Contribution à l étude de la complexité du système mnésique humain -  CHAPITRE-IV
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Contribution à l'étude de la complexité du système mnésique humain - CHAPITRE-IV

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Apports expérimentaux chapitre 4 : Représentations de la mémoire CHAPITRE 4 : LES REPRESENTATIONS DE LA MEMOIRE DANS LA VIE QUOTIDIENNE : THEORIES NAÏVES ? 4.1. CADRE GENERAL DE L'ETUDE Nous avons constaté, au fil de la littérature, que les relations entre métamémoire et performances mnésiques sont loin d'être clairement établies, notamment lorsque la connaissance est évaluée au moyen d'un questionnaire et que la performance est mesurée dans une tâche de laboratoire. Aussi, dans un premier temps, il nous a paru pertinent d'entreprendre une investigation des représentations, connaissances et croyances, que les sujets possèdent sur leur mémoire quotidienne, indépendamment de toute mesure de performance. Nous avons pour cela construit un questionnaire englobant des questions ouvertes et des échelles d'auto-évaluations. Cette recherche n'a pas pour objectif d'étudier les relations entre mémoire et métamémoire, mais de dégager des éléments pertinents des représentations naïves ou théories implicites de la mémoire (Beauvois, 1984 ; Dobbs et Rule, 1987 ; Roediger, 1979). Nous avons posé l'hypothèse d'une adéquation globale entre les théories naïves et les théories scientifiques (H.1.). L'objectif principal du questionnaire est d'évaluer les connaissances des sujets sur le fonctionnement de la mémoire et de les comparer aux théories scientifiques de la psychologie cognitive. Nous chercherons notamment à savoir si les sujets : •• conçoivent l'existence ...

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Langue Français

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Apports expérimentaux chapitre 4 : Représentations de la mémoire
CHAPITRE 4 : LES REPRESENTATIONS DE LA MEMOIRE DANS LA
VIE QUOTIDIENNE : THEORIES NAÏVES ?
4.1. CADRE GENERAL DE L'ETUDE
Nous avons constaté, au fil de la littérature, que les relations entre métamémoire
et performances mnésiques sont loin d'être clairement établies, notamment lorsque la
connaissance est évaluée au moyen d'un questionnaire et que la performance est
mesurée dans une tâche de laboratoire. Aussi, dans un premier temps, il nous a paru
pertinent d'entreprendre une investigation des représentations, connaissances et
croyances, que les sujets possèdent sur leur mémoire quotidienne, indépendamment de
toute mesure de performance. Nous avons pour cela construit un questionnaire
englobant des questions ouvertes et des échelles d'auto-évaluations. Cette recherche n'a
pas pour objectif d'étudier les relations entre mémoire et métamémoire, mais de
dégager des éléments pertinents des représentations naïves ou théories implicites de la
mémoire (Beauvois, 1984 ; Dobbs et Rule, 1987 ; Roediger, 1979). Nous avons posé
l'hypothèse d'une adéquation globale entre les théories naïves et les théories
scientifiques (H.1.).

L'objectif principal du questionnaire est d'évaluer les connaissances des sujets sur
le fonctionnement de la mémoire et de les comparer aux théories scientifiques de la
psychologie cognitive. Nous chercherons notamment à savoir si les sujets :
•• conçoivent l'existence de plusieurs systèmes mnésiques assimilables à ceux
que la psychologie dénomme par exemple mémoire procédurale, mémoire
sémantique et mémoire épisodique, mémoire explicite et mémoire implicite,
mémoire à court terme et mémoire à long terme…,
•• •• perçoivent des différences dans les contraintes exercées par les tâches et les
matériels et connaissent les principes de fonctionnement de la mémoire comme la
supériorité de la reconnaissance sur le rappel, la supériorité de l'image sur le mot,
les effets de fréquence, de répétition, de profondeur d'encodage.

En plus de dresser le portrait de ce qu'est la mémoire chez des individus "tout
venant", nous avons cherché à identifier les croyances relatives à l'effet de variables
individuelles comme l'âge, le sexe ou le niveau socio-économique sur la performance
mnésique (un des aspects "sujet" de la métamémoire), les attributions causales de
réussite et d'échec de mémoire (aspect "locus de contrôle") et les domaines de
compétence individuels (aspect "auto-efficacité").
Chapitre 4 – 320 Apports expérimentaux chapitre 4 : Représentations de la mémoire
Enfin, conformément à nos préoccupations générales sur la mémorisation
intentionnelle, nous souhaitons identifier les situations spécifiques de la vie
quotidienne où la mémoire est utilisée consciemment ou volontairement, ainsi que les
stratégies naturelles adoptées dans ces circonstances. L'analyse de ces données
permettra d'évaluer les écarts entre tâches de laboratoire et tâches quotidiennes, entre
les stratégies "artificielles", étudiées en laboratoire, et les stratégies "naturelles",
développées quotidiennement. Au final, nous mettrons en évidence les circonstances
dans lesquelles les sujets prennent conscience de leur mémoire et l'utilisent
volontairement.

