Conditionnement verbal et problèmes cognitifs  - article ; n°2 ; vol.71, pg 583-602
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Description

L'année psychologique - Année 1971 - Volume 71 - Numéro 2 - Pages 583-602
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marie Lemaine
M. Guimelchain
Conditionnement verbal et problèmes cognitifs
In: L'année psychologique. 1971 vol. 71, n°2. pp. 583-602.
Citer ce document / Cite this document :
Lemaine Jean-Marie, Guimelchain M. Conditionnement verbal et problèmes cognitifs . In: L'année psychologique. 1971 vol. 71,
n°2. pp. 583-602.
doi : 10.3406/psy.1971.27759
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1971_num_71_2_27759CONDITIONNEMENT VERBAL
ET PROBLÈMES COGNITIFS (1954-1969)
(Deuxième partie)
par Jean-Marie Lemaine
avec la collaboration de Michèle Guimelchain
Laboratoire de Psychologie sociale de la Sorbonne, associé au CNRS
III. — CONDITIONNEMENT VERBAL
ET PRISE DE CONSCIENCE
La conscience détermine-t-elle le progrès, toutes choses étant égales
par ailleurs ? Ce problème ne nous paraît être résolu ni par les bulletins
de victoire de Spielberger et de ses partisans, ni par les dénégations
grondeuses de Verplanck ou les communiqués de ceux qui ont trouvé
du « conditionnement sans conscience » (voir, par exemple : Nuthmann,
1957 ; Oakes, Drodge, 1960 ; Binder, Salop, 1961 ; Dewolfe, 1962 ;
Farber, 1963). On ne peut définir comme cause que ce dont la manipul
ation délibérée a créé des différences relativement à la variable qui
définit l'effet. Or les variables du conditionnement verbal (performance
et conscience) sont données ; quand on les examine, on ne peut que
constater leur corrélation, non l'interpréter. Pour avoir le droit d'inter
préter, on doit recourir à des méthodes de lecture des données plus
complexes que l'enregistrement d'une corrélation. Nous proposerons
une méthode pour trancher entre les tenants des diverses théories de
l'articulation entre conscience et conditionnement.
Auparavant, nous nous interrogerons sur l'outil qui permet de décider
de l'existence ou du degré de la prise de conscience du sujet (que valent
les questionnaires postexpérimentaux auxquels on soumet les sujets ?).
Puis nous tenterons d'analyser la signification possible de la conjonction
de tel niveau de conscience avec tel niveau de conditionnement (ou de
progrès), en mettant provisoirement entre parenthèses les théories
antagonistes.
LE QUESTIONNAIRE POSTEXPÉRIMENTAL
Selon qu'on pose plus ou moins de questions, qu'on pousse le sujet
plus ou moins loin dans ses retranchements, on repère plus ou moins
de sujets « conscients ». Selon qu'on pose des questions différentes ou
les mêmes questions dans des ordres différents, on n'a pas des sujets 584 REVUES CRITIQUES
dont les « consciences » sont équivalentes, relèvent de la même dimension.
A notre connaissance, il n'existe pas de recherche sur les effets comparés,
dans des expériences identiques, de l'ordre des matières abordées dans
l'entretien postexpérimental. Dans les lignes qui suivent, nous poserons
la question de Krasner et Ullmann (1963), dont voici la paraphrase :
« Quand on n'obtient pas d'aveux du sujet, est-ce parce que les méthodes
d'entretien utilisées n'ont pas de sensibilité ; et, quand on en obtient,
n'est-ce pas seulement le témoignage d'une conscience après coup
suggérée par les questions et par la mise à la question ? »
LE QUESTIONNAIRE CLASSIQUE
La conscience du sujet est définie par sa capacité à formuler :
1° Le comportement de l'expérimentateur (le signal) ; 2° La classe
verbale ; 3° La liaison entre les deux. Le plus haut niveau de conscience
correspond au cas où le sujet mentionne que le signal a toujours été
associé à une classe de mots ; cela implique qu'il a perçu qu'il y avait
un signal et une classe de mots. A priori, il nous semble est bon,
afin de ne pas diriger d'emblée les réponses du sujet, de lui demander
d'abord s'il a des commentaires à faire, puis de l'interroger sur ce qu'il
a fait, en utilisant des questions ouvertes. C'est seulement lorsque des
questions de cette sorte n'ont pas provoqué de réponse dénotant prise
de conscience que l'on peut soumettre le sujet à des questions de plus
en plus précises. Encore convient-il ici de respecter, à côté de l'ordre
des formes de questions, un ordre des matières afin de ne rien suggérer
progressivement qui ne viendrait pas du sujet lui-même : ainsi, puisque
la conscience du signal est plus fréquente, plus facile, que la conscience
de la classe verbale, il vaut mieux, semble-t-il, questionner d'abord
sur la ou le comportement du sujet que sur le signal.
