Contes et fables dans les livrets de salon - article ; n°78 ; vol.22, pg 23-34
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Description

Romantisme - Année 1992 - Volume 22 - Numéro 78 - Pages 23-34
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Corinne Van-Eecke
Contes et fables dans les livrets de salon
In: Romantisme, 1992, n°78. pp. 23-34.
Citer ce document / Cite this document :
Van-Eecke Corinne. Contes et fables dans les livrets de salon. In: Romantisme, 1992, n°78. pp. 23-34.
doi : 10.3406/roman.1992.6074
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1992_num_22_78_6074Corinne VAN-EECKE
Contes et fables dans les livrets de Salons
On lit dans le Journal de Delacroix * : « L'ouvrage du peintre et du sculpteur
est tout d'une pièce, comme les ouvrages de la nature [...]. Il n'en est pas tout à
fait ainsi d'un livre. Les beautés n'en sont pas assez détachées pour exciter cons
tamment le même plaisir. Elles se lient trop à toutes les parties qui, à cause de
l'enchaînement et des transitions, ne peuvent offrir le même intérêt ». Et l'auteur
d'exposer son intérêt pour les ouvrages littéraires courts. Il souligne « le peu de
penchant qui [l']entraîne vers les ouvrages de longue haleine », et il poursuit :
« une ode, une fable présentera les mérites d'un tableau qu'on embrasse tout d'un
coup ».
On peut donc se demander quel fut, au sein de la peinture d'inspiration litté
raire, le destin particulier de ces formes brèves que sont les fables et les contes.
Les quelques éléments de réponse que nous tentons de donner à travers ce texte
sont les premiers résultats d'une recherche entreprise depuis peu. Le dépouillement
des livrets de Salons a été réduit, pour la cohérence de cet exposé, à des sondages
dans ces livrets tous les dix ans environ, entre 1700 et 1914 2. D'autre part ce pre
mier bilan porte essentiellement sur les titres de peintures, peu de tableaux ayant
pu être localisés jusqu'à maintenant.
Lesfables
A l'origine notre propos était consacré aux contes ; il est apparu dès les pre
miers dépouillements qu'il faudrait l'étendre aux fables et tout particulièrement à
celles de La Fontaine. Celles-ci arrivent en effet en tête des sujets de la peinture
d'inspiration littéraire : présentes au XVIIIe siècle, elles vont se multiplier au
XIXe. On connaissait la fortune de leurs éditions illustrées 3 mais la peinture
semble les avoir tout autant célébrées. Quelques chiffres le montrent déjà : au
Salon de 1812 sont exposés 3 tableaux ayant pour sujet une fable de La
Fontaine ; en 1819, 5 ; en 1822, 4 ; en 1824, 5 ; en 1833, 5 ; en 1838, 1 ; en
1849, 7 ; en 1852, 2 ; en 1857, 7 ; en 1861, 9 ; en 1872, 6 ; en 1873, 4 ; en
1882, 13 ; en 1886, 3 ; en 1892, 4.
Aucune statistique précise ne peut encore être proposée pour les titres les plus
illustrés mais, pendant les deux siècles envisagés, on s'aperçoit que des peintres de
toutes obédiences ont trouvé dans les fables de multiples sources d'inspiration. En
premier lieu c'est cette variété qui déroute. Pourtant, en étudiant les modes de re
présentation, on remarque que les sujets se sont distribués de façon précise et
qu'une typologie se dessine. Celle-ci est directement liée aux genres picturaux.
Les premières illustrations sont celles de peintres animaliers et décorateurs. Au
Salon de 1738, Pierre-Nicolas Huilliot, peintre de fleurs proche de Monnoyer, ex-
ROMANTISME n°78 (1992 - IV) 24 Corinne Van-Eecke
pose Le Coq et la perle (n°92) ; en 1755, Jean-Jacques Bachelier, qui fut comparé
à Oudry, illustre Le Cheval et le loup (n°75) 4. Tout au long du XIXe siècle, de
nombreux peintres vont poursuivre cette veine tout en l'infléchissant vers un style
plus réaliste.