Une telle étude nécessite de questionner les personnes sur des situations de leur
vie quotidienne, de faire référence au vécu personnel, et présente donc l'avantage de
fournir des données écologiquement plausibles et signifiantes. Si l'on reste dans le
cadre du laboratoire, les tâches de mémoire demandées aux sujets ressemblent fort peu
à leurs activités courantes et les informations demandées sur le fonctionnement de la
mémoire sont souvent spécifiques à la situation (prédiction et évaluation de
performance), mais peu reliées aux connaissances du fonctionnement mnésique dans
des situations plus naturelles. Ici, se trouve une source possible de l'inadéquation
souvent mentionnée entre connaissance de la mémoire, performance réelle en
laboratoire et performance réelle quotidienne.

Les nombreux inconvénients liés à la méthodologie des questionnaires,
notamment à la compréhension des questions et à l'interprétation des données verbales,
et le faible effectif de personnes interrogées limiteront certaines de nos analyses à une
simple description des réponses fournies par les sujets.
4.2. PRESENTATION DE L'ETUDE
4.2.1. Justification et limites de la méthode
Afin d'éviter d'induire des réponses spécifiques ou d'orienter les choix sur les
réponses socialement désirables, nous avons préféré utiliser des questions ouvertes et
demander des justifications pour certaines réponses (e.g., "Pensez-vous que l'âge
influence la mémoire ? Explications ?"). Cette technique, bien que sensible à l'obstacle
des différences dans la capacité d'expression, entraîne une activation spontanée des
réponses, sur le mode de fonctionnement des associations d'idées. Aussi, semble-t-elle
recommandée pour accéder aux éléments les plus saillants de la représentation
individuelle. En effet, les premières idées qui viennent à l'esprit sont probablement
représentatives d'une unité psychique (notion de schéma) activée par une question
d'ordre général. Tout au moins, pensons-nous qu'elles reflètent l'état d'esprit d'un sujet
à un instant donné.

Chapitre 4 – 321 Apports expérimentaux chapitre 4 : Représentations de la mémoire
Alors que la première et la troisième parties du questionnaire se présentent sous
forme de questions ouvertes, la seconde partie aborde des connaissances plus
spécifiques en présentant des situations concrètes pour lesquelles le sujet doit évaluer
la qualité de sa propre mémoire.
On peut supposer que pour pouvoir émettre un tel jugement sur sa capacité
mnésique, le sujet doit :
•• •• soit activer, donc se souvenir d'un certain nombre d'exemples de la situation
décrite (épisodes) en estimant le nombre relatif d'échecs ou de réussites de
mémoire ; cette situation se produira si la personne n'a jamais eu auparavant
l'occasion de juger la qualité de sa mémoire sur cet exemple précis ou de s'en
faire une idée "générale".
•• •• soit activer une représentation correspondant à l'idée générale qu'il se fait de
lui-même à partir d'une généralisation faite sur l'ensemble de son expérience de la
situation décrite et/ou en comparaison avec des personnes de son entourage ; ce
type d'auto-évaluation revient à considérer l'aspect sémantique de la mémoire
autobiographique ou la mémoire sémantique personnelle (Brewer, 1988a) ; il fait
aussi référence à la notion d'auto-efficacité (Bandura, 1977, 1986).

Chacun de ces deux processus d'auto-évaluation est sujet à des biais de jugement
qui peuvent altérer l'objectivité du jugement. Dans le premier cas, qui représente une
tâche de mémoire par excellence, l'auto-évaluation variera en fonction de la capacité
du sujet à se souvenir des épisodes de réussites et d'échecs (facteur "pur" de mémoire),
de sa motivation à retrouver de tels épisodes, de l'importance accordée à la réussite ou
à l'échec et des effets typiques observés dans l'étude du fonctionnement mnésique
(récence, élaboration de l'encodage, accessibilité, contexte, …).
La récupération en mémoire concerne d'abord les événements récents puis les
événements anciens, et cette loi est vraie à la fois pour la mémoire immédiate et la
mémoire à long terme (Baddeley et Hitch, 1977) ; cela se traduit par un meilleur rappel
des événements récents. Concernant l'effet de récence, on peut imaginer que le sujet
aura tendance à donner une auto-évaluation congruente avec une expérience d'échec

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