les protège, mais qui soit faite pour eux. Alors, ils croiront en elle. Ils attendent de leurs dirigeants qu’ils disent ce qu’ils veulent et pourquoi ils le veulent. Et s’il y a nécessité de trancher sur une question majeure, un vote démocratique y pourvoira, et la majorité appliquera sa politique sans qu’une minorité ait le moyen de la bloquer. - On doit, d’autre part, rebâtir les structures de l’Union pour les mettre en état d’atteindre les objectifs. Ce qui veut dire : revoir la chaîne des
 
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relations entre collectivités locales- régions- Etats- Union, pour donner le maximum d’efficacité à leurs actions, et repenser l’organisation interne de l’Union, notamment dans ses relations avec les Etats membres, pour éliminer les facteurs de paralysie ; - Il est essentiel enfin de créer un esprit européen chez les habitants du continent. C’est la clé de tout, et d’abord de l’avenir. Les européens existent : ils voyagent, découvrent, travaillent, investissent, étudient, se rencontrent, s’aiment, se marient d’un pays à l’autre. Mais il faut plus. Etre beaucoup plus nombreux à se sentir citoyens européens, à vouloir créer une société et une opinion européennes, avec sa presse, ses pratiques associatives et culturelles, ses villes en réseau développant de nouvelles formes de relations sociales, à vouloir devenir un peuple européen politiquement organisé autour d’un projet.  ·  Retrouver confiance en soi . Pour cela, il faut être capable de répondre aux aspirations de la société européenne, et en particulier aux questions qu’elle se pose concernant : - la création et la distribution des richesses, - la protection de la santé à tous les âges, - la sécurité du travail, - le respect du droit, - l’intégration des immigrés, - l’éducation et la culture, en matière européenne autant que nationale, - la recherche dans tous les domaines. Toutes ces questions relèvent des différents aspects d’une aspiration fondamentale à la sécurité, mais aussi de l’aspiration à une société plus juste, où le travail est convenablement rémunéré et la paresse découragée.  ·  Retrouver son rôle dans le monde . L’Europe veut se projeter hors d’elle-même et faire partager au monde le rêve qui l’unit, fondé sur la prospérité, la démocratie et la paix. C’est donc aussi à une organisation nouvelle du monde qu’elle aspire.  Les objectifs de l’Europe pour 2050 se résument donc à ceci : parachever l’Europe, créer des européens, les mobiliser autour d’un projet continental et mondial qui concilie réalisme et humanisme.   
  
 
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 III. LE PROJET   Le projet européen, qui découle de ce qui précède, consistera à répondre à deux questions : - Comment, par quels moyens parvenir aux objectifs précédemment décrits? - Pour aboutir à quoi, en 2050?   1.  Comment retrouver une capacité d’action ?  a)  Par des Institutions rénovées :   Il faut redéfinir ce que doit être le pouvoir  dans une Démocratie moderne. Il trouve sa source dans le citoyen et dans le peuple, le peuple qui rassemble l’ensemble des citoyens dans leurs actes politiques. Il faut donc redonner à la citoyenneté sa place, qui est primordiale, tant sur le plan européen que national et local. Le citoyen doit retrouver le sentiment que son vote, ses opinions, l’éducation de ses enfants, son insertion sociale changeront quelque chose à la société. Le citoyen devra, en matière institutionnelle, se prononcer sur deux points : - Pourquoi, à quelles fins veut-il créer une Union européenne ? - Comment veut-il l’organiser ? Il ne s’agit pas de la même chose : dans le premier cas, la décision porte sur une question fondamentale, permanente, le Contrat social européen, tandis que dans l’autre cas, on traite d’une organisation qui doit être flexible pour s’adapter aux évolutions sociales. Ici, il s’agit d’un acte fondateur, là, de lois constitutionnelles, qui sont en fait le corpus des quelques lois fondamentales nécessaires au fonctionnement de l’Union, qui doivent pouvoir être modifiées pour répondre à l’évolution du monde et de la société européenne. La Constitution française l’a été 23 fois en 50 ans. Le choix de la République n’a pas varié en 130ans. On a eu le tort de mêler jusqu’ici les deux questions dans le même texte, source de complications et de confusions qui ont fait sombrer la Constitution et peut-être le Traité de Lisbonne, et de les soumettre à la même procédure référendaire. On peut vouloir ardemment l’Europe unie, et exiger que ses objectifs soient clairs et précis sans pour autant avoir la volonté ou la capacité d’entrer dans le détail du fonctionnement. Les principes sont à soumettre au peuple, l’organisation relève de ses représentants dûment contrôlés. Il faut donc présenter aux suffrages un texte, court, clair, accessible à tous. Le Traité fondateur que l’on va proposer comportera une douzaine d’articles et traitera de 3 thèmes :
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