Les tableaux de Jean-Baptiste Berré en 1819 : Le Loup et l'agneau et Bertrand
et Raton (nos 77 et 78) sont loués pour leur « vérité d'exécution » et comparés à
ceux de Paul Potter 5 ; ceux de Philibert-Léon Couturier : Le Chat et le vieux rat
(Salon de 1886, n°610) et Conseil tenu par les rats (Salon de 1892, n°452) situent
la scène dans un grenier que n'avait pas décrit La Fontaine ; l'artiste peint tour à
tour un chat pendu par la patte entouré de rats qui sortent d'un panier d'osier, puis
de nombreux rats rongeant les pages de livres en désordre où le seul détail qui rap
pelle la fable est un rat assis sur un épais volume, tenant un grelot. On retrouve
une tendance plus décorative, particulièrement sous le Second Empire7, avec des
peintres comme Philippe Rousseau ou Joseph Stevens. Le premier, auteur de su
jets anecdotiques mettant en scène des animaux dans des intérieurs soignés ou des
parcs richement fleuris, expose, en 1852, Le Rat retiré du monde (n°118), scène
probablement léchée et traitée avec minutie qui fait dire à un critique : « c'est
pour la gent trotte-menu ce que sont les Meissonier pour l'espèce humaine » 8.
Quel que soit le style, c'est toujours l'anecdote qui domine dans ce type de
peintures. La moralité délivrée par la fable n'est pas le souci de leurs auteurs, qui
se contentent d'illustrer un moment séduisant de l'action en y ajoutant de nom
breux détails jamais précisés par le poète. Cette remarque se vérifie à la lecture des
titres des tableaux dans les livrets des Salons : un simple titre, celui de la fable,
parfois accompagné d'une épigraphe décrivant l'action. On suppose par exemple
que le tableau de Joseph Stevens (Salon de 1849, n° 1481), Le Chien qui porte à
son cou le dîner de son maître, illustre le combat des chiens d'après l'épigraphe
suivante : « Le chien mit bas la proie / Pour la défendre mieux, n'en étant plus
chargé. / Grand combat. D'autres chiens arrivent ; / Ils étoient de ceux-ci qui vi
vent / Sur le public et craignent peu les coups ». Le tableau de Couturier décrit
plus haut, Le Chat et le vieux rat n'est accompagné que d'un vers et demi : « [...]
La bête scélérate / A de certains cordons se tenait par la patte » se référant à la
scène centrale. Tout se passe comme si l'inscription de l'épigraphe était garante de
la fidélité de l'illustrateur. Le plus souvent ces épigraphes sont les premiers vers
de la fable, elles plantent le décor et citent les protagonistes de la scène illustrée.
Ces peintres ont la plupart du temps ôté l'aspect merveilleux de la fable pour
rétablir les animaux dans des activités qui leur sont propres : ils se nourrissent,
combattent... Cet aspect est renforcé par le traitement réaliste des animaux qui su
bit souvent l'influence de la peinture hollandaise du XVIIe siècle 9. C'est la fable à
sujet humain qui paraît cependant être celle qui bénéficia du plus grand succès
auprès des peintres. Quelques peintres de genre en tirèrent des sujets anecdotiques :
Le Meunier, son fils et l'âne de Madame Haudebourg-Lescot (Salon de 1819,
n°765) 10 est l'illustration d'un moment précis de la fable, la rencontre des trois
jeunes filles et du meunier juché sur l'âne ; aucune idée de portée générale n'est
suggérée ici. L'illustration de ce type de fables fut généralement le fait de peintres
d'histoire. Pour cette peinture de l'idéal et de l'universel, qui se doit de délivrer une
leçon de morale, la fable fournissait des sujets capables d'édifier le spectateur.
Quelques peintres néoclassiques l'illustrèrent puis, au XIXe siècle, certains
peintres académiques. Contes et fables dans les livrets de Salons 25
Plusieurs constantes se dégagent dans cette série de tableaux. Tout d'abord,
quel que soit le sujet de la fable, fidèles à la tradition de la grande peinture, les
peintres ont revêtu les personnages de costumes antiques. Or, ce qui est logique
pour le tableau de Pierre Peyron, Démocrite et les Abdéritains (Salon de 1812,
n°714) n, l'est moins lorsque Jacques-Noël-Marie Frémy habille le juge et les
deux pèlerins de L'Huître et les plaideurs en costumes romains, Périn Dandin por
tant une toge. Les critiques du Salon de 1812, où le tableau fut exposé (n°395),
soulignèrent d'ailleurs ce fait : « La Fontaine a mis en scène dans sa fable de
L'Huître et les plaideurs deux pèlerins et un juge villageois. M. Frémy en prenant
cet apologue pour sujet de son tableau a voulu relever le caractère des plaideurs et
ennoblir les formes et le costume. Au lieu de deux pèlerins, ce sont deux voya
geurs vêtus &#

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