Corruption et démocratie : menaces pour le développement, possibilités de réforme - article ; n°161 ; vol.41, pg 117-142
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Tiers-Monde - Année 2000 - Volume 41 - Numéro 161 - Pages 117-142
Michael JOHNSTON — Corruption and democracy : threats to development, opportunities for reform. Democratization, economic development and corruption are intertwined. In some countries affluence, democracy and moderate to low levels of corruption reinforce each other ; elsewhere, poverty, undemocratic politics and high levels of corruption form another, much more diverse, category of cases. Serious corruption threatens democracy, both directly and indirectly. In the former instance, it weakens political institutions and mass participation ; in the latter, it delays and distorts the economic development needed to sustain democracy. While democratic politics, by itself, is not a particularly promising strategy for economic growth, it can help bring corruption under control if political competition is well institutionalised and decisive. To be most effective as an anti-corruption strategy, démocratisation must be integrated with sound economic development and institutional anti-corruption methods.
La démocratisation, le développement économique et la corruption sont étroitement liés. Dans certains pays, richesses, démocratie et niveaux de corruption faibles ou modérés se renforcent mutuellement ; ailleurs, pauvreté, institutions politiques non démocratiques et niveaux élevés de corruption composent une riche mosaïque de cas. À partir d'analyses économétriques, cet article propose une étude des liens, directs et indirects, entre corruption et démocratie, puis évalue les conditions d'une limitation de la corruption par la concurrence politique... Pour être efficace en tant que stratégie anticorruption, la démocratisation doit être intégrée à un développement économique solide et à des méthodes anticorruption institutionnelles.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michael Johnston
Corruption et démocratie : menaces pour le développement,
possibilités de réforme
In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°161. pp. 117-142.
Abstract
Michael JOHNSTON — Corruption and democracy : threats to development, opportunities for reform. Democratization, economic
development and corruption are intertwined. In some countries affluence, democracy and moderate to low levels of corruption
reinforce each other ; elsewhere, poverty, undemocratic politics and high levels of corruption form another, much more diverse,
category of cases. Serious corruption threatens democracy, both directly and indirectly. In the former instance, it weakens
political institutions and mass participation ; in the latter, it delays and distorts the economic development needed to sustain
democracy. While democratic politics, by itself, is not a particularly promising strategy for economic growth, it can help bring
corruption under control if political competition is well institutionalised and decisive. To be most effective as an anti-corruption
strategy, démocratisation must be integrated with sound economic development and institutional anti-corruption methods.
Résumé
La démocratisation, le développement économique et la corruption sont étroitement liés. Dans certains pays, richesses,
démocratie et niveaux de corruption faibles ou modérés se renforcent mutuellement ; ailleurs, pauvreté, institutions politiques non
démocratiques et niveaux élevés de corruption composent une riche mosaïque de cas. À partir d'analyses économétriques, cet
article propose une étude des liens, directs et indirects, entre corruption et démocratie, puis évalue les conditions d'une limitation
de la corruption par la concurrence politique... Pour être efficace en tant que stratégie anticorruption, la démocratisation doit être
intégrée à un développement économique solide et à des méthodes anticorruption institutionnelles.
Citer ce document / Cite this document :
Johnston Michael. Corruption et démocratie : menaces pour le développement, possibilités de réforme. In: Tiers-Monde. 2000,
tome 41 n°161. pp. 117-142.
doi : 10.3406/tiers.2000.1053
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2000_num_41_161_1053CORRUPTION ET DÉMOCRATIE:
MENACES POUR LE DÉVELOPPEMENT,
POSSIBILITÉS DE RÉFORME
par Michael Johnston*
La démocratisation, le développement économique et la corruption
sont étroitement liés. Dans certains pays, richesses, démocratie et
niveaux de corruption faibles ou modérés se renforcent mutuellement ;
ailleurs, pauvreté, institutions politiques non démocratiques et niveaux
élevés de composent une riche mosaïque de cas. À partir
d'analyses économétriques, cet article propose une étude des liens,
directs et indirects, entre corruption et démocratie, puis évalue les condi
tions d'une limitation de la par la concurrence politique...
Pour être efficace en tant que stratégie anticorruption, la démocratisat
ion doit être intégrée à un développement économique solide et à des
méthodes anticorruption institutionnelles.
Les inquiétudes que suscite la corruption ces dernières années
concernent principalement ses effets sur le développement écono
mique. Les connaissances ont beaucoup avancé dans ce domaine.
Reste à établir les liens entre corruption et démocratie : la démocratis
ation peut-elle contribuer à contenir la corruption ?
