Création et transformisme - article ; n°1 ; vol.5, pg 388-463
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1870 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 388-463
76 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1870
Nombre de lectures 2
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Durand (De Gros)
Création et transformisme
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 5, 1870. pp. 388-463.
Citer ce document / Cite this document :
Durand (De Gros) . Création et transformisme. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 5, 1870. pp.
388-463.
doi : 10.3406/bmsap.1870.4425
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1870_num_5_1_4425SÉANCE DU 19 MAI 1870. 588
Création et Transformation * ;
PAR M. J.-P. DURAND (DEGROS).
Par ma communication sur la torsion de l'humérus8, j'ai
eu l'honneur de préluder à votre discussion de la doctrine
transformiste 5 je viens aujourd'hui apporter mon tribut à
ce débat en essayant de répondre aux objections, directes
ou indirectes, qui ont été faites à mes conclusions, et en
vous exposant les résultats nouveaux d'une recherche dont
mon précédent mémoire vous offrait seulement les pré
mices.
M. Durand, après quelques considérations générales sur
les diverses interprétations de la notion de cause, met en
présence les opinions relatives à l'apparition des êtres or
ganisés ; puis il reprend :
Après avoir vaincu la théologie par la démonstration
des découvertes de Copernic et de Galilée, l'astronomie
continua quelque temps encore de payer tribut à son en
nemie; voici l'hommage singulier qu'elle lui rendait.. Le
globe terrestre, dans les premières images qui en furent
exécutées, était pieusement représenté avec une manivelle
à ses deux pôles, et deux anges aux bras robustes mett
aient notre sphère en branle au moyen de cet instrument.
Aujourd'hui cette naïveté de leurs devanciers fait sourire
nos astronomes ; croyez-le, les naturalistes qui viendront
demain ne trouveront pas moins naïve l'histoire naturelle
contemporaine déclarant avec la candeur d'un enfant, par
1 Le mémoire de M. Durand (de Gros) a élé lu dans les séances de
novembre et de décembre 1869 (voy. Bulletins, 1869, p. 641), dont les
procès-verbaux ont été imprimés, pendant le siège de Paris. Le manusc
rit étant incomplet, on dut surseoir à la publication d'un travail que
l'auteur avait d'ailleurs fait imprimer avec l'autorisation de la Société.
* Voy. Bulletins, 1868, p. 523. (DE GROS). — CRÉATION ET TRANSFORMATION. 389 DURAND
la bouche d'un de ses plus vénérables patriarches, que tous
les types de la nature vivante, que les premiers couples
auxquels doivent leur origine toutes nos diverses espèces
d'animaux et de plantes, sortirent soudain et par enchan
tement du seul « fiat du Tout-Puissant » . Dieu dit : « Que
les espèces soient! » et les espèces furent. C'est là, nous
dit-on, toute leur genèse.
C'est l'illustre naturaliste de l'Université de Boston, c'est
Agassiz, pour tout dire en un mot, qui tient ce langage1.
Pour être moins nette, pour être moins crue, la profession
de foi des antagonistes que le transformisme rencontre
parmi nous est au fond la même. Le miracle, tel est leur
dernier mot, telle est leur conclusion à tous, qu'ils le veuil
lent ou non, qu'ils en aient une claire conscience ou qu'ils
ne se rendent compte de leur pensée qu'à demi.
Reconnaissons-le toutefois, une considération sérieuse,
grave, domine l'opinion créationiste ; cette considération,
où le système de nos contradicteurs puise une apparence
de base scientifique, c'est l'ordre et la complexité de com
binaisons dans la nature organique, c'est le plan unitaire
d'organisation, c'est l'harmonie de la création apparaissant
au premier abord comme la preuve manifeste, l'expression
éloquente d'un acte de l'intelligence et de la volonté. Un
tel jugement repose, à mon avis, sur une illusion; cepen
dant l'illusion est des plus spécieuses, elle mérite d'être
discutée. Les arguments de la thèse, de la vieille thèse en
question, ont été renouvelés dernièrement et résumés avec
beaucoup de netteté, de franchise, et avec toute l'autorité
1 « L'existence d'un œil rudimenlaire découvert par le docteur
J, Wyman dans le poisson aveugle ne prouve-t-elle pas plutôt que cet
animal, comme tous les autres, a été créé, avec tous ses caractères
particuliers, par le flat du Tout- Puissant, et que ce rudiment d'oeil lui
a été 1 lissé comme réminiscence, etc.. » (Agassiz, De P Espèce, traduc.