D'autre part, un questionnaire peut être fruste, ne couvrir qu'un
registre étroit du continuum (s'il existe) de la prise de conscience.
Southwell (1962 a) insiste sur le fait que la distinction entre conscients
et non conscients n'a pas la même signification selon le niveau où
s'opère la coupure, le niveau rendu possible par le questionnaire lui-
même (voir aussi Spielberger, De Nike, Stein, 1965).
En résumé, le questionnaire doit ne suggérer qu'en dernier ressort,
n'orienter qu'avec mesure et être suffisamment long pour multiplier
le nombre de degrés de conscience.
Il nous semble enfin qu'il doit ne comprendre que des questions de
comportement, l'interprétation étant à la discrétion du sujet. Un
exemple de ce qu'il ne faut pas faire nous est donné par Simkins (1963)
et par Oakes et Drodge (1960) qui demandent au sujet s'il n'a pas été
influencé par l'expérimentateur. Admet-on toujours facilement d'avoir
été influencé ? Si le sujet l'est, à l'expérimentateur de le découvrir
autrement qu'en le lui demandant. J.-M. LEMA.INE ET M. GUIMELCHAIN 585
Nous rejetterons d'abord les questionnaires qui ont au moins l'un
des trois défauts suivants : 1° Ils ne comprennent pas de question
ouverte initiale ; 2° Ils commencent par le plus facile, c'est-à-dire par
une question sur le signal ; 3° Ils sont trop courts. Les questionnaires
de Dulany (1962) et de Miller (1967) ont le premier défaut ; ceux de
Timmons et Noblin (1963) et d'Epstein (1964) le deuxième et le troi
sième, ceux de Tafîel (1955), l'ancêtre en la matière, et de Matarazzo
et al. (1960), utilisé aussi par Merbaum et Southwell (1965), le troisième.
Restent deux questionnaires qui méritent l'examen : celui de
Krieckhaus et Eriksen (1960), le plus complet, mais non le plus utilisé,
et celui de Levin (Levin, 1961 ; Spielberger, Levin, 1962 ; Spielberger,
Levin, Shepard, 1962 ; Drennen, 1963 ; Doherty, Walker, 1966). Ce
dernier ressemblant beaucoup au précédent, quoiqu'il fasse l'économie
d'une première question très générale appelant les commentaires du
sujet, nous exposerons schématiquement la marche suivie par Krieckhaus
et Eriksen : 1° Impressions du sujet, questions qu'il se pose ou qu'il
désire poser ; 2° Questions sur son comportement (a-t-il utilisé tous
les mots n'importe comment ? quels mots ? pourquoi ? — s'il répond
à côté, on insiste — s'il ne sait pas, l'expérimentateur lui dit qu' « il
lui semble que »... — alors, qu'en pense le sujet ?) ; 3° Questions sur
le comportement de l'expérimentateur (si le n'a pas encore ment
ionné le signal, on lui demande s'il n'a pas entendu l'expérimentateur
dire quelque chose — si le sujet n'a rien entendu, on lui dit ce qu'il
aurait dû entendre et on lui demande si, maintenant qu'il sait, ..., etc.).
Les questionnaires dont nous venons de parler sont applicables à
la situation expérimentale la plus fréquente. Nous en mentionnerons
trois maintenant qui le sont dans d'autres situations : celui de
T. R. Dixon (1966 b) utilisé dans une situation de résolution de problèmes
et qui porte sur le comportement du sujet et sur ses motifs ; celui de
Kanfer et Marston (1963) utilisé dans une situation de renforcement
vicariant ; c'est un questionnaire assez long, de la même qualité que
celui de Krieckhaus et Eriksen, bien supérieur à celui, pourtant postér
ieur, de Ditrichs et al. (1967).
En guise de conclusion. — Dans un vigoureux article « anticogniti-
viste », Greenspoon et Brownstein (1967) font remarquer que Spielberger
n'a insisté sur la sensibilité de l'entretien postexpérimental que parce
qu'il voulait que tout sujet ayant progressé fût nécessairement conscient.
Il est possibl

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