Dans le domaine économique, les théories affirmant les avantages
de la corruption ont cédé la place à un quasi-consensus sur ses effets
négatifs. De même, il était auparavant communément avancé en poli
tique que la corruption permettait d'établir des liens entre dirigeants et
partisans1, qu'elle constituait, pour les citoyens, un moyen d'infléchir
les décisions de bureaucrates impitoyables et d'atténuer la dureté de
* Département de Sciences politiques, Université de Colgate, Hamilton, NY 13346, États-Unis.
1. Voir, par exemple, Abueva, 1966.
Revue Tiers Monde, t. XLI, n° 161, janvier-mars 2000 118 Michael Johnston
certaines politiques1 et qu'elle contribuait, par le biais de systèmes de
favoritisme, à l'assimilation et à la mobilisation des immigrants et des
pauvres2. Ces analyses admettaient généralement qu'un tel système
avait son prix, mais l'idée de corruption en tant que force démocrati
sante connut néanmoins un franc succès à certaines époques. Cet
article tentera de montrer que cette thèse est difficile à soutenir. Per
sonne n'oserait affirmer qu'un gouvernement non corrompu est tou
jours démocratique, responsable et efficace. Les arguments en faveur
des effets démocratisants de la corruption considèrent généralement les
échanges malhonnêtes en les isolant de leur contexte, ignorant leurs
conséquences à plus grande échelle3. Une personne pauvre qui verse
un pot-de-vin en retire probablement un avantage immédiat. Cepend
ant, si cette pratique la maintient dans la pauvreté en encourageant
d'autres bureaucrates à exiger une rétribution et si elle doit payer, ou
renoncer à ses choix politiques pour obtenir ce qu'elle est en droit de
recevoir, c'est bien elle, de toute façon, la perdante à plus long terme.
De plus, les exemples d'avantages politiques découlant de la corrup
tion n'accordent généralement aucune place à la valeur propre d'une
pratique politique saine.
Cet article analyse les principaux liens qui existent entre corruption
et démocratie : l'examen portera tout d'abord sur les effets directs de
la corruption sur les processus démocratiques ; ensuite sur ses effets
indirects par le biais de l'impact négatif qu'elle exerce sur le dévelop
pement économique ; enfin, les possibilités de limiter la corruption par
la concurrence politique seront évaluées. Nous montrons que la cor
ruption a des répercussions extrêmement négatives sur la démocratie,
plus particulièrement pour les pays en voie de démocratisation qui
cherchent un moyen de briser le cercle infernal de la corruption et de
l'absence de développement. Sur le troisième point, il y a des raisons
de se montrer optimiste ; mais le multipartisme doit être vigoureux et
bien ancré dans les institutions, sinon il risque de renforcer la corrup
tion plutôt que de la limiter.
Ces questions sont importantes tant pour les démocraties bien éta
blies que pour les démocraties naissantes. Si, pour les premières, la
corruption ne constitue généralement pas une menace pour la viabilité
du système, elle n'en épuise pas moins les ressources et contribue au
malaise politique constaté dans de nombreux pays4. Dans les démocrat
ies émergentes, un changement politique rapide a introduit de nou-
1. Leff, 1964.
2. Merton, 1957.
3. Voir, pour une argumentation analogue sur les effets économiques, Rose-Ackerman, 1996.
4. Norris, 1999. Corruption et démocratie 119
veaux moyens de se disputer richesses et pouvoir, et de nouveaux liens
entre ces deux domaines - liens qui, pour la plupart, ne correspondent
pas aux attentes des dirigeants de la période de transition et de leurs
partisans. Pour nombre de citoyens, la « démocratie » se solde par une
pauvreté et une insécurité accrues, des dirigeants inefficaces et la mise
en place d'institutions nouvelles déroutantes dont seuls les « initiés »
semblent bénéficier.
Qu'est-ce que la démocratie ? La nature de la démocratie fait
l'objet d'un débat passionné, qui manque parfois de précision1.
Comme le souligne Huntington2, certaines définitions mettent l'accent
sur les « sources de l'autorité du gouvernement », d'autres sur « les
objectifs visés par le gouvernement », d'autres encore sur « les procé
dures de constitution du ». L'analyse des polyarchies de
Dahl (1971), qui fait autorité en la matière, insiste sur les mises en pra
tique d'une politique démocratique. Nombre d'études consacrées aux
transitions démocratiques - chute des régimes en place et démarrage
des institutions - présentent une approche « minima-
liste » en traitant principalement des élections libres. Cependant, la
corruption et les réactions qu'elle suscite peuvent impliquer les institu
tions de l'État, le secteur privé, la presse, la société civile, les partis
politiques, et de nombreux au

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