de Vogeli. Paris, 1869, p. 20.) SÉANCE DU 49 MAI 1870. 390
possible, par le même professeur Âgassiz, dans une.de ses
savantes leçons, que la Revue des cours scientifiques a pu
bliée. J'en extrais ce passage :
« Rien, dans le règne inorganique, dit le professeur, n'est
de nature à nous impressionner autant que l'unité de plan
qui apparaît dans la structure des types les plus différents.
D'un pôle à l'autre, sous tous les méridiens, les mammifèr
es, les oiseaux, les reptiles, les poissons, révèlent une seule
et même structure. Ce plan dénote des conceptions abs
traites de Tordre le plus élevé ; il dépasse de bien loin les
plus vastes généralisations de l'esprit humain, et il a fallu
les recherches les plus laborieuses pour que l'homme par
vînt seulement à s'en faire une idée. D'autres plans non
moins merveilleux se découvrent dans les articulés, les
mollusques, les rayonnes et dans les divers types des plant
es. Et cependant ce rapport logique, cette admirable har
monie, cette infinie variété dans l'unité, voilà ce qu'on nous
représente comme le résultat de forces auxquelles n'ap
partiennent ni la moindre parcelle d'intelligence, ni la fa
culté de penser, ni le pouvoir de combiner, ni la notion du
temps et de l'espace ! Si quelque chose peut placer, dans
la nature, l'homme au-dessus des autres êtres, c'est préci
sément le fait qu'il possède ces nobles attributs 1 sans ces
dons, portés à un très-haut degré d'exeellence et de per
fection, aucun des traits généraux de parenté qui unissent
les grands types du règne animal et du type végétal ne
pourrait être ni perçu ni compris. Comment donc ces rap
ports auraient-ils pu être imaginés, si ce n'est à l'aide de
facultés analogues? Si toutes ces relations dépassent la
portée de la puissance intellectuelle de l'homme, si l'homme
lui-même n'est qu'une partie, un fragment du système to
tal, comment ce système aurait-il été appelé à l'être, s'il "
n'y a pas une intelligence suprême, auteur de toutes cho
ses ? » (Revue des cours scient., n° du 2 mai 1868.) (DE GROS), ï— ÛBÉATIOM ET TOAMiFORMATION. 391 DURAND
Telle est l'argumentation de M. Agassiz; métaphysicien
un peu plus expérimenté, il eût compris que, si la gran«
deur et la perfection du monde supposent une pensée créa
trice, cette pensée créatrice, qu'il faut supposer pour le
moins aussi vaste et aussi parfaite que son œuvre, n'est pas inexplicable par soi, et implique à son tour par con
séquent une autre cause créatrice qui lui soit supérieure
encore...
L'illusion du créationisme est comparable à cette autre
erreur journalière qui nous fait voir le soleil cheminer de
l'est à l'ouest au-dessus de nos têtes immobiles, alors que
G'est nous seuls en réalité qui nous mouvons el qui tour
nons sur l'axe de notre planète avec une effroyable vélocité ;
de part et d'autre, nous sommes dupes d'une apparence
mensongère nous présentant un renversement complet des
rapports réels. Les combinaisons si multiples, si complexes
et si savamment ordonnées du monde objectif, mettent en
admiration notre illustre naturaliste ; qu'il reporte plutôt
cette admiration sur l'intelligence du sujet lui-même, car
là seulement est l'archétype et le parfait modèle de ces
harmonies tant vantées I
De eet ordre régulier, de ces méthodiques systèmes de
relations que nous percevons et admirons dans l'architec
ture des corps vivants, il en est comme des qualités sensi
bles spécifiques, telles que la couleur et la chaleur, que
nous attribuons aux objets comme autant de qualités qui
le

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